La fin du rêve ?

Vendredi, en partageant l’enjeu avec le SV Hambourg, le Borussia Mönchengladbach a peut-être perdu plus que deux points dans la poursuite de son rêve un peu fou d’aller chercher le Meisterschale douze mois après avoir évité de justesse la relégation. Davantage que le résultat et l’écart qui grandit avec la tête du classement, c’est le manque de banc des Fohlen qui inquiète.

Borussia Mönchengladbach – Hamburger Sport-Verein, c’est le genre d’affiche qui ravira tous les nostalgiques des seventies et des eighties, lorsque les deux clubs faisaient partie des grands d’Allemagne et d’Europe. Je n’ai pas vraiment connu cette époque-là mais il n’est pas interdit d’être nostalgiques d’époques que l’on n’a pas vécu. Et puis ces duels entre Traditionsvereine garantissent toujours des stades pleins et des belles ambiances.

Un seul être vous manque…

Invaincu en 2012, restant sur deux succès convaincants à domicile contre le Bayern et Schalke 04, rien que ça, Mönchengladbach partait avec les faveurs de la cote contre un Hambourg victime d’une grosse désillusion la semaine précédente dans le Nordderby contre Brême. Accessoirement, Gladbach – HSV, c’est quatre des six derniers champions de Suisse sur les deux bancs avec Lucien Favre (2006, 2007) et Thorsten Fink (2010, 2011). Le premier nommé avait un gros dilemme à résoudre : comment remplacer son demi droit Patrick Herrmann, éblouissant depuis le début de l’année mais out pour deux mois ? Finalement, Lulu a décidé de reculer Marco Reus de sa position de neuf et demi pour le replacer dans le couloir droit et d’aligner un deuxième attaquant aux côtés de Mike Hanke, Igor de Camargo. L’expérience s’avérera peu concluante. D’ailleurs, les Fohlen tenteront à plusieurs reprises de permuter pour remettre Reus en pointe et Hanke à droit mais, très clairement, l’absence de Patrick Herrmann a pesé lourd.

But litigieux

Du coup, face à un Hambourg solide et bien organisé, le Borussia n’est pas parvenu à emballer le match comme il l’avait fait contre le Bayern ou Schalke. Ceci dit, même sans bien jouer, ce Gladbach 2011-2012 est à tout moment capable de fulgurances soudaines. Brouwers est tout près d’ouvrir le score sur corner mais sa reprise est sauvée sur la ligne par un défenseur, alors que de Camargo, seul devant Drobny, voit sa frappe détournée par le gardien tchèque des Rothosen. Les Fohlen vont toutefois réussir à trouver la faille juste avant la pause lorsque le pied gauche magique de Juan Arango dépose un coup franc sur la tête de Mike Hanke dont la déviation subtile trouve le petit filet. C’était un peu cruel pour un HSV qui avait fait jeu égal jusque-là, ce d’autant plus qu’Hanke était en position de hors-jeu sur le but.

La surprise Arslan

On pensait que Gladbach avait fait le plus dur avec cette ouverture du score mais ce Hambourg version Thorsten Fink fait preuve de belles ressources morales. Et le Dino der Liga va revenir, sous l’impulsion d’un joueur qui n’aurait même pas dû être sur le terrain, Tolgay Arslan. Le jeune germano-turc de 21 ans a profité de la blessure de dernière minute de Mladen Petric pour obtenir sa première titularisation de la saison. Il va justifier le choix de son entraîneur en sonnant le signal de la révolte avec une reprise juste au-dessus puis en égalisant sur corner après une remise de Paolo Guerrero. Tout était à refaire pour Mönchengladbach, qui ne va pas s’offrir moult possibilités de reprendre l’avantage. Il y a bien eu un tir de Nordtveidt, arrêté du bout des doigts par le gardien Jaroslav Drobny, lequel a rendu une copie impeccable alors que son remplacement par René Adler dans les buts du HSV au terme de la saison paraît quasiment acquis. Il y a aussi eu un moment d’émotion sur une quasi passe en retrait saisie par Drobny non sanctionnée, Markus Merk avait donné coup franc indirect contre Hambourg face au Bayern pour beaucoup moins que ça à la 91e de la 34e journée de la saison 2000-2001. Les fans de Schalke 04 s’en souviennent encore…

