A nous l’Europe !

Après huit longues années d’absence, Servette fait son retour en Europe par la plus belle des portes. Dans une ambiance survoltée évoquant la liesse du 31 mai 2011, les Grenat ont ouvert dimanche après-midi une nouvelle ère. Ce dimanche de liesse est dédié avant tout aux 653 irréductibles et ferventes âmes grenat. Oui, celles qui étaient présentes un mercredi soir d’avril 2006 pour assister à un Servette-Bulle de 1e ligue afin de pousser Talel Chedly et Geoffrey Tréand à transpercer les filets fribourgeois, alors que la TSR transmettait Barcelone-Benfica !

Depuis le 31 mai dernier, Servette en aura vu de toutes les couleurs. L’euphorie d’une promotion acquise avec panache et un important soupçon de chance, puis la hantise avec le spectre de la faillite qui assombrissait l’horizon des Genevois. Par la suite, la résignation prévalait devant une faillite qui semblait inévitable. Or, Servette est rené de ses cendres tel un phénix et a pris son envol, avec l’aigle Sherkan comme symbole pour incarner cette image forte.

Le SFC a rattrapé le temps perdu

Cette saison, jusqu’au match de dimanche, le pensionnaire de la Praille présentait des statistiques alarmantes : 3 défaites en autant de rencontres face aux Rhénans cette saison, 12 buts encaissés et aucun à l’actif ! Et si l’on cherchait à se tourner vers des données un peu moins récentes pour se rassurer, on obtenait l’effet inverse à celui désiré. En effet, les Grenat restaient sur une série de 17 défaites consécutives face aux Rotblau. En outre, les visiteurs du jour débarquaient à Genève avec une série de 26 matchs sans embûche. Ça suffit : tous ces chiffres donnent le tournis. Cependant, il est important de les relever, afin de souligner l’envergure de l’exploit de dimanche. Parce que dans un stade de la Praille en feu, le club 17 fois champion a déjoué tous les pronostics en allant s’imposer sur le fil et en s’offrant par la même occasion un retour sur la scène européenne, son habitat naturel. Alors, certes, il ne faut pas se voiler la face : Sion sportivement serait devant les Grenat. Mais il est légitime de bomber le torse et de se targuer de l’excellent championnat disputé en surrégime par une équipe qui, face à Bâle, était composée de 9 joueurs provenant de la Challenge League.
Il suffit de jeter un coup d’œil au classement de SL et de constater que les Genevois sont à ex-aequo avec YB pour mesurer l’ampleur du travail de la troupe de Luvas Pretas Alves.
Sans compter les 21 points qui séparent les Servettiens des pêcheurs de Lausanne : ces deux équipes n’étaient-elles pas supposées mener une lutte acharnée entre elles ?

Une osmose fusionnelle

Le druide lusitanien est sans l’ombre d’un doute l’un des meilleurs au monde pour ce qui concerne l’aspect mental. Il a su bâtir un navire avec de véritables matelots, prêts à se mettre en danger et à se sacrifier pour sauver le paquebot. En fin de compte, celle-ci est la plus belle des récompenses pour le carré des fidèles qui avait dû assister impuissant au souillage du maillot grenat par des hommes aux sabots de chèvres et au melon surdimensionné. Et ce carré a fait des émules, puisque nombreux sont ceux qui sont tombés sous le charme de ce Servette-là. Et si le Genevois lambda avait enfin compris que ce sont les valeurs véhiculées par un groupe et non pas les individualités qui peuvent redorer le blason de Servette ? Oui, la sueur et l’huile de coude peuvent offrir des émotions telles que celles vécues face à Bâle. Alexander Frei a beau se plaindre de l’invasion du terrain, mais ces scènes de liesse représentent l’essence même du football. C’est vrai, l’équipe était supposée passer saluer le public en faisant le tour du terrain. Mais disons-le en toute franchise : cette invasion dénote toute la joie et l’envie de Servette qui monte crescendo au bout du lac. Rien de plus sain qu’un public qui ne veut pas se sentir uniquement spectateur et client, mais qui souhaite se sentir impliqué dans le projet grenat, en osmose avec les joueurs.

Anfield Road ou San Siro ?

C’est ainsi que tout ce peuple grenat a pu rentrer chez lui les yeux imbibés et luisants, se remémorant chaque instant de cette savoureuse saison. Mais surtout, rêver de refaire le parcours européen du Servette version 2001-2002. Les Grenat accéderont au 2e tour préliminaire de l’Europa League en tant que tête de série. Ils y affronteront fort probablement une équipe exotique et en cas de qualification, au tour successif, l’homme aux gants noirs et sa troupe pourraient défier une toute grosse cylindrée d’Europe. Rien ne sait ce que réservera le tirage au sort nyonnais au SFC, mais il est permis de rêver. Et lorsque l’on ressent ce drôle de sentiment, conscients que ce rêve a des chances concrètes de se réaliser, on se sent vivant.

