Genève-Servette et le scénario manqué

Les success stories à l’américaine, en Suisse on n’aime pas ça. Genève-Servette en fait aujourd’hui la cruelle expérience. Dans un bon scénario hollywoodien, le gentil finit toujours par battre le méchant dans une dernière scène héroïque après s’être miraculeusement extirpé d’une situation désespérée. Or Genève-Servette se retrouve aujourd’hui en play-out, de façon d’autant plus incompréhensible que tous les éléments du script avaient été scrupuleusement respectés. Ô rage, ô désespoir…

Tout avait pourtant commencé comme prévu. Après 12 matches de préparation disputés en tout juste un mois, les grenat ont commencé la saison sur les rotules, accumulant les contrôles de puck ratés, les passes manquées, les blessures et, immanquablement, les défaites. Evidemment et toujours suivant le scénario, la chance n’était pas de son côté. Les nombreuses défaites avec un but d’écart, aux penalties ou en prolongation, et les improbables égalisations adverses dans les dernières secondes du temps réglementaire étaient là pour le rappeler. La pathétique et inutile arrivée – en voiture depuis la République tchèque – d’un renfort de pacotille ajoutait même de l’eau au moulin de cette dramaturgie. De plus, les confrontations contre le Méchant tournaient toujours à l’avantage de ce dernier, qui ricanait depuis son horrible antre à trois côtés nettoyés une fois l’an où le froid vous saisit à la gorge et où l’on vous invective avec des sons inaudibles.

Au bord du gouffre, il était écrit que Genève-Servette allait se ressaisir comme il se devait. La venue providentielle d’un vrai Tchèque qui avait permis à Jaromir Jagr de devenir ce qu’il est devenu et qui, lui, prenait l’avion, sonnait le début de la révolte tout en reléguant un frontalier profiteur sur le banc ! De son côté, le Méchant ne pouvait que pousser des petits cris nerveux en regardant son avance fondre derrière lui. Et alors, ce qui devait arriver arriva : Genève vainquit l’ours bernois dans sa tanière au prix d’un combat titanesque après avoir été sauvé par sa barre transversale à la dernière seconde ! Au même moment, son odieux concurrent sombrait lamentablement face à une équipe de seconds couteaux, ses doigts lâchant un à un la barre providentielle alors que le reste de son corps glissait dans les bas-fonds et laissait par là même son valeureux rival lui passer devant. Justice était faite et le rideau pouvait se fermer sur un chef-d’œuvre du 7e art, prêt à tout rafler aux Journées de Soleure : tragédie en 48 actes !

Une horrible machination

Quarante-huit matches ! C’était après 48 matches qu’il aurait fallu arrêter la saison et non pas 50 ! Franchement, y a-t-il un seul championnat de n’importe quel sport n’importe où sur terre qui se termine après 50 matches ?! Evidemment pas, il faut vraiment être suisse pour inventer pareille aberration. La saison régulière de NHL en compte 82, la Bundesliga 34 et la Premier League 38. Bref que des chiffres normaux et fiables sur lesquels vous pouvez décemment planifier le déroulement d’une saison, alors que 50 matches… Vous l’aurez donc compris : la ligue a faussé le championnat et sciemment empêché les Aigles de participer aux play-offs.

Mais elle n’a bien évidemment pas pu faire ça toute seule. Elle avait donc un complice, et le nom de ce complice c’est… Chris McSorley ! Incroyable mais vrai, le chef d’orchestre s’est lui-même compromis dans un ignoble double jeu avec la LSHG ! Et ça, ce n’est pas moi qui le dis mais bien LE journaliste spécialiste du club, Bernard Andrié de la Tribune de Genève. En se passant volontairement de Schneeberger malgré les blessures, McSorley a vilement et volontairement prétérité son équipe ! Lors de la conférence de presse précédant le match contre Kloten ce vendredi, Louis Matte, acculé par les attaques du journaliste, admettait à demi-mots que le joueur n’était en fait pas blessé comme annoncé ces dernières semaines. Cependant, précisa l’entraîneur-assistant, l’ancien défenseur biennois s’était légèrement fait mal durant la semaine à l’entraînement, d’où son absence. Mais alors pourquoi était-il justement en train de faire ping-pong, a relevé samedi l’expert dans son article ? Dans la salle d’à côté en plus, ultime provocation ! Comment diable peut-on être déclaré apte à jouer au ping-pong et inapte à charger des Kloteniens dans la bande ?! Le ping-pong est un sport olympique, comme le hockey. Alors si vous pouvez faire du ping-pong, vous pouvez aussi faire du hockey, c’est logique non ? Ils vous en faut combien de preuves ?! Seul contre le système, le pauvre Bernard aura au moins sa conscience pour lui. Il quitta d’ailleurs la salle en lançant à ses adversaires qu’il valait mieux ne pas le prendre pour un con. Plus personne n’ose.

