Le Saladier d’Argent, un rêve impossible ?

Alors que tous les signaux étaient au vert et que Federer et Wawrinka se disaient «prêts», la Suisse a été humiliée par une excellente équipe des Etats-Unis. Une équipe emmenée par un vrai leader, épaulé par un vrai numéro 2 et avec un vrai capitaine sur le banc. Tout le contraire du Titanic helvétique !

Les matches

On en attendait quatre, voire cinq, il y en aura eu finalement trois. Trois matches à enjeu, donc, et trois défaites désolantes. 0-3 et même 0-5 après la journée de dimanche : clair, net et sans bavure. La Suisse a été fessée telle une actrice roumaine dans un film de Marc Dorcel ! La baffe est cinglante et presque historique ; à quand remonte la dernière déculottée 0-5 à domicile ? A l’époque de Heinz Günthardt peut-être, c’est dire…
On ne va pas refaire les matches, mais juste constater que les deux Suisses ont terriblement manqué de rage, de talent et de volonté ce week-end. Vendredi, Stanislas Wawrinka a joué petit bras à partir du moment où il aurait pu conclure. Au début du quatrième, il rate 3 balles de break à 1-1, se crispe et balance le set. Au cinquième, il revient de nulle part et sauve une balle de match, mais se montre incapable de gêner Fish sur sa mise en jeu alors que ce dernier servait pour rester dans la partie. La victoire de l’Américain est logique, il a osé et est allé la chercher avec ses trippes. Le Vaudois, lui, a raté une occasion en or de prouver à Federer qu’il pouvait être décisif dans les grands rendez-vous. On ne gagnera jamais la Coupe Davis sans un numéro 2 capable, de temps à autre, d’une «perf».
De son côté, Roger Federer est tombé sur un immense – au propre comme au figuré – John Isner. On ne va pas lui tirer dessus parce qu’il a perdu son premier match en Coupe Davis depuis 2003, on se permettra quand même de railler son manque de détermination au quatrième set. Apathique, la tête dans les chaussettes et résigné, le Bâlois n’a pas esquissé le moindre signe de révolte et a soldé la rencontre comme un vulgaire premier tour dans un ATP 250. Affligeant.

Le double, lui, a confirmé la suprématie écrasante des Américains. Certes, les Suisses y ont cru l’espace d’un set – le temps que Fish retrouve sa première balle – mais se sont ensuite complètement liquéfiés. Les hommes de Courier n’ont jamais été inquiétés sur leur engagement tandis qu’on tremblait sur chaque jeu de service de Wawrinka (surtout) et Federer (un peu). Pour espérer remporter un jour la Coupe Davis – si du moins cet objectif est toujours d’actualité… –, il faudra pouvoir compter sur une paire de double de qualité. Laminés à Syndey puis à Fribourg, les champions olympiques sont encore très loin du compte. Dès lors, ne serait-il pas une bonne idée que Stan et Rodgeur évoluent ensemble lors de quelques tournois cette saison, histoire de régler certains automatismes ? La paire de double Rosset – Hlasek n’est pas devenue excellente du jour au lendemain, ils ont appris à se connaître et ont disputé de nombreux tournois ensemble, allant même jusqu’à remporter Roland Garros en 1992. Cette année-là, ils gagnaient également les tournois de Rome et Lyon et, comme par hasard, c’est cette année-là qu’ils atteignaient la finale de la Coupe Davis… Bref, Rosset et Hlasek formaient une vraie paire de double, eux. L’exact opposé de Rodgeur et Stan qui étaient aussi complémentaires qu’un aveugle et un sourd-muet ce samedi. Sans oublier les piques – petites mais ô combien pathétiques – du Bâlois à l’encontre de son soi-disant pote en conférence de presse.

L’ambiance

Hyper décevante lors des quatre premiers sets de Wawrinka – Fish, elle a enfin décollé dans la dernière manche pour atteindre des sommets en fin de rencontre. Aussi, on a regretté les nombreux sièges vides lors du match de Stan, comme si certains spectateurs n’étaient pas venus pour voir jouer l’équipe suisse, mais uniquement Rodgeur. Pleine vendredi en fin d’après-midi, la salle n’aura pas vibré lors du récital de John Isner. Samedi par contre, il y avait le feu ! Le public a joué son rôle de troisième homme ; malheureusement, il en fallait beaucoup plus pour porter les deux Helvètes à l’exploit. 

La surface

Oui, cela pouvait paraître logique d’accueillir les Etats-Unis sur terre battue, une surface qu’ils étaient censés maudire. Mais voilà, la «terre battue» de Fribourg était rapide, pleine de faux rebonds et, pour ne rien arranger, on jouait à une altitude de 650 mètres. Après l’Open d’Australie et à quelques semaines de la tournée américaine, il aurait été bien plus intelligent d’organiser cette rencontre sur une surface en dur, la plus lente possible. Même s’il est à la base un joueur de terre battue, force est de constater que les meilleurs résultats de Stan ont été acquis sur dur. De plus, Federer revenait d’un très bon Open d’Australie et n’aurait pas eu à s’acclimater à ce champ de patates ultra rapide. Le comble de l’aberration, c’est que les Suisses ont commencé à s’entraîner sur cette surface lundi seulement. Pourquoi diable n’avoir pas inspecté les lieux deux semaines avant, puisque la salle était déjà prête pour la Fed Cup ? N’était-ce pas le rôle de Séverin Lüthi ? Autant le dire tout de suite, les Suisses ont abordé ce premier tour avec autant de sérieux qu’un écolier de 14 ans qui prépare son devoir d’allemand un dimanche soir. Et lorsque l’on constate le détachement de Rodgeur par rapport à cette débâcle, notre rancœur n’en est que plus grande. 

Le capitaine

Séverin Lüthi a donc perdu une nouvelle rencontre de Coupe Davis, cette fois avec son patron, copain et idole Federer, ce qui lui était déjà arrivé en septembre 2007 en République tchèque. Ce match face aux Etats-Unis était un test pour lui, avec une équipe au complet. Le résultat désastreux de ce week-end prouve qu’il n’a rien à faire sur cette chaise de capitaine. Aussi charismatique qu’une huître, Séverin Lüthi n’a strictement rien apporté à cette équipe. Les Américains avaient un capitaine, un vrai, avec Jim Courier ; les Suisses disposaient d’un pantin tout juste bon à remplir les gourdes et à porter les sacs. A Swiss Tennis de prendre ses responsabilités et de virer cet imposteur, même si la diva bâloise s’en offusquerait. 

La théorie du complot

La voici : et si Federer avait fait exprès de balancer cette rencontre ? Ce serait ainsi la plus belle des excuses pour ne plus participer à cette compétition dans le futur. Comme pour dire : «vous voyez, même avec moi, le meilleur joueur de tous les temps, on est incapables de passer ce premier tour. Ce Saladier d’Argent, on ne le gagnera jamais, alors autant que je me concentre sur les Grands Chelem et la reconquête du trône. Et foutez-moi la paix maintenant, bande de cons !» Cette théorie à deux balles vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite d’ouvrir le débat…

Et maintenant ?

Alors qu’elle rêvait à demi-mot de Saladier d’Argent et que Swiss Tennis avait même réservé le Hallenstation pour une éventuelle demi-finale en Suisse en septembre, l’équipe à croix blanche va disputer un huitième (!) barrage de suite cette année. Si la théorie du complot se confirme, on pourra dire définitivement adieu à cette compétition pour les 20 prochaines années… Si, par contre, Rodgeur montre enfin des signes d’attachement à cette compétition et prouve qu’il veut la gagner, alors on se remettra gentiment à y croire. Avec, on l’espère, un autre capitaine sur le banc et une vraie équipe sur le terrain… Non, ce n’est pas gagné.

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Un p'tit shot ?

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17 Commentaires

  1. Mais Séverin Lüthi est dégueulasse et aussi charismatique qu’un gravier… Puis cette équipe c’était la tristesse… Ahaha et Roger qui perd contre ce triso d’Isner et qui va encore faire la moral à Stan…

    Bande de vieux cuits… Déception intersidéenne…

  2. Il faut bien déduire que sur ce coup ce sont les suisses, équipe et public, qui ont joué au parfait arrogant de service. On avait gagné avant de jouer et après on se trouve toutes les excuses les plus débiles du style Astérix aux JO: c’est de la faute des sangliers qui avaient mangé une cochonnerie la veille…

    Le terrain pas bon (comme au foot), l’altitude trop haute (on est meilleur au bord de la mer), le public trop gentil (manquait les vrais hooligans), moi-j’étais-bon-mais-pas-mon-collègue…

    Il aurait plus manqué que les suisses refusent de descendre du minibus samedi et fassent la grêve…

    Une bonne baffe qu’on s’est pris là!

