Ah, le Portugal ! Son Cristiano Ronaldo, son José Mourinho, son Artur Jorge, ses Sagres, ses morues, ses klaxons, son traumatisme contre la Grèce en 2004, sa Bataille de Nuremberg en 2006, son hold-up en France en 2016. Un pays qui est aussi bien capable de gagner la Coupe du Monde en remportant tous ses matches 1-0 que de sortir dès les poules après une victoire contre l’Espagne et deux défaites mortifiantes contre le Maroc et l’Iran.
Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe ?
Indécis de nature, j’ai laissé le reste de la rédaction choisir pour moi, ceci en demandant à notre grand manitou Martin de me donner le pays dont personne ne voulait. Je pensais devoir me farcir l’Arabie Saoudite, le Panama ou la France, que nenni ! C’est finalement la présentation des champions d’Europe en titre qui donnait autant envie aux rédacteurs qu’une bouffe chez des vegans d’extrême gauche allergiques à l’alcool et collectionneurs de machines à coudre Bernina.
Comment se sont-ils qualifiés ?
En gagnant toutes leurs rencontres depuis leur défaite face à Unser Nati lors du tout premier match de la campagne, le mardi 6 septembre 2016 à Bâle, soit neuf victoires de suite, quasiment toutes très facilement, comme la démonstration (oui oui, c’était une démonstration, même si le score ne le reflète pas) contre la Suisse à Lisbonne pour clore ces éliminatoires. Propre et efficace, à l’image de Fatima Gonçalves da Souza, la femme de ménage qui passe chez toi tous les mardis après-midis.
Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?
Le Portugal champion d’Europe, passe encore. Mais franchement, les voir soulever la Coupe Jules Rimet le 15 juillet à Moscou serait aussi improbable qu’une victoire d’un tennisman français à Wimbledon, dont la finale aura lieu le même jour. A l’Euro 2016, les Portugais avaient bénéficié d’un alignement d’étoiles à la limite de l’indécence pour conquérir leur premier titre international après une multitude d’échecs, sortant de leur groupe par les poils et passant ensuite chaque tour soit à la raclette, soit contre un adversaire au bout du fart, soit les deux. Ceux qui ont mené au score durant 73 minutes (!) durant cette compétition avaient parachevé leur œuvre avec un magistral hold-up contre la France. Mais on était quand même bien contents pour eux et j’avais alors particulièrement apprécié le concert de klaxons à l’avenue de la Gare, faisant bien chier mes chers voisins.
Présente-nous la star de l’équipe.
L’unique, le divin, le magique Cristiano Ronaldo. La réincarnation de Dieu sur terre, la huitième merveille du monde. Le Federer du football, l’Apollon du ballon rond. L’homme qui ne connaît pas la mère de trois de ses enfants. Le mec qui déteste autant Lionel Messi que le fisc espagnol. Le quintuple Ballon d’Or partira à la conquête du seul titre qui manque à son palmarès. Ce sera certainement sa dernière occasion de la gagner et d’enfin y briller. Et, le cas échéant, de s’installer seul sur le trône du meilleur joueur de tous les temps, ni plus ni moins.
On parle du foot portugais, mais il ressemble à quoi le championnat du Portugal ?
La Primeira Liga a droit à ses pages sur le Teletext et c’est déjà pas mal, même si on a tendance à s’arrêter à la page 255. Le championnat du Portugal n’intéresse que les Portugais – et à la limite les maniaco-dépressifs du sport qui regardent aussi le handball, la moto et le saut à ski (oui oui, comme toi ami lecteur) – et il est marqué par l’écrasante domination des trois géants Benfica, Porto et Sporting, dont le titre national ne leur échappa que par deux fois : en 1946 avec la victoire de Belenenses et en 2001 avec celle de Boavista. La prochaine surprise est donc attendue pour 2056, plus ou moins au même moment que le prochain titre d’un club romand en Super League.
Les Lusitaniens peuvent se targuer d’un palmarès digne d’éloges en Coupe d’Europe avec deux C1 pour le Benfica (1961 et 1962), deux autres pour Porto (1987 et 2004), deux C3 encore pour les Dragons (2003 et 2011) et une Coupe des vainqueurs de coupe pour le Sporting (1964). A faire pâlir de jalousie la Ligue 1, entre autres.
