Les filles de Cossonay – prélude

Prenez un village du Gros-de-Vaud, des passionnés de volley, une salle de sport, des filles plutôt douées et sympas, mettez ça dans un shaker et remuez le tout comme un Brian Flanagan des grands soirs et vous vous retrouverez avec un savoureux cocktail : la première équipe féminine du VBC Cossonay.

Et oui amis lecteurs de CartonRouge.ch, vous ne rêvez pas, on va bien parler de volleyball féminin helvétique sur ce site. Que les gros pervers soient avertis : pas de stéréotype lourdingue dans ce papier. On va pour une fois essayer d’être corrects. Enfin on verra….Je commencerai par avouer que cet article est le premier d’une longue série sur le volleyball qui m’a été imposée par le rédacteur en chef de ce site dans un sombre salon de la Pontaise en mai dernier. Je le remercie d’avance…
Même si je commence tout juste à capter quelque chose à ce sport (je vis depuis plus 10 ans avec une volleyeuse), j’ai préféré me reposer sur les propos de spécialistes et c’est pourquoi vous retrouverez le président du club, Philippe Rupp ainsi que la capitaine de l’équipe Alicia Favre à l’interview. Vous vous rendrez tout de suite compte qu’il vaut mieux aller boire un verre avec l’un des deux. Je vous laisse trouver lequel ou laquelle.
Philippe, c’est quoi le VBC Cossonay ?
Philippe Rupp : Un club formateur dans la trentaine avec pas loin de 200 membres, dont trois quarts de juniors.
Et toi Alicia, comment décrirais-tu ton équipe ?
Alicia Favre : Unie et complètement folle !
Alors Philippe, fier de retrouver la Ligue A avec les filles ?
PR : On ne la retrouve pas, on la découvre ! (Vous noterez bien la recherche effectuée à l’avance par votre rédacteur…) Eh oui, c’est notre première saison au plus haut niveau, donc une saison historique pour notre petit club. Il y a de la fierté, c’est sûr, surtout quand il y a des jeunes formées au club dans l’effectif, et ce même dans le six de base.

Et pour toi Alicia, jouer en LNA ça fait quoi ?
AF : C’est un rêve de gamine qui se réalise. 
J’imagine que ce n’est pas facile pour un club à Cossonay de subvenir aux besoins d’une équipe en LNA. Ça coute combien, comment faites-vous ?
PR : Ce n’est pas facile, en effet. Surtout que nous avons certainement le budget le plus bas de toute l’histoire de la LNA helvétique : nous tournons avec 80’000 francs de budget pour cette saison, donc bien loin des quelques centaines de milliers de francs des autres clubs suisses.
Niveau effectif, comment fait-on pour recruter de bonnes joueuses et des étrangères avec si peu de moyens ?
PR : Au niveau des joueuses suisses, nous avons la chance d’avoir déjà quelques filles formées à Cossonay. Ensuite, c’est une question d’amitié entre joueuses, avec les entraîneurs, avec le comité ou tout simplement l’ambiance du club qui se veut très familial. Nous avons également bénéficié de relégations volontaires de certains clubs qui ont amené des filles chez nous car on a une volonté de bien faire, sans promesse en l’air et avec un encadrement de qualité. Au niveau des étrangères, c’est en grande partie des contacts dans le milieu du volley qui nous permettent de trouver des renforts de qualité qui ont à cœur de défendre notre projet de David contre Goliath.
Alicia, comment se passe l’intégration des étrangères justement ?
AF : Très bien. Orsy (notre passeuse roumaine) est là depuis trois saisons maintenant, alors elle fait partie des meubles. Et Lisa (notre Russe) s’intègre très bien aussi. D’ailleurs, plusieurs filles de l’équipe l’avaient déjà côtoyée à Cheseaux. Et Bojana (ndlr : joueuse serbe pas encore arrivée lors de l’interview) est venue en test pendant une semaine, le courant avait très bien passé.
On parle, on parle mais de toute manière le volley féminin en Suisse c’est Voléro Zurich et c’est tout. Qu’est ce qui vous motive cette saison ?
PR : Eh bien c’est justement de jouer le David. C’est-à-dire d’arriver avec peu de moyens mais une formation de qualité. Nous voulons montrer aux grands que c’est possible aussi sans un six de base formé de mercenaires. Pour preuve de la qualité de notre formation, nous avons tout de même amené Nadège Paquier à Cheseaux puis au NUC Sagres, mais également Inès Granvorka à Voléro. D’ailleurs, c’était un plaisir de l’accueillir à la maison le 14 octobre dernier !
AF : Ce qui nous motive, c’est justement d’aller se frotter aux grandes équipes, de les bousculer et de battre celles à notre portée.
Mais quand même Alicia, vous devez avoir un peu les jetons de vous prendre des mines contre les monstres de Voléro ?
AF : (Rire) Même pas peur ! On mettra les casques et c’est tout.
J’imagine que vous vous réjouissez des déplacements à Schaffhouse et Toggenburg ?
PR : Je ne peux malheureusement pas suivre l’équipe partout ! La famille garde la priorité… Et j’ai un vice-président pour cette tâche ! (Rire)Au niveau des déplacements, en effet, il y a un grand coup de chapeau à tirer à toutes ces filles qui sont en bonne partie encore étudiantes ou qui travaillent à plein temps et passent leurs week-ends à traverser l’intégralité de la Suisse.
AF : Bof, bof (gros soupir) … c’est toujours un peu long ! Après, si on rentre avec une victoire, les heures passées dans le bus ne sont pas importantes.

