Aus Kohle und Stahl

Trois jours après une défaite pitoyable au Pirée en Ligue des Champions, le Borussia Dortmund s’est rassuré en atomisant un faible Cologne lors d’un Westderby à sens unique. L’espace d’un après-midi, le BVB a retrouvé les qualités et les valeurs qui lui avaient permis de survoler la Bundesliga la saison dernière.

C’est un Borussia Dortmund en quête de rédemption qui se présentait samedi au Westfalenstadion, trois jours après avoir livré en Grèce contre Olympiakos ce qui est sans doute son pire match depuis au moins deux ans. A priori, l’adversaire était idéal pour une opération rachat, le 1. FC Köln, lequel n’a plus gagné depuis plus de 20 ans au Westfalenstadion où il reste sur 13 défaites et 1 nul. Et depuis l’arrivée de Jürgen Klopp en 2008, le BVB n’a jamais égaré le moindre point contre les Geissböcke. C’est dire si les statistiques ne parlaient pas vraiment en faveur de Cologne.

Retour aux sources

Ceci dit, ce match avait tout du traquenard pour le BVB : Cologne avait tout de même remporté trois succès probants (Leverkusen, Hoffenheim et Hanovre) lors de ses quatre dernières sorties. Et son entraîneur, Ståle Solbakken, est réputé pour sa capacité à contrer des équipes de niveau supérieur. L’an dernier, à la tête du modeste FC Copenhague, n’était-il pas l’un des rares entraîneurs à être parvenu à faire déjouer le FC Barcelone ? Mais manifestement, le Norvégien a eu beaucoup plus de difficultés à trouver les solutions pour contrer le Borussia Dortmund, dont l’entraîneur Jürgen Klopp a décidé de revenir aux fondamentaux. Depuis le début de la saison, l’entraîneur à succès du BVB a pas mal tâtonné pour dégager une équipe type. Là, pour faire oublier la déconfiture athénienne, il décide d’aligner l’équipe-type qui avait survolé le 1er tour l’an dernier, à deux exceptions près : Sebastian Kehl remplace Nuri Sahin, parti au Réal Madrid, et Robert Lewandowski supplée un Lucas Barrios toujours blessé.

A sens unique

Et ça fonctionne, au-delà de toutes espérances. On retrouve l’intensité, la verticalité et l’efficacité de l’automne dernier. Le match est à sens unique et Köln n’existe tout simplement pas. L’ouverture du score va rapidement tomber sur un centre de Kevin Grosskreutz pour Shinji Kagawa. Il y a un an, les deux jeunes joueurs du BVB défonçaient toutes les défenses d’Allemagne, c’était beaucoup plus compliqué cette saison, espérons que ce but marque un retour en forme des deux milieux offensifs dortmundois. Seul joueur colonais à avoir surnagé samedi, le gardien Michael Rensing retarde l’échéance mais il doit encore s’incliner deux fois avant la pause. Tout d’abord sur un ballon glissé en retrait par Sven Bender pour Marcel Schmelzer, qui s’offrait son premier but en Bundesliga pour sa septante-neuvième apparition. Puis sur un centre de Sven Bender repris par  Robert Lewandowski.

Flatteur

Après la pause, le scénario ne varie guère. Jürgen Klopp fait tourner son effectif en prévision d’un mois de novembre infernal. Cela n’empêche pas le BVB d’inscrire deux nouveaux buts : tout d’abord sur une ouverture de la poitrine de Blaszczykowski, une déviation de Grosskreutz et une conclusion de l’inévitable Lewandowski. Cerise sur le gâteau, c’est à Sebastian Kehl que revient l’honneur de clore la fête de tir en reprenant de la tête un centre de Jakub Blaszczykowski. Cela fait toujours plaisir, sachant les nombreuses galères que le capitaine du BVB a traversé ces dernières saisons. D’humeur taquine, le mur jaune entonne alors die Elf vom Niederrhein et le Maria (I Like it Loud) de Scooter, les deux hymnes du Borussia Mönchengladbach, le rival historique du 1. FC Köln. Lequel ne gardera pas un souvenir impérissable de son escapade dans la Ruhr. Le pire, c’est que ce score de 5-0 est plutôt flatteur pour les Geissböcke qui auraient tout aussi bien pu en ramasser quelques-uns de plus.

