Fight for Biel ?

Ça oui, il va falloir se battre durement pour ne pas décevoir du côté d’un Stade de Glace supposé être appelé à disparaître (peut-être, possiblement, enfin… faudra voir).

La plus longue intersaison biennoise depuis l’extinction des ichtyosaures s’achève enfin. Depuis le temps que le hockey du cru est en vacances, on aurait presque fini par s’intéresser au FC Bienne. Encore heureux que les olympiades de la dilapidation de l’argent public soient venues combler ce vide avant d’avoir dû en arriver à une telle extrémité. De là à dire que notre rendez-vous pascal annuel avec nos amis du sempiternel «skoussionmonte» nous a manqué, il y a toutefois un pas que nous nous garderons bien de franchir. Nos amis-ennemis nous auraient de toute façon fait faux bond.Tout juste a-t-on pu se repaître d’une énième confirmation que les Stades de Bienne se feront bel et bien. Enfin, si tout va bien évidemment, que l’économie mondiale du Seeland se redresse, qu’on sacrifie une truite sur la place centrale, et que Kevin Schläpfer apprenne 18 mots supplémentaires en français. Ça lui en ferait quand même 19 au total, «respect» comme on dit à la ligue.

La torture estivale arrive donc à son terme, et l’on pourra enfin cesser de simuler l’extase lorsque les troupes de Hitzfeld marquent un goal aux vétés II de Killwangen-Spreitenbach. Bon par contre il va falloir de nouveau subir l’étendue de la passion sauvage façon de cœlacanthe de nos journalistes TV préférés – heureusement qu’il y avait l’ami Hurras en duplex dans le spécial hockey de la RTS dimanche.
Et pendant que nous autres carbonisions Bratwurst, steaks et autres phalanges pas encore détachées de nos propres corps ou encore que nous dissertions avec clairvoyance sur le paradoxe de Cantor tout en reluquant allègrement les nouveaux rationnements vestimentaires égayant nos bords du lac, le staff technique biennois avait fort à faire pour constituer un groupe aussi solide – à défaut de solidaire – que le précédent.
Et là il faut lui reconnaitre que le néo-directeur sportif Martin Steinegger a poursuivi sur les bases mêmes de son style en tant que défenseur, en frappant un grand coup. Car régulièrement aligné lors des derniers play-off de NHL, Marc-Antoine Pouliot est clairement, visiblement, indubitablement d’un calibre supérieur. A voir la valse récente des pseudo-renforts étant venus alimenter les toujours très amusants débats d’abords de patinoire, ce garçon-là est de l’étoffe des grands noms qui sont restés dans les mémoires. Doté d’un sens du placement impressionnant, d’une lecture du jeu rapide et ne rechignant pas aux tâches arrières, le seul vrai risque du EHCB avec Pouliot cette saison c’est de le voir rapidement tourner en bourrique à force de ne pas être entouré de coéquipiers capables de le suivre et qu’il finisse par jouer la fille de l’air, lassé.
Heureusement pourtant les nombreuses rencontres amicales disputées, si elles n’auront pas forcément été très instructives, auront eu le mérite de convaincre le coach Schläpfer de déroger à sa ligne initiale voulant que Ahren Spylo soit capable de tenir une ligne à lui tout seul, tant le duo formé par les deux importés s’est montré percutant et, ce qui n’est pas négligeable, plutôt fun à voir, surtout avec Marc Wieser sur l’autre aile ! Sur ce point, la fin de carrière de Bordeleau a été au minimum compensée.

