Sion sort des tréfonds à l’arrachée

Lorsque l’impatience du président s’empare du public, la réalité du football est oubliée. Pendant que certains hurlent déjà à la campagne de transferts ratée, comme si le Xamax du début de saison avait pu se construire en trois matches, comme si City avait pu tout rafler durant la période Eriksson ou comme si Serey Die, Bühler et d’autres avaient été en mesure de s’imposer dès les premiers matches ; l’équipe sédunoise se devait de mobiliser ses forces afin de ne pas sombrer dans ce pessimisme qui la condamne d’entrée.

L’obstacle du jour n’offrait pas la gratitude d’une victoire face au Bayern, mais la coutume voulait au moins que les joueurs donnent de leur mieux en dépit des difficultés… Bien plus coriace qu’il n’y paraissait sur le papier, Thoune n’avait pas perdu le moindre match de championnat depuis le début de l’année. Pour ces énièmes retrouvailles, Challandes semblait ainsi mieux placé que jamais pour prolonger le doute chez le club qui l’avait licencié.Mais aucune équipe ne sortit véritablement du lot durant 25 minutes d’un round d’observation soporifique. Les pseudos actions des locaux se limitèrent à un pressing de Ianu sur le portier thounois qui l’esquiva d’un geste plein de sang-froid et à la combinaison «Dingsdag-Vanczak» sur un coup-franc dont le but fut logiquement annulé sur hors-jeu. Guère plus dangereux, les Thounois ne s’illustraient que sur une frappe de Rama, trop excentré par une bonne couverture de Dingsdag.

20 minutes et puis c’est tout

Il aura fallu attendre la 25ème minute pour que le FC Sion se décide à mettre du rythme dans son jeu et que la partie s’enflamme enfin. Réveillé par la tournure des évènements, le public porta l’équipe vers l’avant et celle-ci livra 20 minutes d’un football engagé qu’on aimerait voir plus souvent. Principal artisan de cette nouvelle dynamique, Yoda délivrait les siens pas moins de 5 minutes après ce changement de mentalité. Il aura fallu une passe en retrait dos au jeu et de l’extérieur du pied, suivie d’un démarquage sur l’aile et d’un centre instantané derrière la défense pour bouger ce bloc thounois qui n’avait encaissé que 2 buts en 4 matches. L’action de génie fut l’œuvre de Yoda et autant Margairaz à la passe que Danilo à la conclusion combinèrent parfaitement pour cette ouverture du score (1-0).

Beaucoup moins dangereux que Prijovic par le passé, Danilo parvenait néanmoins ainsi à transformer sa seule occasion de but. Comme d’habitude, les responsables du recrutement avaient pointé leur stylo sur la tête de liste des buteurs d’un championnat abordable. Le pari pourrait s’avérer perdant, mais Danilo n’a peut-être pas encore dit son dernier mot et il le rappelait hier soir si nécessaire. Sion maintenait la cadence et Vanczak se faisait ceinturer dans les 16 mètres de manière identique à Vitkieviez lors du dernier Sion-YB. Trop peu évidente et comme le voudrait la logique, la faute ne donna cette fois-ci pas lieu à penalty.

Malgré l’ouverture du score, les locaux continuèrent à jouer de l’avant jusqu’au terme de la 1ère mi-temps. Une bonne intention qu’on aurait bien voulu voir se prolonger lors de la 2ème…

Une gestion minimaliste

Car Sion afficha un nouveau visage bien triste au retour des vestiaires. Principalement basé sur une défense solide et l’efficacité de Marco Schneuwly, le jeu thounois aura souffert de l’absence de l’ancien Sédunois, malgré les opportunités offertes par la volonté minimaliste de l’adversaire de subir le jeu pour maintenir le plus infime des acquis.