Poldi le sauveur

Cologne a même failli entrer dans l’histoire en devenant le premier club à ne réussir aucun tir au but dans un match de Bundesliga. Mais une frappe de Lukas Podolski à la 86e a évité aux Domstädter de s’approprier ce glorieux record. Il y aura même une deuxième frappe dans les arrêts de jeu pour ramener la statistique à 27 tirs à 2 ! Le 1. FC Köln poursuit son parcours en montagnes russes. Cette équipe est vraiment une énigme en ce début de saison, capable d’aller inscrire quatre buts à Leverkusen (1-4) avant d’aller en prendre à son tour quatre lors du déplacement suivant à Berlin (4-0), capable de battre Hanovre et de sombrer corps et âme une semaine plus tard à Dortmund. En soi, perdre au Westfalenstadion n’a rien d’infamant mais c’est la manière qui dérange. Dimanche prochain, les Geissböcke reçoivent le néo-promu Augsburg, ils auront intérêt à enclencher le mode «on», sinon la barre va se rapprocher dangereusement.

La tête se rapproche

Même si l’enthousiasme doit être tempéré par l’insigne faiblesse de l’adversaire, le BVB s’est lui rassuré. Et fait la bonne opération du week-end en revenant à trois petites longueurs du Bayern, alors qu’il était virtuellement à onze points des Rekordmeiser lorsqu’il était mené 1-0 à Mainz il y a quelques semaines… On a incontestablement retrouvé samedi les vertus et l’allant de la saison passée. Le Borussia ne peut pas vraiment s’appuyer sur des individualités pour gagner des matchs en jouant en dilettante ; il redevient vite une équipe très ordinaire s’il ne met pas de la passion, de l’intensité et du labeur dans son jeu. Tu me diras, normal au pays du charbon et de l’acier : Auch in schweren Zeiten haben wir keine Wahl. Wir werden
immer zu Dir stehen, wir sind aus Kohle und Stahl
(fatalement, après vingt heures de car en écoutant en boucle les chansons du BVB, il y en a quelques-unes qui me trotte encore dans la tête).

Borussia Dortmund – 1. FC Köln 5-0 (3-0)

Signal Iduna Park, 80’200 spectateurs.
Arbitre : Dr Brych.
Buts : 7e Kagawa (1-0), 25e Schmelzer (2-0), 44e Lewandowski (3-0), 50e Lewandowski (4-0), 66e Kehl (5-0).
Dortmund: Weidenfeller ; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender (57e Leitner), Kehl; Götze (46e Blaszczykowski), Kagawa (71e Gündogan), Grosskreutz; Lewandowski.
Köln: Rensing; Riether, Sereno, Jammal, Eichner; Matuschyk, Jajalo (71e Pezzoni); Chihi (58e Clemens), Lanig, Peszko (46e Roshi); Podolski.
Cartons jaunes : 5e Kehl, 6e Matuschyk, 38e Subotic, 47e Sereno.
Notes : Dortmund sans Perisic (suspendu), Owomoyela, Barrios, Koch ni Zidan (blessés) ; Köln sans Geromel, Novakovic, Varvodic, McKenna, Petit ni Andrezinho (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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10 Commentaires

  1. Perso, le pire match que j’ai vu de Dortmund n’est pas contre l’Olympiakos, qui eux ont faire un match simplement extraordinaire contre un BVB moyen, mais plutot contre l’OM ou je n’ai pas reconnu une seule fois le dortmund de cette dernière année, pas une seule passe correcte, des dechets technique digne du Lausanne Sport.

    Il faut quand meme m’expliquer comment Dortmund joue un football champagne et offensif a une touche de balle en bundesliga, et n’en touche pas une en CL – a part contre Arsenal –

    La pression trop forte sur une si jeune equipe?

  2. Excellent week-end. Plaisir de t’avoir rencontré Julien !
    Curry wurst excellente à Dortmund et à Frankfurt, pour une jolie victoire sur Duisbourg et un bon match de Schwegler (si si). Stade magnifique soit dit en passant.

