Derbyzeit : Rheinische Derby

Les hasards du calendrier avaient placé les deux derbys majeurs du foot allemand à moins de vingt-quatre heures et de cent kilomètres d’intervalle, on ne pouvait décemment pas laisser passer l’occasion. En hors d’œuvre, on commence par un Rheinische Derby à sens unique où un impressionnant Mönchengladbach n’a laissé aucune chance à un pâle 1. FC Köln.

Köln – Gladbach, c’est l’une des grandes rivalités ancestrales du foot allemand entre deux clubs voisins qui ont connu leurs heures de gloire mais aussi leurs périodes de déprime plus ou moins simultanément. Si des fois on n’avait pas déjà été au courant de l’animosité entre les deux clubs, on n’aurait pas mis longtemps à nous en rendre compte avec un stade transformé en camp retranché par une présence policière massive et en vallée de la soif par l’absence d’alcool dans la Gaffel Kölsch mais aussi avec les objets divers qui volent par-dessus les cordons de flic au passage de chaque tram rempli de fans de Gladbach et avec l’état d’excitation extrême des supporters des deux camps. Il faut dire que l’arrivée au stade a été encore plus chaotique que d’habitude, avec une voiture qui a eu l’excellente idée de se jeter sur l’unique voie de tram conduisant au RheinEnergieStadion. Une semaine après le renvoi de Köln – Mainz pour les raisons que l’on sait, on a craint un instant qu’il se soit agi de la voiture de l’arbitre mais non, cette fois-ci le match a bien eu lieu.

Départ en trombe

Il y avait de la revanche dans l’air puisque, l’an passé, le 1. FC Köln avait été humilié deux fois par son rival de toujours 4-0 à l’aller au Müngersdorfer, 5-1 au retour au Borussia-Park. Fatalement, un tel outrage demande réparation et c’est donc avec un Mer stonn zo dir particulièrement énergique que les fans des Geissböcke ont accueilli leurs joueurs pour les pousser à laver l’affront. Dans cette ambiance survoltée, ça va partir sur les chapeaux de roue mais dans l’autre sens. Après 120 secondes de jeu, le gardien colonais Michael Rensing avait déjà sauvé deux fois devant Marco Reus et Roman Neustädter. Köln réplique avec un tir d’Adam Matuschyk difficilement capté par l’excellent gardien des Fohlen Marc-André ter Stegen. On ne le savait pas encore mais Köln venait de laisser passer sa chance en ne concrétisant pas ce qui s’avérera être son unique vraie occasion du match.

La force tranquille

Car, ensuite, Mönchgladbach a rapidement imposé sa jouerie supérieure avec la force tranquille d’une équipe en pleine confiance qui entre sur le terrain avec l’impression que rien ne peut lui arriver. Cologne s’est retrouvé à courir après un ballon insaisissable et les buts sont tombés comme des fruits mûr. Il y a tout d’abord eu une combinaison entre Marco Reus et Patrick Herrmann qui, après quelques approximations de la défense adverse, a permis à Mike Hanke d’ouvrir le score d’un tir précis. Puis c’est l’artificier vénézuélien Juan Arango qui a fait retomber son ballon derrière le mur pour doubler la mise au ras du poteau. 0-2 après une demi-heure, la messe était déjà quasiment dite. En l’absence de son buteur slovène Novakovic, Cologne n’avait pas vraiment d’atouts offensifs pour renverser la tendance. Fatalement, quand tu dois aligner Podolski seul en pointe, il ne reste plus grand monde pour créer le jeu à mi-terrain.

L’exode massif

Les Domstädter ont tout de même tenté de se ruer à l’attaque en début de 2è mi-temps. Leur ardeur offensive était telle qu’après un corner en leur faveur, ils se sont retrouvés à 2 contre 4 en défense. Les Fohlen n’ont pas spécialement bien joué le coup mais leur supériorité numérique était tellement écrasante que le malheureux Rensing n’a pu que renvoyer le tir d’Herrmann sur Mike Hanke qui s’offrait le doublé dans le but vide. Et dire que l’attaquent du Borussia n’avait pas encore scoré cette saison, heureusement qu’il y a le 1. FC Köln pour remettre en confiance les attaquants de son éternel rival. C’en était trop pour les fans de Geissböcke qui ont massivement quitté le stade après le 0-3, guère désireux de voir leur équipe favorite subir une nouvelle humiliation par l’ennemi juré (1-12 sur les trois derniers matchs !). Ils n’ont pas raté grand-chose avec une équipe de Köln complètement impuissante et une formation de Gladbach qui a tranquillement géré son avantage, tout en donnant l’impression que, si elle l’avait souhaité, elle aurait pu sans autres marquer quelques buts de plus.

Le prodige Marco Reus n’a notamment pas trouvé le chemin des filets, se heurtant au gardien Rensing après un solo étourdissant plein axe au milieu de trois défenseurs adverses. Il faut dire que le jeune prodige du VfL a joué avec un orteil fracturé suite à un coup reçu en début de match et sa présence pour LE choc du week-end prochain contre Dortmund n’est pas garantie. Ce sera sans doute la seule fausse note dans la soirée parfaite de Lucien Favre.

Champion d’automne ?

Une fois de plus, on ne peut qu’être admiratif devant la métamorphose ahurissante réussie par l’entraîneur suisse avec cette équipe de Gladbach. Ces joueurs qui, en février dernier, n’arrivaient pas à aligner trois passes de suite multiplient désormais les talonnades, les râteaux et autres gestes techniques audacieux. Si la faiblesse du 1. FC Köln leur a facilité la tâche, on a été impressionné par la maestria avec laquelle les Fohlen ont réussi à dépassionner le contexte sulfureux du Rheinische Derby pour imposer leur collectif supérieur. Pourtant, on connaît les pièges de ce genre de derby.
Mais on a vraiment senti dans le onze de Lucien Favre une osmose, une confiance et une organisation qui le rendaient injouable pour un adversaire comme Köln. Incontestablement, vendredi soir, Mönchengladbach n’a pas joué en équipe surprise de début de saison qui évolue à bloc et marque des points sur l’euphorie du moment. Non, Gladbach a évolué en ténor du championnat qui peut se permettre de passer un 0-3 sur le terrain de son ennemi préféré tout en donnant l’impression d’en avoir gardé passablement sous la semelle. En général, ça c’est la marque des prétendants au titre ou, à tout le moins, à la Ligue des Champions. Avec Augsburg et Mainz à jouer lors des deux dernières journées avant Noël, Mönchengladbach a une réelle chance de finir champion d’automne si, samedi prochain au Borussia-Park, il parvient à battre l’autre équipe qui survole actuellement la Buli, le Borussia Dortmund. Cela s’annonce plus que chaud…

1. FC Köln – Borussia Mönchengladbach 0-3 (0-2)

RheinEnergieStadion, 50’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Gräfe.
Buts : 20e Hanke (0-1), 30e Arango (0-2), 47e Hanke (0-3).
Köln : Rensing; Brecko, McKenna Geromel, Eichner; Matuschyk (55e Pezzoni), Riether (85e Makino); Clemens, Jajalo, Peszko (55e Roshi); Podolski.
Mönchengladbach : ter Stegen; Jantschke, Brouwers, Dante, Daems; Herrmann (90e Marx), Nordtveidt, Neustädter, Arango; Reus (85e Bobadilla), Hanke (87e de Camargo).
Cartons jaunes : 43e Peszko, 67e Herrmann.
Notes : Köln sans Sereno, Lanig (suspendus), Jemal, Andrezinho, Chihi, Novakovic, ni Petit (blessés), Mönchengladbach sans Otsu ni Stranzl (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Ben c’était pas si dur, non ? 🙂
    Bravo pour cet article, car même si Gladbach est entrainé par un Suisse, on ne peut pas dire qu’on déborde d’informations sur ce club dans nos médias traditionnels…

  2. @ houlala
    vivement le papier de Julien sur le Revierderby qui ne saurait tarder,
    en attendant le choc au sommet entre les 2 Borussia, ce weekend

    merci Julien, c’est vraiment la classe tes articles (et le BVB aussi)

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