Le bal des outsiders

On attendait l’Eintracht Francfort, Bochum ou Duisburg mais après le premier quart de la saison de Zweite Liga, c’est un inattendu duo Greuther Fürth / Fortuna Düsseldorf qui squatte les deux places de promus directs. De manière complètement méritée vu la qualité de jeu présenté par ces deux équipes.

SpVgg Greuther Fürth (1er, 22 points)

Fürth führt et c’est complètement logique, c’est sans conteste la meilleure équipe de ce début de saison. L’avance du Greuther serait encore plus nette s’il n’avait pas galvaudé plusieurs occasions de 3-0 en ouverture de saison contre l’Eintracht Francfort avant de s’incliner 2-3. Le jeu offensif, spectaculaire, simple et efficace prôné par l’entraîneur Mike Büskens fait merveille et Kleeblatt a montré une nouvelle fois son savoir-faire dans le recrutement sur les bancs de touche ou en ligues inférieures. A l’image du buteur canadien Olivier Occean, venu d’Offenbach en Dritte Liga, et qui constitue un duo d’attaque redoutable avec le revenant Christopher Nöthe, de retour après une longue blessure. Ce n’est pas la première fois que Fürth joue les cadors en début de saison, d’habitude il s’écroule sur la fin. Evidemment, un club dont l’insigne est un trèfle à… trois feuilles, dont le stade s’appelle Trolli-Arena et dont les dirigeants vendent les meilleurs éléments à chaque risque de promotion passe pour un club de losers. Il pourrait en aller différemment cette année : la preuve, les dirigeants viennent d’opposer un veto catégorique à Schalke 04 qui avait des vues sur l’entraîneur Büskens pour remplacer Ralf Rangnick. Certes, dans l’ombre de Nuremberg, Fürth n’a ni les moyens, ni les infrastructures, ni l’engouement populaire pour vivre autre chose qu’une aventure sans lendemain en Bundesliga mais, au vu de la qualité de jeu présenté, cette aventure mériterait d’être tentée.

Fortuna Düsseldorf (2e, 21 points)

Avec Fürth, Düsseldorf est l’autre équipe qui régale en ce début de saison. A domicile, le Fortuna est un monstre qui écrase tout sur son passage (5 matchs/5 victoires, 17-6 de goal average). C’est un peu moins convaincant à l’extérieur mais suffisant pour jouer le haut de tableau. Pourtant, les Flingeraner n’alignent pas vraiment de stars puisque les deux joueurs les plus cotés sont les latéraux Levels et van den Bergh (tous deux ex-Gladbach) et que les renforts de l’été sont bien discrets jusque-là. Düsseldorf, c’est surtout l’histoire d’un collectif qui s’est construit sur la durée en partant de Dritte Liga. A l’instar du défenseur Jens Langenecke, tireur implacable de pénaltys, ou du capitaine Andreas «Lumpi» Lambertz, travailleur de l’ombre qui se découvre sur le tard des qualités de buteur, deux joueurs qui ont participé aux luttes de sous-préfecture de la troisième division et qui frappent aujourd’hui à la porte de l’élite. Bref, une belle aventure dans un formidable engouement populaire qui ne demande qu’à se poursuivre.

Eintracht Francfort (3e, 19 points)

Le grandissime favori Eintracht Francfort a accroché le bon wagon même s’il n’est pas encore tout devant. Et SGE doit surtout son classement flatteur à ses individualités et à sa puissance physique car au niveau du jeu c’est souvent assez fruste, du Armin Veh quoi : Francfort arrose la défense adverse de grandes balles et met une grosse pression sur les deuxièmes ballons, pour l’instant ça paie, surtout en fin de match. Vu la richesse de l’effectif, l’Eintracht reste le principal candidat à la montée mais il pourrait faire mieux que ce qu’il présente actuellement.

FC St. Pauli (4e, 19 points)

Après leur fin de saison dernière catastrophique, la relégation et les départs de l’entraîneur Stanislawski et d’une bonne partie de la défense, on craignait des lendemains qui déchantent pour St. Pauli. Mais le nouvel entraîneur Schubert a su recréer une nouvelle dynamique alors que l’espoir prêté par Dortmund Sobiech et le gardien Tschauner, ex-réserviste à Munich 1860 mais presque impeccable depuis le début de la saison, ont stabilisé la défense. Offensivement, malgré le retour en forme progressif du buteur Ebbers, c’est plus laborieux. Pour l’instant, ce sont surtout les tauliers du milieu de terrain qui tiennent la baraque, Finn Bartels et surtout les fidèles Max Kruse (au club depuis 2009), Florian Bruns (2006) et Fabian Boll (2002). On imaginait une saison de transition pour les Kiezkicker, ça pourrait être un peu mieux, avec un enthousiasme nullement refroidi par la relégation.

