Schalke 04, l’aventure continue

Malgré un contingent limité et une qualité de jeu assez quelconque, Schalke 04 persiste à jouer les premiers rôles. En disposant d’un pâle Hoffenheim, les Knappen ont conforté leur place sur le podium de la Bundesliga.

L’un des nombreux avantages de voir un match au stade plutôt qu’à la TV, c’est de ne pas avoir à supporter les commentaires lénifiants dont on est trop souvent gratifiés dans ce coin de pays. Sauf que pour ce Schalke – Hoffenheim dans la Veltins-Nordkurve, ma voisine a décidé de commenter le match en mode PAD et ponctue chaque action d’un «gut», «sehr gut» ou «nicht so gut», avec quelques rares variations sur le thème «schön», «sehr schön» ou «nicht so schön». Comme elle a un joli sourire et qu’elle a dû payer sa place à 13 € dans la Kurve, on est plus enclin à lui pardonner qu’à un journaliste «spécialisé» salarié pour ce genre de commentaire mais c’était quand même un peu saoulant à la longue (la Veltins aussi était saoulante mais au propre cette fois).

Et les sifflets ?

Bon, si on a pu entendre les commentaires de notre voisine, c’est que l’ambiance n’a jamais vraiment décollé samedi du côté de Gelsenkirchen. C’était vraiment décevant, une semaine après la folie de Dortmund – Hambourg, un peu comme si on avait passé de Malley aux Vernets. D’ailleurs, outre les plaques minéralogiques et la propension à laisser échapper des titres considérés comme acquis, il y a une nouvelle analogie entre le GE de la Ruhr et celui de France voisine : depuis qu’un pan du toit de la Veltins-Arena s’est effondré sous le poids de la neige, faisant apparaître un trou béant sur la droite de la Nordkurve, le temple ultramoderne de Schalke 04 prend des faux airs de ruine style Vernets.
On a été d’autant plus déçus du manque d’ambiance qu’il n’y a presque pas eu de slogans ou de sifflets hostiles à Hoffenheim et à ce qu’il représente. Pourtant, Schalke est une Traditionsverein dont on aurait pu penser que les supporters participent au djihad contre le Grand SAPan de Dietmar Hopp. Il faut croire que le respect de la tradition et le rejet du foot artificiel ne sont pas aussi importants à Gelsenkirchen qu’à Cologne, Dortmund ou Mönchengladbach.

La renaissance de KK

Pour en revenir aux commentaires de ma charmante voisine, les «nicht so gut» ont été plus nombreux que les «sehr schön». J’ai déjà eu l’occasion de te parler du jeu de cette équipe de Schalke 04 : c’est jeune, efficace, discipliné et solide mais ça manque un peu d’inspiration et de talent. Même à domicile, les Knappen ne se ruent pas à l’attaque mais attendent l’erreur adverse, quitte à laisser le contrôle du ballon aux visiteurs. Il n’a pas fallu attendre trop longtemps : après une première occasion manquée par Sanchez, Schalke va ouvrir le score sur une ouverture de celui qui veut partir à chaque mercato mais qui est toujours là, Rafinha, pour Kevin Kuranyi. La reprise heureuse du centre-avant de Schalke parvient à tromper la sortie plus qu’aléatoire du gardien Hildebrand. Après une saison 2008-2009 cauchemardesque où, en panne de réussite devant le but, il avait été désigné comme bouc émissaire des contre-performances des Knappen, Kevin  Kuranyi retrouve des couleurs et est redevenu l’idole de la Veltins-Arena. A l’image de son équipe, sans être génial mais en étant efficace. Doug McKay et Daniel Passarella nous diraient que cette efficacité retrouvée vient du fait qu’il s’est coupé les cheveux. Ou alors c’est peut-être parce qu’il a retrouvé l’entraîneur de ses débuts professionnels, Felix Magath.

