A quand le retour à la compétition de Roman Josi ?

A 10 jours du début de play-offs de NHL, Roman Josi est le seul Suisse évoluant pour une équipe qui va se qualifier pour les séries finales, soit les Nashville Predators. Alors qu’il ne reste plus que 5 matchs de saison régulière, Josi est blessé depuis une quinzaine de jours et, même s’il est listé «day to day», soit au jour le jour, il n’y a aucune nouvelle concrète quant à son retour.

Pour mémoire, le jeune défenseur bernois (21 ans), après avoir porté le CP Berne au titre de champion suisse en 2010, n’a pas pu évoluer pour Nashville durant la saison 2010/2011, pour cause de blessure. Cette saison, évoluant pour le club ferme de Nashville, les Milwaukee Admirals, Josi a été appelé en première équipe le 26 novembre 2011, suite à plusieurs blessures de joueurs titulaires. Alors que la concurrence à Nashville est particulièrement rude et que traditionnellement un défenseur prend plus de temps qu’un attaquant pour «mûrir» avant d’obtenir sa place définitive en première équipe, Josi a gardé sa place dès son premier match et est resté titulaire sans interruption jusqu’à début mars 2012, se blessant dans un match contre les Detroit Red Wings. 
En effet, après plusieurs prestations en dents-de-scie, le Suisse s’est rapidement imposé de façon remarquable dans la deuxième ligne de défense (derrière la meilleure paire de défense de la NHL, Shea Weber et Ryan Suter). Son temps de glace n’a fait qu’augmenter, pour arriver à une moyenne de près de 20 minutes par match. Dès le début de l’année 2012, il participait régulièrement tant au jeu en infériorité numérique qu’en supériorité numérique, souvent avec comme partenaire à la ligne bleue un autre rookie au tir redoutable, Ryan Ellis. Au fil des matchs, l’objectif pour Josi n’était plus seulement d’éviter toute erreur défensive, mais également de participer de manière plus active à l’attaque, laissant ainsi exprimer ses qualités les plus remarquables, soit son patinage et sa vision du jeu exceptionnelle.

Nashville est une franchise relativement récente (13 ans) située dans l’Etat du Tennessee, soit une région qui n’est pas la plus propice pour le développement du hockey sur glace. Cependant, grâce à un management qui a eu l’intelligence de faire confiance au même coach, Barry Trotz, depuis le début de la franchise et de toujours procéder à une campagne de recrutement extrêmement éclairée, Nashville a rapidement conquis un public fidèle, bruyant, devenant une équipe solide, redoutée pour sa force défensive devant un des meilleurs gardiens de la ligue, le Finlandais Pekka Rinne. Ils ont également acquis la réputation d’une équipe sans star offensive qui maximise toujours son potentiel. Ainsi, Nashville a passé un tour des play-offs en 2011, éliminant les Anaheim Ducks de Jonas Hiller.
Il s’avère que le timing pour le début de carrière de Josi à Nashville est particulièrement favorable, car les contrats des deux stars défensives, Shea Weber et Ryan Suter, doivent bientôt être renégociés. Dans cette perspective et afin de les convaincre de resigner, le management de Nashville a effectué de manière agressive plusieurs transferts lors de la «trade deadline» (soit la date butoir après laquelle aucun transfert n’est possible) fin février, montrant ainsi que l’ambition du club n’est pas simplement de se qualifier pour les play-offs, comme par le passé, mais de remporter la Coupe Stanley.
Dès lors, les Predators ont renforcé leur équipe en acquérant pour la fin de saison le défenseur vétéran Hal Gill et le talentueux Andrei Kostitsyn (qui vient du reste rejoindre son frère Sergei) des Canadiens de Montréal, de même que l’attaquant physique et spécialiste des engagements, Paul Gaustad, des Sabres de Buffalo.
Les qualités défensives et la solidité de l’expérimenté Hal Gill, qui a été tout de suite mis en paire avec Roman Josi, ont permis à ce dernier d’exploiter encore plus ses qualités offensives en appuyant plus souvent les attaquants en zone offensive. Ainsi, Roman a pu comptabiliser 4 buts et 11 assists, pour un total de 15 points en 47 matchs joués.
Cependant, la grande sensation de cette fin de saison en NHL a été l’arrivée surprise de Radulov à Nashville, éliminé prématurément des play-offs de la KHL. Ce dernier, considéré comme le meilleur joueur du monde évoluant hors NHL, a quitté précipitamment Nashville il y a 4 ans, pour retourner dans sa Russie natale. Mais arrivant à la fin de son contrat en KHL, et avec 4 ans d’expérience de plus, il semble prêt à retenter une expérience dans la ligue la plus forte du monde, d’autant plus que les quelques matchs disputés pour Nashville à la fin de cette saison lui permettront d’être un «free agent» l’année prochaine. Son retour, approuvé par la ligue, a été accueilli avec un enthousiasme très modéré par les dirigeants des autres clubs, conscients qu’un joueur de ce calibre était capable de faire pencher la balance lors d’une série de play-offs.

