Chers amis de la balle à trous, bonjour !

Les championnats du monde d’unihockey féminin («Women’s World Floorball Championship» ça le fait en anglais non ?) se sont déroulés du dimanche 4 décembre dernier au dimanche 11 à St-Gall. La médiatisation de ce sport étant encore et toujours désastreuse à l’ouest de la Sarine, seuls peu d’entre vous devaient le savoir. Un grand merci cependant à la télévision suisse alémanique qui a diffusé en direct plusieurs matchs de l’équipe suisse ! C’est pourquoi j’écris cet article qui va retracer le parcours de nos Suissesses. Mais avant cela, quelques précisions pour les néophytes que j’imagine nombreux en matière d’unihockey.

Le unihockey, floorball, innebandy ou encore salibandy selon les langues, est un sport de canne cousin du hockey sur glace (et non pas du hockey pour pauvre). Il se pratique dans une «salle de gym», les crosses d’une longueur d’environ un mètre sont fabriquées en matériaux composites. La balle est creuse, en plastique et perforée. Sur le terrain sont présent 5 joueurs ainsi qu’un gardien. Deux arbitres dirigent les rencontres qui durent 3 fois 20 minutes. Les contacts entre joueurs sont réglementés et non pas interdits ! Le unihockey n’est donc pas un sport de tapette !

Si vous le croyez toujours, allez voir les prochains mondiaux, on en reparlera après. Les éternels mécontents qui continuent de dénigrer ce sport avec pour seul argument «c’est nul on ne peut pas pousser…» ne sont en général que des footeux incultes ou des hockeyeurs frustrés d’écoper de 24 minutes de pénalité par match… Et oui, récupérer une balle sans se servir de sa canne comme d’une pioche n’est pas donné à tout le monde ! Enfin, on peut généralement admettre que 4 équipes, tant au niveau masculin que féminin, dominent le classement mondial : la Suède, la Finlande, la Suisse et la Tchéquie. C’est donc sans surprise que l’on retrouve une de ces 4 nations dans chaque groupe de qualification :
Groupe A
Suisse
Russie
Pologne
Pays-Bas
Groupe B
Australie
Allemagne
Finlande
Lettonie
Groupe C
Norvège
Slovaquie
Tchéquie
Hongrie
Groupe D
Danemark
Japon
Suède
États-Unis

Tour préliminaire

Maintenant que nous nous sommes mis d’accord, entrons dans le vif du sujet et résumons en quelques paragraphes les 3 matchs de poule de l’équipe helvétique, qui, on peut le dire, n’ont été qu’une simple formalité.
L’équipe de Suisse a entamé son départ tonitruant dès le premier jour de la compétition en écrasant les tsarines russes 21 à… 1 ! Julia Sutter, elle-même auteur de 5 buts et 3 assists pour la Nati, avouait ne jamais avoir vu autant de réussites dans une seule et même partie. Dès le lendemain cependant, les Suédoises écrasaient le Japon 23 à 0, se montrant ainsi encore plus efficaces que les Suissesses.

Dès lundi, elles remirent ça. Victoire 19 à… 1 face aux Pays-Bas (oui, en unihockey, l’équipe nationale est capable d’enchaîner deux bons matchs et d’assumer un statut de favori). Plus sérieusement, malgré ce score fleuve, le match ne fut pas parfait. Les joueuses de la Nati ont en effet dû attendre la 10e minute pour débloquer leur compteur, bloquées par des Néerlandaises qui se défendaient vaillamment face aux assauts helvétiques. Par la suite, les shoots suisses manquèrent souvent de précision, sans quoi l’écart eût été encore plus important. Ces petits bémols ne portent pas à conséquence face à de telles équipes qui ne disposent pas d’un arsenal suffisant pour espérer percer plus régulièrement la défense Suisse, mais ils devaient impérativement être gommés avant d’affronter les Finlandaises ou les Suédoises respectivement 2 et 4 fois championnes dans cette compétition depuis 1997. C’est donc lundi dernier, après 2 matchs seulement et avant même d’affronter la Pologne que la Suisse obtenait son ticket pour les quarts de finale.
Le 3e et dernier match de qualification des Suissesses se déroula de la meilleure des manières, une large victoire 9 à 0 face à la Pologne clôturait ainsi ce premier tour un peu ennuyant, il faut l’avouer… L’entraîneur suisse Félix Coray était satisfait de son équipe et notait que la Pologne avait été plus difficile à jouer que la Russie ou les Pays-Bas. Le score plus «serré» était là pour confirmer ses paroles.