La grande désillusion

En ouvrant le score, Schalke avait fait le plus dur contre un Hoffenheim en grande difficulté. En automne 2008, cette équipe caracolait en tête de la Bundesliga après avoir fêté deux promotions consécutives, et faisait le bonheur des Footix de tous horizons ainsi que d’une certaine presse qui tentait de nous vendre l’aventure romantique du village de 3’300 habitants qui damait le pion aux grandes métropoles du pays. Alors qu’en fait on était bien plus proche d’un caprice de milliardaire à la Larry Ellison que d’une poignée d’irréductibles villageois à la Ambri-Piotta. Aujourd’hui, l’euphorie de la promotion est dissipée et Hoffenheim, qui visait le titre ou à tout le moins une place européenne en début de saison, s’enfonce dangereusement vers l’anonymat et le ventre mou du classement. Evidemment, pour un club qui n’a pas d’âme et qui a tout basé sur le fric, cela devient tout de suite plus difficile lorsque le mécène, Dietmar Hopp, commence à rechigner à délier les cordons de sa bourse.
Samedi à Gelsenkirchen, privés de leurs deux perles noires Ba et Obasi et avec un Ibisevic hors de forme, les Kraichgauer n’ont strictement rien montré, sinon les habituels gestes d’antijeu et tacles dangereux (l’entraîneur Rangnick a même dû sortir Eichner pour lui éviter l’expulsion). Certes, Hoffenheim aurait pu bénéficier d’un penalty en tout début de 2e mi-temps mais pour le reste le portier königsblaue Manuel Neuer a passé une soirée très tranquille. Même s’il n’a guère eu l’occasion de se mettre en évidence, le jeune gardien de Schalke a marqué des points dans la course à la place de titulaire en équipe d’Allemagne, vu le week-end difficile vécu par ses concurrents pour le poste, René Adler et le grand farceur Tim Wiese.

Jusqu’où ira Schalke ?

Null Vier s’est définitivement mis à l’abri en début de 2e mi-temps sur un corner d’Ivan Rakitic parvenu fortuitement au jeune Lukas Schmitz dont la volée n’a laissé aucune chance à Hildebrand. 2-0, l’affaire était entendue, il ne restait plus qu’à finir les valises en attendant la folle soirée du Venetian. Ce deuxième but est un peu à l’image de ce Schalke 2009-2010 avec une jeunesse triomphante, une réussite insolente et une efficacité maximum. Reste à voir où tout cela mènera les Knappen. On s’attend à tout moment à les voir craquer mais Felix Magath conduit sa barque de main de maître et son équipe continue de tenir le rythme des leaders. Outre les trois points, Schalke a remporté une autre victoire ce week-end en parvenant au terme du mercato sans avoir perdu de stars, malgré ses soucis de trésorerie : les départs de Rafinha, Höwedes ou Kuranyi avaient notamment été évoqués mais finalement les seules défections sont celles de joueurs comme Altintop ou Kobiashvili qui n’entraient plus vraiment dans les plans de Magath. L’autre bonne affaire du week-end pour les Königsblauen c’est d’avoir fait le break entre la 3e place, synonyme de Ligue des Champions, et la 4e, après la nul d’Hambourg contre Wolfsburg et la défaite de Dortmund à Stuttgart ; on a finalement décidé de faire l’impasse sur ce dernier match en pensant que l’on aurait plus de chance d’assister à une victoire de notre club favori en allant voir Bâle – LHC ; mais manifestement, on peut toujours compter sur le LHC pour mal terminer un week-end qui s’était très bien déroulé jusque là.

Schalke 04 – TSG Hoffenheim 1899 2-0 (1-0)

Veltins-Arena, 60’402 spectateurs.
Arbitre : M. Meyer.
Buts : 19e Kuranyi (1-0), 49e Schmitz (2-0).
Schalke : Neuer ; Rafinha (81e Mineiro), Höwedes, Bordon, Schmitz ; Matip ; Farfan, Moritz (72e Reginiussen), Rakitic, Sanchez (66e Baumjohann) ; Kuranyi.
Hoffenheim : Hildebrand ; Beck, Nilsson, Compper, Eichner (32e Zuculini) ; Ibertsberger (70e Jabiri), Luiz Gustavo, Salihovic ; Carlos Eduardo, Vukcevic (82e Tagoe) ; Ibisevic.
Cartons jaunes : 7e Eichner, 37e Salihovic, 40e Beck, 43e Rakitic, 79e Matip, 86e Nilsson.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. « il y a une nouvelle analogie entre le GE de la Ruhr et celui de France voisine »: splendide, tout simplement. Et mes amitiés à ta voisine.

  2. On aurait bien aimé, mon cher Julien, que nous décrive un peu plus précisément ta sympatique voisine de chaise, dis donc ! Sehr schön ou nicht so schön ? 🙂

    (P.S. T’as pu faire signer ton transfert au Dan ?)

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