La fièvre du lundi soir

Il n’y a rien de tel qu’un match de Zweite Liga sur Sky ou Sport1 pour illuminer la grisaille d’un lundi soir. C’est donc avec plaisir que l’on voit arriver la reprise da l’antichambre de l’élite du foot allemand. On fait les présentations, en commençant par les deux derniers tiers du classement et on parlera des Suisses demain. Car, dans le royaume magique de la Zweite Liga, nos compatriotes font la course en tête.

1. FC Union Berlin (7e, 27 points)

Les saisons se suivent et se ressemblent pour Union Berlin. Sans faire beaucoup de bruit, Eisern Union a pu savourer sa traditionnelle soirée chansons de Noël en ayant déjà quasiment assuré son maintien et avec la perspective de pouvoir jouer les trouble-fêtes sans pression au printemps. Pourtant, les Köpenicker étaient très mal rentrés dans leur championnat (5 matchs/1 point) mais, fidèles à leurs traditions, ils ne se sont pas affolés, ont laissé travailler l’entraîneur emblématique Uwe Neuhaus dans la sérénité et la roue a fini par tourner sous l’impulsion du gardien Haas, chassé d’Hoffenheim pour laisser la place au flop Wiese, et du buteur Terrode, pourtant jugé pas assez bon pour le 1. FC Köln. Le principal objectif du 2e tour sera sans doute de rééditer la victoire obtenue il y a deux ans à l’Olympiastadion contre le Hertha. Le derby berlinois, ce sera le lundi 11 février et c’est à ne rater sous aucun prétexte, ça n’arrive pas tous les jours des matchs de deuxième division devant plus de 70’000 spectateurs.  
 

FSV Frankfurt (8e, 27 points)

Les années se suivent et se ressemblent pour le FSV Frankfurt : au début de saison, tout le monde lui promet la relégation mais un recrutement avisé et le retour en grâce de quelques has-been, comme Kapllani, Verhoek ou Leckie, lui permettent d’effectuer un premier tour de feu qui le met à l’abri de tout souci. Le FSV a même infligé à l’ogre Hertha Berlin sa seule défaite du présent championnat, jusque-là du moins. Le second tour s’annonce assez tranquille même si cette saison le deuxième club de Francfort a sans doute envie d’éviter sa traditionnelle dégringolade printanière.

1. FC Köln (9e, 26 points)

Après un début de saison marqué par une absolue stérilité offensive, le 1. FC Köln a bien redressé la barre. S’il leur a fallu du temps pour trouver des automatismes en raison d’un recrutement bouclé très tardivement, les Geissböcke ont bien terminé leur première moitié de saison. Ils n’ont toutefois pas su saisir les quelques opportunités qui leur tendaient les bras de recoller aux avant-postes, laissant notamment échapper deux victoires qui leur tendaient les bras à domicile contre Kaiserslautern et Braunschweig. Combler les six points de retard sur la troisième place s’annonce difficile, surtout que le contingent reste assez inexpérimenté et offensivement un peu léger, même si l’association entre la tour autrichienne Maierhofer et le rapide nigérian Ujah peut être intéressante. On est donc plutôt parti pour une saison de transition du côté du Dom avec une chance qui est enfin donnée aux jeunes pousses du club.

FC Ingolstadt 04 (9e, 26 points) 

Pourrait faire mieux, c’est ce qui nous vient à l’esprit en voyant les performances d’Ingolstadt. Malgré l’un des effectifs les plus expérimentés de la ligue, les Schanzer n’arrivent pas à enchaîner la série victorieuse qui leur permettrait de viser autre chose que le ventre mou du classement. Manifestement, le relatif anonymat du banal Audi-Sportpark ne pousse pas à la transcendance un effectif qui donne l’impression de se contenter du strict minimum. Dans ces conditions, les Bavarois sont à leur place.