Malheureusement, voilà plus de deux semaines que l’international helvétique est absent des patinoires, avec le statut «day to day», officiellement avec une blessure au haut du corps, mais officieusement victime d’une commotion cérébrale. Si son absence passe relativement inaperçue dans les médias nord-américains, il est intéressant de souligner que sur l’année le pourcentage de victoires des Predators est nettement plus élevé pendant les 47 matchs joués avec Josi (65 points – soit 1.38 point par match) que pendant les 30 matchs disputés en son absence (31 points – soit 1.03 point par match). Depuis sa blessure, qui s’est produite une semaine avant l’arrivée de Radulov, les Predators n’ont réalisé que 8 points en 8 matchs.
Roman a été vu à l’entraînement la semaine dernière et patine régulièrement, ce qui peut être considéré comme un signe positif en vue de sa participation aux play-offs. Toutefois, il n’accompagne pas son équipe cette semaine dans un déplacement crucial contre ses rivaux de Division centrale (Chicago, St-Louis et Détroit), division qui est considérée comme la plus forte de NHL. Et au vu du nombre très élevé de commotions cérébrales cette année (voir en particulier Sidney Crosby), les médecins sont extrêmement prudents et veillent à ne pas précipiter le retour de joueurs qui ne se sentent pas à 100% de leurs capacités. On ne peut qu’espérer que le report du retour à la compétition de Josi ne constitue qu’une mesure cautionnaire afin qu’il soit pleinement rétabli pour les play-offs. Il serait vraiment regrettable que le numéro 59 des Predators rate cette occasion exceptionnelle de participer aux play-offs avec une équipe compétitive, d’autant plus qu’un premier tour choc contre les Detroit Red Wings se profile à l’horizon.

Écrit par Andy Tschander

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7 Commentaires

  1. La réponse est tombée il y a 34 minutes: Josi, absent depuis le 10 mars, est annoncé pour le match clé à Détroit vendredi soir. Les Red Wings, 4ème, ont un point d’avance sur Nashville 5ème, à 5 tours de la fin. L’avantage de la glace pour leur série probable sera cruciale, car Détroit a battu le record NHL en gagnant 21 matchs de suite à domicile.

  2. Très bon article. R.Josi est très certainement l’un des meilleurs voir le meilleur défenseur suisse actuellement. Il était incroyable fort lorsqu’il jouait à Berne et était, à seulement, 19ans le patron de la défense. Ce qui dans un club comme le scb et à son âge prouve bien le potentiel du joueur. Il avait, sauf erreur, réussi 14 points en 14 matchs lors des PO en 09/10. C’était un vrai régale de la voir évolué!!

    Le seul gros point négatif qui risque de le poursuivre toute sa carrière, ce que je ne souhaite évidement pas, c’est les blessures. On dirait qu’il est fais en porcelaine… je crois pas qu’il a fait une seule saison complète sans pépin physique et cela même en junior.

  3. En effet, Roman Josi a repris la compétition hier soir, avec un certain brio puisqu’il a eu un bilan de plus 3 (meilleur de l’équipe et son record de la saison). En plus, il a mené son équipe avec 4 tirs. Son temps de glace de 1730 min s’explique par le fait qu’il n’a pas joué en infériorité numérique; en supériorité, il constitue la deuxième paire de défense jouant avec un attaquant … Sergei Kostitsyn. La paire de défense Gill – Josi n’a commis aucune erreur en défense et n’a encaissé aucun but, alors qu’en face ils avaient affaire à des noms légendaires comme Datsyuk, Franzen, Lidstrom ou Zetterberg, multiples vainqueurs de la Coupe Stanley
    Pour les Predators, cette victoire 4 à 1 leur permet donc de dépasser Détroit au classement et prendre la première place. L’apport de Radulov (un but et un assist) est très prometteur. Sa puissance et sa vision du jeu (magnifique passes en retrait à la russe) correspondent tout-a-fait au style de notre défenseur suisse.Hier soir, deux ou trois passes lumineuses entre Josi et Radulov sont de très bonne augure pour les playoffs.
    Ce soir, rebelote pour Nashville, cette fois à la maison, contre un rival de Division et potentiel adversaire au premier tour, les Chicago Blackhawks.

  4. Vous aurez corrigé de vous-même: Nashville a pris la 4ème place (et non la première) avec 98 points, Detroit est 5 ème avec 97 points et Chicago 6ème avec 95 points. Il reste 4 matchs à jouer avant les play-offs.

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