Le casse du siècle

L’os FIFA. Ressortez les journaux de ces derniers jours, invitez des potes et n’oubliez surtout pas les pop corn. Quand Christian sort du rang, le spectacle est total. Dans la roue de Bulat lors de cette ascension de la une du 20 Minutes, l’outsider a posé une mine. Et malgré une nouvelle recrue virée après seulement un match de championnat, le Tchétchène est lâché.

Soulèvement du public  via la page Facebook du FC Sion, menace de protêt avant chaque coup d’envoi, publication d’une lettre adressée à la FIFA,  organisation d’une conférence de presse, menace de ne plus jouer les matchs à l’extérieur, notification à la FIFA d’un commandement de payer chiffré à plusieurs millions de francs suisses et accusation de corruption d’un dirigeant de la SFL viennent s’accumuler au lourd bilan d’une semaine de guerre estampillée CC contre les «criminels» des instances dirigeantes.A court terme, la bataille psychologique devrait lui permettre de rassurer des recrues dont les envies de départ commencent à se faire sentir. Mais la finalité consiste à obtenir un effet suspensif qui permettrait de purger une nouvelle période de sanction à la carte, après avoir pu profiter de faire le plein en prévision des rudes hivers attendus pour le verdict. Dans un pareil cas de figure, le TAS s’était montré conscient de l’aberration d’un effet suspensif. Il l’avait néanmoins lâchement octroyé en considérant que l’AS Roma avait démontré de manière vraisemblable, qu’en l’absence de jugement sur le fond, un dommage irréparable pourrait lui être causé. Pression de cinglé, mais folie calculée. Et le match ne fait peut-être que commencer…

L’os bernois

Autre duel de choc, le FC Sion s’en allait affronter les BSC Young Boys. Malgré les départs de Doubaï et Lulic, tout le monde considérait le club bernois comme l’un des plus grands favoris au titre de ce championnat. Avec Christian Gross aux commandes, il se présentait fièrement renforcé de Nuzzolo, Ben Khalifa, Veskovac et Zverotic, ainsi que des titulaires d’Utrecht et d’Anderlecht.
Mais guère impressionnés, les supporters valaisans remettaient leurs adversaires en face de la réalité en déployant un incroyable tifo à la gloire de leur dernier trophée. Dans le même état d’esprit, les joueurs surfèrent sur la vague de leur bonne prestation face à Zurich. Complètement noyés plus de 30 minutes durant, les gars de la capitale n’auraient jamais dû en ressortir vivants. Créatifs et engagés, les Valaisans livrèrent un début de match quasi parfait.  Mais c’était sans compter la complaisance de leurs attaquants, manquant de donner le coup de grâce à pas moins de quatre reprises.
Intelligemment à l’arrêt en position de hors-jeu, Afonso créait le doute dans la défense bernoise. Seul à ne pas stopper son action, Crettenand suivait l’excellent service de Sio mais voyait sa frappe flirter avec l’extérieur du poteau. Un extérieur du poteau qui ne manqua pas de narguer une seconde fois les Valaisans sur une frappe de Giovanni Sio, par ailleurs très actif durant tout le match et à l’origine de tous les bons coups de son équipe. Dingsdag procéda à sa distribution de caviars pour d’excellents coups de tête de Goran et Sio, mais les Bernois purent une fois de plus remercier le ciel de ne pas voir ces ballons filer au fond.

Quand le pilier s’écroule

A ce moment de la partie, les Bernois n’existèrent que par leurs coups-francs manqués et de longs ballons désespérément jetés dans le camp sédunois. Mais c’est justement sur l’un d’eux que le château de carte allait complètement s’effondrer. Une balle en cloche de Farnerud glissait entre les gants de Vanins et retombait chanceusement sur la tête du plus Sédunois des joueurs bernois. Marco Schneuwly ouvrait en quelque sorte le score sur la «zérotième» occasion des abeilles. Erreur fatale et cruelle, Vanins a rappelé à tous qu’il faisait encore partie du genre humain. Dans ces instants terribles de solitude, les encouragements du public tentèrent de le relancer. Mais habituellement totalement impassible, le Letton passera complètement à côté de sa fin de partie. Quatre minutes après une erreur très lourde de conséquence, il risqua de perdre un nouveau ballon dans les pieds de son bourreau.