FC Erzgebirge Aue (11e, 23 points)

Aue a longtemps navigué dans les eaux troubles qu’on lui promettait en début de saison mais une fin d’automne tonitruante lui a donné un peu d’air. L’Erzgebirge demeure une formation difficile à manier et s’est trouvé deux buteurs, Hochscheidt et Sylvestr. Le maintien parait en bonne voie, avec l’apport de quelques renforts durant la trêve dont Kevin Pezzoni, contraint de quitter Köln après avoir été agressé et menacé par des «supporters» locaux mécontents de ses performances. Hasard du calendrier, le premier match de l’ancien junior de Blackburn sous ses nouvelles couleurs aura précisément lieu à Cologne, le retour s’annonce sympathique.

SC Paderborn 07 (12e, 23 points)

Paderborn a fait illusion en début de saison, grâce notamment à un remarquable Lukas Kruse dans les buts, mais il apparaît désormais acquis qu’il ne rééditera pas sa cinquième place de l’an dernier. La chute a été moins abrupte que ce que l’on craignait mais les quatre défaites concédées juste avant la trêve sans inscrire le moindre but replacent le SCP dans la zone dangereuse. Toutefois, avec le retour du buteur Saglik, le maintien devrait être acquis sans trop de difficultés ; mieux, ce sera difficile. De toute façon, Paderborn n’est pas une ville de foot, puisque le club n’a pas le droit de disputer des matchs en nocturne pour ne pas déranger les voisins. Le pire, c’est que le Borussia Dortmund voisin, lui, zappe souvent son aéroport local pour ses déplacements au profit de celui de Paderborn, plus souple au niveau des horaires nocturnes. Comme le montrent les exemples de Genève ou de Sinsheim (où se trouve le musée de l’aviation pour les incultes), on peut être une ville d’avions ou une ville de foot, jamais les deux à la fois.

FC St. Pauli (13e, 22 points)

St. Pauli, c’est l’un des gros flops de la première moitié de saison. Alors qu’ils ambitionnaient la promotion, les Kiezkicker se sont retrouvés dans la zone de relégation. Trahis par la perméabilité de sa défense et l’inconstance de ses attaquants, l’entraîneur Schubert en a fait les frais. Le choc psychologique n’a fonctionné qu’un bref temps, le temps de battre Dresde 3-2 après avoir été mené 0-2 et de grignoter quelques places au classement. Mais ça n’a pas duré et St. Pauli est retombé dans ses travers. La saison peut d’ores et déjà être considérée comme ratée, il faudra juste que le club retrouve ses vertus de solidarité et de combativité pour éviter toute mauvaise blague et ne pas se retrouver une nouvelle fois en danger.

MSV Duisburg (14e, 21 points)

Duisburg va mieux, à tous points de vue. Sportivement, après un début de saison catastrophique, les Zebras ont bien redressé la barre pour quitter la dernière place et même la zone de relégation. Ce redressement s’explique par un changement d’entraîneur mais aussi par les retours de blessure de l’éternel espoir de Dortmund Julian Koch, qui a frôlé l’amputation mais rencontré l’amour de sa vie à l’hôpital, et de l’éternel remplaçant au palmarès monstrueux Antonio da Silva, quatre titres (Stuttgart 2007, Bâle 2010, Dortmund 2011 et 2012) et deux Coupes (Bâle 2010, Dortmund 2012) en six saisons. Le MSV était également mal en point financièrement : après avoir quitté la Bundesliga en 2008, le club avait conservé un budget conséquent pour tenter le retour dans l’élite, ça n’a pas marché et il en paie aujourd’hui le prix. Il était un moment question de bradage de l’effectif durant la trêve, voire d’un retrait de points ou de licence. Mais finalement, l’ancien président, l’entrepreneur Walter Hellmich, est revenu aux affaires pour sauver les meubles, permettant aux Zebras de se redécouvrir un avenir. Le retour en Buli, ce n’est pas d’actualité, en revanche se stabiliser en Zweite Liga, ça paraît possible.