Par ses nombreuses passes en retrait, ses longues balles perdues et un manque d’assurance inhabituel dans les duels, Adailton sembla affecté par les derniers résultats. Un match un peu moins bon de sa part qui, une fois encore, ne devrait pas aboutir à tirer des monstres plans sur la comète tant le défenseur brésilien a pu prouver son importance pour le groupe.
Heureusement pour Sion, Dingsdag ne laissa que des miettes à Milaim Rama et à ses remplaçants. Principal artisan de la victoire sédunoise et fortement mis à contribution durant cette triste gestion de partie, le défenseur hollandais livra un match exceptionnel par son placement et sa sérénité.

Mais la largesse de certains de ses coéquipiers aurait pu tout faire basculer. Yoda qui semblait s’être claqué cédait sa place et Crettenand changeait inexplicablement de chaussures au moment d’entrer. A 10, les Valaisans ne s’entendirent pas dans le marquage du côté droit laissé vacant et l’erreur aurait pu profiter au frère Schneuwly qui manquait sa déviation seul aux 6 mètres. Sion continua de subir avec la boule au ventre en n’existant que par l’une ou l’autre percée rageuse de ses guerriers Basha et Serey Die. Pas toujours en réussite à la relance, l’ancien Xamaxien se sera battu de manière admirable afin de récupérer tous les ballons perdus.

Mais à force de trop vouloir défendre son os, Sion offrit des opportunités à un adversaire dont l’égalisation semblait désormais pouvoir tomber d’un instant à l’autre. Sur coup-franc, le frère Schneuwly frappait de manière surprenante au premier poteau à la place d’opter pour le centre. Vanins était attentif malgré l’effet de surprise et la frappe rebondissante au ras du poteau. Il aura également été mis à contribution par ses propres coéquipiers sur des balles en retrait franchement peu négociables. Et ses craintes n’allaient pas s’arrêter là…

Le chaos final

Car plus le match avançait, plus le chaos fut total. En dépit de pouvoir vibrer pour le jeu de son équipe, le public valaisan allait néanmoins passer par tous les états d’âme en fin de partie.
Christian Schneuwly, encore lui, adressait une frappe dont l’effet exceptionnel aurait pu lober Vanins placé sur ses 5 mètres. La latte venait à la rescousse des Valaisans et décidément omniprésent, Schneuwly frappait dans la foulée sur un solide Vanczak qui fit opposition du pied. Mais le rebond alla heurter sa main. Même involontaire, celle-ci aurait très bien pu déboucher sur un penalty et les scandales perdureront tant que l’UEFA et la FIFA laisseront subsister cette zone grise, comme celle des accrochages dans les 16 mètres…

Après avoir perdu Yoda, à qui on ne pardonne rien, et pourtant l’un des rares si ce n’est le seul à pouvoir créer des brèches dans les défenses adverses et après avoir perdu Margairaz, fidèle hier soir à sa réputation de joueur talentueux et  travailleur, le FC Sion allait simultanément perdre de l’assurance dans son jeu. Trop effacé sur son côté, Ianu n’aura pas encore atteint le niveau de jeu espéré.

Inspiré par l’autre sport national, Challandes sentait l’échine prête à craquer et ne cessa de jouer le power-play en montant son gardien dans une fin de match en tous points chaotique. Les contres permirent aux Valaisans d’inscrire un but annulé sur hors-jeu, pour un cas similaire à celui qui s’était présenté lors d’un match du Mexique à la dernière Coupe du Monde. Puis, à l’image d’une partie froidement gérée, Vanins préféra garder le ballon plutôt que de tenter un long dégagement pour un éventuel but décisif dans la cage vide.

Une deuxième place virtuelle malgré un groupe qui se cherche encore

Au final, Sion n’aura clairement pas mérité les 3 points qui lui permettent aujourd’hui de sortir des sous terrains du classement administratif. Mais comme déjà dit, même si la manière n’y était pas, l’équipe est en reconstruction et seule l’envie est critiquable. Car quoi qu’il en soit et sans même qu’on s’en rende compte, elle arrache la 2ème place du classement sportif après 23 journées. Peut-être de quoi faire réfléchir les plus grincheux qui annonçaient déjà l’apocalypse pour deux défaites en championnat. Il n’est pas interdit de rêver…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Eric M.

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