Mission impossible en play-out

Même si la ligue et Chris McSorley se sont mis d’accord pour saborder l’équipe, difficile de croire qu’ils n’ont pas également pu compter sur la complicité de certains joueurs. Arrivé tel le messie, la subite baisse de rendement de Vampola est suspecte. Et que dire de Brian Pothier et Goran Bezina feignant d’être à cours de jus alors que Mike Vermeille, lui aussi défenseur, était frais comme un gardon (enfin, comme un cardon) ? Non, décidément il y a trop de zones d’ombres qui gravitent autour de ce club pour affirmer que la non qualification pour les play-offs ne s’est décidée que par la loi de la glace. Et après tout l’argumentaire que je viens de vous fournir, qu’on ne vienne pas me dire que je suis de mauvaise foi !

Mais malheureusement, le pire reste à venir. En effet, le futur adversaire des Aigles n’est autre que Rapperswil. Or, si vous avez lu le 20 Minutes de vendredi, vous avez appris que les Lakers ont effectué une préparation intensive pour le premier tour des play-out, préparation qui les a conduits à faire exprès de perdre 8 de leurs 9 derniers matches afin d’aborder cette échéance dans un état de forme optimal. N’importe quel psychologue du sport vous le dira : rien de tel qu’une bonne série de défaites pour faire croire qu’on est une équipe de merde et ainsi mieux surprendre son adversaire. La ligue comme Chris McSorley le savent bien, et les supporters genevois n’auront bientôt plus que leurs yeux pour pleurer quand ils découvriront la vraie force de Rapperswil. Enfin, seulement si j’ai bien compris.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Marc Baertschi

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29 Commentaires

  1. Une pato pourrie, un public d’évenementiels, un entraineur qui a atteint ses limites et des finances aussi solides qu’un chateau de cartes: la place de GSHC n’est pas en Ligue A!!

    Tout le contraire de Lausanne…

    Hop Rappi!! Puis Forza Ambri…

  2. Avant de rêver d’un derby alémanique en promotion-relégation, battons Visp puis très éventuellement Langentha ou la Tchaux….

  3. euh lôoosanois, vous n’avez pas encore sorti les haut-valaisans !!! j’ai un souvenir de la saison dernière ou on parlait déjà de la promotion de lôoooooosanne au stade des demi-final et après…. que s’est-il passé ???
    dans le sport, il faut gagner les matchs les uns après les autres….

  4. C’est bien connu, le méchant dans une histoire est le petit groupe aux moyens financiers limités qui combat avec le coeur et le gentil est dirigé par un chef mégalo qui préfère les coups bas aux belles batailles.

  5. @ James : Décidément, le coeur reste une exclusivité uniquement réservée à l’axe jurassien du bien (HCC, HCA, EHCB). Alors que les méchants lémaniques (GSHC et LHC) sont les suppots de Satan qui composent eux l’axe du mal. J’ai juste ?

  6. @Laurent T. Tellement événementiel que je suis allé à tous les matchs et j’ai vu une seule fois moins de 6500 personnes.

    Les paroles des pêcheurs frustrés qui préfèrent que le GSHC aille en LNB plutôt que de revivre de vrais derbys… C’est d’un triste…

  7. J’adore:  » N’importe quel psychologue du sport vous le dira : rien de tel qu’une bonne série de défaites pour faire croire qu’on est une équipe de merde et ainsi mieux surprendre son adversaire ». J’en rigole encore 🙂

    Sinon James, un petit peu de second degré te ferait pas de mal…

  8. Et GS qui pensait coiffer Bienne au poteau.

    Pis tout ceux qui prévoyaient une descente aux enfers pour les Biennois.

    Eh !!

    Il y a parfois une justice en sport…

  9. @Séb

    Oui, et que dis-tu des centaines de places offertes aux écoles genevoises lors de chaque match, même lors du derby contre Gottéron?

    C’est de la poudre aux yeux, les gens vont déserter si GS continue à mal jouer.

  10. Oh je ne manque pas de second degrés mais uniquement quand il est bi directionnel. Et je trouve que l’histoire épique fonctionne beaucoup mieu dans l’autre sens avec un happy end à la fin en prime. J’aime bien l’analogie du lièvre et de la tortue.

    Sinon même si je respect les fans des clubs lémaniques, leurs dirigeants m’inspire pas beaucoup de sympathies. Aucun respet de l’adversaire et aucune attache émotionnel avec la région ou la ville qui les soutienne. De plus contrairement aux « gentils » romans non lémanique. Genève ne possède pas de vrais culture de Hockey. 6700 personnes en moyenne d’affluence pour une agglomération de presque 500’000, c’est ridicule. Et encore, il n’y a pas d’autres clubs majeurs (sauf si vous considerez le LHC comme majeur) à proximité.