FC Eintracht Braunschweig (5e, 18 points)

Braunschweig continue sur la lancée de sa marche triomphale de la saison dernière en 3. Liga. Le pari de ne pas chambouler l’effectif pour conserver la dynamique du succès s’est avéré payant, malgré le manque d’expérience de l’effectif. Dans le sillage du duo magique Dennis Kruppke – Dominick Kumbela, l’Eintracht défie tous les pronostics et le vétuste Stadion an der Hamburger Strasse revit comme à l’époque où les Löwen luttaient pour le titre national. A ce rythme-là, Braunschweig aura atteint son objectif de la saison, le maintien, à Noël ; le reste ne sera que du bonus.

Munich 1860 (6e, 15 points)

Depuis sa reprise par l’investisseur Hasan Ismaik, Munich 1860 est particulièrement observé. Pour l’instant, pas de révolution à signaler : les Löwen continuent à miser sur la jeunesse et à proposer un jeu spectaculaire et prolifique. Avec un quatuor d’attaque magique composé des milieux offensifs Stefan Aigner (4 buts/ 2 assists) et Daniel Halfar (3/3), ainsi que des attaquants Benjamin Lauth (4/6), l’ancien international, et Kevin Volland (6/4), 19 ans, future grande star du foot allemand (malheureusement, il appartient à Hoffenheim). Malgré sa verve offensive, 1860 sera sans doute un peu tendre pour postuler dès cette saison au retour en Bundesliga promis à terme par son mécène jordanien, mais il y a de bonnes bases pour l’avenir.

SC Paderborn 07 (7e, 15 points)

On craignait le pire pour Paderborn après le départ de l’entraîneur André Schubert et le début de saison semblait confirmer les augures défavorables. Mais, depuis cinq matchs, les Est-Westphaliens ne perdent plus, avec quelques exploits retentissants dont un nul 0-0 et une victoire 0-4 sur la pelouse des candidats déclarés à l’ascension Francfort et Bochum, ainsi qu’un 4-1 contre Ingolstadt. Parmi les artisans de ces bons résultats, Nick Proschwitz, meilleur buteur du club. Et dire qu’il avait été pressenti à Lausanne…

FC Union Berlin (8e, 14 points)

L’ancien Lausannois Silvio a eu l’honneur d’inscrire le premier but de la saison en Zweite Liga sur un pénalty qu’il avait lui-même provoqué. Avec 4 buts jusque-là, le Brésilien ne s’est pas trop mal intégré outre-Rhin et l’on se dit qu’avec un duo d’attaque Silvio-Proschwitz, le LS n’en serait pas là où il en est actuellement. Pour en revenir à Eisern Union, il est dans la lignée de ce qu’il fait depuis son arrivée en Zweite Liga en 2009, soit ne pas faire beaucoup de bruit mais comptabiliser les points où il le faut pour toujours conserver une marge confortable sur la zone rouge.

Energie Cottbus (9e, 14 points)

Les années se suivent et se ressemblent pour Cottbus, capable du meilleur comme du pire. Cette inconstance chronique empêche les Lausitzer de postuler à un retour en Bundesliga, tout comme la perméabilité de leur défense, encore fragilisée par la grave blessure en début de saison de son patron, l’ancien Dortmundois Brzenska. Du coup, malgré le sens du but retrouvé du Bulgare Dimitar Rangelov (7 buts) et le talent du nouveau prodige ou plutôt de l’un des nouveaux prodiges du foot allemand (il y en a tellement) Leonardo Bittencourt (17 ans), Cottbus semble parti pour une saison dans le ventre mou du classement.

FC Erzgebirge Aue (10e, 10 points)

Comme prévu, Aue ne rééditera pas sa surprenante 5ème place de l’an dernier. L’effet de surprise ne joue plus et la défense n’est plus aussi imperméable qu’il y a douze mois. Reste que, malgré ses moyens modestes, le club est-allemand fait mieux que se défendre et la victoire étonnante obtenue ce week-end à St. Pauli (3-2) lui permet de prendre quelques distances avec la zone rouge.

FSV Francfort (11e, 8 points)

Sans surprise, le FSV Francfort va lutter pour son maintien. Pour l’instant, il est du bon côté de la barre grâce à un collectif solide qui lui permet d’accrocher pas mal de matchs nuls ici ou là. Le FSV a pulvérisé son record de spectateurs pour un match à domicile (50’250 !) en acceptant de jouer le derby francfortois sur la pelouse du rival Eintracht. Par contre, sportivement, ça n’a pas été un succès avec une défaite 0-4.

