Souvenez-vous de ce qu’il y a après les ténèbres !

Dans leur propre forteresse, les Servettiens, qui avaient disputé jusque-là 9 rencontres, vantaient un parcours parsemé de 8 victoires et entaché par l’unique défaite lors du derby du lac de Genève. Ce match de l’espoir, qui aurait non seulement permis aux Genevois de recoller à la tête du championnat mais aussi de doper le moral des troupes, a vu les Grenat subir leur 2e revers à domicile. La déception est énorme, le moral au plus bas, mais y a-t-il des raisons de toujours y croire ?

Il faut commencer par une mise en contexte, cher lecteur. Disons-le tout de suite, ce match n’a pas débuté sous les meilleurs auspices. Loin de là. En effet, lors des instants qui précèdent cette rencontre entre les 2 meilleures défenses du championnat, la feuille de match qui nous est distribuée contient des choix face auxquels il difficile de ne pas se retrouver de façon spontanée, par le biais d’un spasme fulminant, à ressembler au personnage dépeint par Munch dans son célèbre Cri. Les points d’interrogations surgissent et nous prennent d’assaut. Et lorsque les questions les plus fondamentales ne trouvent pas de réponse immédiate, l’angoisse monte. Et celle-ci a un urgent besoin d’être évacuée, pour nous donner l’illusion de nous en être libérés définitivement.Mais malgré la rapide séance au petit coin, l’expression du Cri de Munch s’empare derechef de notre visage dès les premiers instants de jeu. Les tentatives de dribbles infructueuses de Nater, qui préférait se la jouer solo et faire étalage de sa maîtrise technique avant de buter sur le rocher défensif tessinois ainsi que les mouvements de M’Futi qui s’est trouvé hors-jeu à maintes reprises, représentaient le premier élément prouvant que nos craintes étaient fondées.

Comment João Alves a-t-il pu décider de modifier autant le onze de base, chamboulant l’ossature de l’équipe et la transformant en invertébrée ? Pour ce match ô combien important, l’ancien international portugais a mis en relief  le fait de ne pas avoir les idées au clair. Qu’est-ce qui a poussé le mentor lusitanien à opérer autant de changements par rapport à l’équipe qui avait remporté la partie de dimanche dernier face aux Jurassiens ?
En partant de la défense, Pedro Mendes, de retour après 4 mois d’inactivité, était mystérieusement titularisé en défense centrale aux côtés de Baumann. Aussi, Schneider se voyait décalé sur le côté gauche comme latéral et Vincent Rüfli avancé d’un pion en tant que milieu droit.
Ainsi, les Grenat s’en allaient batailler avec la troupe de Marco Schällibaum avec deux modifications dans leur défense : un central revenant et un central remodelé latéral. Ces changements, aussi justifiables soient-ils, chamboulèrent complètement les automatismes compliqués du secteur défensif. Cela explique peut-être le flagrant manque de communication entre l’arrière-garde et le dernier rempart du SFC hier après-midi.
Au milieu de terrain, nous avons eu droit à deux surprises : le susmentionné déplacement de Rüfli sur le côté droit et la titularisation de Nater, ménagé face à Delémont. Cependant, les plus grosses surprises ont été la non-convocation d’Eudis. Le Brésilien jouissait de la totale confiance de João Alves, même après des prestations aberrantes. Le numéro 27 servettien semblait pourtant sur le chemin du retour suite aux améliorations aperçues lors du dernier match.  Mais le coach a préféré, cette fois-ci, jeter d’emblée dans la mêlée le duo d’attaque Vitkieviez-M’Futi.
Concernant l’Helvético-Uruguayen, le choix semble logique, puisqu’il a montré un visage très conquérant dès son entrée en jeu le week-end dernier. Mais le fait que M’Futi ait convaincu Alves juste parce qu’il a marqué il y a 8 jours est étonnant. Et bien que mon collègue Hervé, d’origine congolaise, m’ait informé que Mobulu signifie turbulent dans un dialecte local, l’ancien Xamaxien n’a jamais été remuant. En outre, le choix de cantonner l’homme en verve du moment, Goran Karanovic, laisse perplexe.
Bref, vous en aurez ras la patate car on divague un peu trop sur le coaching. Mais c’est bien cet aspect qui a exhibé d’évidentes lacunes hier après-midi. Depuis le temps, l’homme aux gants noirs a habitué le peuple grenat à des décisions assez surprenantes. Hier néanmoins, ce dernier est allé trop loin en jouant au Docteur Maboule et en tentant des expériences au mauvais moment.

Heureusement que João Alves a effectué un changement approprié à la mi-temps avec la sortie de M’Futi pour Karanovic et plus tard avec l’entrée d’Esteban pour Nater (non, je n’ai pas omis l’entrée de Sana, mais ce dernier n’a pas apporté un plus). Et lors des 20 dernières minutes, Servette est allé à 3 reprises très près du but, par l’intermédiaire de l’inévitable Karanovic.
De bonnes choses ont été montrées et il faut convenir que ce Servette-là méritait plus. Les Luganais ont inscrit deux buts sur deux balles arrêtées sur les 3 grosses occasions qu’ils se sont crée, notamment avec la très belle sortie de Gonzalez sur une action du duo Afonso-Fejzulahi. Un Servette parfois brouillon et imprécis, mais toujours appliqué et très combatif, s’est finalement incliné. En football tout va vite, beaucoup trop même. Ainsi, quelques minutes après le raté de M’Futi, Di Dio inscrivait le 0-1 et une poignée de secondes seulement après l’occasion manquée par Esteban, Afonso creusait l’écart.
Les joueurs étaient évidemment démoralisés sur le coup, mais tant que les mathématiques ne nous condamnent pas, il faudra y croire jusqu’au bout, en jouant libérés comme lors du second tour de la saison passée. Il reste 10 matchs et 30 points en jeu et il faudra réaliser un parcours sans faute pour espérer être barragiste en mai.
Cela semble impossible mais ce n’est pas vrai. Parce que dans ces contrées, il y a un célèbre dicton qui dit qu’après les ténèbres…
Photos joueurs Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – FC Lugano 0-2 (0-1) 

Stade de Genève, 9’645 spectateurs. 
Arbitre : M. Jaccottet.
Buts : 41e Di Dio 0-1, 67e Afonso 0-2.
Servette FC : Gonzalez, Schneider, Baumann, Pedro Mendes, Moubandje (46e Camara), Ruefli, Pizzinat, Nater (57e Esteban), De Azevedo, M’Futi (46e Karanovic), Vitkieviez. 
FC Lugano : Cordaz, Thrier, Montandon, Di Dio, Iapichino, Rey, Baldo, Basic, Fejzulahi (75e Maggetti), Afonso (81e Felipe), Senger (84e Hallenius).
Cartons jaunes : 56e Nater, 86e Rey, 89e Thrier.

Écrit par Grégory Soldati

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9 Commentaires

  1. Dommage pour Servette. Une équipe avec une telle structure et une telle affluence en Challenge League mérite vraiment mieux que ça! Vivement que les Grenats remontent, ça nous changera de Bellinzone ou… Xamax! 🙂

  2. @Billy boy,

    je te félicite d encourager ton club qui se bat dans l anonimat total.

    Allez serveeeeeeeeeeeette!

    Post tenebras lux 1890

  3. vraiment rageante tout de meme cette défait. on doit mettre le 1-1 et sur l action qui suit 0-2… sinon bravo Lugano qui m a paru la meilleure équipe de cette saison après Servette.

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