Plus nul, tu meurs ! Servette à des années-lumière de la Super League

Cinq matchs, cinq points. Le Servette FC vit un début de championnat catastrophique et traîne déjà à 7 points de Wil, leader de Challenge League. Le spectre d’une relégation en 1re ligue promotion n’a jamais été aussi proche.

Interdiction formelle à quiconque de parler de promotion. Tel était en substance le crédo imposé par les dirigeants du Servette FC à leurs joueurs depuis le début de la phase de préparation. On peut sans autre parler au passé, car quel journaliste oserait désormais risquer sa réputation en laissant encore la porte ouverte à un retour précoce en Super League ? Avec un contingent certes maigre mais composé de nombreux éléments chevronnés, avec l’arrivée tapageuse des ronflants Loïc Favre et Pascal Zuberbühler dans le staff technique, il allait pourtant sans dire que le seul et unique objectif de la saison devait être la remontée immédiate dans l’élite.Malgré un début d’exercice aussi pitoyable, peu de gens donneront raison à la rhétorique d’Hugh Quennec et ses sbires. Personne n’est dupe. Dans le maniement de la langue de bois, le Canadien n’a pas son égal dans la cité de Calvin. La vérité c’est que, tétanisés à l’idée d’aller affronter Wohlen et Chiasso dans ce qui restera à jamais comme la plus faible Challenge League de l’histoire, les dirigeants ont joué tactique, se dédouanant à l’avance d’une éventuelle déconvenue sur le terrain via un discours couard. Plus lâches que Ponce Pilate se lavant les mains de la crucifixion de Jésus, plus irrespectueuses que Justin Bieber piétinant l’emblème des Chicago Blackhawks, les têtes pensantes de la Praille ont abordé la saison en laissant derrière elles toute once de panache, souillant de la sorte l’honneur d’un club centenaire.

Fournier au pilori

Le peuple baisse le pouce, il veut un coupable. Sébastien Fournier se profile comme la victime idéale et doit désormais rendre des comptes. L’entraîneur a tout fait pour fuir ses responsabilités en se la jouant profil bas dépressif depuis le début de l’intersaison. A grands coups de «c’est une ligue différente» et autre «l’équipe n’est pas prête», l’ex-égérie de Christian Constantin a pathétiquement tenté d’enlever la terrible pression mise par la Tribune de Genève sur les épaules de ses joueurs. Aurait-il voulu nous faire croire que ce groupe n’était bon qu’à sauver sa peau qu’il ne s’y serait pris autrement. Si son inoffensif système de passe à dix laisse pantois, sa nostalgie de la belle époque de l’unique relégation de l’histoire frise quant à elle le ridicule : n’a-t-il pas trouvé en Igor Tadic le parfait pendant de Goran Karanovic, un des rares attaquants capables de vendanger quatre ou cinq occasions franches par match ?

Mais il ne s’en tirera malheureusement pas aussi facilement. Quand tu as un ancien grand espoir du football suisse (Pasche), l’unique Valaisan qui s’est plus ou moins imposé au FCC Sion ces dernières années (Crettenand) et un latéral gauche courtisé par les plus grands d’Europe (Moubandje), tu n’as aucune excuse pour jouer le maintien ! De plus – pardon – mais on va dire que l’ossature de l’équipe de Super League de l’an passé est quand même plus ou moins restée. Contre le terrible FC Schaffhouse et l’enfer de son Breite, Servette alignait en Barroca, Routis, Mfuyi, Pasche, Moubandje et Tréand pas moins de 6 titulaires de l’exercice précédent. Alors, en tant que psychologue, je veux bien souscrire à la théorie du stress post-traumatique paralysant les guiboles des joueurs, mais justifier par ce biais une rouste de 3-0 contre le néo-promu (et son ossature de 1re ligue promotion), c’est carrément prêcher la révolution des sciences affectives !

Des renforts, et vite !

Cela fait des semaines que plusieurs joueurs sont apparemment à l’essai, mais aucun engagement n’a été annoncé depuis celui de l’inutile gardien Roland Müller. Assez étonnant : si un milieu international ivoirien (Emmanuel Kouamatien Koné) n’a pas le niveau de Moubandje, c’est soit lui soit le staff technique qui est à jamais perdu pour le football. Dans tous les cas, entre un banc principalement composé de jeunes joueurs et le fantôme Marinkovic errant sur le terrain, on est en droit d’attendre fissa au moins 3-4 signatures.
Dans l’intervalle, difficile de croire en de futurs lendemains chantants. Le prochain match des Grenat se déroulera en effet à la Charrière de La Chaux-de-Fonds (samedi, 20h15), autre trésor architectural typique du paysage footballistique suisse qui ne cèdera vraisemblablement pas devant les ballons poussés trop loin de Tréand et autres passes mal assurées de Pasche. Si le Breite n’est pas tombé, inutile de se faire trop d’illusions sur un exploit en Coupe de Suisse dans le froid neuchâtelois.
Dès lors, le destin du SFC se jouera dans son antre de la Praille, à l’occasion d’un double duel tessinois contre Chiasso (25 août) et Lugano (1er septembre). S’il le négocie mal, le club genevois pourra lorgner du côté de la 1re ligue promotion ou, dans le meilleur des cas, envisager un avenir à long terme dans cette ligue si compétitive.
Photos EQImages/Pascal Muller

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6 Commentaires

  1. Servette – Nyon – Carouge – Delémont
    Le Mont – SionM21 – Azzuri 90 Lausanne

    Sympa la 1ère Ligue Promo
    en 2014-2015……

    On verra d’ici là suis je suis devin 🙂

    Une misère ce football romand en ce moment
    vous trouvez pas?

    Hopp Basel et Hopp Suisse quoi…

  2. Bon, les traits sont un peu exagérés mais faut dire qu’en tant que supporter du SFC, ces derniers temps, on bouffe du pain, et il est très très noir…

  3. Cher Marco,
    Je suis atterré de lire une telle verve vilipendée par l’utilisation de raccourcis autant gratuits que mesquin. Déjà, Servette 5 matchs – 5 pts, plus nul, tu meurs… Locarno, Wohlen et Chiasso apprécieront. Ensuite, c’est plutôt vil de s’acharner sur un club avec autant de véhémence sachant que ce dernier est convalescent et qu’il était cliniquement mort il y’à tout juste un an, n’est-il pas ?
    Vous vous permettez ensuite d’accuser les têtes pensantes de la Praille de souiller l’honneur d’un club centenaire… On va dire qu’après, lecture de votre article, on peine à déceler l’immensité du respect que vous lui témoigner. Vous accusez M. Fournier de se réfugier derrière des excuses alors que son contingent est selon vos dires pléthorique… Euh, vous parlez bien de l’ossature de l’équipe de Super league qui est…descendu en Challenge league ?
    Pour ce qui est des renforts, vous conviendrez j’espère que lorsque les moyens financiers sont limités, il s’agit de ne pas se tromper dans ses choix. Personnellement, je préfère attendre un vrai renfort que d’engager le premier venu… et si vous connaissiez un rien le football, vous sauriez qu’il n’est pas aisé d’engager un joueur déterminant… à un prix raisonnable. Last but not least, je suis heureux de vous annoncer que « l’exploit » à la Tchaux a bien eu lieu, ne vous en déplaise… Ce qui me permettra finalement de qualifier votre misérable pamphlet de gratuit, mesquin et… fallacieux.
    Un supporter du SFC

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