Au tour de l’Est débalancé

Après avoir décortiqué les 15 formations de la Conférence Ouest, c’est au tour des équipes situées outre-Appalaches de passer au crible de l’analyseur. De ce côté aussi, la tendance est au statu quo dans cette Conférence qui accueillera l’incongruité géographique nommée Winnipeg durant une année. Une ou deux surprises ne sont pas non plus à exclure…

15. Ottawa Senators

Après une saison 2010/2011 très compliquée, les Sénateurs en pleine phase de reconstruction ne vont guère faire nettement mieux : aucun renfort majeur n’est venu s’ajouter durant un été bien calme sur le fond des transactions. Seul élément positif, l’intégration de jeunes éléments qui ont remporté la Calder Cup le printemps dernier avec le club ferme de Binghampton ; équipe dont Roman Wick ne fait plus partie, le Zurichois ayant préféré la solution de facilité typiquement suisse en retournant à Kloten. Si Spezza et Alfredsson restent en santé, Ottawa peut espérer surnager, mais il va falloir que l’arrière-garde menée par les plus tous jeunes Sergei Gontchar et Filip Kuba tienne le coup. Ayant consommé pas moins de six gardiens l’an passé, ce poste est aussi sujet à caution en dépit de la venue d’Alex Auld. Un retour en séries des finalistes de la Coupe Stanley en 2007 n’est donc pas à l’ordre du jour.

14. Florida Panthers

Que ce soit sur le plan technique, sportif ou opérationnel, cette franchise est une vaste plaisanterie. Abonnés à vie aux piteux résultats obtenus devant une assistance rachitique, les Panthers ont eu l’idée géniale de laisser partir l’élément qui lui assurait la moitié de leurs victoires : le gardien Tomas Vokoun. L’équipe de Miami détient aussi la palme de la signature la plus moisie de l’été : Ed Jovanovski – 14 points en 50 matchs la saison dernière – pour 4 ans à 16.5 millions de dollars. Difficile de faire pire, bien que la signature de Tomas Fleischmann pour 4 ans à 18 millions soit pas mal aussi. On comprend mieux pourquoi Dale Tallon a été poussé vers à sortie à Chicago. Certes, les Panthers se devaient de dépenser des sous pour respecter le plancher salarial, mais pas au point de faire n’importe quoi. Une fois de plus, la franchise de Miami squattera les dernières places, et ce n’est pas les arrivées de Bergenheim, Kopecky et Versteeg notamment qui vont changer la donne.

13. New-York Islanders

Partant du principe qu’il est difficile de faire pire, les Islanders peuvent se montrer un peu plus optimistes qu’à l’accoutumée : l’attaque des banlieusards new-yorkais est intéressante avec les Tavares, Okposo, Grabner (30 buts lors de sa première saison) et autres Moulson. Nino Niederreiter possède des chances légitimes de débuter dans la formation de base tandis que d’autres juniors montrent un potentiel certain à l’instar de Ryan Strome ou Calvin de Haan. Parallèlement, le retour au jeu de Mark Streit donnera aussi un peu plus d’assise à une défense qui manque de profondeur. Le poste de gardien est aussi sujet à de nombreux doutes entre un Nabokov inconstant et un DiPietro en perdition. Les «Isles» seront en légère progression, mais ce ne sera pas suffisant pour décrocher une place en séries.

12. Winnipeg Jets

Le retour de la Ligue Nationale à Winnipeg a crée une véritable ébullition populaire dans une ville qui ne vibre que pour le hockey. Au niveau de l’effectif, les Jets hérite plus ou moins de la même équipe qui avait terminée à la 12e place de la Conférence Est la saison dernière lorsque la franchise était basée à Atlanta. Rappelons tout de même que les feu Thrashers faisaient partie du bon wagon avant de s’écrouler durant la deuxième partie de saison. Cette année, les Jets version 2.0 vont pouvoir bénéficier d’un soutien très puissant de la part de leurs fans et tenteront de surfer sur cette euphorie en dépit d’un collectif tout de même un peu limité. Faisant toujours partie de la division Sud-est, les très longs déplacements que devra se farcir Winnipeg risque de coûter beaucoup d’énergie à l’équipe. Une participation en play-off reste donc très hypothétique.

11. Carolina Hurricanes

Des résultats en dents de scie avaient fait crever les Hurricanes au poteau la saison dernière, avec en prime une douloureuse défaite face à Tampa Bay lors de l’ultime journée. Avec la perte d’Eric Cole et de Joe Corvo, Carolina perd deux éléments importants de son dispositif. Pour pallier la perte de Corvo, les «Canes» ont engagé l’onéreux Kaberle, indésirable autant à Toronto qu’à Boston. Aux buts, Carolina peut pourtant se targuer d’avoir l’un des meilleurs gardiens de la Ligue Nationale avec Cam Ward. La franchise de Raleigh n’est pas dénuée de potentiel : des joueurs tels que Skinner, Jokinen ou encore Pitkanen ont un impact certain sur le jeu. Au final, une participation aux play-off reste un objectif réaliste – il faut bien se montrer ambitieux –, mais cela va être pour le moins difficile.

