Une nouvelle Hannov-ère

L’ère Tayfun Korkut a débuté sous les meilleurs auspices à Hanovre puisque le nouvel entraîneur de 96 vient d’enchaîner deux succès probants contre des prétendants à la Ligue des Champions, Wolfsburg et Mönchengladbach. A l’inverse, les Fohlen de Lucien Favre ont démarré ce deuxième tour par deux revers.

Une page s’est tournée à Hanovre durant la trêve hivernale avec le départ de Mirko Slomka. Celui-ci avait repris un Sechsundneunzig alors en perdition et en grand danger de relégation, au début de l’année 2010. Il était parvenu à le sauver lors de la dernière journée puis, dans l’euphorie du maintien, à le ramener dans le premier tiers du classement lors deux suivantes et à enchaîner deux qualifications européennes pour l’Europa League où Hanovre est chaque fois parvenu à sortir des phases de poule. Forcément, ces bons résultats ont fait de Mirko Slomka un entraîneur convoité, lequel a quelque peu rechigné à signer la prolongation de contrat qui lui était proposée en Basse-Saxe, pour rester libre en cas d’offre d’un club plus prestigieux (son nom a même un temps été évoqué au Bayern Munich). Ces tergiversations n’ont guère plu à l’autre grand artisan du redressement d’Hannover, le manager Jürg Schmadtke, et les relations entre les deux hommes sont devenues conflictuelles, péjorant la bonne marche du club. Finalement, après une saison 2012-2013 mitigée et anonyme, Schmadtke est parti faire les beaux jours et ramener le 1. FC Köln en Bundesliga. Mais paradoxalement, le départ de son rival n’a pas raffermi la position de Mirko Slomka, bien au contraire puisqu’il n’a pas franchement retrouvé la même efficacité avec le nouveau manager, Dirk Dufner, pourtant réputé faiseur de miracles à Freiburg, qu’avec son prédécesseur. Résultat : au terme du premier tour, Hanovre s’est retrouvé dans la zone dangereuse à laquelle il pensait avoir définitivement tourné le dos et le départ de Mirko Slomka durant l’hiver est devenu inéluctable.   

La nouvelle mode

Pour remplacer leur ex-mentor à succès, les dirigeants bas-saxons ont cédé à la nouvelle mode de la Bundesliga : donner sa chance à un néophyte sans expérience. Ancien international turc né en Allemagne, Tayfun Korkut a derrière lui une carrière de joueur respectable (Fenerbahçe, Real Sociedad, Espanyol, Besiktas et des participations aux Euros 1996 et 2000). Par contre, comme entraîneur, à même pas 40 ans, il n’a guère que quelques équipes de jeunes et un poste d’adjoint en équipe de Turquie à faire valoir. C’est donc un risque qu’on a pris du côté du Niedersachsenstadion. Le pari a plutôt pas mal débuté puisque Tayfun Korkut a débuté son mandat par un succès 3-1 sur la pelouse de l’ambitieux voisin Wolfsburg, un petit miracle si l’on songe qu’Hanovre constituait la pire équipe d’Allemagne en déplacement depuis 18 mois. Une confirmation était attendue à domicile, où 96 est toujours redoutable, contre un Borussia Mönchengladbach en quête de rédemption après sa défaite en ouverture de 2e tour contre le Bayern Munich.

Rappel utile : la Bundesliga est toujours magique

Cet Hanovre – Gladbach constitue le Topspiel de 18h30 de cette 19ème journée, cela nous laisse le temps d’aller suivre la Bundesliga-Konferenz de 15h30 dans le fameux Waterloo-Biergarten, les pieds dans la neige et la glace et sous le crachin. Cela n’en reste pas moins un préambule plutôt sympathique avant de gagner un stade quasi comble, avec un déplacement massif des supporters visiteurs et une belle ambiance. Quand on voit comment, en Suisse, on est en train de massacrer et vider nos stades et patinoires à coups de concordat anti-hooligans stupide, restrictions de déplacements, interdictions diverses et autres délires sécuritaires, on se dit que l’on aurait tout intérêt à aller jeter un coup d’œil à ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Sans tomber dans l’angélisme béat, car l’Allemagne a aussi ses problèmes sécuritaires et certaines autorités policières et politiques sont à l’affût du moindre incident pour durcir drastiquement les mesures coercitives, force est de constater, semaine après semaine, que les stades de Bundesliga constituent aujourd’hui un espace populaire de liberté, de convivialité et d’authenticité que l’on ne retrouve malheureusement bientôt plus dans aucune tribune ailleurs en Europe. Et les récentes déclarations du nouveau ministre de l’Intérieur (et des Sports) Thomas de Maizière semblent plaider pour un maintien du modèle germanique puisque le ministre exclut l’interdiction des places debout, le report des frais de sécurité sur les clubs et considère l’introduction de billets nominatifs et des contrôles d’identité comme compliquée et contournable. Tant mieux. 