Outre le toujours fidèle Eric Baudoin, qu’on ne prendra la peine d’observer voire même d’évaluer que lorsqu’il commencera réellement sa saison, en février, c’est d’AHL que les biennois ont fait venir leur 4e larron. Jacob Micflikier qu’il se nomme. Outre le fait qu’on compte beaucoup sur ce poison en forechecking car il a un don évident pour nouer des amitiés viriles aux alentours des zones adverses (les premières bavettes taillés avec des experts en sociabilités tels que Rüfenacht ou Mercier ne manqueront pas de piquant), le nabot a pour seule mission – à part celle plus officieuse de rendre chèvres les speakers de toute la ligue, impatience toute particulière pour la première chez les tigerlis – de scorer les ugly goals. Rebonds, déviations, récupérations en tout genre, voilà la réelle spécialité de ce sympathique bonhomme.
Hommes à suivre également, l’ex-aviateur Steve Kellenberger s’est révélé prometteur de par sa mobilité et son allant offensif en phase de préparation, tandis que le futur Lötscher annoncé en Jeffrey Füglister demande encore à mûrir avant de réellement pouvoir s’imposer, même à Bienne.

The Wall stands

Avoir conservé Reto Berra a été une autre grande réussite. De sa présence va dépendre toute l’efficacité arrière seelandaise. Car c’est là que réside la réelle inquiétude à avoir pour des Biennois qui vont cette fois-ci au bout de l’adage qui veut que si l’attaque gagne des matches, la défense gagne des titres. Et comme ils ne visent pas le titre, ils ont donc choisi de tout mettre en œuvre pour augmenter la productivité offensive, quitte à présenter la défense la plus incertaine.
Dominic Meier fera-t-il oublier Stoney ? C’est possible, nous ne prétendrons en tout cas pas le contraire devant lui, par respect (et trouille) devant la circonférence de ses avant-bras. En préparation il ne s’est pas fait remarqué, ce qui est déjà à prendre de façon encourageante. «Usain» Kparghai (10"7 au 100 mètres la semaine dernière) et Wellinger sont eux des éléments rassurants. Les interrogations concernent l’aptitude d’Anthony Huguenin à faire encore progresser son jeu, surtout physique, en l’absence de son mentor Steinegger, ou encore sur la place que Dario Truttmann réussira ou non à prendre. C’est la clé du fonctionnement de la très jeune défense placée sous la houlette de Dino Stecher. Car derrière ceux-là, c’est Scream, Vendredi 13, La colline a des yeux, voire même un épisode de Joséphine ange gardien. Entre un Gossweiler à la ramasse et pourtant constamment forcé en powerplay et un duo Untersander – Grieder qui fait ce qu’il peut, le salut des saisons à venir réside en l’éclosion des talents du cru que sont Rajan Sataric et Anthony Rouiller. Mais encore faudrait-il qu’ils jouent… Ou que Sven Schmid rechausse les patins.

Une deuxième participation aux play-off consécutive n’est dès lors pas raisonnablement à envisager, à moins une fois encore de pouvoir bénéficier des errances d’une autre équipe telle que ce fut le cas avec Servette la saison dernière. Avec une fois de plus le budget le plus faible de la ligue, l’objectif réel des Biennois ne peut décemment qu’être de sauver leurs miches le plus rapidement possible, au premier tour des play-out. En attendant qu’au printemps prochain, les éventuels travaux des possibles Stades de Bienne qui soulageront comme par magie tous les maux économiques du EHCB commencent peut-être. Mais seulement s’il fait beau, que c’est un mercredi 13, que la Suisse du foot soit qualifiée pour Rio, et que les francophones deviennent majoritaires en ville. On a quelques doutes…

Et le lock-out dans tout ça ?

Pas de bras, pas de chocolat ! Voilà tout. Alors qu’ailleurs des précontrats se discutent et que la Suisse n’a pas daigné limiter les effets d’une telle immigration temporaire sur la compétition en appliquant un modèle à la suédoise, les biennois attendent. Et prendront, si tant est qu’ils en trouvent vraiment les moyens, les viennent ensuite parmi les NHL’ers. La saison sera donc forcément longue et difficile pour les seelandais. Ils devront «Fight for Biel», si ils entendent terminer «Fiers d’être Biennois».
Photos Simon Bohnenblust, copyright bohnenblust.net

Écrit par Ludwig Seeländer Diebstahler

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