Bundesliguide : SV Werder Bremen

Après quatorze ans d’un règne souvent couronné de succès, le duo Thomas Schaaf/Klaus Allofs ne préside plus aux destinées du Werder. Une page se tourne à Brême. Dans la douleur. Grand nom du foot allemand, numéro deux de la hiérarchie de cinquante ans de Bundesliga derrière le Bayern Munich, le Werder Brême pourrait bien en être réduit à lutter contre la relégation. Avec un risque non négligeable de chute.

2012/2013 :

14e. C’est le plus mauvais classement du club depuis sa relégation en 1980. La saison écoulée a douloureusement confirmé la déchéance du Werder, qui n’échappe finalement que de peu à la relégation. Après quatorze ans de règne, le manager Klaus Allofs est parti à Noël pour Wolfsburg, alors que son fidèle compère Thomas Schaaf n’a pas été reconduit en fin de saison, malgré un contrat encore valable. Une triste fin de règne au terme d’une saison qui, après une entame prometteuse, a vite tourné au cauchemar et a confirmé la tendance des deux exercices précédents : une situation financière délicate, une succession de transferts foireux et l’usure du pouvoir du duo Schaaf/Allofs ont durablement éloigné le Werder de la tête du classement.  

Objectifs :

Pour un club comme le Werder, ténor du football allemand et deuxième dans la hiérarchie de cinquante ans de Bundesliga derrière le Bayern Munich, ce n’est pas très naturel de débuter une saison sans autre objectif que le maintien. Pourtant, le contingent ne permet pas vraiment de viser beaucoup plus. Et le club ne pourra même pas se rattraper en Coupe d’Allemagne puisqu’il a été sorti au premier tour par Saarbrücken (Dritte Liga). Le Werder sera donc déjà content s’il peut vivre une saison de transition sans souci de relégation et reconstruire une équipe pour, à moyen terme, retrouver sa place dans les premières positions du foot allemand. 

L’effectif :

Le contingent du Werder fait vraiment peur à voir. En quelques saisons, le club a perdu de nombreux éléments de talent et n’a pas su les remplacer. Au final, le Werder se retrouve avec une équipe constituée de quelques rescapés des heures glorieuses (Fritz, Hunt, Prödl), des jeunes qui tardent à vraiment confirmer (Mielitz, Hartherz, Ekici, Bargfrede), des mercenaires décevants (Gebre Selassie, Junuzovic, Akpala) ou plutôt estampillés Zweite Liga (Makiadi, Petersen, Lukimya) et des divas capricieuses (Elia, Arnautovic). Clairement le contingent d’une équipe qui va lutter pour sa survie, sans éléments vraiment capables de tirer le groupe vers l’avant, à part peut-être Aaron Hunt ou Clemens Fritz.

Le mercato :

Le Werder, qui a davantage bâti ses succès passés sur un management avisé que sur sa puissance financière, subit un triple manque à gagner depuis quelques saisons : il a payé cher pour une rénovation light d’un stade qui reste peu rentable en comparaison avec la concurrence ; il ne bénéficie plus des rentrées des Coupes d’Europe auxquelles il a longtemps été abonné ; il a  perdu son flair légendaire en matière de transferts qui lui permettait de se financer en vendant ses stars à prix d’or et en les remplaçant avantageusement par des jeunes trouvailles bon marché. Du coup, la manne à disposition pour se renforcer est réduite et le premier mercato du nouveau manager Thomas Eichin ne fait pas rêver. Le Werder perd ses deux meilleurs éléments de la saison écoulée, de Bruyne et Sokratis. Les arrivées ? Un espoir italien que l’Inter ne voulait plus et un milieu de terrain de 29 ans qui avait perdu sa place de titulaire à Freiburg. Pas de quoi envisager un retour au sommet, bien au contraire. Faute de mieux, le Werder a dû relancer les fantasques Elia et Arnautovic, écartés du groupe en fin de saison dernière pour raisons disciplinaires. Toutefois, un départ de l’Autrichien est toujours envisageable en cas d’offre suffisante (Real Sociedad ?) qui pourrait redonner au Werder quelques liquidités pour d’autres renforts qui ne seraient pas de trop.

Départs : de Bruyne (Chelsea), Sokratis (Dortmund), Vander (retraite).
Arrivées : Caldirola (Brescia), Makiadi (Freiburg).

Entraîneur :

Robin Dutt s’était fait une réputation d’entraîneur à succès en ramenant puis en maintenant Freiburg en Bundesliga avec peu de moyens. Son étoile a pâli avec un échec à Leverkusen où il n’a pas tenu une saison puis un passage mitigé à la fédération allemande. Mais c’est bien l’entraîneur qui avait été capable de réussir des miracles en Breisgau avec peu de moyens et un effectif modeste que sont allés chercher les dirigeants brêmois et non celui qui a échoué avec un gros contingent et des objectifs élevés à la Werkself. 

