Un Wies’n Spiel sans passion

Le Bayern Munich a égalé un record en remportant sa septième victoire d’affilé en ouverture d’une saison de Bundesliga contre un terne Hoffenheim. Dans un match sans suspense ni passion, l’ambiance à l’Allianz Arena était bien loin de celle qui régnait à quelques kilomètres de là sur la Theresienwiese.

Ma vie est ainsi faite qu’il m’arrive parfois, pour des raisons plus ou moins farfelues, de me retrouver dans des stades où s’affrontent deux équipes que je déteste profondément et où je suis bien en peine de choisir mon camp entre peste et choléra. Quelques exemples (liste non exhaustive) ? Un Juventus – Inter décisif pour le Scudetto 1998, un Juventus – Real Madrid en 1/8e de finale de C1 en 2005, une finale de Coupe de France OM – PSG en 2006, un France – Italie au Stade de France en 2006 en qualifications pour l’Euro, un Hoffenheim – Schalke qui donnait le titre de champion d’automne 2008 aux Kraichgauer et, bien sûr, l’abominable finale de l’Euro 2012 Espagne – Italie. Le Bayern Munich – Hoffenheim de samedi occupera une place de choix dans mon musée personnel des horreurs. Les raisons de ma présence à l’Allianz Arena lors du week-end terminal de l’Oktoberfest se laissent aisément deviner : j’étais sur place pour la Wies’n et j’ai toujours considéré comme un crime d’être dans une ville où se joue un match de Bundesliga et de ne pas aller au stade. Même si l’affiche en question c’est Bayern – Hoffenheim…

Wies’n Spiel

Après trois jours de Festzelte, dont un jour complet de l’ouverture à la fermeture à la Schottenhamel et un autre, là aussi de l’ouverture à la fermeture, à la HB, la transition avec l’Allianz Arena est assez brutale. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment les Munichois pouvaient mettre autant d’ambiance dans les tentes de la Theresienwiese mais faire aussi peu de bruit dans leur stade. J’ai posé la question à un ancien grand joueur de Ligue nationale suisse, aujourd’hui domicilié et abonné à Munich, je n’ai pas vraiment eu de réponse. L’ambiance est tellement morne que mon voisin dans les travées de l’Allianz Arena, en costume traditionnel bavarois, sombre dans un profond sommeil après moins de deux minutes de jeu et même l’ouverture du score ne parviendra pas à le réveiller. Les joies du Wies’n Spiel !

BATE Borisov est magique

Il faut dire que le match n’était pas franchement de nature à réveiller les morts entre deux formations en proie au doute. D’un côté, on a une équipe du Bayern qui avait tout balayé sur son passage depuis le début de la saison avant de connaître un sérieux coup d’arrêt en perdant contre l’immense BATE Borisov. Assez curieusement, cette semaine on n’a pas entendu Uli Hoeness nous sortir sa théorie selon laquelle il était insignifiant de dominer la Bundesliga et que seuls les résultats européens définissaient un grand club. On le sait, au Bayern, une défaite ça peut éventuellement passer mais deux de suite et la crise n’est jamais très loin. C’est donc un Rekordmeister en quête d’un match sérieux pour se rassurer après son couac biélorusse qui s’est présenté samedi à l’Allianz Arena. En face, Hoffenheim n’est également pas au mieux. Alors qu’il avait fait une campagne de transferts prometteuse, le jouet de Dietmar Hopp a complètement foiré son entame de saison avec plusieurs déroutes spectaculaires. Et au moment où ils commençaient à sortir la tête de l’eau, les Kraichgauer ont été marqué par le grave accident de voiture de leur milieu de terrain Boris Vukcevic, toujours plongé dans le coma. Pas franchement de quoi provoquer l’euphorie.

A sens unique

Il n’y a pas vraiment eu de match samedi à l’Allianz Arena, tant la victoire du Rekordmeister n’a jamais été contestée. Sans être génial, le Bayern monopolise le ballon et ne laisse pas la moindre ouverture à Hoffenheim. Cette domination va rapidement se concrétiser sur un exploit personnel de Frank Ribéry qui parvient à glisser la balle entre les jambes du jeune gardien belge Koen Casteels, lequel remplace avantageusement le capitaine Tim Wiese. Officiellement, l’ancien portier du Werder Brême est annoncé blessé mais, vu ses performances calamiteuses du début de saison, cette blessure ne doit pas déranger plus que cela l’entraîneur Markus Babbel. Si Kroos ou Martinez avaient été un peu plus précis, la rencontre aurait été déjà pliée avant la mi-temps. Mais ce n’est que partie remise puisque, peu après la pause, Frank Ribéry, meilleur homme sur le terrain, profite d’un service de Toni Kroos pour doubler la mise. Les 71’000 clients de l’Allianz Arena sont satisfaits, ils en ont eu pour leur argent, ils peuvent taper dans les gadgets qui leur ont été offerts et s’offrir le grand frisson avec un «Bayern : Zwei !», «Hoffenheim : nuuuuuull !», «Danke, Bitte !».

