Prêt pour le choc des Titans

Quatre jours avant le choc que toute l’Allemagne attend contre le Bayern Munich, le Borussia Dortmund a fait ce qu’il fallait pour aborder ce match au sommet avec trois longueurs d’avance en s’imposant 3-1 à Wolfsburg. Mais il s’en est fallu de peu que le scénario catastrophe du match contre Stuttgart ne se répète.

Ce sont des bourrasques de neige et un vent glacial qui nous accueillent à notre arrivée à Wolfsburg. Et dire qu’on espérait aller boire l’apéro sur la plage de sable fin qui borde le stade, c’est raté. Mais, même sans halte à la plage, Wolfsburg reste un endroit unique, avec Autostadt, les immenses cheminées de l’usine Volkswagen, les deux tours remplies de voitures, la piste d’essais pour les nouveaux prototypes, les boutiques de luxe devant lesquels maillots de foot et bières ne sont pas les bienvenus… Les bières avec alcool ne sont pas non plus les bienvenues dans le bloc réservé aux supporters adverses, ce qui constitue une scandaleuse discrimination, puisque dans le reste du stade les spectateurs ont droit à des bières normales. C’est grotesque : vu que le bloc est bien trop petit pour contenir les quelques 8’000 fans jaunes et noirs qui ont fait le déplacement, il y a donc des supporters dortmundois comme nous qui prennent sagement place dans le bloc qui leur est réservé qui n’ont pas droit à la bière et d’autres qui se retrouvent potentiellement au contact des fans adverses qui y ont droit. Ainsi, dans la même buvette, tu peux te faire servir une bière avec alcool seulement si tu es du « bon » côté de la barrière. Wolfsburg n’est qu’à une dizaine de kilomètres de feu le rideau de fer, il en a gardé quelques souvenirs.

La menace Wolfsburg

Pendant une bonne partie de la saison, le VfL Wolfsburg et son entraîneur Felix Magath ont fait n’importe quoi, avec un va et vient incessant de joueurs, un onze de base qui change chaque semaine et un recrutement irréfléchi. Mais, depuis quelques semaines, Felix Magath semble enfin avoir trouvé la bonne formule. Avant la venue du BVB, les Wölfe restaient sur quatre victoires consécutives et présentaient le troisième meilleur bilan du 2e tour derrière Dortmund et le Bayern. Du coup, le VfL s’est définitivement éloigné de la zone de relégation et peut rêver à une place en Europa League. C’était donc un déplacement périlleux, même si le Borussia n’avait pas grand-chose à redouter de l’ambiance de la Volkswagen Arena. Club artificiel monté par la seule volonté de Volkswagen, Wolfsburg n’a jamais été réputé pour la ferveur de ses fans. Dans ces conditions, il serait peut-être plus indiqué d’arrêter de faire semblant, avec un speaker qui s’égosille dans le vide et un chant du club qui claque aussi peu qu’un Cé qu’è lainô aux Vernets.

Sahin enfin remplacé

Quatre jours avant le choc contre le Bayern Munich, le BVB a absolument besoin des trois points et va prendre le match à bras le corps. Kagawa aurait pu bénéficier d’un penalty pour une poussette en début de match, l’arbitre ne bronche pas (n’est pas le FC UEFA qui veut…), alors que Lewandowski ne cadre pas. Mais la deuxième tentative sera la bonne pour le Polonais qui ouvre le score à bout portant après une ouverture géniale de Shinji Kagawa et un centre au cordeau d’Ivan Perisic. C’est allé beaucoup trop vite pour le VfL et au passage on salue la bonne inspiration de Jürgen Klopp qui a titularisé le Croate en lieu et place de Kevin Grosskreutz. Bien que dominé, le VfL va se créer deux immenses occasions de revenir, avec un arrêt miraculeux du pied de Weidenfeller devant Mario Mandzukic, puis un tir raté de ce même Mandzukic en position idéale. Presque dans l’enchaînement, Ilkay Gündogan va lancer Kuba, le Polonais cafouille un peu mais parvient à remettre sur son jeune milieu de terrain qui arme une merveille de frappe enroulée dans le petit filet. C’est superbe et ça rappelle le but inscrit par Nuri Sahin la saison dernière à Munich contre le Bayern. Ilkay Gündogan a eu de la peine à assumer la lourde succession du néo-Madrilène en début de saison, il a même longtemps été cantonné au banc de touche mais là il semble avoir trouvé ses marques et une place de titulaire pour devenir le dépositaire du jeu dortmundois.