Coup de froid sur Tourbillon

Si on ne saurait lui en vouloir, la bévue ne manqua malgré tout pas de glacer le stade et l’enthousiasme de ses coéquipiers. Conscients d’avoir laissé filer leur chance de prendre les choses en main, les Sédunois perdirent confiance en leur moyen face à une équipe contre laquelle la tendance allait être difficile à renverser. Avec peut-être la peur de passer rapidement du tout au rien, la défense valaisanne souffra d’inhabituelles inattentions. Victime de petit pont, laissant filer des ballons à portée de pieds, souvent en retard dans ses interventions et deuxième sur le ballon, Dingsdag livra un match à deux visages. Excellent à la relance, il fut parfois trop laxiste d’un point de vue défensif. Moins efficace qu’à l’accoutumée, Serey Die se fit également prendre à l’orée des 16 mètres par un Schneuwly à l’assaut des moindres mégardes adverses. Vanczak, lui aussi, aura dû jouer de la main afin d’éviter le pire.
Malgré ces hésitations, les Bernois se frottèrent à une défense solide et  leur première véritable occasion de but construite n’arriva d’ailleurs qu’à la 67ème minute. Excellent dans son timing de la tête, vif dans ses interventions, précis à la relance et déboulant sans cesse de haut en bas dans son couloir, Bühler fut une fois de plus l’un des meilleurs hommes sur le terrain. Dur mais juste, Adailton aura également tenu la baraque d’une équipe qui ne méritait clairement pas d’être menée à la marque.

Un coup de poignard qui laisse des traces

Si elle ne le méritait pas, tout restait cependant à refaire. Et très intéressants lors de la bonne période de leur équipe, Crettenand et Zambrella ne furent pas les soutiens espérés. Trop dans l’axe, loin d’être aussi habiles et rapides qu’un David Degen, ils n’offrirent que trop peu de solutions sur les côtés. Titularisé à la pointe de l’attaque afin peut-être de pouvoir vaincre le signe indien, Afonso fut globalement trop transparent malgré plusieurs très bons relais effectués en début de match.
Depuis le coup de poignard de l’ouverture du score et malgré un excellent Obradovic, les Sédunois ne parvinrent pas à refaire surface. On ne les sentait pas capables d’inverser la tendance contre une équipe d’YB pourtant peu chatoyante. Afonso hérita de la seule occasion faisant suite au but bernois.

La dernière estocade

C’est donc en toute logique que Laurent Roussey lança Prijovic dans le bain. Mais il manqua (devrait-on dire évidemment ?) toutes les belles actions qu’il s’est créées. Se défaisant notamment du marquage sur un centre parfait de Giovanni Sio, il tenta une tête plongeante là où n’importe qui aurait opté pour un simple plat du pied. Son énigme reste totale et les supporters commencent logiquement à perdre patience. Clairement insuffisant pour une équipe visant les premières places, il parvint néanmoins à redonner confiance en son équipe qui alla jeter ses dernières armes dans la bataille. A la 75ème, Goran adressait paradoxalement l’un des premiers tirs cadrés d’un FC Sion pourtant outrageusement dominateur. Tout un symbole peut-être des problèmes actuels, des problèmes qui permirent aux Bernois de faire le trou. Alors que toute l’équipe était portée vers l’avant, Degen profita en effet d’une contre-attaque pour battre Vanins dans un angle complètement fermé. La confiance l’avait lâché et les Bernois récoltaient de juteux bonus s’additionnant à un salaire en or. Dès lors, plus personne n’y croyait. A la 92ème, Sio relança pourtant l’espoir d’une frappe venue de nulle part. Ultra déterminés, les Sédunois parvinrent même à marquer un second but dans le temps additionnel. Mais à 20 dans les 16 mètres, il était couru d’avance que l’arbitre allait porter l’estocade en sanctionnant le moindre toucher de brebis.