Atouts :

Le départ du duo Schaaf/Allofs pourrait initier une nouvelle dynamique. Le club a toujours montré un certain savoir faire pour lancer des jeunes et certains pourraient se révéler (Hartherz, Trybull, Caldirola, Füllkrug ou Röcker). S’ils le veulent bien, Elia et Arnautovic sont toujours capables de faire basculer un match sur un coup de génie, alors qu’un Petersen bien servi et en confiance a sans doute les moyens de faire une saison à 15 buts. L’expérience des Prödl, Fritz et Hunt, les derniers rescapés d’une époque révolue où le Werder jouait les premiers rôles.

Faiblesses :

Même à l’époque de sa splendeur, le Werder était réputé pour la perméabilité de sa défense, cela ne s’est pas arrangé. Et le problème, c’est qu’il n’a plus les joueurs offensifs pour gagner des matchs 4-3. Le buteur Petersen doit encore prouve qu’il peut s’imposer dans l’élite, Elia, Arnautovic et Junuzovic restent des énigmes et l’équipe n’a plus vraiment de leaders depuis les départs des Borowski, Frings, Wiese, Pizarro et autres Naldo. La succession du duo Schaaf/Allofs sera très lourde à assumer. Le club a toujours cultivé une certains esthétique du beau jeu, il ne sera pas évident de lui inculquer la culture du commando pour aller grignoter des points nécessaires au maintien. Le renom et le passé prestigieux du club pourraient être un handicap : les supporters risquent de s’impatienter en cas de mauvais résultats plutôt que de faire bloc derrière leur équipe pour se sauver comme c’est le cas pour un club habitué à lutter contre la relégation. Des matchs amicaux catastrophiques avec notamment deux défaites contre des équipes de troisième division et l’élimination en Coupe, là aussi contre une troisième division, ont placé le club dans une situation de crise avant même le premier match de Bundesliga. Hunt et Ekici en sont venus aux mains à l’entraînement alors que les tests physiques d’Arnautovic ont été tellement médiocres que son entraîneur n’ose pas l’aligner un match entier. Bonjour l’ambiance ! Brême débute son championnat en jouant les deux principaux candidats à la relégation, Braunschweig et Augsburg, il ne faudra absolument pas se rater sinon ça va déjà être la panique sur les bords de la Weser.  

Inconnue :

Le duo Robin Dutt/Thomas Eichin parviendra t’il à faire oublier le mythique tandem Thomas Schaaf/Klaus Allofs ?

A suivre :

Juniors de l’Inter Milan, international espoirs italien, Luca Caldirola était sous contrat avec le club nerazzurro où il n’a jamais eu sa chance. Et des prêts à Arnhem, Cesena et Brescia n’ont pas convaincu le club milanais de le conserver. A 22 ans, il choisit un nouvel exil pour se relancer et s’atteler à une tâche de titan : stabiliser cette défense brêmoise qui fait rire toute l’Allemagne depuis de longues années. A priori, un joueur qui était capitaine et patron de la défense de l’équipe d’Italie toute récente vice-championne d’Europe espoirs ne peut faire que du bien à l’arrière-garde du Werder.

Sur nos monts, quand le soleil… :

Depuis l’échec de François Affolter, plus trace d’une présence helvétique au Weser-Stadion. Mais si ça ne marche pas pour lui à Hambourg et après son échec à Hanovre, Johan Djourou pourra toujours poursuivre son périple dans le nord de l’Allemagne à Brême, il y a toujours du boulot pour un défenseur.

Stade :

Weser-Stadion, 42’100 places.

Abonnés :

25’000.

Equipe type présumée :

Mielitz ; Fritz (Gebre Selassie), Prödl, Caldirola (Lukimya), Hartherz (Ignjovski) ; Makiadi, Ekici (Bargfrede) ; Arnautovic (Akpala), Hunt (Junuzovic), Elia ; Petersen.

Agenda :

8-9 mars 2014 : Werder Brême–SV Hambourg. Le Nordderby. En 2009, le Werder battait son rival de toujours en demi-finale de Coupe UEFA et de Coupe d’Allemagne. Une époque qui paraît révolue, on risque de davantage parler relégation cette année dans le derby du nord.

En résumé :

Franchement, cela nous fait mal de voir le Werder aussi mal en point. C’est un club qui a toujours constitué une référence en Allemagne et en Europe en terme de jeu spectaculaire et qui a longtemps incarné la principale force de résistance à la suprématie du Bayern Munich. Mais pour avoir raté un certain nombre de virages que ce soit au niveau financier ou d’infrastructures, pour avoir foiré plusieurs campagnes de transferts et pour avoir trop insisté, par reconnaissance pour le travail accompli, avec un entraîneur, Thomas Schaaf, dont le message ne passait plus vraiment et dont la conception du jeu était peut-être un peu dépassée, le Werder risque fort de devoir lutter contre la relégation. Et ce qui nous fait peur, c’est que ce n’est pas du tout dans la culture du club. En 2011 et 2013, le couperet n’était pas passé loin, cette saison l’hypothèse d’une relégation doit être sérieusement envisagée pour un club qui  n’a été absent de l’élite qu’une seule saison (1980-1981) depuis la création de Buli.

Pronostic :

16e.

Écrit par Julien Mouquin

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