Passons à autre chose… C’est quand même pénible une équipe de filles, non ?
AF : En effet, je suis tout à fait d’accord (rire)
PR : Oh que non, c’est un vrai plaisir ! Elles sont toutes très sympathiques… Enfin surtout devant le président ! Finalement, c’est le coach qui a la lourde tâche de ménager les sensibilités de la gent féminine… (On en saura pas plus mais on sent Philippe extrêmement soulagé de ne pas faire le boulot du coach).
Mais à part ça, franchement, le volley en Suisse, on s’en tape, non ?
PR : Malheureusement oui. Et surtout au niveau des médias ! Pourtant, le volley est un sport magnifique, car cite-moi un seul autre sport où plus il y a de défense, plus le jeu est spectaculaire ? Je cherche depuis une quinzaine d’année la réponse sans encore l’avoir trouvée… Heureusement ! (Philippe je n’osais pas te le dire en face mais le sport que tu cherches c’est le tennis de table).
AF : Un peu ouais, et c’est bien dommage d’ailleurs. Il y a quand même des années et des heures de travail derrière ! Mais l’essentiel c’est que ceux qui le pratiquent s’éclatent et y trouvent du plaisir.
Trêve de plaisanteries, faut nous balancer un truc sur l’autre là, allez-y !
PR : Ma capitaine ? Je ne peux rien lui reprocher. C’est une fille incroyable qui ne veut que le bonheur et la réussite de l’équipe, au point de laisser sa place de centrale pour jouer libéro – et donc perdre son statut de capitaine – si cela peut améliorer le niveau général. Et en plus, elle est charmante. Ça c’est pour motiver les plus indécis à venir voir nos matches ! Ça va, j’ai assez balancé de compliments ?
AF : Alors notre président, il est incroyable. Il est tellement fan de nous qu’il a été jusqu’à tatouer nos noms et numéros de maillot sur ses fesses !
Alors cette saison, vous attendez 30 spectateurs par match ou vous espérez de grosses affluences ?
PR : Vu qu’on a déjà fait 60 entrées au premier match, je te nomme président du Conseil d’Administration, parce qu’en doublant dès le premier soir les objectifs, je suis certain de rester en place, non ? Plus sérieusement, ce n’est pas énorme comme public, mais quand je pense que Voléro Zurich, une des quatre meilleures équipes d’Europe, fait à peine 200 entrées, c’est qu’il y a un malaise bien plus profond. Il manque, à mon sens, une véritable culture du sport en Suisse ainsi que des infrastructures permettant un accueil digne des spectateurs. Et malheureusement, comme ces deux facteurs sont interdépendants, ce n’est pas demain que cela va changer… Ajoute à cela les médias et un tissu économique assez frileux, et tu as déjà une belle équation à résoudre.
Bon Alicia, tu n’aurais pas un moyen pour faire venir du monde ?
AF : J’ai un moyen mais mes coéquipières ne sont pas d’accord !
Faudrait que je leur parle à tes coéquipières…. Il me semble que l’on se dirige vers les choses intéressantes là. A ce sujet, où a-t-on une chance de vous trouver le samedi soir après vos matchs ?
AF : Chacune chez elles à se reposer pour la semaine suivante (rire). Non souvent, quand on sort en équipe, on va faire l’apéro chez notre passeuse et après on va de temps en temps au Darling.
Philippe, tu ne te vexes pas si je ne te demande pas où tu vas après les matchs… Alicia, lors des repas en famille, ça parle plutôt foot ou volley ? (ndlr : le frère d’Alicia étant un joueur de foot du Lausanne-Sport utilisant plus souvent ses mains que ses pieds)
Alors là, disons que c’est du 35% volley, 35% foot et on profite des 30 derniers pourcents pour parler d’autre chose.

La question que j’ai oubliée ?
AF : Quel est notre cri de guerre !
PR : «Pourquoi s’investir comme ça bénévolement en tant que président ?» Eh bien je me le demande bien… Certainement une forme de masochisme. Ou est-ce la passion ? La frontière est certainement très floue…
Ndlr : vu qu’Alicia ne nous a pas dit quel est leur cri de guerre, je propose que les lecteurs de CartonRouge.ch nous envoient leur meilleure proposition. Ensuite, on offrira 2 entrées pour un match à choix du VBC Cossonay pour la meilleure trouvaille. Et avec un peu de chance, elles adopteront votre cri !

Un très grand merci à ces deux passionnés de volleyball pour nous avoir accordé cette interview qui je l’espère vous donnera envie d’aller au Pré-aux-Moines soutenir cette équipe du VBC Cossonay.
Niveau résultats, le début de saison a été dur comme prévu. Mais Serge Gallofaro et ses filles ont tout de même remporté un match en battant Toggenburg 3-0. D’ailleurs le VBC Cossonay se retrouve avant-dernier au classement juste devant les Saint-Galloises.
Les filles de Cossonay enchaînent avec trois déplacements successifs à Sm’Aesch Pfeffingen, aux Franches-Montagnes ainsi qu’à Koniz. Le prochain match à la maison, c’est pour le samedi 10 novembre à 17h30 contre le Sagres NUC.
A bientôt pour de nouvelles aventures volleyballistiques !

A propos Julien Echenard 62 Articles
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9 Commentaires

  1. dis donc Julien, tu peux pas les inviter au prochain apero des rédacteurs, histoire qu’on approfondisse un peu nos connaissance en la matière….? On saura se tenir…promis !

  2. « Je ne peux malheureusement pas suivre l’équipe partout ! La famille garde la priorité »

    Et il est président d’un club de LNA ????? Ben arrête tout, mon gars. Je vois bien Constantin dire: on joue où ce week-end? Zurich? Ah non trop chiant, je reste à Martigny. Non mais sérieux…

  3. Super initiative de parler Volleyball!!! J’espère qu’elles arriveront à se maintenir en LNA! Même si les prochains matchs vont pas être évident (Franches-Montagne, Köniz et NUC…ouche)

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