Quarts de finale

La fin du tour de qualification était donc arrivée. La Suisse, comme prévu, terminait première de son groupe, à l’instar de la Finlande, la Tchéquie et la Suède. Je vous l’avoue ce n’est pas vraiment le suspense qui a marqué ce tour préliminaire. La Suède confirmait son statut de grand favori. Pour illustrer cela, quoi de mieux que quelques chiffres ? 23-0 contre le Japon, 30-0 contre les États-Unis et 15-1 face au Danemark. Bref, cette facilité déconcertante avec laquelle les Suédoises venaient de gagner ces trois rencontres me rappelait un certain quart de finale Gottéron-Davos au printemps dernier. Or comme chacun le sait, personne n’avait été en mesure d’arrêter les bouquetins du binoclard par la suite… L’ogre scandinave impressionnait et la victoire finale lui tendait déjà les bras. Mais cessons de tergiverser, les quarts n’étaient pas encore joués et la Suisse allait y rencontrer la Lettonie, 2e du groupe B, victorieuse de l’Allemagne et de l’Australie mais défaite logiquement par les Finlandaises. Les derniers affrontements face aux Lettones  durant un championnat du monde remontaient à 2007, à Frederikshavn (Quoi ? Vous ne connaissiez pas cette célèbre ville danoise de la région du Jutland-du-Nord, décidemment on en apprend des choses dans cet article !). Les Suissesses s’étaient imposées par deux fois, une première fois 14 à 1 en qualifications, puis une seconde fois en petite finale où la Suisse avait gagné le bronze grâce à un succès 7 à 1. La Suisse était donc dans une situation idéale afin de se hisser en demi-finale.


Perdre 30 à 0 et garder le cigare, une performance !

Une situation idéale dont elles profitèrent. Les Lettonnes réussirent tant bien que mal à maintenir le 1 à 1 durant environ 30 minutes. Sans doute les Suissesses avaient-elles besoin d’un moment de réglage, car durant la seconde moitié du match, la Suisse accula littéralement la Lettonie dans sa zone, obligeant ainsi ses adversaires à commettre des fautes qui leur furent fatales. 12 à 1 à la fin du temps réglementaire, la Suisse faisait un pas de plus en direction de la finale.

Demi-finale

La Suisse s’était en effet rapprochée de la finale en battant la Lettonie. Mais un roc, un pic, un cap, que dis-je un cap : c’est une péninsule qu’il allait falloir cette fois franchir pour espérer atteindre les deux plus hautes marches du podium. La Suède ! Il allait falloir augmenter sensiblement notre niveau de jeu pour passer l’épaule face à cet adversaire. Mais qu’importe ! Bâle venait de battre Manchester, les Dieux du sport suisse étaient présents. C’était le moment ou jamais pour les Suissesses de faire une grosse performance ! 
Nous espérions un miracle, mais il n’eut pas lieu. Samedi, la Suisse n’a eu d’autre choix que d’avouer la supériorité des Suédoises. Dans tous les compartiments de jeu, les Suissesses ont été inférieures à leur adversaire. Une défense laxiste devant le goal, cela ne pardonne pas face à des scandinaves aussi précises, attentistes et réalistes. L’offensive suisse a essayé tant et plus de trouver une faille, mais les Suédoises ont su contenir leurs adversaires grâce à un bloc défensif compact. La plupart des rares opportunités helvétiques se sont soldées par des tirs non cadrés. Symbole du manque de réalisme face au but de nos joueuses, le pénalty raté de Silvana Nötzli. Le match s’est finalement terminé sur un logique mais sévère 11 à 2 (6-1/2-1/3-0). La Suisse abandonnait donc sont rêve de titre, mais allait encore affronter les Tchèques, défaites 6 à 0 par la Finlande dans l’autre demi-finale.