Rageant

La défaite est rageante car le FC Sion aura fait le jeu en se montrant conquérant et combatif. Mais elle est aussi rageante car l’équipe locale aura montré une fois de plus que 50 occasions ne suffisent toujours pas à lui faire récolter le fruit de son travail. Un constat d’autant plus rageant que son adversaire en nécessite zéro. Rageante, la défaite l’est aussi lorsque l’on songe qu’elle découle de deux défaillances extrêmement rares de son meilleur élément. Mais elle est encore plus rageante contre un tel adversaire. YB aura abusé de tue-mouche sur des abeilles sans cesse à terre pour casser le jeu, puis volant de pleines ailes après avoir pu faire un brin de causette. Avec ses vilaines fautes et ses simulations, le vainqueur fut plutôt moche à voir. Si Hochstrasser, Yakin et les autres Varela ne sont plus là, la tradition se perpétue et tout l’amour porté par le public valaisan à cette équipe d’YB n’est pas prêt de s’envoler.
L’ultime coup d’assommoir fut finalement porté par Monsieur Hänni, confisquant une consolation plus que maigre et pourtant due au FC Sion, en sanctionnant d’une faute valaisanne le fourvoiement de Wölfli.
Si l’ensemble du club aurait mieux fait de tourner la page au plus vite, cette partie aura au moins eu le mérite de rappeler que le manque de réalisme peut faire très mal. Même si ses joueurs vendangent énormément, le public a envie de croire en un groupe qui se bat et semble enfin former une véritable équipe. On se réjouit déjà de la voir corriger le tir dimanche… A condition que CC le veuille bien…

FC Sion – Young Boys 1-2 (0-1)  

Tourbillon, 12’500 spectateurs.
Arbitre : M. Hänni.
Buts : 34e Marco Schneuwly 0-1, 85e Degen 0-2, 92e Sio 1-2.
FC Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler; Serey Die; Zambrella (65e Rodrigo), Obradovic, Crettenand (72e Elmer); Afonso (58e Prijovic), Sio. 
Young Boys : Wölfli; Sutter, Nef, Veskovac, Spycher; Degen, Silberbauer, Farnerud, Costanzo; Marco Schneuwly (70e Bienvenu), Ben Khalifa.
Cartons jaunes : 20e Ben Khalifa. 30e Vanczak. 40e Serey Die. 42e Dingsdag. 48e Nef. 54e Veskovac. 61e Zambrella. 89e Adailton.
Carton rouge : 80e Ben Khalifa.

Écrit par Eric M.

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10 Commentaires

  1. Très bon article, vraiment…
    Continue dans cette optique, pour le moment t’es vraiment bon, tu remplaces en tout cas avantageusement Ernest à mon goût.

    Au plaisir de lire ton prochain article

  2. Très bon résumé, parfaitement écrit.

    Un véritable hold-up ce succès bernois.

    Premier essai cadré des visiteurs à la 85ème, et encore sur un contre. C’est dire l’indigence de la formation à Gross. Et que dire de l’anti-jeu pratiqué par cette dernière ! Comme le fait de mener à la mi-temps sans avoir tiré aux buts ou eu une demi-occasion.

    C’est vraiment rageant et malheureux que Vanins soit passé complètement à travers. Les 2 goals lui sont largement imputables. Même le but de Degen ressemblait plus à du pousse-ballon qu’à un tir. Mais bon, le résultat est là.

    L’équipe, au contraire de la saison passée, a montré de l’allant, du cœur et du caractère. Malheureusement, elle est toujours victime des ses lacunes techniques.

    Et pour cause. Tant qu’on s’évertuera à aligner Vanczak, qui est un vrai défenseur central, au poste de latéral droite, on se privera d’un appui et d’un piston sur le flanc droite. Pas un seul débordement, des passes en retrait ou latérales à profusion, mais jamais de jeu vertical. Jamais d’influence sur le jeu offensif de l’équipe.

    Idem pour le transparent et inconséquent Zambrella. Un poids mort et rien de plus. Vivement que CC lui trouve un club en Géorgie ou encore plus à l’est. A moins que la solution ne vienne des bords du lac de Genève.

