Bundesliguide : FC Schalke 04

Schalke 04 est le seul club allemand qui ose défier ouvertement les deux favoris Bayern Munich et Borussia Dortmund. Mais je te rassure tout de suite : malgré un mercato plus intelligent que d’habitude, les Knappen ne gagneront pas cette saison leur premier titre depuis 1958. Par contre, une place sur le podium est envisageable. Moins bien, ce serait un échec.

2012/2013 :

4e. Comme d’habitude, Schalke a vécu une saison agitée. C’était bien parti : les Knappen se profilaient même comme le principal rival du Bayern en début de saison. Puis il y a eu un long passage à vide automnal qui a conduit à l’impensable : le limogeage de l’entraîneur historique du club Huub Stevens, celui-là même qui l’avait amené à la victoire en Coupe UEFA 1997 et au titre (pendant quatre minutes) de 2001. Son successeur, le controversé Jens Keller, a mis du temps à redresser la barre mais il a fini par assurer le minimum vital, soit une place en qualifications de la Ligue des Champions, arrachée lors de l’ultime journée à Freiburg. Avec en prime deux victoires dans les Revierderby contre Dortmund, cela suffit à sauver le bilan d’une saison, même si cela n’efface pas complètement toute une série de matchs catastrophiques, des éliminations mortifiantes en huitième de finale de Coupe d’Allemagne et de Ligue des Champions contre Mainz et Galatasaray et le lot habituel de crises et polémiques.

Objectifs :

Tous les projecteurs étant braqués sur le Bayern et Dortmund, Schalke aurait pu se contenter d’un rôle confortable d’outsider dans l’ombre et tout le monde aurait crié au génie si les Knappen avaient accroché les deux favoris du championnat. Mais ce serait mal connaître la maison bleue : joueurs et dirigeants königsblaue ont multiplié les provocations et les défis à l’égard du Rekordmeister et surtout du rival dortmundois durant la trêve estivale. Le guignolesque manager Horst Heldt a même dû présenter ses plus plates excuses après avoir dégommé une effigie de Kevin Grosskreutz devant les caméras lors d’une réunion avec des fans. Ce qu’on retiendra, c’est donc que Schalke vise officiellement le titre qu’il n’a plus gagné depuis 1958. Ou comment se mettre une pression que personne ne leur demandait de se mettre et risquer de s’attirer le courroux d’un public dont l’impatience est légendaire. Si on voit mal Schalke gommer les 36 points de retard qu’il accusait sur le Bayern en fin de saison dernière, ce serait tout de même une déception et un échec de le retrouver au-delà de la troisième place. 

L’effectif :

Clairement, le meilleur effectif d’Allemagne derrière les mastodontes Bayern et Dortmund. Tous les postes sont doublés, il y a un bon mélange d’expérience et de jeunesse, d’artistes et de porteurs d’eau, une marge de progression conséquente et des joueurs qui sont parmi les tous meilleurs de Bundesliga à leur poste : Höwedes, Matip, Papadopoulos, Draxler, Farfan, Huntelaar… 

Le mercato :