10. Toronto Maple Leafs

Les Maple Leafs sont incontestablement le Lausanne Hockey Club du riche si l’on fait abstraction de leur palmarès : un public masochiste qui répond continuellement présent malgré des désillusions à la pelle, dues en grande partie à leur cellule sportive d’une profonde incompétence. Au moins, les dirigeants de l’équipe canadienne semblent apprendre de leurs erreurs en concoctant une équipe qui peut jouer les trouble-fêtes : en ajoutant Connolly, Lombardi et Liles, les Ontariens se sont notablement renforcés. Si le jeune portier Reimer parvient à flamber comme lors de la deuxième partie de la saison dernière, Toronto sera à la lutte pour une place en séries, ce qui constituerait quand-même une relative surprise.

9. New Jersey Devils

En reprenant l’équipe au milieu de la saison dernière, Jacques Lemaire était parvenu à métamorphoser les Devils, mais ce fut toutefois insuffisant toutefois pour atteindre les séries. Le problème est que l’ancien mentor de Sierre a pris sa retraite et que la franchise de New Jersey a préféré miser sur un entraîneur (Peter DeBoer, en provenance de Florida) habitué à la défaite. Si la prolongation in extremis du meneur des Devils Zach Parise a donné un peu d’optimisme du côté de Newark, la diva Kovalchuk devra justifier son salaire indécent. Heureusement, Patrick Elias et Trevor Zajac restent des valeurs sûres et ils auront la charge d’épauler les jeunes Tedenby et Larsson. S’ils ont la bonne idée de ne pas commencer le championnat de manière catastrophique, les Devils peuvent lorgner sur le top-8, mais cela passe obligatoirement par un retour au premier plan de Martin Brodeur. L’avenir de la franchise actuellement en faillite en dépend.

8. New-York Rangers

Après le flop nommé Chris Drury (5 points en 24 matchs la saison dernière), les Rangers sont parvenus à se doter d’un vrai centre numéro 1 en mettant la main sur Brad Richards ainsi qu’au portemonnaie (contrat de 9 ans à 60 millions de dollars). Si les blessures laissent tranquille Marian Gaborik, ce duo peut faire des étincelles. Les «Rags» ont aussi fait une bonne affaire en prolongeant un autre de ses leaders, Brandon Dubinsky. Si l’attaque des New-Yorkais est plutôt bien fournie, la défense reste un poil légère et inexpérimentée – le plus vieux, Steve Eminger, n’a que 27 ans. Avec un effectif demeuré stable, les pensionnaires du Madison Square Garden devront, comme la saison dernière, cravacher ferme pour obtenir une place en play-off. Cela va être tendu jusqu’au bout, mais on y croit.

7. Montréal Canadiens

Comme chaque année, ça sent la Coupe à Montréal ! Plus sérieusement, les Canadiens miseront beaucoup sur le retour en forme de leur défenseur numéro 1 Andrei Markov, ainsi que sur la confirmation du génial P.K. Subban. Devant, les Habs ont certes perdu quelques pièces dans leur dispositif (Pyatt, Pouliot, Halpern) mais pas les plus importants, d’autant plus que la signature d’Eric Cole constitue le gros renfort pour la franchise québécoise. Cependant, le rendement de Montréal sera directement tributaire des performances de Carey Price aux buts. Afin de prévenir toute mauvaise surprise, les Canadiens ont engagé le Slovaque Peter Budaj comme doublure. Montréal ne jouera probablement pas le haut du tableau, mais une qualification en séries est un objectif honnête et serait le minimum syndical.

6. Buffalo Sabres

La lassitude ne semble pas encore gagner Lindy Ruff, l’emblématique entraîneur des Sabres depuis maintenant 14 ans. Il est difficile de situer clairement son équipe qui a déplorédeux départs importants cet été : Tim Connolly et Steve Montador. Cela dit, les Sabres ont effectué une campagne de recrutement remarquable avec l’acquisition de Christian Ehrhoff, Ales Kotalik et Ville Leino, bourreau de… Buffalo au printemps dernier lorsqu’il évoluait à Philadelphie. Ryan Miller ayant été un peu en retrait durant l’exercice précédent, un retour au premier plan du portier américain portera des Sabres déjà bien renforcés vers le haut du classement. Si le titre de la division semble un peu présomptueux, Buffalo restera néanmoins un sérieux outsider.