La saison dernière, Hoffenheim s’était incliné 7-1 contre le Bayern à Munich. On a l’impression que, samedi, les Kraichgauer avaient encore cette déroute en tête et qu’ils sont venus sur les bords de l’Isar plus pour limiter les dégâts et éviter une trop grosse claque que pour ramener des points. A aucun moment on a senti dans les rangs de 1899 une volonté de révolte et de prise de risques pour recoller au score. Du coup, avec un Hoffenheim timoré et craintif et un Bayern plus en mode gestion que démonstration, davantage soucieux d’assurer ses arrières plutôt que de soigner un goal average déjà impressionnant, la deuxième mi-temps a été aussi insipide que la Paulaner de l’Allianz Arena (qui n’a pas grand-chose à voir avec celle qui est servie dans l’Armbrustschützenzelt).

Dortmund déjà champion ?

Cette victoire sans bavure et sans histoire permet au Bayern Munich de devenir la quatrième équipe à débuter une saison de Bundesliga par sept victoires consécutives. Avec sa différence de but, le Bayern réalise même le meilleur début de championnat de l’histoire de la Buli. Toutefois, cette statistique a de quoi faire un peu peur aux supporters du Bayern : la série victorieuse s’est toujours arrêtée après sept matchs et jamais un club qui a débuté une saison par sept victoires n’a été champion d’Allemagne puisque tous les championnats où un club a commencé par sept victoires, Bayern en 1995-1996, Kaiserslautern en 2001-2002 et Mainz en 2010-2011, ont vu le sacre du Borussia Dortmund en fin de saison. Le Bayern ira donc à Düsseldorf lors de la prochaine journée pour tenter de faire mentir cette statistique en devenant le premier club à aligner huit victoires de rang au début de saison de Bundesliga. En revanche, si la série victorieuse du Bayern devait s’arrêter là, alors le BVB aura, statistiquement, 100% de chances de devenir à nouveau champion d’Allemagne. On se rassure comme on peut mais, c’est bien connu, les chiffres ne mentent jamais. Enfin, sauf quand tu fais un alcootest dans une halle de la Wies’n où les résultats sont parfois un peu étonnants.

FC Bayern Munich – TSG Hoffenheim 1899 2-0 (1-0)

Allianz Arena, 71’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Stieler.
Buts : 19e Ribéry (1-0), 47e Ribéry (2-0).
Bayern : Neuer; Lahm, Boateng, Dante, Badstuber; Martinez (86e Luiz Gustavo), Schweinsteiger; Müller (26e Shaqiri), Kroos, Ribéry (89e Rafinha); Mandzukic.
Hoffenheim : Casteels; Beck, Delpierre, Compper, Johnson; Williams, Rudy; Ochs (73e Schröck), Firmino, Usami (63e Volland); Joselu (63e Derdiyok).
Cartons jaunes : 55e Williams, 59e Beck, 65e Firmino.
Notes : Bayern sans Alaba, Gomez ni Robben (blessés), Hoffenheim sans Salihovic (suspendu), Wiese, Vukcevic ni Chris (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. Tu devrais songer à te faire un beau tatouage dans le dos à l’effigie de Chapuisat ou de Riedle, ça t’irais à merveille, tellement ta chronique devient à Dortmund ce qu’est le forum des amis de l’Iphone à Apple ou à défaut renouveler un brin les raisons que tu peux trouver pour descendre le Bayern ( ainsi qu’au reste de tes « cibles » habituelles )

    Alors oui, c’est sans doute une gimmick/marque de fabrique pour créer des réactions ( dans laquelle je tombe. je concède ma faiblesse ) mais c’est bien de se renouveler parfois, ça n’a jamais fait de mal à personne, bien au contraire surtout que tes « papiers » sont intéressants ( même pour un fan du Bayern, comme quoi ) et à peu prêt bien écrit.

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