Victoire importante lors d’un match piège

Début réussi de la Suisse aux Championnats du monde de hockey sur glace avec deux victoires d’entrée, contre le Kazakhstan 5 à 1 et contre la Biélorussie 3 à 2. On ne peut pas en dire autant de la couverture de la RTS : le commentaire de Laurent Bastardoz est tout simplement à côté de la plaque.

Voilà des années que je n’avais plus regardé de match en entier sur la RTS, le niveau des commentateurs romands étant tellement médiocre que j’ai migré il y a plus de 10 ans (quand la technologie me l’a enfin permis) définitivement sur la DRS ou TSI pour le hockey. Mais pour CR, j’ai accepté de suivre dimanche soir le match contre la Biélorussie sur notre chaîne romande, avec toute la meilleure volonté du monde. Mon dieu, j’avais oublié le supplice que c’était d’endurer un match complet (heureusement sans prolongations), bombardé par les théories fumeuses de Laurent Bastardoz.

Il ne faut pas paniquer

Toute personne qui a fait un semblant de sport de compétition sait que pour gagner, la dernière chose à faire c’est de penser au résultat final, aux conséquences d’une victoire ou d’une défaite, pendant le match. Au contraire, il faut se concentrer sur le présent, les petits détails, sur le prochain geste ou les aspects stratégiques. Au hockey, il faut se donner à chaque shift comme si c’était le dernier, s’engager physiquement, éviter les erreurs défensives, lancer le puck au but, gagner les duels etc. C’est précisément ce que les joueurs suisses ont fait lors d’un excellent premier tiers, dominant  largement l’équipe biélorusse, tant au niveau de la vitesse qu’au niveau du jeu collectif tout en restant solide défensivement, comme en témoigne la statistique des tirs au but, 19 à 1. Malheureusement, une des seules erreurs helvétiques commises, un mauvais changement, avait permis aux Biélorusses d’avoir leur seule occasion et d’égaliser à 1 à 1.
Or notre cher Laurent, aveugle à tout ceci et véritablement obsédé par le résultat, commença tout de suite à s’inquiéter des conséquences d’une éventuelle défaite. L’exemple à ne pas suivre. La Suisse jouait très bien, mais notre Chablaisien de service ne voyait que le 1 à 1 au tableau d’affichage, donc en concluait que ce n’était pas si bien que ça. De plus, après une excellente supériorité numérique où les hommes de Simpson s’étaient créé de nombreuses occasions, restant quasiment pendant les deux minutes dans la zone adverse, Bastardoz s écriat qu’il ne faut pas commencer à paniquer et à tomber dans nos vieux travers. Mais Laurent, c’est encore le premier tiers ! Et c’est toi qui paniques, ce n’est pas les joueurs. Même le consultant Gary Sheehan, heureusement là pour limiter les dégâts, tenta de le rassurer (ou contredire ?) tout de suite en disant : «il ne faut rien changer».
Et pendant tout le reste du match, on dut subir une couche après couche de  «on sait que l’équipe de Suisse n’aime pas être sous pression», «il ne faut pas que le doute s’installe», «cette équipe du Belarus est prenable», «c’est pas le moment de subir une nouvelle défaite contre la Biélorussie», et après le 3 à 2 «il ne faut pas paniquer», «on ne va pas crier victoire trop vite», «on peut y arriver» et «on y croit jusqu’au bout». Laurent, c’est bien d’exploser de joie quand la Suisse marque, mais sinon concentre toi sur le moment présent, arrête de commenter la peur au ventre, en te focalisant tout le long sur le futur score final.
A 2-2, lorsque Sbiza n’avait pas vu Brunner démarqué, Bastardoz perdit même les pédales en s’emportant «mais pourquoi il attend ?». Il était tellement énervé qu’il n’a même pas pu apprécier l’excellent missile de Sbisa qui avait choisi de tirer et le non moins dangereux rebond juste raté par un autre attaquant helvète.
Je n’ai rien contre Laurent Bastardoz. Au moins il est passionné, sait s’entourer de bons consultants  et n’est pas prétentieux, défaut le pire chez un commentateur, comme par exemple Pierre-Alain Dupuis. Mais regarder un match dans ces conditions, c’est comme monter un col en vélo avec le frein qui touche de manière permanente la roue. Fatigant. Dépitant.

Stephan héroïque en fin de match

Un commentateur sportif doit être un révélateur. Il doit analyser la rencontre pour mettre en lumière les faits déterminants de la rencontre. C’est comme un ingrédient qui fait ressortir les autres goûts principaux du plat. Permettre au spectateur de comprendre ce qui se passe, les tournants, et les émotions du match.
Force est de constater qu’en l’occurrence, au niveau de l’analyse, c’est très pauvre. Un peu comme si une personne sans oreille musicale critique un concert classique.
Bastardoz passe trop souvent complètement à côté des éléments clés de la rencontre. Tobias Stephan a fait un troisième tiers d’anthologie, arrêtant entre autres un pénalty de Grabovsky, et plusieurs tirs extrêmement dangereux, dont deux arrêts extraordinaires coup sur coup à deux minutes de la fin. Et pas un commentaire. Rien.
Mark Streit, à la fin, a également fait un geste défensif important en déviant un ultime tir adverse avec sa canne. Là également, rien vu. Heureusement que ce fait est relevé par Sheehan, moins drôle que Larry Huras, mais qui s’est illustré par sa compétence. En particulier, juste avant le 3 à 2, Sheehan avait jugé que les Helvètes avaient maintenant le «momentum», car ils venaient de tuer deux pénalités. Voilà les commentaires qui apportent quelque chose au match. Un peu plus tard, c’est de nouveau l’entraîneur du HCC qui devait alerter immédiatement son collègue de la blessure grave de Moser, car ce dernier ne l’avait pas vue.
Et faut-il revenir sur le match contre le Kazakhstan, où paraît-il Bastardoz a expliqué que les arbitres regardaient la video après un but litigieux «peut-être pour déterminer qui était le buteur» (et je n’invente pas) : Laurent, après toutes ces années au bord des patinoires, tu devrais savoir que ce n’est pas un motif de révision vidéo. Le cas échéant, le nom du marqueur sera corrigé a posteriori sur la feuille de match.

