Des journalistes sous influence

L’accusation soulevée par la presse romande est grave : les arbitres favorisent le SC Bern parce que certains dirigeants-clés de Ligue nationale sont des Bernois. Tant Grégoire Surdez, dans le 24 Heures du 4 avril, que le chef de la rubrique sportive du Matin de ce matin, Emmanuel Favre, le clament haut et fort. Cette affirmation met en cause le professionnalisme non seulement des dirigeants, mais aussi et surtout celui des arbitres, des personnages comme D. Massy, B. Reiber, D. Kurmann ou S. Rochette, et également l’intégrité du championnat de suisse de hockey sur glace.

Analysons de plus près les arguments avancés, et voyons s’ils correspondent avec la réalité des faits. Le Matin affirme dans un article de ce jour intitulé «Des arbitres sous influence» que «consciemment ou non, les directeurs de jeu ont forcément envie de plaire à leur hiérarchie si puissante. Malheureusement pour eux, cela commence à se voir.»Quels sont les faits allégués ? La charge de Tristan Scherwey sur Benny Plüss non sanctionnée par les arbitres hier soir, couplé au fait que certains preneurs de décisions de la LN ont transité par la capitale bernoise. Pour une accusation aussi grave que celle de partialité et même de ligue quasi-mafieuse, ce n’est pas un peu léger ? Chaque fois qu’il y a une erreur d’arbitrage, faut-il crier à la conspiration ? Le journaliste croit-il vraiment que l’expérimenté Danny Kurmann, lui qui a accordé un but litigieux lors de l’acte VII de la finale 2012 pour donner le titre à Zurich à deux secondes de la fin contre Berne, a vu une charge fautive contre la tête de Scherwey et ne l’a pas sifflée pour plaire à M. Ueli Schwarz (qui en passant a également entraîné Fribourg) et à la puissante machine bernoise ? Sérieusement ?
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Vous imaginez la presse romande, si le même but litigieux décisif de la finale 2012 avait été accordé à Berne par Kurmann au détriment de Fribourg ou Genève ? A ce titre, il faut noter que les Bernois, tant l’entraîneur que les joueurs, que le public, avaient accepté la décision avec un fair-play exemplaire (ce qui contraste fortement avec l’attitude de Chris McSorley ou Doug Shedden lors des défaites de cette année).
Le 24 Heures, quant à lui, affirme que Berne a influencé la ligue pour écarter S. Rochette des matchs du SCB lors des play-off après que le premier match arbitré par ce dernier avait été perdu par les joueurs de la capitale contre Genève (match IV des quarts de finale). Il va plus loin en sous-entendant que Kurmann a été choisi pour le match I de la finale afin de favoriser les Ours bernois pour conclure que «le Fribourg-Gottéron devra battre le CP Berne, la Ligue nationale et les arbitres».  
Encore de sacrées affirmations. Un porte-parole de Chris McSorley n’aurait pas pu faire mieux, mais encore une fois, sans aucun fait concret à l’appui des allégations. Juste la décision de ne pas nommer Rochette et de nommer Kurmann, prétendu pro-Bernois. Alors voyons au moins si ce fait tient la route : 
Avant la finale, D. Kurmann a arbitré 4 matchs de série du SC Bern. Bilan : 1 victoire contre 3 défaites. De plus, l’année passée, lors de la finale contre les ZSC Lions, M. Kurmann a arbitré 3 matchs, tous perdus par les Ours. Rochette, lors de la finale 2012, a arbitré 3 matchs, 2 victoires du SCB et une défaite. Dans ces circonstances, porter des accusations diffamatoires alors que la réalité ne supporte en aucun cas le seul argument avancé relève de la désinformation.
Et la pénalité inexistante donnée à Pascal Berger en prolongations de l’acte IV contre Genève-Servette (le ralenti a démontré qu’il n’a même pas touché son adversaire) alors qu’un but encaissé signifiait l’élimination du SCB (1-3 dans la série) ? Ou le but de Genève victorieux en prolongations du match III, marqué par Simec, qui venait, sous les yeux de D. Kurmann, d’arracher en toute impunité le casque de Beat Gerber, obligeant ce dernier à aller rejoindre son banc selon le règlement et à  délaisser l’attaquant genevois tout seul devant le but ? Ou la pénalité de banc donnée au Bernois à 3 minutes de la fin du match VI contre Zoug, alors que Tormanen n’avait fait que le geste de «passe avec la main» ?
Par ailleurs, lorsque un arbitre ne voit pas une faute grave, comme la charge à la tête de Tristan Scherwey, la ligue prévoit un mécanisme de procédure devant le juge unique, comme on le sait, afin de parer à cette erreur et de suspendre, le cas échéant, le joueur fautif.
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Des erreurs d’arbitrage, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Cela va dans un sens comme dans l’autre. Cela fait partie du hockey, et il faut les surmonter pour gagner un match, une série, le championnat. Le travail des arbitres est extrêmement difficile et je suis personnellement persuadé que tant Kurmann, Massy, Reiber, Rochette, Stricker et les autres sifflent au plus près de leur conscience, avec un professionnalisme remarquable. D’ailleurs, au niveau international, ils sont de plus en plus souvent selectionnés pour siffler les matchs décisifs. S’ils veulent plaire à leur hiérarchie, c’est en prenant les décisions les plus justes possibles, car ils sont évalués à la lumière des images de télévision, et c’est dans ce cadre que leur carrière progresse.
Chers journalistes romands, il est triste de vous voir endosser votre maillot de supporter au lieu de faire un travail professionnel. Au lieu d’apprécier ce magnifique derby des Zaeringen, un des plus beaux événements du sport suisse, vous envenimez la situation en vous laissant emporter par l’émotionnel avec des accusations salissantes, sans aucun fondement. Cessez de faire les caliméros et concentrez-vous sur le hockey, sur le fait que Fribourg doit maintenant réagir et devenir plus fort dans l’adversité, au lieu de commencer à chercher des excuses bas-de-gamme. Ne sortez pas vos frustrations en traînant dans la boue des hommes qui ne le méritent aucunement. Vos propos irresponsables ne font que de créer une vision faussée et malsaine de la réalité au sein de vos lecteurs.  Et si c’est votre manière à vous d’essayer d’aider vos clubs préférés en mettant les arbitres sous influence, je doute que ça soit très efficace : ils sont beaucoup trop professionnels pour ça.

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