Son nom est Fabian Schär F…-B-A-I-A-N… heu…

En signant un doublé pour la Suisse, le jeune défenseur de Bâle a offert bien plus qu’un grand pas vers la qualification pour la Coupe du Monde au Brésil. Il a apporté aussi une légitimité à cette impression que l’équipe présente un des meilleurs jeux qu’on ait vu dans son histoire. Et surtout, il permet aux médias romands de se fendre de fins calembours dans leurs titres d’article comme «3 points qui valent Schär» ou «la Norvège a pris Schär».

Donc les deux pays les plus coûteux pour voyager s’affrontaient mardi à Oslo pour se sortir chacun de leurs situations critiques respectives. Pour les Norvégiens, il s’agissait de se remettre en lice après quelques faux pas dans ce groupe où ils avaient eu l’aubaine d’être nommés tête de série. Pour les Suisses, il s’agissait de corriger le tir après quelques faux pas dans ce groupe où ils avaient eu l’aubaine de voir la Norvège être nommée tête de série. La vraie angoisse pour la Nati était de faire en sorte que l’improbable nul islandais de l’autre soir ne se métamorphose pas en catastrophe scandinave. Mais heureusement, pas de Tore André Flo au bataillon, ni même d’organisation défensive. La Norvège a sans doute grillé elle-même beaucoup de ses chances. Certes, l’équipe ne présente pas sa génération la plus flamboyante. Mais avoir une tactique offensive qui tient en deux idées que l’on pourrait résumer par «on a des grands gabarits et ça c’est super» et «la défense adverse va faire des erreurs et ça c’est super», cela paraît un peu mince. Surtout lorsque l’on ne sait plus se replier dans un solide 4-5-1 comme par le passé ou que l’on ne sait pas défendre sur coup franc.
Mais cette victoire appartient avant tout aux Suisses eux-mêmes. Et pourtant, il y avait des questions à se poser à l’entame du match concernant les choix d’Hitzfeld (mais il y a toujours des questions à se poser avec lui). Garder Rodriguez après son match catastrophique contre l’Islande ? Ecarter l’excellent Dzemaili à nouveau au profit de Xhaka qui n’est pas davantage un numéro 10 ? Pourquoi toujours porter cette horrible veste ? Des questions que l’on n’aura tôt fait de ne pas ressortir car on s’en pose généralement beaucoup moins après une victoire.

Le mystère Schär

Il faut le reconnaître, les Suisses semblèrent réellement sereins la plupart du temps. Offensivement, les mouvements furent intéressants sur les ailes. Les milieux axiaux distribuèrent bien la balle. Et Seferovic s’offrit énormément dans le jeu. Mais c’est bien Fabian Schär qui se chargea de marquer et c’est paradoxalement ainsi qu’il nous offre la plus grande interrogation.
Honnêtement, que dirait un recruteur qui serait venu l’observer sur ce match? Parce que si c’est un défenseur central que l’on cherche, il serait difficile de se montrer convaincu par le jeune joueur. La performance défensive de Schär contre l’Islande n’avait vraiment pas été terrible. Ce soir, elle a frôlé la catastrophe. Les approximations, mauvais placements et même une grosse bourde en milieu de première mi-temps laissent planer un doute sur le bon emploi du Bâlois.
Certes, on pourra toujours mettre en avant son manque d’habitude avec Von Bergen, son jeune âge et, bien entendu, ses deux goals salvateurs. Mais il faut avouer que l’on ne peut pas envisager avec enthousiasme de présenter cette paire de défense centrale titulaire au cas où l’on irait à la Coupe du Monde. C’est le vrai débat qui pourrait être ouvert sur le fait qu’un défenseur rachète sa mauvaise performance à son poste en scorant. On me dira qu’avec Senderos, on n’a plus ce genre de problème mais ça serait méchant. 

Bon, le Brésil ou bien ?!

Il y aura très certainement divergence d’opinion sur cette question au moment où Ottmar choisira sa défense centrale lors des prochaines échéances de qualification. Car celles-ci viendront vite. Avec les 3 points d’hier soir, il faudrait un véritable cataclysme pour que la Suisse ne soit pas au moins barragiste. Mais avec cinq points d’avance sur le deuxième du groupe, deux matchs à jouer, une confiance retrouvée et un groupe aussi abordable, cela serait un gâchis monumental de ne pas emporter la première place. Un scénario improbable et absurde. Je ne sais pas, un peu comme si on gagnait 4-1 contre l’Islande à domicile et que l’on se faisait remonter 4-4. On ne peut vraiment pas imaginer une chose pareille…
Photo Pascal Muller, copyright EQ Images

Norvège – Suisse 0-2 (0-1)

Stade Ullevaal, 16’631 spectateurs.
Arbitre : Webb (Ang).
Buts : 12e Schär 0-1, 51e Schär 0-2.
Norvège : Jarstein; Ruud, Björdal, Hangeland, Högli (70e Elabdellaoui); Nordtveit; Braaten, Eikrem (64e Jensen), Johansen, Elyounoussi; Pedersen (22e King).
Suisse : Benaglio; Lichtsteiner, Schär, Von Bergen, Rodriguez; Behrami, Inler; Shaqiri (90e Dzemaili), Xhaka (94e Senderos), Stocker (74e Fernandes); Seferovic.
Carton jaune : 74e Ruud. 
Notes : la Suisse sans Schwegler (blessé) ni Djourou (convalescent).

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7 Commentaires

  1. Très bel article. Tout est dit. La critique sur la veste d’Hitzfeld est moyenne par contre. Cette veste est peut-être un peu trop original pour les Romands c’est tout 🙂

  2. Les interrogations sur Schär et Rodriguez sont légitimes mais… a-t-on actuellement mieux en Suisse? Djourou est une alternative à Schär, mais je ne suis pas persuadé qu’il lui soit supérieur dans le jeu. La force du Genevois peut résider dans son charisme et sa sérénité, points sur lesquels il a de l’avance sur le Bâlois. On verra ce qu’en pense Hitzfeld.
    Pour Rodriguez, l’alternative s’appelle Ziegler, mais ce dernier n’a jamais été très convainquant avec la Suisse (hormis dans une autre vie, contre la France en 2005). En plus, il apporte moins offensivement.

    Le milieu de terrain semble bien stabilisé maintenant que Behrami est dans l’axe. Incroyable le terrain qu’il couvre. Ca laisse les coudées franches à Inler / Dzemaili et c’est parfait ainsi. Xaxha, pour l’heure, je suis pas fan, mais il est encore jeune. Moi je serais intéressé pour voir une fois les trois napolitains ensemble sur le terrain. Ou peut-être Fabian Frei?

    Sur les couloirs, Stocker et Shaqiri, ça ne se discute même pas. Je suis pas sûr qu’on ait eu deux animateurs aussi bon dans l’histoire de l’équipe Suisse. Alain Sutter les valait, mais de l’autre côté, on avait Ohrel… Ces deux mecs peuvent percer n’importe quelle défense. En revanche, faudrait que Stocker foutent dedans les occasions qu’il se crée, parce qu’entre Chypre et hier, il en rate quand même des belles.

    Enfin, hourra, la Suisse a enfin un attaquant. Il est vraiment bon, ce Seferovic! Technique, habile remiseur, n’hésite pas à frapper au but. Pour le moment, il a pas beaucoup planté, mais enfin, il a une super présence.

    Bref, je pense que notre Nati a en effet le potentiel pour faire aussi bien que la génération Frei. Et comme Streller n’est plus là pour tirer les pénaltys, on pourrait peut-être même espérer mieux?

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