  3. En même temps, rétrospectivement c’est assez logique cette débacle – quand on a un gars qui est 3ème mondial qui fait une performance digne d’un 80ème mondial contre un joueur sans résultats sur terre battue et qui se permet en plus de tailler un costard à son coéquipier (j’allais écrire « souffre-douleur » ou « larbin ») qui, lui, a joué à son niveau, on comprend mieux pourquoi cette équipe n’avait en réalité aucune chance de gagner ce match

  4. Punaise la différence en Courier et Lüthi, le premier en costard, impeccable, se tenant debout devant ses joueurs. Le second en short, plié en deux devant Féd et Stan avec son caleçon Calvin Klein qui dépasse et que son t-shirt trop court n’arrivait pas à couvrir.

    La honte …

  5. Comme dirait le roi Heenok, Roger Federer a fait la pute-nègre envers Stan…

    Je vais faire ma duchesse exigeante, mais si RF n’avait pas tout foutu dans les filets ou dehors à Melbourne contre Nadal… Bon okay j’arrête, s’il avait simplement fait son job contre Isner…

  6. Lüthi incarne à merveille la « niaque » de ces petits Suisses aux bras noueux. Quel décalage avec les Américains ! Eux ne se posent pas de questions, ils foncent, croient en eux.

    Pour Federer, le train de la Coupe Davis est définitivement passé. Et ce n’est pas avec Stan « P’tit bras » qu’il va falloir rêver.

    Ce mec n’a encore jamais gagné un match à réel enjeu, à part quelques exploits, mais qui ne l’ont conduit à nulle part.

    J’ai surtout une pensée pour toutes les personnes qui ont déboursé une certaine somme pour se faire mettre, au final, bien profond par deux énergumènes à peine concernés.

  7. Le Roger national n’a jamais été très doué quand il s’agissait de faire son auto-critique (vous me direz, jusqu’à récemment, les occasions n’étaient pas légion non plus…) mais là, à part de la mauvaise fois crasse, je vois pas vraiment à quoi ressemblait son interview d’après-match!

    C’est un comportement scandaleux et je suis tout-à-fait ce qu’a sorti Rosset le jour suivant: les descentes de coéquipiers (enfin si on peut appeler ça comme ça…), ça se fait en interne! Sans parler les désormais aussi fameux qu’affligeants  »je trouve que j’ai pas trop mal joué… » Alors que même un joueur de pétanque amateur a bien pu constaté le contraire. Non vraiment, plus que péteux RF, et là ça commence gentiment à tendre.

    Et on ne m’enlèvera pas de la tête qu’il est venu à Fribourg en s’en branlant complètement de la compét. Y avait qu’à voir avec quelle désinvolture il s’est pointé lors de ces 2 matchs, sans manquer de respect à Isner qui lui, au moins, a joué le coup à fonds.

    Alors certes, une légende vivante tel que lui mérite le respect, c’est évident, mais là, faut pas prendre les gens pour des cons non plus…

  8. A force d’entendre qu’il (RF) est le meilleur joueur de tout les temps….ben un meilleur joueur de tout les temps….ne PEUX PAS avoir de défaillance ou avoir mal joué:)
    Sérieusement là Roger,non mais,faut avoir un peu de bon sens et savoir reconnaitre quand meme un peu les faits.Et puis déscendre en flèche comme ca Stan,ca fait pas très sympa de ta part,surtout que tu n’as pas joué mieux que lui par moment!!Ca fait un peu  » moi je suis meilleur que lui » et lui n’a vraiment pas bien joué alors que moi je trouve que j’ai bien joué(c’est un peu ce que l’on ressens non?) à moins que l’on se trompe tous….Je l’aimais bien le Rodg,mais là depuis quelques temps,il m’agace un peu malheureusement car j’ai l’impression qu’il se prends la tete(bon y a peut etre de quoi vu son palmares mais bon…)Je lui souhaite aucun mal,loin de là,mais qu’il sache etre quelque peu humble,,,Pour finir, à mon avis il ne gagnera pas les JO en cette année 2012,malheureusemnt pour ses admirateurs et heureusement pour ses détracteurs.Et cela sera une chose de plus qui le frustrera encore plus,si ca devait arrivé,donc je pense qu’on arrive gentiment mais surement vers la fin de l’ère RF,au grand dam de tout ceux qui l’ont appréciés et l’apprécient encore,mais peut etre ca sera mieux ainsi….Mais la relève derriere lui en Suisse??aie aie aie ca fait peur lol!!Allez bye et vive le Tennis et hopp Suisse

  9. Grand fan de Fed, mais la franchement il n’avait pas l’air concerné du tout! Bref, passons pour la coupe davis, on attendra 20 ans de plus pour arriver en demi à nouveau

  10. Le Rog’ a ses défauts et le plus important, c’est qu’il dit toujours ce qu’il pense à la presse. Avec le temps, il aurait dû apprendre à utiliser la langue de bois. Mais non, il ose dire des évidences.

