La belle aventure

Même le retour de Rafael van der Vaart à Hambourg n’a pu stopper la marche en avant de l’Eintracht Francfort. Le surprenant néo-promu enchaîne sa troisième victoire en autant de matchs et partage la première place du classement avec le Bayern Munich.

Pour reprendre une formule chère à nos spécialistes du service des sports de la RTS «tout va très vite en football». En mai 2011, l’Eintracht Francfort était piteusement relégué en Zweite Liga sous les huées courroucées de ses propres supporters. Quinze mois plus tard, SGE est de retour dans l’élite et a réussi le meilleur début de saison de son histoire avec trois victoires de rang et une place en tête du classement aux côtés du grand Bayern Munich. Les fans sont à nouveau amoureux de leur Eintracht et des «Deutscher Meister wird nur die SGE» résonnent dans le Waldstadion. Sans vouloir jouer les vieux rabat-joie, l’Eintracht ne sera pas champion d’Allemagne cette saison. D’ailleurs, la dernière fois que j’avais vu pareille euphorie à Francfort, c’était en décembre 2010 après une victoire contre le leader Dortmund qui permettait à l’Eintracht de boucler son premier tour tout près des places européennes. Six mois plus tard, le club était relégué après un deuxième tour misérable. On se gardera donc de s’enflammer mais, dans l’optique du maintien, l’objectif du club, tous les points pris ne sont plus à prendre. Et, après avoir dû galérer du côté d’Aue ou Ingolstadt la saison passée, c’est plutôt sympa de revoir l’Eintracht et son merveilleux public à ce niveau-là.

Le retour du messie

Si c’est l’euphorie à Francfort, c’est la grosse déprime à Hambourg, éliminé au 1er tour de la Coupe par Karlsruhe (3. Liga) et toujours sevré de points en Bundesliga. Le retour en toute fin de mercato de l’idole locale Rafael van der Vaart laisse toutefois espérer des jours meilleurs sur les bords de l’Elbe. Mais, pour son premier match avec le maillot des Rothosen après 1583 jours d’absence, le Hollandais n’a pas métamorphosé l’équipe, il n’a en particulier pas amélioré la nullité abyssale d’une défense hambourgeoise complétement à la rue en début de match. Le Japonais Takashi Inui en profite pour s’infiltrer avec un joli solo conclu d’une frappe raffinée dans le petit filet pour l’ouverture du score. Le cauchemar du HSV allait se poursuivre sur un corner avec une talonnade de Meier et une remise d’Anderson pour le Canadien Olivier Occean qui double la mise en vrai renard des surfaces.

En plus d’être nul en défense, Hambourg va se heurter à un véritable mur dans le but de l’Eintracht. Le gardien francfortois Kevin Trapp réussit en effet trois parades de grande classe sur un coup franc de van der Vaart, une percée de Son et une reprise à bout portant de Rudnevs. Le jeune gardien de l’Eintracht avait mal débuté sa saison avec une expulsion en Coupe d’Allemagne mais là il semble avoir définitivement gagné sa place de titulaire au détriment de l’ancien Oka Nikolov. Avec Kevin Trapp, Bernd Leno, Oliver Baumann et Marc-André ter Stegen, l’équipe d’Allemagne M-21 possède quatre jeunes gardiens de grande qualité, les Zuber, Ben Khalifa et autres Drmic vont devoir s’accrocher pour marquer des goals et qualifier les Rougets pour l’Euro 2013.

Wolfgang Stark égal à lui-même

Hambourg va tout de même revenir juste avant la mi-temps sur un corner de van der Vaart et une remise de Jansen pour son capitaine Heiko Westermann qui réduit le score. Mais la remontée du HSV va être plombée par l’expulsion beaucoup trop sévère de Petr Jiracek pour un tacle un peu appuyé. Cela ne surprendra personne, l’arbitre était Wolfgang Stark, celui-là  même qui avait sauvé l’Espagne de l’élimination au 1er tour du dernier Euro, et, avec lui, on sait qu’il faut toujours s’attendre à une fantaisie à un moment ou un autre. Là, c’est Hambourg et son entraîneur Thorsten Fink, renvoyé dans les tribunes, qui en font les frais. On pensait le match définitivement plié lorsque SGE, en supériorité numérique, a repris deux longueurs d’avance sur une bonne combinaison entre Schwegler, Meier et Stefan Aigner qui conclut d’un lob. Inui (Bochum), Occean (Fürth), Aigner (Munich 1860), les trois buteurs francfortois du jour évoluaient en Zweite Liga la saison dernière et sont arrivés durant l’été. Avec encore le très gros match de Kevin Trapp, autre recrue estivale, on peut dire que le recrutement low cost de l’Eintracht semble avoir été couronné de succès. Quant au capitaine Pirmin Schwegler, le métronome du jeu francfortois, il est à nouveau à créditer d’un match solide. Il avait perdu sa place en équipe de Suisse avec la descente en Zweite Liga mais là il mériterait qu’Ottmar Hitzfeld s’intéresse à nouveau à lui, même si la Nati est plutôt bien pourvue au niveau des demis défensifs.