Dieu que ce fut difficile

Cela étant, on se réjouira de l’excellent début des Mondiaux de l’équipe de Suisse qui a déjà remporté deux des quatre matchs qu’elle devait gagner à tout prix pour se qualifier pour les quarts de finale. En espérant d’éviter un faux-pas contre la France, la partie contre la Slovaquie fait désormais office de match crucial pour la qualification. 
L’équipe de Suisse me paraît être une des plus rapides et disciplinées qu’on ait vu depuis longtemps, peut être même depuis toujours. Et menés par la superbe performance de la ligne Brunner-Romy-Moser, auteur des trois buts, ils sont venus à bout de solides Biélorusses, soit le match piège par excellence. Cependant, en éteignant mon poste de télévision,  j’étais pour une fois d’accord avec le commentaire final de Laurent Bastardoz qui résumait ma soirée : «Dieu que ce fut difficile».
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Andy Tschander

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14 Commentaires

  1. Toi tu écris les noms des joueurs comme Bastardoz les prononce: mal…. Pour ton info, ça s’écrit Sbisa et non Sbiza

  2. dites voir la rédac’, ça se passe comment au niveau de laisser des articles qui descendent un mec qui, auparavant, accorde une entrevue à un journaliste de votre site?

  3. Haha le  »momentum » cher à nos amis Gary et Dany… toute cette clique de joyeux lurons en parlent tellement souvent que de temps en temps ça coïncide avec un but peu après 🙂 c’est mathématique

  4. @Daniel…yep
    Y a aussi un nombre incalculable d’imprécisions dans son commentaire…avec comme point d’orgue aux 2, la série de pénalties contre le Canada…bon le pire c que même sur SF ils ont rien pigés non plus. « Oh un match nul… » tchieu les guignols…

  5. Reconnaissons que, malgré les conneries innombrables que Bastardoz balance, il est au moins à fond dans son match (ça c’est dit dans l’article) et il transmet son engouement aux téléspectateurs! Ca nous change des Yannick Parrate et autre Jean Marc Rossier…

  6. Ecoute une fois  »doc » (Mike Emrick) qui comment les PO en NHL et tu comprendra ce que c’est qu’un commentateur qui transmet quelque chose aux téléspectateurs…

  7. comme une personne sans oreille musicale qui critique un concert classique … c’est exactement ça.

    Bastardoz aurait bien de la peine à faire des analyses, parce que tellement il ne voit pas ce qui se passe sur la glace.

    @billyboy et stich 25: Pour quelqu’un qui comprend le hockey, LB a beau être passionné, mais son commentaire gâche quand même le match. Et Mike Emrick de la NBC, il est génial. Entre les joueurs suisses et les joueurs des grandes nations, il y a une classe de différence. Entre nos commentateurs romands et ceux des chaînes nord américaine (que ça soit TV ou radio) il y a 10 classes de différence: ces derniers sont drôles, compétents, voient tous les détails, mettent en évidence les points cruciaux. C’est le jour et la nuit.

  8. Honnêtement je m’en fous un peu des commentaires de Bastardoz et de Sheenan. A force je dois m’être habitué à la médiocre qualité des commentateurs, tous sports confondus, de « notre télévision ».

    Moi ce que je retiens de ces 2 premiers matchs est que j’ai vu une équipe de Suisse conquérante face à des nations supposées moins fortes qu’elle, qui prend le jeu à son compte et force est de constater avec un certain brio.

    Vivement ce soir ! Bastardoz ou pas, je vais pas bouder mon plaisir (ma tendre moitié, elle par contre … )

    Hop Suisse !

  9. Bastardoz a quand m^me de grosses lacunes notamment quand il prétend qu’un dégagement interdit permet aux deux équipes de changer de lignes. Il y a quelques années que c’est fini. En plus ça manie de faire croire qu’il est grand potes avec tous les joueurs en les appelant par leur petit nom. Sinon effectivement Rossier est le pire. Lors de la demie finale entre Berne et Gottéron, il se pemettait de traiter Loeffel de petit jeune et de lui donner des conseils…

  10. Je trouve assez drôle, mais au fond assez pathétique, que l’on puisse dire de Bastardoz qu’à défaut d’avoir des compétences, il est au moins « à fond dans le truc » (sic!)!

    J’espère au moins que lorsque vous appelez un plombier pour réparer votre machine à laver la vaisselle ou lorsque vous amenez votre voiture chez le garagiste, vous tomber sur des professionnels qui, en plus d’avoir l’amour de leur métier, ce qui paraît assez légitime, savent aussi de quoi ils parlent!
    Et que dire d’un chirurgien qui vous enlèverait la rate pour vous opérer des amygdales, mais le ferait avec un enthousiasme débordant?????
    Monsieur Bastardoz et son acolyte folklorique québequois passent deux semaines de vacances à nos frais en Finlande et en Suède et il faudrait les féliciter d’aimer le hockey sur glace???? Un peu court il me semble….

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