FC Ingolstadt 04 (12e, 8 points)

Malgré un effectif demeuré stable, Ingolstadt ne parvient pas à confirmer son brillant deuxième tour de l’an passé, avec notamment une défense qui prend l’eau de toute part. Pour l’instant, les Schanzer assurent l’essentiel grâce à deux victoires contre les promus Rostock et Dresde mais il faudra sans doute qu’Audi remette la main au portemonnaie à Noël s’il veut que son club évite tout mauvaise surprise.

Dynamo Dresde (13e, 8 points)

Après sa promotion inattendue, Dresde a pas mal chamboulé son effectif et son recrutement est tout juste terminé. C’est donc une équipe encore en construction qui connaît un début de saison un peu chaotique, avec quelques bonnes choses mais aussi pas mal de lacunes qui coûtent cher. Mais, une fois les renforts intégrés, le Dynamo paraît avoir les moyens d’assurer son maintien sans trop de problème, ne serait-ce que pour honorer l’engouement phénoménal qui règne actuellement sur les bords de l’Elbe.  

Karlsruher SC (14e, 7 points)

A Karlsruhe, l’embellie n’aura duré que trois matchs dont deux belles victoires. Ensuite, le KSC est retombé dans ses travers des saisons écoulées, avec notamment une série de cinq défaites consécutives, une défense passoire et des attaquants inefficaces, la seule différence c’est qu’il n’y a pas (encore ?) eu de changement d’entraîneur. Quand on voit que ce sont les vétérans Iashvili et Buckley qui doivent tirer l’équipe, on se dit que Karlsruhe est reparti pour une saison de galère et qu’à force de jouer avec le feu, il va finir par se brûler.

VfL Bochum (15e, 7 points)

Et dire qu’à quelques minutes près en mai dernier, Bochum pourrait être à la place de Mönchengladbach ! Manifestement, l’échec en barrage contre les Fohlen n’a pas été digéré et, malgré un effectif proche de celui qui avait manqué de peu la promotion, le VfL est reparti d’un très mauvais pied. Les blessures ou méformes de quelques cadres de l’équipe ont encore accentué la descente aux enfers dont l’entraîneur Friedhelm Funkel a fait les frais. Une esquisse de choc psychologique semble se dessiner mais pour la promotion, l’objectif avoué de la saison, ça paraît déjà râpé.

MSV Duisburg (16e, 6 points)

On se doutait qu’avec les nombreux changements intervenus à l’entre-saison, Duisburg aurait besoin d’un peu de temps pour assumer son rôle de favori mais de là à le retrouver dans la zone de relégation… L’entraîneur Milan Sasic, dont les jours sont plus que jamais comptés, n’a pas réussi à faire l’amalgame entre ses stars, avec des gros problèmes de concentration dans une défense qui a la fâcheuse tendance à encaisser un ou deux buts chaque début de match. La suite n’est en général qu’une longue et vaine course-poursuite où les Zebras ne montrent que par intermittence leur immense potentiel. En plus, la spirale négative s’en mêle, expulsions, erreurs d’arbitrage, défaites dans les ultimes minutes… Et voilà comment Duisburg est passé du statut de prétendant à la promotion à celui de candidat à la relégation. Une remontée est à prévoir mais le train de l’ascension est parti sans le MSV.

Hansa Rostock (17e, 6 points)

Rostock a fait le pari de faire confiance au groupe jeune et inexpérimenté qui avait réussi la promotion, on savait que ça allait être compliqué, cela se confirme. Pourtant, la bonne volonté ne manque pas mais l’absence de joueurs véritablement dominants pour la Zweite Liga fait que cela ne se traduit que rarement en points. L’euphorie de l’ascension n’ayant pas mieux fonctionné qu’au LS, le maintien s’annonce compliqué.

Alemania Aachen (18e, 4 points)

Miser sur la jeunesse, ça peut être risqué et Aachen en fait la douloureuse expérience. Les départs d’Höger, Arslan et surtout Stieber n’ont pas été compensés. Pourtant, ça joue bien jusqu’à 30 mètres du but mais c’est d’une totale stérilité ensuite, même le buteur Auer reste muet et Aachen plafonne à 1 malheureux but en 9 matchs ! Le jeune entraîneur Peter Hyballa en a fait les frais et a été viré, c’est dommage il avait un projet de jeu et une politique de jeunes intéressants, il lui fallait juste un peu de temps. L’avenir s’annonce moins chatoyant du côté du Tivoli avec l’arrivée de Friedhelm Funkel, lequel reste sur deux échecs cuisants au Hertha Berlin et à Bochum, et plutôt adepte de la méthode commando. Mais pour l’instant, le choc psychologique n’a pas fonctionné.

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Hé Julien, on ne t’as pas trop entendu sur les magnifiques prestations de ton Dortmund en Ligue des Champions…
    Hé oui, dès que ça se frotte à des autres équipes qu’en Allemagne, ça rigole moins !
    Mais si tu veux voir du beau foot…va vite voir le Barça !!!

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