L’égalisation n’était pas loin

Toutefois, Francfort ne va pas trop bien gérer sa supériorité numérique et va laisser revenir le HSV dans le match sur une ouverture de Rafael van der Vaart pour Heung Min Son qui élimine Trapp et ramène Hambourg à une longueur. Faute d’avoir fait le break (grosse occasion manquée par Meier), Francfort est passé tout près de concéder l’égalisation lorsque Diekmeier a échoué seul devant un Trapp une nouvelle fois décisif. Il faut dire que, même si le premier nommé a récemment neutralisé Lionel Messi en éliminatoires pour la Coupe du Monde, la charnière centrale de SGE formée du Péruvien Zambrano et du Brésilien Anderson paraît très limite pour la Bundesliga. Au final, malgré son entame de match catastrophique, le HSV n’aurait pas volé un point car, même si désormais un gouffre les sépare au classement, les deux formations étaient assez proches l’une de l’autre sur le terrain dimanche. La différence, c’est qu’on avait d’un côté une équipe en pleine confiance à qui tout réussit et de l’autre une équipe tenaillée par le doute et poursuivie par la poisse.

Francfort en fête, Hambourg en crise

Rafael van der Vaart a expliqué que, s’il était revenu à Hambourg, c’était pour connaître un destin à la Dortmund, soit de reconstruire un club en plein marasme et le faire passer des abîmes au sommet du classement. L’ancien joueur de Tottenham n’a pas hésité à parler d’Europe et de titre avec son HSV mais a priori cela ne sera pas pour cette saison. Je pense qu’au vu de ce qu’il présente actuellement le Dino der Liga ne peut rien viser d’autre que d’éviter la première relégation de sa glorieuse histoire, ce qui ferait un peu tache l’année où le club fête son 125ème anniversaire. Le retour de van der Vaart est bien sûr porteur d’espoirs mais il ne faudrait pas trop tarder à marquer les premiers points, sous peine de s’enfoncer profondément dans la crise. La semaine prochaine, c’est le champion en titre Dortmund qui sera l’hôte du HSV au Volksparkstadion, pas forcément l’adversaire idéal pour sortir la tête de l’eau.
A Francfort, cette victoire a été dignement fêtée par un public en transe et largement arrosée par ton serviteur (c’est plus sympa ces matchs du dimanche quand le lendemain c’est le lundi du Jeûne). Je reste persuadé que la présence de SGE aussi haut dans le classement est relativement éphémère, alors raison de plus pour laisser les supporters savourer ces moments de gloire. Et vendredi prochain, le match 1. FC Nürnberg – Eintracht Francfort sera bel et bien un choc au sommet, qui l’eût cru ?

Eintracht Francfort – SV Hambourg 3-2 (2-1)

Commerzbank-Arena, 51’500 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Stark.
Buts : 13e Inui (1-0), 18e Occean (2-0), 45e Westermann (2-1), 52e Aigner (3-1), 63e Son (3-2).
Frankfurt : Trapp; Jung, Zambrano, Anderson, Oczipka; Schwegler, Rode; Aigner (90e Köhler), Meier (86e Lanig), Inui (79e Celozzi); Occean.
Hamburg : Adler; Bruma, Mancienne (33e Diekmeier), Westermann, Lam (82e Ilicevic); Badelj, Jiracek; Son, van der Vaart, Jansen; Rudnevs (66e Beister).
Carton jaune : 92e Ilicevic.
Carton rouge : 45e + 2 Jiracek (tacle dangereux).
Notes : Frankfurt sans Djakpa (suspendu), Amedick (malade) ni Kouemaha (blessé), Hamburg sans Scharner, Rincon, Kacar (blessés) ni Aogo (malade).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Merci bien, j’vais me pencher sur le calendrier ! Un match de foot, quelque soit l’ambiance du stade, vaut à mon sens toujours la peine d’être vu au stade, et ce même si ledit stade s’appelle la Pontaise.

  2. Dresde, avec les supporters les plus déjantés d’Allemagne, des chorégraphies originales et quelques Biergarten sympas dans un parc en face du stade.
    Sinon, le stade du Hertha est magnifique mais doit peut-être sonner un peu creux avec « seulement » 30’000-40’000 spectateurs en Zweite Liga, Union avec le mythique chant Eisern Union est sûrement plus convivial en ce moment.
    Sinon les matchs avec les Traditionsvereine Köln, Kaiserslautern, St. Pauli, 1860 ou Braunschweig attirent toujours pas mal de monde.
    D’une manière générale, un match de foot allemand vaut toujours la peine d’être vu au stade (même Bayern – Hoffenheim…)

  3. Salut Julien,

    puisque tu sembles expert dans le domaine du foot allemand, je pense que tu devrais pouvoir répondre à ma question.

    Quels sont les duels de 2. Bundesliga qui valent le détour, je parle plutôt en terme d’ambiance dans le tribune que de spectacle sur le terrain. En sachant qu’on se trouve à Berlin. Déjà faut-il plutôt favoriser la grande enceinte du Herta ou plutôt celle de l’Union ? J’imagine que les derby font recette, mais qu’en est-il d’équipes comme St-Pauli ou Dresde, assez réputées pour leurs supporters ?

    Merci d’avance

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