Le CIO mieux que la FIFA

Vous n’étiez peut-être pas au courant, mais la commission exécutive du Comité International Olympique réunie à Québec a restreint hier de cinq à trois le nombre de villes candidates à l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 2020. La compétition continue donc pour Tokyo, Madrid et Istanbul, alors que Doha et Bakou n’ont pas passé le cut.

Le CIO désignera la ville hôte des Jeux Olympiques de 2020 le 7 septembre 2013, à l’occasion de sa 125e session qui se tiendra à Buenos Aires. Parmi les moult écueils qu’ont dû et que devront encore passer les villes candidates afin de répondre aux exigences de la plus puissante organisation sportive du monde, la recommandation de sa commission exécutive constituait une étape importante.Réunie hier à Québec en marge du congrès SportAccord, cette dernière a semblé assez sûre de son choix tant les candidatures retenues ont réalisé des scores impressionnants : Tokyo et Madrid ont recueilli les suffrages des 12 membres et Istanbul les faveurs de 11 d’entre eux. Du côté des recalées,  Doha n’a été supportée que par 3 personnes alors que la candidature de Bakou a été balayée à l’unanimité.
Le CIO aura dont fait mieux que la FIFA, qui a donné la Coupe du Monde 2022 au Qatar pour des raisons uniquement financières, contrairement à ce qu’ose affirmer Sepp Blatter, par exemple dans cette interview conduite de manière pitoyable par Pierre-Alain Dupuis. En choisissant d’écarter Doha et Bakou, le CIO nous a en effet donné l’impression que les beaux principes de son fondateur, le baron Pierre de Coubertin, n’étaient pas encore tout à fait morts.

Pourquoi Doha et Bakou ont été éliminées ?

Il n’est jamais évident de comprendre pourquoi telle ou telle ville a été recalée, surtout lorsque le dossier semble être bon, ce qui était le cas des cinq villes candidates. Comment alors rendre compte d’un dénouement aussi catégorique ? On peut par exemple imaginer une «raison pratique» : en réduisant sa liste, le CIO réduit par là même sa charge de travail. C’est vrai que depuis le scandale de corruption de Salt Lake City, l’organisation a resserré un peu les boulons et il n’est plus aussi important pour ses membres de visiter un maximum de villes dans l’espoir de recevoir un maximum de cadeaux. Cet argument apparaît tout de même un peu faible pour traduire à lui seul le résultat du vote. De plus, comment expliquer que les candidatures de Doha et Bakou ont été à ce point rejetées, alors que les deux villes possédaient une première expérience en ayant concouru pour les JO de 2016 et sensiblement amélioré leur dossier depuis ? Les hydrocarbures azéris et le boom industriel que connaît actuellement Bakou auraient dû rassurer la commission exécutive sur ses capacités à livrer des infrastructures à temps. De même, la question de la chaleur estivale de Doha – le comité qatari souhaitait organiser les Jeux en automne – semblait certes être une difficulté mais pas au point de sceller le sort de la métropole moyen-orientale. Ce dernier point n’avait en tous cas pas posé trop de problèmes à la FIFA. Par contre, les virulentes et unanimes critiques qui s’en étaient suivies ainsi que le risque de les voir se répéter mais cette fois-ci sur le CIO ont peut-être aussi pesé dans la décision prise hier.
Il est également possible que certains membres de la commission exécutive aient bêtement voté selon leur conscience, qui désapprouverait, par exemple, l’exploitation des centaines de milliers de travailleurs asiatiques par l’émirat qatari ou l’insécurité née de la folie des grandeurs d’un pays comme l’Azerbaïdjan, qui n’a ni fini de régler ses conflits territoriaux ni fait preuve d’une grande tolérance envers ceux qui ne pensent pas comme son régime pseudo-démocratique en place. Peut-on encore croire à un CIO qui agirait selon certains principes chevaleresques ? Comme on ne connaîtra jamais les dessous de l’histoire, on peut en tous cas toujours se permettre de rêver.

 

Et les vainqueurs alors ?

Il n’y a malheureusement pas de quoi trop se réjouir des trois candidatures restantes. L’année prochaine, si le CIO choisit Madrid, il achèvera lui-même ce qui reste de l’économie espagnole. Au passage, on saluera la sage décision du gouvernement italien qui avait jugé financièrement «irresponsable» la candidature romaine, finalement retirée au mois de février. S’il choisit Tokyo, il fera plus ou moins la même chose. Les Japonais, fidèles à eux-mêmes, ont manqué le prix de l’originalité en choisissant leur capitale comme emblème de la reconstruction du pays suite au tsunami de l’an passé, dans un clin d’œil aux Jeux Olympiques de 1964 qui ont souvent été vus comme symbolisant le retour du Japon dans la communauté internationale après la Seconde Guerre mondiale. Ils auraient été autrement plus inspirés en présentant la ville de Sendai, très touchée par le raz-de-marée alors que Tokyo n’a absolument rien eu et qui devra de toute façon être reconstruite. Bref, quand on voit le plébiscite qu’ont reçu ces deux candidatures, la question restée en suspens des valeurs olympiques prend un sacré coup de plomb dans l’aile.
Reste Istanbul, la Magnifique ! La «candidature des deux continents» part en pole position, eu égard à la bonne situation financière de la Turquie et à un fuseau horaire autrement plus avantageux pour les diffuseurs que celui, par exemple, du Japon. Egalement en lice pour l’Euro 2020 – ce qui avait fait grincer quelques dents du côté de Vidy –, la Turquie pourrait même se retirer en cas d’obtention des JO, puisque la décision de l’UEFA aura lieu après celle du CIO. En considérant enfin la probable dégradation des économies espagnole et japonaise d’ici à septembre 2013, il semble que c’est bien la ville du Bosphore qui fait figure de grande favorite pour les Jeux Olympiques d’été de 2020.

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2 Commentaires

  1. Tokyo est favorite (Sendai, quelle blague), mais j’espere vraiment que ca sera Istanbul, une des plus belles villes du monde, peuple chaleureux, etc, tout pour bien faire (a part les transports…catastrophiques, et une circulation digne de Bombay)

  2. Tu peux comparer le pitoyable interview de Blatter par la RTS à ceux tous aussi affligeants de Rogge par Deschenaux avant Pekin ou tout récemment Fasel lors des CM. Jamais aucune réflexion, aucune question d’appronfondissement, aucune critique quelconque, la RTS écoute béat la propagande du parti. Et pourtant certaines réponses données sont tellement absurdes, qu’on croirait rêver. Comme Fasel qui affirme haut et fort que même si les joueurs de NHL ne vont pas à Sotchi, le tournoi de hockey serait tout aussi intéressant et de niveau tout aussi élevé. et le journaliste de la RTS, sourit, béat …

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