Sortez vos écharpes et vos drapeaux et n’ayez crainte de montre votre couleur, votre unique couleur. Peut-être jouera-t-on un seul match au fin fond de l’Azerbaïdjan en se faisant sèchement éliminer. Ce qui importe, c’est que les Genevois ont inscrit une nouvelle page dans leur histoire longue de 122 ans. La tristesse et le désarroi peuvent rapidement prendre le pas sur la joie ; les émotions peuvent être cruellement éphémères. Or, l’histoire s’inscrit dans la mémoire individuelle et enfin collective. Elle est éternelle. Post tenebras, Servette !


Photos copyright www.oneclick-photo.ch, Jean-luc Auboeuf

Servette – Bâle 2-1 (1-0)


Stade de Genève,
21’821 spectateurs.


Arbitre :
M. Ouschan.


Buts :
12e Yartey 1-0, 62e Zoua 1-1, 85e Eudis 2-1.


Servette :
Gonzalez; Routis (66e Karanovic), Roderick, Schneider, Moubandje; Rüfli, Nater (69e Pizzinat), Kouassi, Yartey; De Azevedo (77e Moutinho); Eudis.


Bâle :
Sommer; Degen, Kovac, Kusunga, Park; Cabral; Andrist (70e Shaqiri), F. Frei (86e A. Frei), Yapi, Stocker (75e Streller); Zoua.


Cartons jaunes :
22e Kusunga, 67e De Azevedo, 77e Degen, 78e Moubandje.


Carton rouge :
51e Kusunga.

Écrit par Grégory Soldati

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3 Commentaires

  1. L’introduction est mythique ! Enfin, surtout pour les 652 Servettiens qui y étaient présents en même temps que moi ce soir là !

  2. Des occidentaux, amis ou cnnsaiosances de passage, des gens non Chinois, souvent francophones, globalement bien intentionne9s, souvent intelligents, cultive9s, e9duque9s et plus meame sans affinite9s mais en passant longuement par l’universite9 ou d’autres e9tablissements d’apprentissage de haut niveau, souvent lie9s e0 l’e9conomie et au commerce, m’ont dit e0 plusieurs reprises : ab Il faut leur laisser du temps, ce qu’ils accomplissent est de9je0 extraordinaire. Nous, on ne peut pas se rendre compte… bb Je mets les guillemets parce que j’ai de9je0 entendu e7a mot pour mot sans que la formulation de9range… Je vais encore citer le grand Karl, dans un article intitule9 la mentalite9 de marche9 est obsole8te Le premier sie8cle de l’c8re de la machine s’ache8ve dans la crainte et l’anxie9te9. Ses re9ussites mate9rielles colossales s’expliquent par la soumission volontaire et, il faut le dire, enthousiaste de l’homme aux besoins de la machine. Ces gens que tu qualifie de souvent intelligents, cultive9s, e9duque9s et plus meame sans affinite9s mais en passant longuement par l’universite9 ou d’autres e9tablissements d’apprentissage de haut niveau ne sont rien d’autres que des esclaves amoraux, formate9s e0 eatre les esclaves de la machine. Et de voir l’humanite9 que de9teste tant leurs maeetres, e7a les rend enthousiaste, naturellement, parce qu’ils vivent dans un monde absurde, le monde de la servitude volontaire. Ils n’aiment pas les hommes et les pays, juste leur syste8me auquel ils croient comme ces preatres e9vange9listes, ils n’aiment pas les peuples qu’ils viennent convertir, ils n’aiment que leur conversion. Ce n’est pas la haine violente, brutale, qui s’exprime avec agressivite9, c’est la haine perverse, embrassant sa victime pour mieux l’e9touffer. Ils ne sont pas enthousiaste pour la Chine, ils sont enthousiaste pour la grande transformation e0 laquelle ils assistent. Tu imagines un chre9tien, born again lambda, assister e0 un remake (grossier certes, mais bon) de la re9surrection de Je9sus? Imagines ce qu’il peu se passer en lui, dont la simple prononciation du mot Je9sus le met en transe? Et bien ils sont pareils, c’est exactement e7a! Ce sont des bigots qui assistent e0 une reconstitution grandeur nature de la naissance de leur religion. Et s’il fallait les appeler les transforme9s ? Pendant ce temps, la France perd Ferrat, (Pierre Haski e9crit un me9diocre article sur lui au passage). Lui qui n’e9tait qu’un compagnon de route pour le pcf (des communistes l’ont sauve9 et cache9 des nazis pendant la guerre, e7a marque), chantait Camarade , Le Bilan ou encore dans la jungle ou dans le zoo , e0 la une entre autre en ve9rite9, sa cause, c’e9tait Antraigues sur volane , tout les Antraigues sur volane du monde, dont la religion de ces gens e0 jure9 la disparition.(5 000 personnes pour assister aux obse8ques, une e9motion populaire surprenante pour un chanteur d’abord censure9 puis absent depuis 5 de9cennies, au be9ne9fices des entreprises d’abrutissement des johnny ou des michel sardou )ps: Jacques Tati sur France 2!!! Dans le meame esprit en fait!

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