Une fois n’est pas coutume, Schalke a mené une campagne de transferts intelligente, en recrutant jeune et local, plutôt que de s’adonner comme d’habitude au recyclage de vieilles gloires onéreuses ou à l’engagement pléthorique de mercenaires sortis de nulle part. En outre, le club s’est séparé de Bastos, Affelay, Raffael et Marica dont le rapport qualité-prix ne devait pas être transcendant. Les Knappen ont réussi à attirer le nouveau prodige du foot allemand, Leon Goretzka, venu en voisin de Bochum, que toute l’Allemagne convoitait. A 18 ans, il ne briguera sans doute pas immédiatement une place de titulaire à mi-terrain mais c’est une immense promesse d’avenir. International M-21, Christian Clemens a déjà derrière lui trois saisons comme titulaire à Köln et pourra être immédiatement opérationnel sur le flanc gauche. Adam Szalai, auteur d’un premier tour brillant l’an dernier à Mainz avant de subir les contrecoups d’une longue blessure, est un vrai attaquant moderne en mode Edin Dzeko et constitue bien davantage qu’une doublure d’Huntelaar. Enfin, la surprise c’est l’arrivée de Felipe Santana, idole du Westfalenstadion et homme des buts décisifs du rival Dortmund ; à part que ça me fait quelques maillots et t-shirts bons pour la poubelle, le choix a surpris. Certes, le Brésilien était barré par Hummels et Subotic au Borussia et, pour avoir une minuscule chance de disputer la Coupe du Monde, il a choisi un club jouant la Ligue des Champions. Mais de là à passer dans les rangs de l’ennemi…, surtout qu’il y trouvera une concurrence tout aussi vive dans l’axe central avec Höwedes, Matip et Papadopoulos. A moins que le jeune Grec ne s’en aille, comme le prétend la rumeur depuis le début du mercato. L’autre mouvement encore prévisible à Gelsenkirchen, c’est l’arrivée d’un demi gauche pour pallier au départ de Bastos et certaines pistes mènent en Suisse.
 
Départs : Bastos (Al Ain), Moritz (Mainz), Metzelder (retraite), Raffael (Mönchengladbach), Afellay (Barcelone), Marica (?).
Arrivées : Goretzka (Bochum), Clemens (Köln), Santana (Dortmund), Hoogland (Stuttgart), Szalai (Mainz), Annan (Osasuna).

Entraîneur :

Entraîneur peu connu, surtout actif avec les jeunes, à l’exception d’un intérim peu concluant avec Stuttgart, Jens Keller doit sa nomination à Schalke en remplacement de la légende Stevens à ses liens avec le manager Heldt qu’il avait connu au VfB. Dès sa nomination, les spéculations allèrent bon train sur la date de son licenciement et l’identité de son successeur. Mais, après des débuts compliqués, notamment une élimination en DFB-Pokal contre Mainz, le pâle Keller a réussi à ramener Schalke dans le quatuor de tête. Et, après une grosse frayeur suite à une défaite à domicile contre Stuttgart lors de l’avant-dernière journée, à le qualifier pour les qualifications de la Ligue des Champions. Cette performance lui vaudra une prolongation de contrat jusqu’en 2015. Ira-t-il au bout du contrat ? J’en doute : il suffirait d’une élimination en qualifs de la C1 pour qu’il ne passe pas l’automne et je n’ai pas la conviction qu’il ait le charisme et les épaules assez solides pour gérer le contingent et les ambitions somptuaires de Null Vier. Mais, du côté de Gelsenkirchen, on n’a pas oublié qu’en 2007 c’est aussi un inconnu qui ne payait pas de mine, Mirko Slomka, qui avait failli amener le club au titre.

Atouts :

Un contingent cinq étoiles. La profondeur de banc. Le talent montant des Matip, Papdoupoulos, Kolasinac, Neustädter, Draxler, Meyer (la version 2.0 de Draxler) et autres Goretzka. Des leaders comme Jones, Höwedes ou Draxler qui s’identifient totalement au club. La pression médiatique moindre qu’au Bayern et à Dortmund, on ne demande à Schalke que d’assurer le 3e place, plus ce serait du bonus. Une certaine continuité. Szalai-Huntelaar avec Farfan et Draxler en soutien, ça peut faire mal à toutes les défenses de Bundesliga. Un public qui ne demande qu’à s’enflammer après des années de montagnes russes. Une dynamique positive dans le Revierderby. Passer les qualifications de la Ligue des Champions apportera un soulagement financier et peut servir de tremplin pour la suite.