  3. Je crois avoir déjà vu la proposition dans un autre courrier des lecteurs mais c’est vrai que l’idée de faire un blog exclusivement sur le Borussia serait peut-être plus intelligent plutôt que de poster les articles sur Carton Rouge, ça devient lassant (je ne critique pas la qualité des articles mais juste le fait que ça vire gentillement à l’overdose).

  4. Schyzo, c’est le verdict. 1-3 contre Olympiakos… 5-0 contre Cologne. Sans manquer de respect au club grec, il est à peine plus balaise que Cologne sur le papier, alors comment, mais comment est-ce possible?! Ca tient en un mot : l’expérience.

    La Bundesliga, le BVB la connaît dans ses moindres détails depuis le temps, mais la C1, même l’effectif actuel du FC Bâle la connaît mieux… Après bon je trouve que ça n’excuse pas tout. Mais allez dire ça à Schalke! Peut-être que des priorités ont été fixées et dans ce cas, ça expliquerait en partie le sérieux coup de mou du Borussia sur le plan européen. On privilégie une assise progressive sur la Bundesliga en attendant d’être vraiment assez stable et balaise pour viser plus haut en C1? Possible…

    En même temps, quand on a la chance de participer à l’une des plus belles compét footballistiques de la planète, on évite de se la jouer petit bras et on met vollgaz donnerwetter! Demandez à l’APOEL Nicosie…

  5. Je rejoins ce que Laurent a écrit dans son commentaire du 25 octobre 2011…

    Même si les qualités des articles est excellente et même si j’ose imaginer le temps pris par M. Mouquin pour nous faire part des ses aventures en Allemange, ça commence à faire beaucoup de récits concernant le Borussia Dortmund…

    Mais je vois déjà certains venir en disant « ben tu n’as qu’à demander à la rédaction si tu peux écrire des propres articles au sujet du club que tu supportes »…

  6. @K.O.B.
    Plaisir partagé.
    Et il n’y a pas que la Currywurst qui était excellente, les Jägermeister d’après-match étaient pas mal aussi, même s’ils vous ont fait rater le Anton’s Bierkönig; ça vous donnera un prétexte pour revenir 😉

  7. @Laurent et Adrien: trop de récits sur le BVB? Personne ne vous oblige à les lire…
    Perso, et même si je supporte un autre club en Allemagne, j’apprécie toujours la prose de l’ami Julien. Et je ne lis pas les papiers dédiés au hockey, par exemple, sport dont je me contrefous. Chacun ses goûts…

  8. @ Lex Von Nyon

    Oui, l’expérience. Je ne pense pas que Dortmund privilégie le championnat, mais la CL, c’est quand même très différent de la Bundesliga. En Allemagne, le jeu est très ouvert, offensif, débridé. En CL, les espaces sont réduits, les attaques sont plus placées et les occasions plus rares. C’est pourquoi l’expérience de la compétition est importante. Mais pas l’expérience individuelle : l’expérience du club dans l’approche des rencontres. Certes, le BVB a gagné cette compétition mais depuis, on peut dire que c’est un nouveau club car tout y a changé.

    A titre de comparaison, les joueurs de Lyon de cette saison (et son entraîneur) ne sont pas plus expérimentés que les joueurs du BVB. Mais ça fait plus de 10 ans que le club participe à la compétition et se qualifie régulièrement pour les huitièmes de finale. Aussi, il y a ainsi cette « habitude » des rencontres de CL, leur déroulement, la gestion différente des rencontres par rapport à la Ligue 1 et ce réalisme nécessaire à la compétition.

    Avec 1 point, il sera difficile pour le BVB d’accéder aux huitièmes, mais il est clair que l’an prochain, on peut penser que Dortmund ne partira pas en CL « la fleur au fusil » comme cette saison. Et savoir se contenter d’un moche 0-0 même si ça siffle dans les tribunes (un public trop gâté par la saison du titre de Bundesliga me semble-t-il, non ?)

  9. Totalement d’accord avec Blue Raph…
    Y’a des personnes qui se réjouissent de lire les articles du BVB si vous ça vous gonfle passez-votre chemin…

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