Toujours dans le brouillard

Après trois revers consécutifs au Westfalenstadion en Bundesliga, le Borussia Dortmund n’a pas retrouvé la lumière en concédant un nul aux allures de nouvelle défaite contre Augsburg. Une réaction est attendue rapidement sinon le BVB risque bien de s’offrir sa crise la plus sérieuse depuis le début de l’ère Jürgen Klopp en 2008.

Le 1er novembre dernier, le Borussia Dortmund explosait le VfB Stuttgart 6-1 dans l’ambiance survoltée du Westfalenstadion et reprenait, l’espace d’une nuit, la tête de la Bundesliga. Tout n’était alors que joie et volupté et le Borussia paraissait à même de défier la Bayern Munich sur la longueur du championnat. Hélas, ce succès retentissant marquait la fin des jours heureux. Près de trois mois plus tard, le BVB attend toujours une nouvelle victoire en Bundesliga dans son antre magique et le titre s’est définitivement envolé. 

Et un blessé de plus

Pourtant, après les trois défaites consécutives concédées à domicile en novembre et décembre, le BVB voulait profiter de ce match contre Augsburg pour prendre un nouvel envol. Joueurs et entraîneur avaient assuré que la préparation avait été optimale et que l’équipe amoindrie de la fin de l’automne s’était régénérée physiquement et mentalement. Las, on avait à peine terminé la dernière strophe du Heja BVB de début de match que survenait le premier coup dur avec la sortie sur blessure de Jakub Blaszczykowski sur une action pourtant d’apparence anodine : ligaments croisés touchés, saison terminée. Le Borussia paie vraiment un lourd tribut aux blessures: Subotic et Kuba ont d’ores et déjà terminé leur saison, Gündogan ne l’a pas encore débutée, Hummels et Schmelzer ont raté toute la fin du 1er tour… Ce nouveau malheur n’allait pas empêcher Dortmund de prendre l’avantage sur un coup franc rapidement joué et une conclusion de la tête de Sven Bender, reconverti en défenseur central de fortune.

N°1 au Hitz-Parade

Ceci dit, à elles seules, les blessures ne suffisent pas à expliquer les résultats décevants du BVB. Il faut aussi mentionner les performances très inconstantes de certains cadres comme Mkhitaryan, Reus ou Lewandowski, ainsi qu’un manque criard de réalisme. Ainsi, l’ancien joueur de Gladbach ne cadre pas en position idéale, alors que le traître polonais échoue seul devant Marwin Hitz. En ouverture de saison, j’avais un peu raillé le choix du gardien suisse de troquer un poste de numéro 2 derrière l’inamovible Benaglio chez l’ambitieux Wolfsburg contre une place de numéro 3 au sein du modeste Augsburg. Mais la blessure du titulaire Manninger et l’inconstance de sa doublure Amsif ont permis au très éphémère ancien portier d’Yverdon d’avoir une chance qu’il saura parfaitement saisir pour aujourd’hui s’imposer comme gardien numéro 1 indiscutable du côté de la SGL-Arena. Malgré la blessure de Wölfli, cela ne devrait toutefois pas lui suffire pour s’envoler pour le Brésil en juin prochain, barré par le trio Benaglio-Sommer-Bürki. Qu’un gardien titulaire dans l’équipe révélation de Bundesliga ne soit quasiment jamais évoqué pour une place en équipe de Suisse démontre quand même qu’Ottmar Hitzfeld dispose d’une richesse d’effectif inédite, ça change de l’époque où Köbi Kuhn devait choisir entre Zuberbühler, Jakupovic ou Coltorti… 

Et une erreur de plus

Et puis, le Borussia Dortmund, dont la défense était une véritable muraille lors des titres de 2011 et 2012, a pris la mauvaise habitude d’offrir un ou deux buts par match à l’adversaire. En l’occurrence, c’est Sven Bender qui relance Augsburg en propulsant dans ses propres filets un centre pourtant guère dangereux. Tout était à refaire. Le BVB obtient alors un coup-franc à l’orée de la surface de réparation. Je fais remarquer à mes coreligionnaires que Nuri Sahin en avait inscrit un exactement de cet endroit, juste devant le mur jaune, à l’automne 2011 contre le Bayern et qu’il serait peut-être temps qu’il retrouve la magie de son pied gauche qu’il a un peu perdue à Madrid. Aussitôt dit, aussitôt fait : la frappe du natif de Lüdenscheid s’envole au-dessus du mur et vient se loger dans les parages immédiats de la lucarne, rappelant au passage quelques bons souvenirs au peuple jaune et noir. On pensait que cette fois le Borussia était sur orbite pour enfin renouer avec la victoire dans son temple. Mais il doit être gravé quelque part qu’aucune avanie ne sera épargnée aux supporters borussen cette saison : la première égalisation d’Augsburg avait été l’œuvre d’un Dortmundois portant le maillot du BVB, la deuxième sera le fait d’un Dortmundois arborant le tricot du FCA…