Faiblesses :

L’inconnue Jens Keller. Malgré la désignation du vétéran Hildebrand en numéro un au détriment des jeunes Fährmann et Unnerstall, le poste de gardien reste un souci. Les latéraux ne sont pas d’une fiabilité à toute épreuve et la charnière centrale manque de mobilité. Schalke est fébrile dans les matchs clés de la saison, en particulier contre le Bayern Munich. Les sautes d’humeur du président Tönnies, du manager Heldt et du milieu de terrain Jones. L’impatience proverbiale du public de Gelsenkirchen et la pression que le club s’est mise lui-même. Un échec en qualifs de C1 serait financièrement et mentalement difficile à assumer. La capacité d’Huntelaar à retrouver son sens du but d’il y a deux ans après un exercice 2012-2013 très décevant. L’éternel peur de gagner si par miracle Schalke devait se retrouver en position de gagner le titre. 36 points de retard sur le Bayern l’année passée…

Inconnue :

Jens Keller a t’-il vraiment les épaules assez larges pour diriger un effectif aussi riche et ambitieux ?

A suivre :

Julian Draxler. A même pas 20 ans, c’est la star et le symbole de cette équipe de Schalke, surtout depuis qu’il a déclaré qu’il faudrait lui faire subir un lavage de cerveau pour porter un jour le maillot de Dortmund. Repositionné dans l’axe depuis le départ de Raul qui l’a adoubé comme son successeur, il est ce meneur de jeu qui manque tant aux Knappen depuis de longues années, en fait depuis le départ de Lincoln en 2007. Très sollicité durant la trêve estivale, il a décidé de prolonger son contrat à Gelsenkirchen jusqu’en 2018. Malgré un visage encore poupin, il est le grand leader sur lequel comptent tous les fans königsblaue pour aller défier les rivaux munichois et surtout dortmundois.

Sur nos monts, quand le soleil… :

L’avenir de Tranquillo Barnetta paraît complètement bouché à Gelsenkirchen. Déjà peu utilisé l’an dernier, surtout depuis l’arrivée de Jens Keller, le Suisse voit encore la concurrence s’amplifier avec les arrivées de Szalai, Goretzka et surtout Clemens. Certes, le départ de Bastos aurait pu lui entrouvrir une porte mais le premier tour de la Coupe a montré qu’il partait déjà derrière le jeune Clemens dans l’esprit de l’entraîneur Keller et le manager Heldt a assuré que la perte du Brésilien serait compensée d’ici la fin du mercato (K.P. Boateng, Stocker, Hajrovic sont évoqués). C’est dire si l’on compte sur Quillo… Celui-ci serait donc bien inspiré de se trouver un club plus accueillant dans les trois prochaines semaines, sous peine de vivre une nouvelle saison quasi blanche et de voir la Coupe du Monde lui passer sous le nez. 

Stade :

Veltins-Arena, 61’973 places.

Abonnés :

43’935 (contingent complet, vente stoppée).

Equipe type présumée :

Hildebrand ; Uchida, Höwedes, Papadopoulos (Matip), Kolasinac (Fuchs); Jones (Neustädter), Höger (Goretzka) ; Farfan, Draxler, Clemens ; Huntelaar (Szalai).

Agenda :

25-27 octobre 2013: Schalke 04 – Borussia Dortmund. Les Knappen vont tenter de confirmer les deux victoires obtenues la saison dernière contre leur rival, en espérant juste que l’atmosphère y soit un peu moins haineuse. Mais, vu les provocations de l’été, c’est mal parti.

En résumé :

S’il faut lui reconnaître un mérite, c’est que Schalke n’a pas peur d’assumer ses ambitions. Toutefois, malgré un contingent de qualité et un recrutement intelligent, Schalke semble partir de trop loin pour inquiéter le Bayern ou Dortmund. Il faudrait que ceux-ci connaissent de sérieux ratés pour que Null Vier puisse devancer l’un des deux, les deux à la fois cela paraît utopique. En revanche, s’ils évitent les traditionnelles crises et polémiques qui ont si souvent plombé le club ces dernières saisons, les Knappen doivent accrocher le troisième place synonyme de qualification directe pour la Ligue des Champions.   

Pronostic :

3e.

Écrit par Julien Mouquin

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