  11. Bon bin le Laurent T ne vaut pas une canette. Il doit être très frustré le garcon…
    Shneeberger ne passe plus les portes à cause de sa grosse tête.. A Genève il y a une équipe et pas des individualités… Quand l’on a encore du lait derrière les oreilles, on accepte un prêt en ligue B pour jouer plutôt que de faire du gradinisme toute une saison… et personne le voudra en LNA… Je sens que le Chris va encore nous faire une merveille… Enfin pour finir bonne chance à Bienne et pis merde pour nous…

  12. Le frustré que je suis va bien, merci.

    GSHC est 20 fois moins populaire que LHC, et 10 fois moins que Gottéron. Si un jour vous descendez (ce qui devrait bientôt arriver, à moins que vous ne fassiez tout simplement faillite), votre ruine sera deserte.

    A Malley, même dans les plus sombres annees, nous étions entre 2000 et 3000.

    Sur ce, je vous la souhaite longue et dure*, les G. E. !

    * votre relégation

  13. @Samcore – Franchement t’es pathétique. Tu connais en rien Schneeberger mais au lieu d’essayer de te dire que les torts sont peut-être partagé…. Non, le con c’est Schneeberger et MCS est le roi et fait tout juste. Schneeberger à bien fait de pas aller en LNB, MCs veut le faire chier.. et bien il le fait chier aussi. Faut vraiment arreter de voir MCs comme le messie. Cette année il s’est bien planté et les blessés ne sont pas une excuse.

  14. sans vouloir faire le lèche-cul, j’espère que servette s’en sortira vite de ces play-out.
    Ce n’est pas leur place.
    Et même si je supporte un autre club romand, je reste solidaire. Je préfère en effet voire des FG-GS que des FG-Rappi ou je ne sais quelle autre équipe indigeste et indigeante.
    pour schneeberger, je pense que bienne le reprendrait volontier. mais pour cela, il va faloir un peu dégonfler le melon et revoir ses pretentions salariales à la baisse…

  15. Chouette article, j’ai beaucoup aimé !

    Qqun peut-il m’expliquer ce que le LHC vient faire dans les commentaires ? Pas croyable ce nombrilisme…

  16. splendide article, un ton ironique comme je les adore :p

    ça relève super bien l’essentielle: genève servette à fait une très mauvaise saison pour pas dire plus…
    Bienne en a profité et moi j’ai pris mon pied samedi soir au stade de glace malgré la difficulté d’aller chercher les bières….

  17. @James je me permet de reprendre tes mots : « 6700 personnes en moyenne d’affluence pour une agglomération de presque 500’000, c’est ridicule »

    Si on fait un rapide calcul ça donne environ 1,4% de la population à la patinoire…prenons le cas des 3 clubs bernois, Bienne/Langnau/SCB, ça représente environ 1,4 mio de personne dans la région pour une moyenne de 25’818 personnes/match ce qui nous fait 1,8% de la population…Le cas de Fribourg : 360’000personnes dans la région, 6769 personnes/match => 1,8% de la population…En effet, ton argument est des meilleurs…

  18. Ah ah ah, je savais pas qu’on vivait dans une mégapole bernoise. Soit la démographie de ma région a exploseé ou l’ours Bernois s’est remis à reconquérir ses anciens territoirs qui lui reviennent de pleins droit (oui, le chateau de Chillion porte nos couleurs). Bon c’est pas tout, je vais prendre un café à Langnau, qui comme tout le monde le sait et à moins de 5 minutes de tout point du canton de Berne vu qu’on a la même proximité et reseau urbain que le canton de genėve.
    Ps:c’est peut être du à la qualité des transports Genevois que le canton parait artificielement plus vaste.

  19. le HCGS peut déjà s’estimer heureux d’avoir le droit de jouer en LNA et non pas en Ligue Magnus!

    Sinon un barrage entre les genfois et les lionceaux lausÂNESois serait un pur plaisir.

    Le vainqueur, bah ce sont de toute façon 2 équipes que personne ne souhaite voir en LNA alors…. hop Visp

    🙂

  20. J’arrive pas à stopper mon fou rire …. et c’est pas l’article, mais bien vos commentaires qui me font fondre. Pour rappel Genève Servette était en final de play-off 2 fois durant les 4 dernières années, est-ce que un autre club romand peut en dire autant ??
    Je ne crois pas!
    Ensuite, je peux vous assurer qu’on va classer l ‘affaire avec rappi en maximum 5 matchs.
    Pour continuer, si Lausanne a frolé la promotion c’est pas grace a votre effectif de bras cassé mais bien aux prêts qu on a bien voulu vous faire.
    Finalement, au lieu de l’ouvrir, attendez l’année prochaine et si (par miracle) Lausanne arrivait à monter, on se ferait un plaisir de vous dérouillez comme on dérouille Fribourg DEPUIS 3 ANS !!!!

  21. @Arnaud…

    Dérouiller Fribourg depuis 3 ans ca me parait un peu gonfler quand même….

    un quart difficile l’an passé, des victoires cette année ok, mais au final, eux sont 3ième et GSCH en play-out…..

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