La mauvaise blague

La semaine passée, le Borussia a annoncé sa première recrue pour la saison 2014-2015, le Coréen de Sunderland Dong-Won Ji. On a été un peu surpris que le vice-champion d’Europe fasse son marché sur le banc de touche d’un relégable de Premier League mais le Coréen est gratuit, le pari mérite d’être tenté. Mais en attenant de rejoindre la Ruhr, il va passer six mois en prêt à Augsburg pour retrouver ce temps de jeu qui lui était refusé dans le nord de l’Angleterre. On avait toutefois cru comprendre qu’il y avait une clause dans le contrat lui interdisant de jouer contre son futur club mais l’entraîneur Markus Weinzierl ne devait pas être au courant et a fait entrer son joker asiatique. Deux minutes plus tard, celui-ci égalisait d’une tête décroisée, provoquant la consternation de ses futurs fans. On n’en veut absolument pas au joueur, au contraire : on critique assez Robert Lewandowski pour son manque d’implication et de professionnalisme depuis sa signature au Bayern pour apprécier un joueur qui, lui, fait honneur au maillot qu’il porte, fut-ce contre son futur club. Néanmoins, sur le coup, on a fait rigoler toute l’Allemagne et ce n’est pas volé.

Un tournant

Pendant plusieurs années, les trois hommes forts du BVB Hans-Joachim Watzke, Michael Zorc et Jürgen Klopp ont marché sur l’eau, réussissant des résultats extraordinaires décrochant titres ou finale de Ligue des Champions au détriment d’adversaires aux budgets trois ou quatre fois supérieurs grâce à une réussite insolente en matière de transferts et à une optimisation des ressources à disposition. Mais depuis quelques mois, depuis l’annonce du départ de Mario Götze en fait, la belle mécanique s’est enrayée et la mauvaise plaisanterie Dong-Won Ji n’est que la dernière d’une série de décisions pas forcément très heureuses. Le passage du statut confortable de club insouciant en reconstruction aux objectifs mesurés qui réalise des paris audacieux sur le marché de transferts à celui de puissance en passe d’intégrer le top-10 des clubs les plus riches du monde, avec les attentes et les ambitions qui en découlent, ne se fait pas sans mal. Et le club est désormais à un tournant pour déterminer s’il peut s’affirmer durablement comme ténor du foot allemand et européen ou s’il ne sera qu’une comète genre Wolfsburg ou Stuttgart, rentrés dans le rang après un bref passage au sommet.

L’épouvantail Braunschweig

En ce sens, une qualification directe pour la prochaine Ligue des Champions et ses millions est essentielle. Mais il est clair qu’on n’en prend pas le chemin en concédant des nuls à domicile contre Augsburg, Marco Reus ayant trop écrasé sa frappe sur le balle de match de fin de partie. Et ceci dit, sans ne rien vouloir enlever au mérite d’Augsburg qui réalise une saison magnifique avec des moyens pourtant modestes. Mais le BVB reste sur une série de quatre matchs-un point au Westfalenstadion, même le Lausanne-Sport affiche présentement un bilan plus flatteur à domicile… Dans ce contexte, cela va sans dire qu’une nouvelle désillusion vendredi à Braunschweig serait très mal ressentie et ce n’est pas sans une certaine appréhension que l’on attend ce déplacement sur la pelouse de la lanterne rouge. Mais on va faire ce que l’on a toujours fait dans les moments difficiles comme celui-là : serrer les rangs derrière notre équipe et aller s’exploser la voix du côté de l’Hamburger Strasse pour l’aider à sortir du brouillard et retrouver la lumière.  

Borussia Dortmund – FC Augsburg 2-2 (1-0)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Welz.
Buts : 5e Bender (1-0), 56e Bender (autogoal, 1-1), 66e Sahin (2-1), 72e Ji (2-2).
Dortmund: Weidenfeller ; Grosskreutz, Bender, Papastathopoulos, Schmelzer; Sahin, Kehl; Blaszczykowski (6e Aubameyang), Mkhitaryan (84e Schieber), Reus; Lewandowski.
Augsburg: Hitz; Verhaeg, Callsen-Bracker, Klavan, Ostrzolek; Baier; Hahn, Vogt, Altintop (35e Milik, 88e Hong), Werner; Bobadilla (70e Ji).
Cartons jaunes: 10e Bender, 17e Hahn, 45e Papastathopoulos, 45e+1 Werner.
Notes: Dortmund sans Hummels, Subotic, ni Gündogan (blessés), Augsburg privé de Philp, Moravek ni Ekin (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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