Eliminatoires CM 2014, ce qu’on a retenu

Dans l’ombre médiatique des chocs opposant successivement la Nati à la Norvège et à l’Islande, le reste du monde a également fait un pas de plus vers la Coupe du Monde 2014. De la remuntada suédoise aux déceptions portugaises, des impériaux Diables Rouges à l’effondrement turc, voilà ce qu’on a retenu.

– L’équipe-star de ce double tour de qualifications : la Belgique. J’avais écrit il y a quelques temps que Marc Wilmots serait la solution idéale pour diriger une sélection belge aux résultats décevants, rapport au talent de son effectif. Pour une fois, j’avais vu juste. Les valeurs combattives et patriotiques (sentiment quasi inexistant en Belgique) du Taureau de Dongelberg ont permis aux Belges de prendre un départ idéal.
 
Une victoire 3-0 en Serbie, plus une domination sans partage face à une faiblarde équipe d’Ecosse (2-0) placent les Diables en tête de leur groupe, à égalité avec la Croatie. Néanmoins, le calendrier semble favorable aux Belges.Qui plus est, une équipe qui peut se permettre de laisser des joueurs comme Eden Hazard sur le banc en début de match et qui s’appuie sur une charnière Vermaelen – Kompany et une kyrielle de jeunes prodiges (De Bruyne, Mertens, Witsel…) a de quoi faire trembler les meilleures équipes du monde. D’autant que Christian Benteke s’affirme comme un choix judicieux au poste d’avant-centre, avec deux ouvertures du score à son actif cette semaine.
Enfin, voir la sélection belge, dernier vestige de l’unité du pays, triompher en même temps que la NV-A (parti séparatiste flamingant) aux élections communales a quelque chose de jouissif. La Coupe du Monde 2014 aura lieu en même temps que des élections législatives qui pourraient condamner le pays à mort… Et si la Belgique finissait sur un titre de champion du monde ?
– Toujours au chapitre des terrains plats, les Pays-Bas, en écrasant une coriace équipe de Roumanie, prouvent une fois de plus que personne ne peut les arrêter… du moins, en phase éliminatoire.
Considérablement rajeunis et désormais emmenés par Louis Van Gaal, les Néerlandais semblent avoir tourné définitivement la ridicule page écrite en Pologne-Ukraine. 4 matchs, 12 points, + 11 au goal-average… voilà des chiffres éloquents.

Dans ce même groupe, la Hongrie prend la deuxième place à la Roumanie au prix d’une prestation de haut-niveau face à la Turquie (3-1). L’équipe de Turquie, dont le meilleur (moins pire ?) joueur cette saison est Mevlut Erdinç (!), paraît déjà hors-course avec 3 points en 4 matchs, mince.
– Le come-back incroyable de la Suède. Ou plutôt les come-back. Le premier, moins prestigieux, face aux Iles Féroé où, menés 1-0, les Nordiques ont dû attendre le réveil de Zlatan pour passer péniblement l’épaule (1-2). Le deuxième face à une équipe d’Allemagne qui n’a pas encore compris ce qui lui est arrivé. Menés 4-0 à une demi-heure du terme, les Suédois se sont réveillés et ont arraché l’égalisation dans les arrêts de jeu par Rasmus Elm.
4 buts face à l’Allemagne, c’est moins bien que le récent triomphe de la Nati sur la Mannschaft, dont la défense ramène de plus en plus furieusement aux éternels clichés sur la Bundesliga.
La disparition totale des hommes de Jogi Löw devient un classique du foot allemand. Le Bayern, dès que ça compte, le BVB dès qu’il s’agit de jouer en Coupe d’Europe, et la Mannschaft, déjà, en demi-finale de l’Euro, ont lancé cette curieuse habitude. Le foot deviendrait-il un jeu qui se joue à 11 contre 11 où, à la fin, les Allemands disparaissent ?
– La Kostadinov de Giroud au Vicente Calderon ! Tout part d’un corner mal géré par une Roja en mode minimaliste sur le coup. Un ballon bêtement perdu, une défense centrale espagnole qui réclame un hors-jeu inexistant au lieu de défendre, un attaquant seul dans les 16, et boom, les Bleus tiennent leur revanche sur l’histoire… Ah, si Thierry Roland avait pu voir ça… et si on avait pu voir la tête de Gérard Houiller…
– Pourtant habitués au tunning et aux klaxons, les Portugais ont complètement calé cette semaine. Battu 1-0 en Russie, le Team Ronaldo est également passé au travers à domicile, contre l’Irlande du Nord de Kyle Lafferty, le meilleur joueur d’Europe, et se retrouve largué par une équipe de Russie minimaliste qui, il est vrai, profite d’un pénalty extrêmement généreux pour écarter l’Azerbaïdjan.
Israël occupe actuellement la deuxième place avec 7 points, dont… 6 obtenus face au Luxembourg. Et si, en fait, le groupe le plus faible de ces éliminatoires n’était pas celui de la Nati ?
– On retiendra également une équipe d’Italie qui continue sur sa lancée de l’Euro avec deux jolies victoires et qui continue à combattre le cliché d’un foot italien ultra-défensif et truqueur (que Capello a exporté en Russie), et Pirlo… Ah, Pirlo !

– La machine à but bosnienne a connu un petit ratage contre la Grèce (0-0), mais s’est reprise en écrasant la Lituanie 3-0. Avec des Dzeko, Misimovic ou encore Pjanic, cette équipe semble avoir les moyens de participer à sa première grande compétition internationale. Un peu de fraîcheur ne fait jamais de mal et voir la Bosnie se qualifier au détriment de la Grèce ne serait pas vraiment un mal pour le football…
– L’Angleterre, probablement perturbée par le décalage de son match, n’a ramené qu’un petit point de Pologne. Bien qu’en tête de son groupe, l’équipe de Roy Hodgson peine sérieusement à convaincre et devra se méfier du Monténégro, dont on sait, en Suisse, que la sélection nationale est la plus sous-estimée du monde.
– Enfin, mais tout a déjà été dit à ce sujet, on ne va pas bouder son plaisir et retenir, plus que la manière, la situation comptable de la Suisse (en football comme en tout). Attention à ne pas crier victoire tout de suite, la Norvège n’est plus tout à fait larguée et il s’agira pour la Nati d’inscrire 6 points face à Chypre. La probable présence de Wölfli dans les buts pour le premier match de cette double confrontation devrait être un obstacle difficile à surmonter. Et si Hitzfeld (ou Pont, profitant de la probable suspension d’Ottmar pour faire preuve de bon sens) titularisait Sommer ?
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Arnaud Antonin