    Afonso est un bon joueur de….Chl et ça s’arrête là. Jamais décisif et surtout invisible sur le terrain. Encore un salaire inutile à verser.

    Quant à Prijovic, son cas est désespéré. Son agent doit être un crack dans sa branche. Sinon comment croire qu’un club puisse s’intéresser à cette brêle finie ? A moins que, comme lors d’un mariage, la mariée n’arrive dans un nouveau club avec une belle dote, je ne vois pas comment se débarrasser de cette larve. Ces départs, excepté Vanczak, ajoutés à ceux du Don Quichotte français au LS et de Dominette en Turquie, devraient permettre de renforcer ostensiblement la phalange à Roussey.

    Hier, il y a eu la poisse, une décision arbitrale largement discutable, mais c’est dans les points précités, connus et expérimentés ces dernières saisons, qu’il faut chercher les véritables raisons de cet échec douloureux.

    Aspect positif et non négligeable, l’équipe s’est battue jusqu’au bout, ce qui est suffisamment rare ces dernières saisons pour être soulevé.

    En attendant la qualification des renforts, qui commencent à être des morts de faim, il y a plusieurs raisons de rester positif.

  3. « Dans la roue de Bulat lors de cette ascension de la une du 20 Minutes, l’outsider a posé une mine. Et malgré une nouvelle recrue virée après seulement un match de championnat, le Tchétchène est lâché. »

    T’as peut être parlé trop vite sur ce coup là… En effet, Chagaev contre-attaque: tout le staff viré après 2 journées de championnat, et ce juste après avoir renvoyé le précédent!! S’ajoute à cela le renvoi du tout nouvel (et presque unique) attaquant!

    http://www.tsr.ch/sport/football/suisse/super-league/3288192-chagaev-vire-tout-le-staff-de-xamax.html

    … Y a pas à dire, la lutte s’annonce terrible!

  4. J’etait a Sion en tant que fan d’YB, et faut admettre que Sion a mieux joue! Maintenant, heureusement pour nous, c’est la philosophie de Gross! Fini le beau jeu inefficace de Petko et place au nouveau (certes moins beau) foot 100% resultat!

    Quant au plongeons continus des Bernois… j’en etait le premier enerve! Ca fesait pitie a voir, tout comme la prestation offensive globale de l’equipe.

    Aux fans Sedunois, je crois que l’equipe actuelle est vraiment pas mal. Je ne suis pas sur qu’avec les recrues l’equipe sera meilleure. En tout cas avec le jeu demontre hier, je vous voit finir dans le top 3 (si vos attaquants se decident enfin a marquer;)

    Bon resume du match, merci!

  5. Quels attaquants ? Prijovic, Afonso ?

    Je te comprends puisqu’avec 2 vrais attaquants vous seriez repartis avec 5 goals dans les valises. Mais ça viendra avec les qualifications et les retours de blessure.

    Quant à la différence de jeu avec Petko, excuse-moi, mais YB n’a pas battu Bâle, comme d’hab, et s’est imposé, non pas grâce à un système rodé ou revu, mais à 2 bévues, dont une monumentale de Vanins. Sans oublier le petit coup de pouce indispensable du brave Hänni.

    Franchement, même ma grand-mère aurait pu se prévaloir d’un tel casse.

    Je n’avais jamais vu un YB aussi faible. Si Sion avait gagné, même un matche nul aurait été constitué un hold-up, tu ne parlerais pas de système à la Gross que tu es le seul à avoir deviné ou entrevu.

    Peut-être qu’effectivement qu’au niveau de l’anti-jeu il y a une recrudescence, c’est tout ce que je peux mettre au crédit de Gross.

  6. Juste ….incroyable que sion soit une des équipes les plus cartonnées alors que les joueurs font rarement semblant et réclament peu. C est à n y rien comprendre. Il y a toujours un gros problème d arbitrage en suisse….dont je souligne encore une fois le manque d implication des juges de touches…
    A part ça, si l arbitre annule l égalisation, pourquoi ne le ferait il pas sur le premier but bernois où Nef (par ailleurs détestable) gène le défenseur et le gardien….

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