Vive le football romand !

Le sport romand n’est décidément pas fait du même bois que les autres. La saison prochaine de football risque d’être notamment particulièrement intéressante, pour les rares fans qui suivent encore le ballon rond. Une incongruité dans notre coin de pays…

Avec 24 derbies au programme, il y aura en effet de quoi bien se marrer. Outre le retour des bonnes bastons entre Valaisans et Genevois, réjouissons-nous déjà de ces nombreuses rencontres qui nous permettront de rêver avec les grands formats de la TSR. Des interviews de Christian Constantin aux coups de gueule tchétchènes, en passant par les leçons de football de Jean-François Collet au drapeau genevois censé flotter sur tous les terrains d’Europe d’ici deux à trois ans. Massimo Lorenzi pourra pour sa part se palucher sur les énooooormes audiences du foot par rapport au hockey. On lui souhaite bien du plaisir d’ailleurs.

Porte à côté

Les premiers vainqueurs des promotions successives de Lausanne et de Servette sont en premier lieu les… supporters de tous bords. La saison dernière, en Challenge League, les fans genevois et vaudois devaient avoir une carte de fidélité chez Agip pour ne pas se ruiner en déplacements. Trois fois le Tessin, Wil, Vaduz, Winterthour, Schaffhouse et compagnie… Ce n’était pas vraiment la porte à côté ! Lors de l’exercice 2011-2012 de Géniale League, les plus longs déplacements du Blue White et de son «homologue» servettien seront le Letzigrund de Zurich, la Swissporarena de Lucerne et le Parc St-Jacques de Bâle, tous à deux heures et des brouettes de voiture ! Non seulement les affiches font quatorze fois plus rêver, se dérouleront dans des enceintes modernes et confortables, mais en plus les adversaires seront d’un tout autre niveau. Ça va faire bizarre et on ne va pas s’en plaindre.

Mais dans ce décor idyllique se pose un gros problème. Habitués à faire marrer les Alémaniques de par leur gestion que l’on qualifiera ici de «freestyle» dans leur clubs sportifs, les «Welsches» n’en ont peut-être pas fini avec la «grotesque attitude» chère à Lorie et à Jean-Pierre Raffarin. C’est clairement Neuchâtel Xamax Wainach qui figure au premier rang du grand n’importe quoi et ce, avant même que le premier entraînement ait été donné. Une simple finale de Coupe de Suisse et un début de mercato en «fanfare» ont suffi. J’aurais bien voulu prendre un autre pseudo pour signer ce papier afin de ne pas risquer ma peau tel le Jean-François Bédénik du scribouillard, mais j’assume… Gloups…

Gaëtan Boucher et Jan Alston

Ainsi, les nouveaux propriétaires du club de la Maladière ont décidé de tout changer. Arrivée d’un entraîneur inconnu, d’un spécialiste des gardiens à la moustache aussi mythique que celle de Gaëtan Boucher et signature auparavant en tant que coach de Sonny Anderson, qui en fait ne peut pas entraîner, donc qui va faire directeur-sportif et assistant. Comme le premier Jan Alston venu. Ajoutez-y le recrutement au marketing d’Admir Bilibani et vous obtiendrez un joyeux cocktail de n’importe quoi. Le Xamax de Bernasconi nous a fait rire avec un budget de 14 millions de francs ? Qu’est-ce que ça va être avec un puits sans fond(s) !
A un mois du début de la saison, personne ne sait encore qui va porter le maillot rouge et noir. Même pas les joueurs encore sous contrat, qui ont vu leurs vacances prolongées de cinq jours gratuitement. Les rumeurs ont été nombreuses, de Grégory Coupet à Joan Hartock, de Frédéric Kanouté à… Maradona (au point où en sont les Neuchâtelois, il aurait encore pu jouer). Venus pour évoluer en Ligue des Champions au plus vite, les nouveaux propriétaires se sont retrouvés devant des problèmes auxquels ils ne s’attendaient peut-être pas. Rien que le synthétique de la Maladière leur pose déjà un problème de taille. Un suiveur du club pourra sans doute me le confirmer, mais la Maladière, sous sa forme actuelle, n’a pas été pensée pour accueillir de gazon, non ? Rien qu’au niveau de l’évacuation de l’eau par exemple. Chagaev veut de l’herbe, alors Wainach va peut-être déménager un temps à la Charrière. Jolie entrée en matière les gars.

Quatre coins de l’Europe

A Genève aussi, le contingent de la prochaine saison est encore très flou. Majid Pishyar s’est tout de même bougé récemment et a eu la bonne idée de prolonger le coach/mage João Alves. La signature au poste de directeur-technique de Costinha fait briller les yeux des fans et des suiveurs, mais c’est quand même un type qui s’est fait virer comme un malpropre du Sporting, club en chute libre ces derniers temps. Avec son expérience (il s’est auto-transféré dans quasiment tous les championnats possibles et imaginables), l’ancienne faucheuse quatre étoiles de la Selecção amène toutefois une crédibilité bienvenue au club du bout du lac.
L’éternel problème à Genève, c’est cette propension des clubs de la ville à faire du chantage auprès de la commune. Après le pauvre Chris McSorley obligé de faire la manche pour faire vivoter son Genève-Servette dans l’élite, Pishyar est lui aussi assez motivé pour essayer d’aller taper un peu de pognon aux autorités. Il réclame deux millions et demi de francs, sous peine de ne pas pouvoir faire de son joujou un super-grand d’Europe. Franchement, je pense que je vais monter un club de ping-pong tout seul et faire une demande de subvention. Avec un peu de gouaille, en choisissant une période électorale si possible, je pense que les élus me lâcheront bien trois ou quatre cents mille balles.

Coltorti en tête de pont

Avec un budget minuscule d’environ six millions de francs – presque comme le LHC, tiens –, on pensait le LS condamné à vivoter une saison au sein de l’élite et à attendre les revenus du futur nouveau stade pour enfin renaître aux ambitions. La signature de Fabio Coltorti a toutefois atténué ce jugement. Même si ce transfert n’est pas le plus intelligent à bien des égards au vu de la saison dernière réalisée par Anthony Favre – ainsi qu’un manque de reconnaissance patent, tout comme un manque de psychologie crasse vu la philosophie «locale» depuis la relégation en deuxième ligue –, il laisse augurer d’une campagne de transfert moins modeste qu’attendu.

 

Le premier signe tangible était l’intérim réalisé par Alain Baumann. Bien que viré par les losers d’YB, le Bernois n’en reste pas moins un fin connaisseur du marché. Après, si les arrivées de Nick Proschwitz (surtout) et de quelques autres joueurs solides à défaut d’être géniaux, le LS aura peut-être sa carte à jouer malgré son statut de petit poucet. Pour cela, il faudra enchaîner avec succès sur la vague incroyable qui porte ce club depuis maintenant près de 20 mois et une victoire en Coupe de Suisse à YB. Il faudra au moins autant de miracles pour que Lausanne voit de la Super League à l’été 2012…
Reste le FC Sion. Qu’y a-t-il à dire sur le FC Sion qui n’a pas encore été dit ? Rien, c’est vrai. Tintin fait du Tintin et engage des joueurs marrants malgré son interdiction de recrutement. Quand il s’agit de jouer au con, la FIFA, l’UEFA et l’ASF se posent en général bien là. Avec Constantin, les institutions du football ont trouvé à qui parler. Ils se sont tous faits enfumer en règle et le Roi du Valais pourra aligner les joueurs recrutés quand il le décidera. C’est ça aussi le football suisse…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch