Après les Abeilles, place aux perfusés zurichois de Kloten et son intouchable maître, Philippe Gaydoul. «Vous n’auriez pas dû m’enterrer, je ne suis pas mort !» A l’instar de Freddy, ça sentait méchamment le roussi pour le EHC Chloote durant la saison morte 2012. Cela étant, nous savons tous comment ça se passe dans ce championnat où l’octroi des licences se fait de manière aussi opaque que le brouillard broyard.
En Suisse, on ne laisse crever sous aucun prétexte un club de tradition, quintuple champion suisse et jardin des jeunes pousses helvétiques, quitte à devoir slalomer entre lois et règlements. L’omnipotent Gaydoul a donc joué les pompiers de service alors qu’il était encore à la tête de la Ligue suisse. Au niveau conflit d’intérêts, avouez que le cas est gratiné. Plus incroyable encore, ces tours de passe-passe n’ont guère provoqué de remous dans le microcosme du hockey helvétique. Tout va bien Madame la Marquise; circulez, y’a rien à voir. Après le scandale des caisses noires luganaises, l’impunité s’érige en dogme chez les plus influents. En dépit d’une colossale perte, les banlieusards zurichois sont toujours fidèles au poste, pour le meilleur et pour le pire.1. Les grandes forces du HC Kloten…
Un mécénat de qualité qui lui permet de prolonger sans problèmes les cadres importants de l’équipe (Stancescu, Von Gunten, Blum, Du Bois), d’engager des pointures pas franchement dégueulasses (Mueller, Vandermeer, Gerber) tout en concédant, la main sur le cœur, la volonté de mener une politique prudente sur le plan financier afin d’assainir le club. Une gestion basée sur le long terme qui fait rêver. Reconnaissons toutefois un certain talent: annoncer une perte de 5.5 millions de francs lors de saison 2012/2013, prévoir une autre perte de 5 millions pour la prochaine, tout en se payant le luxe d’engager dans la foulée deux mercenaires qui vont coûter bonbon. Franchement bravo. Sportivement parlant, les Zurichois disposent d’un top-4 très solide en défense avec Blum, Du Bois, DuPont et Von Gunten. L’arrivée de Martin Gerber sera aussi un atout incontestable après la retraite du vénérable Ronnie Rüeger.
2. …et ses carences rédhibitoires.
Une épée de Damoclès qui pendouille dangereusement au-dessus des Aviateurs. Si l’ère Gaydoul venait à s’achever abruptement, la présence ininterrompue de 52 ans dans l’élite risquerait aussi de se terminer. A moins qu’un autre sauveur…
3. Les Aviateurs seront-ils meilleurs que la saison dernière ?
Au vu des renforts engagés par le club, clairement. Attention toutefois, la vilaine clause libératoire pour la NHL figurant sur les contrats de certains protagonistes pourrait mettre les Zurichois dans une divine panade. Et ce n’est pas le vieillssant Jenni qui pourra jouer le rôle de locomotive.
4. L’objectif inavouable !
Celui d’afficher un bilan dans les chiffres rouges – disons rouge-clair – durant l’exercice 2013/2014. Un gros progrès en définitive, car les comptes tendent plutôt vers le cramoisi foncé.
5. Qui sera le bour d’atout du HC Kloten version 2013/2014 ?
Peter Mueller. La saison dernière, l’homonyme de notre illustre descendeur n’a pas été totalement ridicule (17 points en 43 matchs) au sein d’une équipe des Florida Panthers particulièrement grotesque. Au vu de l’état actuel du marché, les Klotenois ont réalisé une superbe opération.
6. Au contraire, qui sera le boulet du contingent ?
Un des deux autres Mueller. Statistiquement parlant, ça laisse deux fois plus de chances de tomber sur le bon.
7. L’entraîneur ? Homme de la situation ou simple sous-fifre ?
Depuis ses débuts de l’autre côté du banc, Hollenstein s’est plutôt bien débrouillé en parvenant à tirer le maximum de l’équipe. Figure emblématique du club, le symbole du clubiste, «Fige» fait partie des meubles dans la bourgade nord-zurichoise et peut bénéficier d’un capital respect et sympathie très grand. De quoi le laisser bosser en paix si les affaires des Aviateurs venait à se déglinguer sur la glace.
8. Le Schlüefweg, Forteresse infranchissable ou piteux château de cartes ?
La patinoire de Kloten n’a jamais été réputée pour sa qualité de citadelle impénétrable, mais dans la récente politique d’éradication de toute forme de supporters visiteurs, le HC Kloten prouve qu’il est possible de faire côtoyer fans adverses dans le même secteur sans dispositif de sécurité particulier, une fois la fouille rectale franchie. A part cela, un petit détour par cette arène permet de se rendre compte du nombre ahurissant de filles splendides, et ce pour une raison qu’on ne peut toujours pas expliquer. Oui, les fans féminines du HC Kloten sont de loin les plus belles de Suisse. En cas de match pourri, c’est toujours ça de pris.
9. Et le public dans tout ça ?
Plutôt événementiel et relativement discret au regard des turbulences traversées par l’équipe; reconnaissons que le Schlüefweg est capable de générer l’une des meilleures ambiances en Suisse – à mille lieues de la cathédrale bernoise- lorsque le club lutte pour le titre. C’est justement là que ça risque de coincer…
10. Pour (presque finir), le HC Kloten en 3 mots
Tradition, Gaydoul, bonnasses.
11. Pronostic exact (à la virgule près) :
Au vu de l’effectif, Kloten pourrait être la surprise du championnat, à condition que la mayonnaise prenne. Cette année, il n’est plus question de play-out: les Zurichois termineront cinquièmes à l’issue de la saison régulière et parviendront à se hisser en demi-finale des play-off avec une défaite contre le rival du Hallenstadion en 6 matchs. Les pertes seront donc limitées, ce qui permettra l’engagement de Patrick Kane, Jonathan Toews et Roberto Luongo pour seconder Martin Gerber.
Écrit par Mathieu Nicolet
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