5.  Tampa Bay Lightning

Avec un directoire enfin crédible et un savant mélange entre jeunes et joueurs d’expérience, le Lightning avait réussi une superbe saison 2010/2011 en se hissant en finale de Conférence. Cette année, la franchise floridienne pourrait bien poursuivre dans cette voie, d’autant plus que Tampa Bay est parvenu à faire resigner, non sans mal, son prodige Steven Stamkos ainsi que Teddy Purcell. Toutefois, le vétéran Dwayne Roloson devra continuer à marcher sur l’eau si les «Bolts» (quel surnom débile !) comptent à nouveau viser les sommets. Malgré la perte de Sean Bergenheim et Simon Gagné, le noyau du Lightning est resté relativement stable, de quoi pouvoir rivaliser avec les Capitals pour le titre de la division Sud-est.

4. Philadephia Flyers

Parler de reconstruction est peut-être exagéré ; utilisons plutôt le terme de rénovation. Avec pas moins d’une petite dizaine d’arrivées pour autant de départs, les Flyers auront un tout autre visage lors de la saison à venir. Parmi les principaux changements, la venue du gardien Bryzgalov permet à Philadephie d’avoir enfin un vrai numéro 1 dans les buts. Pourtant, avoir échangé son capitaine (Mike Richards) et l’un de ses meilleurs pointeurs (Carter) est assez couillu. À voir si les nouveaux arrivants (Schenn, Voracek, Simmons) sauront les faire oublier. La grosse inconnue reste le monument Jaromir Jágr : réussira-t-il à performer à près de 40 ans et 3 ans d’absence en Ligue Nationale ? Tous ces changements fait qu’il bien difficile si mayonnaise va prendre du côté des Flyers, mais nul doute qu’ils joueront le haut du tableau.

3. Pittsburgh Penguins

Les Pingouins n’ont pas franchement été actifs durant l’intersaison, si ce n’est lors des épisodes 1 à 496 du feuilleton Jaromir Jágr. Comme à son habitude, l’attaquant tchèque a privilégié le pognon au fait d’évoluer au sein de la franchise qui lui a tout donné (sic!). Les principaux changements résideront surtout sur le fait de pouvoir évoluer à nouveau avec leurs deux stars Sidney Crosby et Evgeny Malkin, véritables baromètres de l’équipe. Rappelons que l’absence des deux éléments avaient fortement plombé la fin de saison de Pittsburgh le printemps dernier. Dans les buts, Marc-André Fleury, sans être exceptionnel, a prouvé qu’il pouvait tenir la baraque. L’équipe de Mario Lemieux va donc poursuivre sur la voie de la stabilité et jouer naturellement le haut du tableau. Si les bobos épargnent Crosby et ses potes, les Pingouins pourraient bien remporter la victoire dans la division Atlantique.

2. Boston Bruins

Généralement, le vainqueur de la Coupe Stanley vit une saison suivante un peu plus difficile du fait du plafond salarial qui limite le champ d’action du lauréat pour cause d’augmentation galopante de la valeur de ses joueurs. Pourtant, l’effectif des Bruins n’a pratiquement pas changé si l’on excepte la retraite de Mark Recchi et le départ de Michael Ryder (la perte de Kaberle ne compte pas). La franchise de Boston a en revanche renforcé son arrière-garde avec l’arrivée de Joe Corvo. Très sympathique avec son rival montréalais, Boston a aussi déchargé des Habs du flop Benoît Pouliot. Si Tim Thomas parvient à réitérer sa saison de taré et si Marc Savard, de retour de blessure, arrive à affoler son compteur, les Bruins seront parfaitement capables d’être la première équipe depuis les Red Wings en 1997 et 1998 à rempoter la Coupe deux années de suite.

1. Washington Capitals

La version Est des Sharks est incontestablement les Capitals : des saisons régulières de feu, aussitôt suivies d’une grosse désillusion en séries. Pourtant, la formation coachée par Bruce Boudreau est l’une des plus talentueuses de la Ligue Nationale. Les Caps ont réalisé un bon coup en engageant le portier Tomas Vokoun pour une bouchée de pain ; le duo tchèque Vokoun-Neuvirth qui gardera les buts de Washigton est l’un des meilleurs au niveau qualité-prix et Washington enregistre en outre les arrivées de Ward et Hamrlik. L’équipe possède donc une valeur similaire – si ce n’est meilleure – que la saison passée. Si les meneurs que sont Ovechkin, Green, Backström et Semin parviennent à faire oublier un exercice 2010/2011 en demi-teinte et à livrer la marchandise en séries, les Capitals seront d’indiscutables candidats au titre de la Conférence.

Écrit par Mathieu Nicolet

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