    Quelques remarques: le 1er match Stan-Fish est de très mauvais niveau. Que des fautes directes. Stan joue 3 mètres derrière sa ligne. Pourtant, il a le match en main: 2 sets à 1, des balles de break dans la raquette… et paf, il vendange en frappant des volées liftées plutôt qu’en déposant une jolie volée tranquille. Dans le 5ème, après être revenu du diable vauvert, il donne le break à Fish en ratant un pénalty impardonnable. Typique du Stan d’ailleurs: valeureux, n’abdiquant jamais… mais manquant de lucidité sur les points qui comptent. Définitivement, cette défaite-là change la physionomie du week-end.

    Dans le second match, Rog’ n’a pas été mauvais. Il joue son match. Mais en face, c’est un MONSTRE. Rarement vu ça. Y avait très peu de place pour passer. C’était pas impossible, mais y avait très peu de place et je ne blâmerai pas Federer d’avoir paumé ce match.

    Idem pour le double. Même si les Suisses ont été nuls en retour (tous les deux!), faut reconnaître qu’en face, c’était très solide et qu’il y avait peu d’opportunités. Et comme Stan est mauvais à la volée, c’était pas facile de tenir les mises en jeu. Dans le 4ème, Federer s’est mis au (médiocre) niveau de son partenaire et il n’y avait plus rien à espérer.

    Bref, les USA ont mérité leur victoire. Lüthi n’y pouvait rien et la paire helvétique pas grand-chose n’ont plus. Ils ont été battu par plus fort qu’eux ce week-end. Dès lors, le seul regret, c’est ce 1er match que Stan offre aux adversaires. Je ne sais pas si ça aurait été suffisant, mais ça aurait au moins eu le mérite de prolonger les débats jusqu’au dimanche (et probablement jusqu’au 5ème match).

  11. bon ok,

    stan a raté l’opportunité de montrer qu’il pouvait être un numéro 2 solide en gagnant le premier match…

    mais pour le reste foutez-lui la paix ! de vendredi à samedi, roger a été miséreux, jusqu’en conférence de presse. en début du 5ème set de Stan vendredi, Rodg était encore sur le banc… c’est une manière très intéressante sans doute de préparer un match !!!!! et il balance son 4ème set… bref, il n’en n’avait rien à foutre… les éléments ne l’ont pas aidé, mais Rodg’ n’était pas là pour gagner…

    donc charger stan qui passe un mauvais week-end pour excuser federer d’être tout aussi merdique, c’est petit et assez lâche…

    en coupe davis, stan a lui au moins assuré sa présence chaque fois que la suisse en a eu besoin. roger non.

    et tout idolatré qu’il soit, rien ne nous empêche de constater haut et fort que roger était nul, non concerné et très petit en conférence de presse…

    sur ce…

  12. ah oui, j’oubliais l’inutile luthi… tellement transparent qu’on en oublierai presque de lui mettre une seille.

    luthi est au aussi utile à l’équipe suisse qu’un couteau suisse dans la poche d’un manchot…

  13. @ jean-Pierre :

    L’altitude rend les balles plus rapides et les rebonds plus hauts, ce qui a tendance à avantager les grands serveurs. Fish, Isner et Bryan se sont donc régalés ce week-end. Même en seconde balle, Isner a posé beaucoup de problèmes à Federer, avec cette balle qui giclait à hauteur d’épaule…

    Après, il est clair qu’on ne jouait pas non à 1’500 m d’altitude, cette excuse n’en est pas vraiment une.

    Sportivement,
    Marco

  14. Bon, on a certes paumé mais Marc Rosset nous a de nouveau offert un moment d’anthologie;

    son arrivée dans la cabine de la TSR (avant le premier match de Stan) avec le carton de blanc sous le bras! Juste splendide! Et la réaction gênée de Dupuis se rendant compte qu’ils sont filmés et à l’antenne, un régale! J’espère que vous l’avez aussi vu..

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