Pishyar se lasse du Servette FC

Le communiqué du président du Servette FC, Majid Pishyar, reflète les dernières difficultés financières des Grenats. Mais surtout, il ouvre une porte béante à un éventuel repreneur, à moins que nous ne soyons des corniauds de première.

En off, certaines personnes en interne n’hésitaient pas à parler de la lassitude de leur président. «Il met de l’argent, mais il peut couper le robinet à tout moment. Quand ça gagne, qu’on parle de vous au début, c’est bien. Mais après, l’envie n’est plus là et le club aura des soucis», nous disait l’un d’entre eux. Ce mardi, la Tribune de Genève illustrait les errances de la direction servettienne, notamment sur le paiement des charges sociales, en évoquant «un document de l’Office des poursuites (qui) laisse penser qu’il y a eu ou qu’il y aurait encore (?!) des problèmes à ce niveau, pour des paiements en faveur de la Caisse cantonale genevoise de compensation». La SFL souhaite des éclaircissements sur la situation grenat, notamment pour l’attribution de la licence 2012/2013. Un sésame que Majid Pishyar estime peut-être inaccessible pour son club, à travers ce fameux communiqué sur le site officiel. «Si cette situation devait persister, je serais alors très pessimiste quant à l’obtention de la licence pour la saison prochaine.» Le président fait référence à l’absence totale de soutien de la communauté genevoise, notamment financier. Criant presque au complot (en gros, je donne de l’argent, je fais un super club et vous ne tressez pas mes louanges bande de mécréants), le propriétaire n’est pas rassurant pour un sou. Surtout que le club risque de perdre son Label 1 de formation selon la TDG. Sébastien Fournier, ancien directeur dans ce secteur, n’a pas été remplacé depuis son départ à Sion en décembre. Oscar Londono, déjà entraîneur adjoint de Joao Pereira, s’occupe en plus des M21. Beaucoup d’employés cumulent des doubles charges afin d’éviter les coûts. Malgré les envies de Costinha de professionnaliser le staff (des contacts ont été noués avec certaines personnes), tout a été annulé…

Pourquoi avoir acheté des clubs pour les laisser couler ?

Revenons-en à ce communiqué. A l’instar de Bulat Chagaev, Pishyar se sent mal-aimé, incompris et a rejeté toute aide extérieure. Il est aberrant de le voir désormais jouer au roi de la pleurniche. Lorsqu’on se comporte en potentat fortuné, il faut assumer jusqu’au bout. On imagine que la stratégie de Magic est de céder le club rapidement ou d’avoir un soutien financier lui permettant de ne pas trop mettre la main à la poche. C’est d’ailleurs un des paradoxes du propriétaire servettien. Visiblement très, très riche, il achète des clubs de football pour….les couler. On exagère le trait, mais lorsqu’il reprend l’Admira Wacker à l’été 2005, l’homme d’affaires sème une pagaille monstre, enlisant son club en D3 deux ans plus tard, faute d’avoir donné une garantie bancaire pour l’obtention de la licence en D2…

Au Portugal, Beira-Mer ne va pas mieux. Bien au contraire. Après la publication de l’enquête de Sharkfoot à ce sujet, des retards sur le paiement des salaires sont arrivés. Les premiers depuis sa prise de pouvoir chez les Auri-negros. D’où une interrogation légitime : quel est l’intérêt d’acheter des clubs, d’investir un petit peu au début et plus rien ensuite ? On imagine que les raisons dépassent le cadre du sport, même si Pishyar évoque toujours «ce club mythique» à propos du Servette. Joli discours de façade.

Il peut remercier Bulat !

Depuis l’arrivée du drôlissime tchétchène à Xamax, tous les médias se sont intéressés à ses affaires et à sa gestion ubuesque. Si on peut légitimement penser que Bulat Chagaev est aussi malhonnête que beaucoup de présidents de clubs en Europe, il a permis aux autres clubs de Super League de régler tranquillement leurs affaires. Personne ne parlait de Pishyar avant la faillite de Neuchâtel. Tout juste pouvait-on lire quelques articles après le licenciement de Joao Alves, conclu par le fameux «on devrait avoir 48 points (en 16 journées)», du si tempéré Canado-Iranien.
Moralité, personne n’a mis le nez dans sa gestion du club, notamment de l’Académie, où le travail de fond réalisé par les jeunes et les éducateurs est sérieusement menacé. Désormais, l’attraction va se porter sur ce Servette à l’avenir obscur, observé attentivement par la SFL. Toutefois, dédramatisons. Majid Pishyar a la décence de prévenir à l’avance : «eh les cocos, si vous ne faites rien, comptez plus sur moi !» En substance, son appel aux Genevois se transforme en appel aux repreneurs. Une manière déguisée de laisser parler son égo, qui a un immense besoin d’être flatté. Pour le président, les Grenats sont surtout remontés grâce à lui et son argent. Pas besoin d’être expert en psychologie pour cerner le personnage. De fait, même si la manière laisse pantois, Servette est officiellement sur le marché. Etant donné que les dettes ne sont pas abyssales, l’optimisme est de mise. Surtout qu’un tel club, à Genève qui plus est, ne peut pas laisser indifférent. Même en-dehors de nos frontières.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch 
Article publié sur www.sharkfoot.fr

Écrit par Romain Molina (Sharkfoot)

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7 Commentaires

  1. pas mal l’analyse de l’appel au secours cachant en fait une offre publique de vente…
    Là où Pishar a raison, c’est qu’on ne fait pas vivre un club de foot sans le soutien d’une région. Si Genève veut d’un club, que ceux qui ont un peu de sous devraient le faire savoir…en payant.
    A part ça, Pishar peut encore vendre les bijoux de famille. Tiens, Rüfli, par exemple, la sinistre teigne qui jure et qui crache. Y a bien un club ukrainien qui en voudra, non?

  2. …et dire que certains « idiots » ne cessent de critiquer MM. Collet et Joseph de se montrer « avares » au niveau des investissements pour former l’équipe du FCLS !

  3. @Pabolo : On peut pas dire que Pishyar ait eu la folie des grandeurs… La différence avec le LS c’est que la bas, ils ont un club structuré, et efficace en matière de recherche de partenaires. A Genève, c’est du grand n’importe quoi

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