Petite finale

Les Suissesses, vraisemblablement pas encore remises de leur défaite en demi-finale, affrontèrent les Tchèques dans le match pour la troisième place. Le match semblait prendre une tournure idéale après le 1 à 0 de la Nati à la 5e minute de jeu. Encore mieux, à la moitié de la rencontre, elles doublèrent la mise. 2 à 0, trente minutes à jouer, le bronze nous tendait les bras. Malheureusement les Suissesses vont longtemps regretter les occasions manquées du premier tiers. Car après ce deuxième but elles se relâchèrent, et permirent à leurs adversaires de revenir au score, grâce à deux réussites à la 35e puis la 37e minute.  La gardienne tchèque en grande forme parvint à maintenir ses coéquipières dans la partie, et c’est à force de persévérance que les Tchèques, à la 52e minute, achevèrent la Suisse et remportèrent donc la première médaille de leur histoire.

Finale

Une affiche de rêve pour clôturer ce tournoi. Suède-Finlande, le must ! Et nous ne fûmes pas déçus. Un match de très haut niveau, qui finira par voir la Suède s’imposer 4 à 2. Les Finlandaises n’ont pas démérité, elles ont même été la seule équipe à mettre en difficulté les Suédoises. Mais encore une fois, la Suède finit par l’emporter et rafle son 5e titre mondial, le 3e d’affilé.

Regrets et mauvais tirage

La Suisse entretenait des espoirs de titre avant ces championnats du monde, mais devoir affronter la Suède en demi-finale ne laissait que de maigres chances de participer à la finale.  Espérons que dans deux ans, le tirage nous soit plus favorable et nous oppose à la Tchéquie en demi-finale. Mais malgré ce coup du sort, la petite finale nous reste en travers de la gorge, gagner 2 à 0 puis se faire remonter, les Suissesses ne peuvent pas plaider la malchance cette fois-ci, et à la vue de leurs mines déconfites alors qu’elles regardaient la finale, elles l’ont bien compris.

Podium

1re place : des Suédoises souveraines
2e place : des Finlandaise compétitives
3e place : des Tchèques méritantes
Médaille en chocolat : des Suissesses déçues et décevantes
Cet article a eu pour but principal d’essayer d’intéresser les lecteurs à l’unihockey. Je n’ai aucune prétention quant à la qualité de sa rédaction, jamais auparavant je n’avais rédigé le moindre article. J’implore votre indulgence, et vous invite à prendre ma place et à rédiger votre papier, si le mien vous semble trop insupportable. Amis de la balle à trous, je vous donne rendez-vous en 2012 pour les championnats du monde masculins, ou qui sait, peut-être plus tôt…

Écrit par Damien Grandjean

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5 Commentaires

  1. Bravo Damien,

    Je trouve ton article de très bonne qualité, intéressant à lire et suscitant l’intérêt.. Bien sûr je dois avouer que je suis déjà un convaincu de ce sport donc je suis impatient de lires les autres commentaires…peut-être plus impartiaux!

    N’oublions pas que le unihockey est le 3ème sport d’équipe en Suisse et prend de l’importance de Suisse-Romande… cette invisibilité dans les médias romands m’afflige…

    On demande pas chaque semaine un match en directe sur la TSR durant le prime intercalé entre la météo et le TJ, mais 30s de temps à autre dans Sport Dimanche ne serait pas volé…

    A bon entendeur… et encore bravo pour l’article!

  2. Excellent article qui met enfin en avant ce sport trop peu connu chez les welches!
    À voir, pas une seule romande avec la suisse! (Bientôt c’est promis 😉 )

    Manque à cet article peut-être juste une photo de cette déesse suédoise qui ferait même tourner de loeil les fouteux désintéressés 😀

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