Tellement fébriles

A 0-2, on pensait l’affaire entendue, surtout que l’on passe tout près du numéro trois lorsque Kuba tire sur la latte. Mais le BVB vit une situation un peu nouvelle pour lui : la saison dernière, il avait pris une telle avance au 1er tour qu’il a pu aborder les matchs décisifs du second tour avec une certaine décontraction puisqu’il avait suffisamment de marge pour se permettre quelques accrocs ici ou là. Cette saison, en revanche, l’avance est moins conséquente et le chasseur s’appelle Bayern Munich et non Bayer Leverkusen, soit un adversaire autrement plus redoutable sur une fin de saison. Il s’ensuite une certaine fébrilité et des erreurs inhabituelles. Wolfsburg va revenir dans le match sur un centre de Dejagah repris par la tête de Mario Mandzukic.
Le spectre du match contre Stuttgart plane sur la Volkswagen Arena, on tremble. Le BVB joue mal ses occasions de contre, l’arbitrage est fantaisiste, avec notamment un penalty refusé sur Lewandowski. On sent venir la mauvaise plaisanterie, avec un long dégagement porté par le vent que Weidenfeller peut dévier in extremis en corner. Le BVB va surtout frôler la catastrophe, en supériorité numérique, à six minutes du terme, lorsque Jiracek part seul au but mais Roman Weidenfeller a un réflexe salvateur. Il faudra finalement attendre la dernière minute pour voir Robert Lewandowski, en contre, inscrire le 1-3 libérateur.

Le match des Suisses

Quelques mots sur la colonie suisse à Wolfsburg : l’entraîneur des gardiens Andreas Hilfiker a été chaleureusement applaudi à son entrée pour l’échauffement ; le gardien remplaçant Marvin Hitz n’a pas paru très motivé en encaissant 82 des 84 tirs cadrés qui lui ont été adressés durant ledit échauffement. On passe à ceux qui ont joué : Diego Benaglio est à créditer d’une performance honorable, il ne peut rien sur les buts, a fait un superbe arrêt sur une frappe de Gündogan et s’est fait l’auteur d’une sortie courageuse devant Gündogan et d’une autre plus hasardeuse devant Lewandowski. On note une boulette quand même, avec un coup franc joué précipitamment vers un coéquipier pas attentif, ça aurait fait but si M. Dingert n’avait pas curieusement donné le coup franc à rejouer.
Ricardo Rodriguez a réussi un match solide défensivement, le danger n’est jamais venu de son côté et il a réussi un magnifique sauvetage dans les pieds de Kagawa. En revanche, au niveau de la relance et de son apport offensif, c’était beaucoup moins bien ; il faut dire que Dortmund exerce un pressing sur les latéraux adverses un poil plus vindicatif que le Lausanne Sport, il faut que le jeune international s’y habitue mais il est gentiment en train de se faire sa place en Buli. Enfin, même s’il n’est pas Suisse, Giovanni Sio a fait une brève entrée mais qui aurait pu être décisive puisque c’est l’ancien Sédunois qui perfore la défense du BVB sur l’immense occasion de Jiracek.

Et maintenant…

Même s’il s’est fait quelques frayeurs sur la fin, le Borussia Dortmund repart d’Autostadt avec ce qu’il était venu chercher, une victoire méritée qui permet de conserver trois points d’avance sur le Bayern Munich avant le match du siècle mercredi soir au Westfalenstadion. C’est tout un pays qui va tourner au ralenti pendant que les deux colosses du foot allemand s’expliqueront dans une ambiance qui va sans doute dépasser l’entendement. Bien sûr, pour l’ambiance, pour la fête, on rêve d’une victoire du BVB qui assurerait quasiment le huitième titre dortmundois. Mais, selon les circonstances du match, un résultat nul pourrait aussi constituer une bonne opération. En revanche, une victoire bavaroise ouvrirait une voie royale au Rekordmeister, au vu de son meilleur goal average et d’un calendrier plus favorable sur les quatre dernières journées. Inutile de préciser qu’on est déjà en train de compter les heures qui nous séparent de ce Giganten-Gipfel. Le temps d’écrire cet article, ça a déjà fait une heure de tuée, c’est toujours ça de pris.

VfL Wolfsburg – Borussia Dortmund 1-3 (0-1)

Volkswagen Arena, 30’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Dingert.
Buts : 22e Lewandowski (0-1), 49e Gündogan (0-2), 61e Mandzukic (1-2), 90e Lewandowski (1-3).
Wolfsburg : Benaglio; Träsch (80e Sio), Madlung, Lopes, Rodriguez; Dejagah, Josué (54e Jiracek), Polak, Schäfer; Helmes (46e Vieirinha), Mandzukic.
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Gündogan, Kehl; Blaszczykowski (87e Owomoyela), Kagawa (81e Leitner), Perisic (69e Grosskreutz); Lewandowski.
Cartons jaunes : 11e Subotic, 24e Madlung, 38e Dejagah, 83e Kehl.
Carton rouge : 84e Madlung (2e avertissement)
Notes : Wolfsburg sans Chris, Hitzlsperger ni Medojevic (blessés), Dortmund sans Santana, Koch (blessés) ni Götze (convalescent).

Écrit par Julien Mouquin

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