VfL Bochum 1848 (15e, 20 points)

A brûle-pourpoint, la Ruhr n’a pas grand-chose à voir avec les plages de Rio ou Sao Paulo. Et pourtant, la plaine industrielle allemande sort en ce moment des footballeurs de talent à un rythme plus soutenu que le Brésil. Après Özil, Sahin, Draxler, Reus, Götze, Gündogan, voire Holtby (qui est à la base du Niederrhein voisin), le nouveau joyau made in Ruhrpott s’appelle Leon Goretzka, il a 17 ans, joue au VfL Bochum et suscite déjà la convoitise de tous les grands d’Allemagne et d’Europe. Grâce au réveil tardif des éléments d’expérience comme Dabrowski ou Dedic et à l’affirmation des espoirs Goretzka, Kramer, Rzatkowski ou Scheidhauer, le VfL a bien redressé la barre après un début de saison compliqué, marqué par des problèmes de gardien, un changement d’entraîneur et quelques performances vraiment désolantes à domicile. Certes, on est bien loin de mai 2011 où il n’avait manqué qu’une poignée de minutes à Bochum pour être promu au détriment de Mönchengladbach mais il y a quelques signes qui laissent espérer une deuxième moitié de saison plus souriante que la première. Avec des belles promesses d’avenir dans l’effectif et un coup à jouer en Coupe d’Allemagne avec un quart de finale à jouer sur la pelouse du VfB Stuttgart.

SG Dynamo Dresden (16e, 16 points)

Après dix-huit mois d’euphorie, le Dynamo Dresde connaît un dur retour sur terre. Un mauvais début de saison a d’emblée placé le club est-allemand dans une situation de crise et induit une immense fébrilité, Laquelle s’est concrétisée par 7 expulsions en 19 matchs, pas franchement l’idéal pour redresser la barre, surtout quand des éléments clés comme le patron français de la défense Brégerie ou le buteur béninois Poté se retrouvent suspendus. Malgré les miracles accomplis depuis qu’il a repris le club dans le ventre mou de la Dritte Liga, l’entraîneur Ralf Loose a fin par faire les frais de la situation. Pour ne rien arranger, le Dynamo a d’ores et déjà été exclu de la Coupe d’Allemagne 2013-2014 pour les débordements de quelques-uns des 12’000 fans qui avaient accompagnés leur équipe lors d’un déplacement à Hanovre un soir de semaine. Si le contingent vaut mieux que ce classement, le nouvel entraîneur Peter Pacult va surtout devoir s’employer à ramener de la sérénité… Pas évident dans le contexte sulfureux du Glücksgas-Stadion, c’est dire si le Dynamo n’est pas à l’abri d’une panne de courant.

SV Sandhausen 1916 (17e, 15 points)

Pourtant, Sandhausen semblait disposer d’un effectif bien plus chevronné que ses compagnons d’ascension Aalen et Regensburg. Mais, s’ils présentent un football plutôt agréable, les Badener n’ont jamais vraiment fait le grand saut en défense, malgré une arrière-garde composée de plusieurs anciens joueurs de Bundesliga. Résultat : Sandhausen affiche la pire défense de la ligue avec près de deux buts encaissés par match et ne décolle pas au classement. Pour avoir une chance de maintien, il faudra sérieusement penser à serrer les boulons derrière mais ça paraît bien compromis.

SSV Jahn Regensburg (18e, 13 points)

Parfois, le football obéit à une logique implacable. Promu in extremis en barrage contre Karlsruhe, Regensburg s’était affaibli durant l’été avec le départ de son entraîneur à succès et de ses meilleurs joueurs. Difficile dans ces conditions de régater à l’échelon supérieur. L’option changement d’entraîneur a déjà tentée, sans succès, et le budget ne permet pas vraiment l’acquisition de renforts. Dès lors, difficile d’imaginer une autre issue pour les Bavarois qu’un retour en Dritte Liga douze mois après l’avoir quittée.

Écrit par Julien Mouquin

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