L’énigme ter Stegen

Entre deux formations échaudées, l’une par la claque du match aller, l’autre par la défaite contre le Rekordmeister, le match va mettre du temps à démarrer. C’est intense, avec un gros combat à mi-terrain, quelques éclairs, notamment lorsque la balle transite par les pieds d’un Leonardo Bittencourt vraiment en train de prendre une dimension intéressante, mais ça manque d’actions dangereuses, en dehors de quelques escarmouches d’Herrmann ou Diouf qui permettent aux gardiens Zieler et ter Stegen de parfaire leur échauffement. Et d’un but de Diouf annulé pour une faute d’Huszti.
Il faut attendre la deuxième période pour voir les choses bouger avec une ouverture du score sur un centre de Szabolcs Huszti repris par la tête Artjoms Rudnevs : au Scrabble, le prénom des protagonistes aurait valu plus qu’un point. On notera que le Letton prêté par Hambourg semble s’épanouir dans l’autre HSV, loin du contexte délétère qui règne actuellement dans les rangs du Dino der Liga. Même si sa reprise ne paraissait de loin pas imparable mais le gardien Marc-Andre ter Stegen n’a pas eu la main assez ferme. Le jeune portier des Fohlen est bourré de talent et promis à un bel avenir, on l’a vu réussir des matchs énormes mais il a quand même un peu trop souvent des blancs ; il me paraît encore un peu juste pour assumer la pression et la responsabilité de la place de titulaire au FC Barcelone que d’aucuns lui promettent dès l’été prochain. Sur ce match, il n’a même pas marqué des points par rapport à son homologue Ron-Robert Zieler dans le combat que se livrent de nombreux gardiens germaniques pour aller jouer les doublures de Manuel Neuer au Brésil en juin prochain (ter Stegen, Zieler, Adler, Weidenfeller voire Baumann, Leno, Trapp ou Horn…) 

Complétement débridé

Ce but va avoir le don de débrider la partie avec un Gladbach qui presse et un Hanovre qui contre. Raffael échoue dans le petit filet puis devant Zieler et ce sera au contraire 2-0 sur un centre de Szabolcs Huszti conclu par Mame Biram Diouf. Le speaker en avait à peine terminé avec le traditionnel cérémonial du « Toooooor, Toooooor, Toooooor für Hannooooover Sechsuuuuuuundneunzig… » que les Fohlen reprenaient espoir grâce aux jokers Amin Younès et Peniel Mlapa. Mais, un peu plombés par une défense en chantier et un match très discret de leur attaquant vedette Max Kruse, les joueurs de Lucien Favre allaient abandonner leurs dernières illusions sur un contre parfaitement conclu par un tir croisé de Diouf, l’ancien espoir de Manchester United dont j’avais assisté au seul et unique but qu’il avait marqué à Old Trafford. 

Le derby qui n’en est pas un…

Deux matchs, six points contre deux prétendants à la Ligue des Champions, l’entraîneur néophyte Tayfun Korkut pouvait rêver pire départ pour sa nouvelle carrière. C’est à confirmer mais, en l’espace de deux matchs, Sechsundneunzig semble déjà s’être donné le droit de regarder devant lui plutôt que derrière au classement. Comme, après un premier contact difficile, je commence gentiment à m’habituer à l’Haßeröder, je reviendrai, c’est promis. Contre le Bayern par exemple, histoire de n’avoir aucun scrupule à encourager Hannover.
Pour Gladbach en revanche, avec deux défaites, c’est un début de deuxième tour raté. Il faut dire que le calendrier n’est pas tendre avec les Fohlen pour cette reprise et ils ne sont pas au bout de leur peine avec la venue vendredi au Borussia-Park du voisin Leverkusen-mais-c’est-pas-un-derby. S’il ne veut pas voir ses rêves de Ligue des Champions déjà s’envoler, le Borussia va devoir comptabiliser. Là aussi, je devrai être dans les parages.

Hannover 96 – Borussia Mönchengladbach 3-1 (0-0)

HDI-Arena, 47’000 spectateurs.
Arbitre : M. Dankert.
Buts : 57e Rudnevs (1-0), 82e Diouf (2-0), 84e Mlapa (2-1), 90e Diouf (3-1).
Hanovre : Zieler; Rajtoral, Marcelo, Hoffmann, Schulz; Huszti (87e Andreasen), Schmiedebach, Stindl, Bittencourt (92e Pocognoli); Rudnevs (89e Schlaudraff), Diouf.
Mönchengladbach : ter Stegen; Korb, Jantschke, Stranzl, Wendt; Herrmann (74e Younès), Kramer, Xhaka (81e Mlapa), Arango (64e Hrgota); Raffael, Kruse.
Cartons jaunes : 73e Korb, 75e Xhaka, 87e Huszti.
Notes : Hanovre sans Pander, Ya Konan ni Sobiech (blessés), Gladbach privé de Brouwers (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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