Pas de solutions pour Lucien Favre

Juan Arango bénéficiera de la balle de match sur corner à la 90e mais, seul à six mètres du but, le Vénézuélien ne cadre pas son coup de tête, sans doute un peu surpris de se trouver là, alors que d’habitude c’est lui qui les tire, les corners sur la droite. Cela reste assez maigre pour un candidat au titre. Incontestablement, les Fohlen ont souffert de l’absence de solutions sur le banc pour tenter de dynamiser le match. Alors qu’Igor de Camargo était manifestement dans un mauvais soir, Lucien Favre n’avait pas vraiment d’alternative à disposition. A côté de moi, un supporter regrettait même le départ de Raul Bobadilla. Même si l’Argentin est depuis passé à la concurrence, cela aurait sans doute fait plaisir au fan de GC le plus acharné des rives de la Menthue mais ce n’est pas très rassurant qu’un prétendant au titre de champion d’Allemagne en vienne à regretter le départ de Raul Bobadilla.

Finir dans les trois

Malgré les succès brillants obtenus contre le Bayern, Stuttgart ou Schalke, Mönchengladbach part quand même, du fait de la minceur de son banc, avec un handicap dans la course au titre. Les Fohlen devraient avant tout viser une place dans les trois premiers, afin que la superbe aventure de cette année ne reste pas qu’une aventure sans lendemain, comme l’avait été celle du Hertha Berlin de Lucien Favre, mais marque durablement le retour du club du Niederrhein aux avant-postes. Une place dans les trois premiers, c’est l’assurance de disputer la prochaine Ligue des Champions, ça permettrait d’augmenter le budget, d’éviter une trop grosse hémorragie durant l’été et d’attirer quelques bons joueurs. Une quatrième place serait plus délicate car, comme Gladbach ne serait pas tête de série, elle impliquerait un barrage contre un adversaire style Chelsea, Lazio ou Atletico Madrid, pour accéder à la C1 et à son pognon.

Plus d’excuse !

Lorsque je t’ai présenté le Borussia-Park dans notre calendrier de l’Avent, je t’avais parlé d’un bar après-ski (alors qu’il ne doit pas y avoir de montagne à 100 km à la ronde) dont j’avais oublié le nom. J’ai retrouvé l’endroit et le nom, il s’agit de l’Almsause Partyhütte, c’est très festif et très kitsch (surtout les fausses stalactites de glace qui pendent au plafond), il faut juste faire attention à la marche entre le bar et la piste de danse parce que le stage diving avec un Feigling dans une main et un Jäger Red Bull dans l’autre, ce n’est pas terrible (expérience faite). Voilà, maintenant, tu sais tout, tu n’as plus d’excuses, il te reste cinq matchs cette saison pour aller découvrir la bucolique Mönchengladbach, avec un stade superbe, une ambiance magnifique, une ferveur authentique et un entraîneur vaudois qui y réalise des miracles.

Borussia Mönchengladbach – Hamburger SV 1-1 (1-0)

Borussia-Park, 54’049 spectateurs.
Arbitre : M. Perl.
Buts : 45e Hanke (1-0), 56e Arslan (1-1).
Mönchengladbach : ter Stegen; Jantschke, Brouwers, Dante, Daems; Reus, Nordtveidt, Neustädter,  Arango; Hanke, de Camargo (79e Otsu).
Hambourg : Drobny; Diekmeier, Westermann, Rajkovic, Aogo; Rincon, Jarolim; Sala (72e Ilicevic), Arslan (91e Kacar), Jansen (83e Son) ; Guerrero.
Cartons jaunes : 39e Reus, 80e Rincon, 87e Arslan, 88e Jarolim.
Notes : Mönchengladbach sans Herrmann ni Younes (blessés), Hambourg sans Mickel, Töre ni Petric (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. héhé, très chouette article, merci.
    je te cite : « Je n’ai pas vraiment connu cette époque-là mais il n’est pas interdit d’être nostalgiques d’époques que l’on n’a pas vécu ».
    En effet, c’est un peu le thême de Midnight in Paris de W. Allen mais attention, les époques que l’on a pas connues et dont nous sommes nostalgiques ne le sont pas forcément à juste titre… (morale de l’histoire 😉 )

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