180° Sud, partie 6 : erreur corrigée

Avec un peu d’objectivité, reconnaissons que les Stars se sont très bien comporté dans les années qui suivirent leur relocalisation à Dallas. L’équipe avait du succès sur et hors de la glace, les fans ont instantanément répondu présent et ceci a grandement favorisé le développement du hockey dans cette région.

Contrairement à certaines autres zones de test, une excellente stratégie de marketing et de promotion a été menée durablement au sein de la franchise, ce qui a permis de faire connaître ce sport dans un grand rayon, en touchant toutes les franges de la population. Le tout en s’articulant autour de celui qui allait devenir le visage de la franchise : Mike Modano. En revanche, cela s’est moins bien passé pour Norm Green : acculé de toutes parts, son empire financier tombant en ruine, le Canadien fut contraint de vendre la concession à Tom Hicks en 1995, lequel ayant également été le propriétaire du FC Liverpool. Certains s’étaient souvent posé la question de savoir si Norm Green fut à ce point un bon gestionnaire : la réponse est donnée ici, donnant un argument supplémentaire à ceux qui avaient toujours pensé qu’une relocalisation était évitable. Si seulement les North Stars avaient eu un autre propriétaire…

Le remède au deuil

Ne pas avoir de franchise professionnelle de hockey dans le Minnesota était une infamie. La Ligue nationale de hockey s’en est rendu compte dès le déménagement des North Stars entériné et a promis en 1997 à l’État de recevoir une franchise lors de la prochaine vague d’expansion prévue à la fin du millénaire. C’est ainsi que le Wild naquit en 2000. Cependant, un bon nombre de fans étaient toujours traumatisés par la perte des North Stars et ont eu du mal à s’identifier à celle nouvelle équipe au nom un peu pompeux. L’oubli est parfois rude, l’acceptation suit un parcours très sinueux.


En 2000, il ne restait que 3 joueurs des Stars qui
faisaient partie de l’équipe avant son déménagement

Pour une très grande partie des gens, le remède vint le 17 décembre 2000. Les Stars retournèrent pour la première fois dans le Minnesota pour y affronter le Wild. Minnesota avait alors une équipe typique d’expansion, un bricolage fait de jeunes joueurs inexpérimentés et d’anciens sur le déclin. L’apprentissage était difficile mais logique ; la franchise squattait les dernières positions du classement. De l’autre côté, Dallas était le champion en titre et le principal favori à sa propre succession. Contre toute attente, Minnesota écrasa Dallas sur le score de 6-0, plongeant toute la foule du X-cel Center dans une pure folie. Corollaire de ce résultat, on avait aussi rendu la monnaie de la pièce à l’effronté Modano. Dans un premier temps, les spectateurs ne savaient pas trop comment réagir au moment du coup d’envoi. Après tout, les Stars avait été leur équipe ! Les sentiments étaient entremêlés, complexes, ambivalents. Dès le premier but du Wild, tout s’est décanté comme par magie et les derniers réticents se sont laissé submerger par cette vague salutaire. Au coup de sifflet final, la page était définitivement tournée. Leur équipe, c’était le Wild, même si certains ressentiments subsistaient dans les derniers recoins du subconscient collectif.
En 2009, la trace de Norm Green fut retrouvée dans un article d’un magazine mensuel de Dallas, le D Magazine. Au sujet de l’explosion du nombre de patinoires dans la région de Dallas/Fort Worth, Green dit vrai : l’engouement fut remarquable et l’intérêt du hockey a été fulgurant. Mais 16 ans après la relocalisation des North Stars, Norm Green divague un tantinet. Il affirme notamment que l’affluence ne dépassait pas les 60% de la capacité du Met Center, ce qui est gratiné puisque lors des deux dernières saisons, ce pourcentage se montait à respectivement 89.6% et 92.7% selon les décomptes recensés par ESPN . De plus, Le Canadien maintient que cette même affluence avait doublé à Dallas. Un peu plus oui – et ce grâce à la belle équipe montée par Bob Gainey alors que la concession était toujours dans le Minnesota –, mais il semble que la Reunion Arena de Dallas n’avait pas une capacité de près de 27’000 places… Autre exemple, Norm Green avait bien dit dans le New York Times que le soutien des fans était phénoménal, mais que pour quelque raison que ce soit, les finances ne suivaient pas (la faute à qui ? Mystère). À défaut d’avoir été un bon propriétaire, il a en revanche excellé dans l’art de la contradiction.

Démence ou bêtise ?

Depuis la fameuse annonce du déménagement de la franchise en 1993, Norm Green n’a plus jamais mis les pieds dans le Minnesota, et il regrette cela. Il n’aurait rien contre une petite visite du resplendissant X-cel Center de St-Paul, mais mieux vaut pour lui de rester bien au chaud dans le Texas. Un lynchage public ne serait pas à exclure s’il venait à être reconnu. Même 18 ans plus tard.


Les North Stars sont toujours en vie !

Un jour, alors qu’il venait de prendre les reines des North Stars, Norm Green avait lancé la phrase suivante à Julie Hammond, présidente d’un club de soutien : «Seul un idiot serait capable de perdre de l’argent dans le hockey dans le Minnesota». Après le déménagement, cette dernière avait répondu : «Et bien, je crois qu’il a prouvé ce dernier point». Toute cette saga aura initialisé la tendance des relocalisations en direction du sud. Petite anecdote pour clore cette partie, les Minnesota North Stars ne sont pas complètement morts : c’est aujourd’hui une équipe de rugby en chaise roulante ! Il existe aussi une équipe de «soccer» sous le nom des Minnesota Stars. Comme quoi, le devoir de souvenir reste très ancré dans l’État aux 10’000 lacs.
À suivre : 180° Sud, partie 7 : au revoir Québec
Si tu as raté le début : 180° Sud, partie 1 : prélude à l’avènement ;180° Sud, partie 2 : le lancement ;180° Sud, partie 3 : l’Étoile du Nord ;180° Sud, partie 4 : entre esbroufe et couardise ;180° Sud, partie 5 : un univers impitoyable

Écrit par Mathieu Nicolet

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