Viens tester tes connaissances sur le football portugais !
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Au fait, c’est qui la personnalité portugaise la plus célèbre dans le monde ?
Le Portugais le plus célèbre de ton quartier, c’est ton concierge, ton maçon ou ta femme de ménage. Le Portugais le plus célèbre de Suisse romande, c’est notre ami David Lemos. La Portugaise la plus célèbre de ton compte Instagram, c’est Sara Sampaio. Le Portugais le plus célèbre de tes livres d’histoire, c’est Vasco de Gama. La moustache portugaise la plus célèbre du monde, c’est Artur Jorge. Et le melon portugais le plus célèbre de la galaxie, c’est CR7.
Fais-nous rêver avec le Portugal, mais dans un autre sport…
Le rink hockey bien sûr, où les Portugais ont été sacrés quinze fois champions du monde. Depuis 2003 toutefois, les Lusitaniens n’ont plus rien gagné, laissant l’Espagne remporter six des sept derniers championnats du monde. A part ce non-sport qu’est le rink hockey, pratiqué par autant de nations que la pelote basque, ceux qu’on surnomme les « Brésiliens de l’Europe » – davantage pour leur prédisposition naturelle à simuler que pour leur palmarès footballistique – ne brillent guère. Pour preuve les derniers Jeux Olympiques d’été à Rio, où les Portugais n’ont glané qu’une crouille médaille de bronze en… judo féminin. Bref, dans cette contrée de 10 millions d’habitants, on mise tout sur le sport roi et faut croire qu’ils ont bien raison.
Au fait ça mange et ça boit quoi les Portugais ?
Les Portugais sont aux grillades ce que les Roumains sont au cambriolage ou les Français aux grèves nationales : des as. Ils aiment les poissons qui puent, les saucisses grasses, le cochon au lait et l’huile d’olive. Ils boivent de la Sagres, de la Super Bock, du Mateus et du Porto. Ils ne ratent jamais une action chez Denner, passent leur samedi chez Conforama et adorent se retrouver dans un centre portugais le dimanche pour manger, boire et parler fort. C’est un peuple profondément accueillant et je garde un merveilleux souvenir de mes trois séjours chez eux.
Une coutume surprenante de ce pays ?
Sauter dans leur voiture 7 secondes après une victoire, aller s’engouffrer dans les bouchons et klaxonner trois ou quatre heures durant, le tout à zéro pour mille… Tout un concept.
Ton pronostic ?
Après une branlée contre l’Espagne, le Portugal bat le Maroc et l’Iran sur le score fleuve de 1-0. Deuxièmes du groupe, ils se débarrassent ensuite de l’Uruguay dans un remake du huitième de finale de 2006 entre eux et les Pays-Bas, match qu’on avait surnommé « la Bataille de Nuremberg » et qui avait explosé le record de cartons dans une rencontre de Coupe du Monde. Cette boucherie est baptisée « la Guerre des derniers Poilus » et se termine par une baston générale durant laquelle Suarez arrache le nez de Ronaldo et Pepe explose les testicules de Cavani. Les champions d’Europe, décimés par les suspensions et les blessures, se présentent avec une équipe bis en quart de finale et s’inclinent 5-0 contre les hommes de Didier Deschamps.
Belle présentation Marco, très réaliste 🙂
Salutations
Nuno
Magnifique article Marco! Juste et drôle. Le portugais que je suis apprécié! 🙂
Wouahh ! Du grand Marco ! C’était déjà bien parti avec le titre de l’article, délicieux ! Et ensuite pas déçu, c’est plein de jolies tirades et de plus, très bien écrit ! Et même les lecteurs portugais de CR ont apprécié, si j’en crois les deux commentaires juste ci-dessus ! Dans ce monde ou bientôt plus personne ne supporte le deuxième degré et l’autodérision, voilà qui fait bien plaisir !
Tcheu le titre de l’article !!!!! Splendide…