La saison ne commence vraiment qu’à l’acte III

Après avoir été traîné dans la boue par un plumitif sans talent d’un journal qui n’en a que le nom, éclaté par une équipe valaisanne qui a su tirer profit des largesses d’un quatuor arbitral peu à son affaire dimanche, les boys à Gerd ont répondu de la meilleure des façons lors de ce troisième acte en faisant ce qu’ils font le mieux : gagner en présentant le hockey le plus chatoyant que l’on peut voir en Ligue nationale B.

4-0 dans la gueule, mec

Mes collègues l’ont suffisamment répété, probablement fatigués par l’habituelle ritournelle des dirigeants du LHC lors de la première déconvenue du plus gros budget de la ligue, la saison ne commence en Malley que lors du premier match des play-offs après une longue préparation de cinquante matchs. Alors, après un flamboyant acte I et un pugilat qui a révélé au monde médical l’incroyable capacité d’un hockeyeur – Deruns en l’occurence – de pouvoir distribuer des pains tout en étant commotionné, le supporter inculqué tout au long de la préparation se disait naïvement que le break n’était qu’une formalité dans la troisième ruine valaisanne. Las, c’était sans compter un arbitrage sketchesque. La panchina di penalita n’étant probablement pas chauffée, Monsieur Clément s’est dit que les fesses lausannoises feraient un ersatz merveilleux. Les locaux n’avaient qu’à pousser la rondelle au fond de la cage vaudoise. 1-1 dans la série, les espoirs de LNA s’étaient définitivement envolés.

Et c’est Forget qui …

S’il y a un acteur (et le mot est faible) qui est resté en mémoire des supporters du LHC après la première rencontre, c’est bien Dominic Forget. L’ancien joueur du HCC a démontré toute sa veulerie, et ses qualités de simulateur pendant la bagarre qui a coûté la fin de saison à Thomas Deruns. Le virage Ouest a donc accueilli le pleutre avec tous les honneurs requis à son statut. Les supporters rouge et blanc ont aussi commencé leur saison vendredi dernier et ce n’est pas pour nous déplaire. Le match était lancé et il ne fallait pas moins de 9 minutes au premier bloc pour trouver la faille dans la muraille de l’excellent Matthias Schoder. Un Matthias Schoder qui n’a rien pu faire sur une erreur monumentale de Heldstab à la ligne bleue qui perd le puck sur Daniel Corso. Un Corso qui n’en demandait pas tant pour s’en aller marquer le 2-0 à quarante secondes du premier thé.
Matthias Schoder n’a pas été seulement excellent au second tiers, il a été héroïque. C’est grâce à lui, et lui uniquement, que Viège n’a pas encaissé le moindre but. La mauvaise défense valaisanne est l’un des points faibles qui font de l’équipe de Michel Zeiter un bon candidat à prendre.

Dostoinov, le nouveau Claude Verret

Vingt ans que je suis ce club, vingt années en compagnie d’un ami de très longue date, toujours assis aux mêmes places. Cet ami a deux leitmotivs : le premier est qu’il doit adorer un joueur et ce joueur doit être l’un des étrangers ; le second, il doit détester un joueur et ce joueur change de match en match. L’étranger qui restera à jamais dans son coeur c’est Claude Verret pour l’ensemble de son oeuvre.
Depuis deux saisons, le jeu de Colby a l’heur de lui plaire, hier il a presque atteint le Saint Graal verresque. Non, il l’a atteint. Peut-on imaginer atteindre l’objectif de la saison (la montée en LNA) sans sa vision du jeu et ses caviars ? Sans son jeu altruiste par excellence ? Colby Genoway, s’il est canadien, pourrait reprendre à son compte la phrase de Andreï Khomutov après qu’on l’eut obligé à changer son couvre-chef habituel pour celui du sponsor d’alors (la SBS) : « moi mettre un casque argenté ? Jamais ! Le hockey sur glace est un sport d’équipe ». Le 4-0 (signifiant le lavage de l’affront de dimanche dernier) fut une perle de finesse. C’en était fini des espoirs valaisans qui ont pourtant eu l’occasion de recoller au score en étant de longs moments à 5 contre 3. Michel Zeiter avait probablement déjà la tête à l’acte IV, il n’a presque plus fait jouer sa Paradesturm.
Pour mon ami, le joueur honni a tantôt été Pierre Cordero, Nicolas Goumaz, Thomas Dommen, Malik Benturki, Martin Rex ou encore Larry Leeger. Ces temps, c’est « Le Dost » et ça a tendance à s’éterniser. On ne peut lui donner tort. Notre brave numéro 26 fait depuis deux ans le même numéro, la même feinte de tir, le même grand pont sur le dernier défenseur, la même « Dosterie » sans jamais y arriver. Vous arrivez à imaginer sa tête lorsque la Dosterie a enfin réussi à l’orée de la 51ème minute ? Même Alexei Dostoinov a réussi à élever le niveau de son jeu !
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Viège 5-1 (2-0 0-0 3-1)

Malley, 5611 spectateurs.
Arbitres : Fischer/Peer, Ambrosetti/Brunner.
Buts : 9e Fröhlicher (Genoway, Kamerzin/à 5 contre 4) 1-0. 20e (19’22) Corso 2-0. 42e Antonietti (Berthon) 3-0. 47e Genoway (Corso, Stalder) 4-0. 52e Dostoinov 5-0. 56e Wiedmer (Forget/à 5 contre 4) 5-1.
Pénalités : 7 x 2’ contre Lausanne, 7 x 2’ contre Viège.
Notes : Lausanne sans Setzinger, Conz et Déruns (blessés), Viège sans Reber (suspendu).

Écrit par Vincent Keller