Angleterre de football

C’est le pays de naissance du plus beau sport du monde. Depuis leur titre de 1966 les Britons n’y arrivent plus, même s’ils ont importé les meilleurs joueurs du monde dans leur championnat, le plus difficile d’Europe. Une sélection où se côtoient de purs et jeunes talents et des vieux briscards faits à tous les feux. Tombée dans le groupe le plus difficile avec l’Italie et l’Uruguay, l’Angleterre peut décrocher le titre ou s’en retourner piteusement sur son île. Une question de bière et de «winning spirit».

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Quelle question ! L’Angleterre a inventé le football, c’est là qu’il est le plus populaire, le plus nécessaire à la vie des gens, le plus gai, le plus ardent. Cette équipe a au surplus l’art de produire des joueurs improbables au physique impossible (Crouch), des hacheurs de tibias en quantité industrielle (Stiles, Jones etc.) et, une fois par décennie, un ou deux joueurs exceptionnels (Rooney). C’est le seul pays du monde où le public applaudit autant les tacles que les dribbles et davantage les dégagements aériens que les reprises de volée. En Angleterre, le match de foot idéal, c’est la nuit quand il fait froid et qu’il pleut. Ces gens ont le sens du drame…
2) A quoi sert ce pays ?
Il y a longtemps, l’Angleterre était l’empire sur lequel jamais le soleil ne se couchait. Mais fini le beau temps des colonies ! Les Britons se sont repliés sur leur territoire insulaire où ils ne font rien comme les autres : on roule à gauche, l’euro n’est pas la monnaie nationale et on y préfère un très mauvais fromage aux cuisses de grenouilles. Autant de mauvais goût les rend indispensables.
3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
Plutôt facilement et on peut dire qu’ils avaient un groupe autrement plus coton que la Suisse : Pologne, Monténégro et Ukraine, entre autres. Pas de défaite, de l’aisance, comme s’ils étaient repartis à la conquête du monde.
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Parce qu’en général ils n’ont pas de chance… Alors, pour une fois… Sérieusement, aucun des sélectionnés ne joue hors de Iles britanniques. Donc s’ils parviennent à se faire aux températures brésiliennes (en gros, le double d’une canicule à Londres), à boire un peu moins de bière et à jouer le moins possible en «kick and rush»… J’ai beau dire, je n’y crois pas une seconde !
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Parce que question tirage au sort, l’Italie et l’Uruguay, c’est à peu près ce qu’il y a de pire. Le genre d’équipe roublarde, minimaliste sur lesquels ces grands gamins (car les joueurs anglais sont des grands gamins aux joues roses) vont s’user.

6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Wayne Rooney, parce qu’il est le plus doué, le plus européen de tous. Deux jeunes espoirs vus trop vite à Eurosport, Wilshere et Sterling. L’Angleterre produit encore une denrée rare qu’elle n’exporte pas assez : le rapide ailier de débordement, celui dont on dit qu’il a 3 qualités : «il court vite, il court vite, il court vite». Dans le genre, Oxlade-Chamberlain est un modèle du genre. En général pour se payer une pinte de bon sang, leurs gardiens réussissaient au moins un numéro comique par Mondial. Cette fois, il semble que le probable titulaire (Forster) qui joue au Celtic n’ait pas l’intention de nous faire rire. Reste cette question : là où il joue, sait-il ce qu’est un terrain sec ?
 
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Rickie Lambert (Southampton). «You’re living in a shit hole.» («Vous vivez dans un trou de merde.») Rickie Lambert doit encore avoir dans les tympans ce slogan scandé par les supporteurs visiteurs massés dans les tribunes miteuses du stade Spotland de Rochdale. Avec ce club de 4e division anglaise, l’attaquant trapu a fait trembler les filets à vingt-huit reprises lors de la saison 2005-2006, se forgeant une réputation alors qu’il n’était personne. Auparavant, le natif de Fazakerley avait été recalé à l’âge de 15 ans du centre de formation de Liverpool, poussé vers la sortie à Blackpool et relégué sur le banc des remplaçants à Macclesfield Town (D4).
A 31 ans, le massif avant-centre de Southampton a honoré (et quel honneur c’était !) sa première sélection le 14 août 2013, lors d’un match amical contre l’Ecosse. D’un coup de tête rageur, il inscrit le but victorieux (3-2) 166 secondes après son entrée en jeu. Alors qu’il végète à Macclesfield Town (2001-2002), Rickie Lambert est contraint de travailler dans une usine de conditionnement de betteraves pour 23 euros par jour pour compléter le maigre salaire (250 euros) que lui verse son club. «Je vissais des couvercles sur des bocaux», confiait-il au Guardian en 2013. Et ce n’est qu’à 27 ans que l’attaquant en surpoids se plie aux contraintes du football professionnel et perd les 10 kilos de betteraves concassées qu’il portait sur les hanches. Recruté en 2009 par Southampton, Rickie Lambert enfile les buts comme les couvercles sur les conserves et contribue à la remontée du club en Premier League.
Le genre d’histoires qu’on adore en Angleterre et pas seulement. Surtout Roy Hodgson qui veut mettre dans son équipe d’enfants gâtés un peu d’esprit populaire (qu’aime aussi la presse du même genre), ce «winning spirit» qu’on n’acquiert que quand on en a bavé.
8) Une bonne raison de les supporter ?
Pour boire de la bière anglaise, chanter en anglais, se bourrer la gueule à l’anglaise et rester digne dans la défaite.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Pour éviter les gueules de bois à la bière (les pires).
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Heureusement qu’ils sont là. Un Mondial sans l’Angleterre c’est comme une bière sans pression, du thé sans nuage de lait ou des frites sans vinaigre…

Écrit par Michel Zendali

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5 Commentaires

  1.  » En Angleterre, le match de foot idéal, c’est la nuit quand il fait froid et qu’il pleut. »

    Il me semble que tu as quelque peu adapté les dires de Gattuso en faveur de l’Angleterre 🙂

    « Pour moi, un match de foot idéal, ça se joue un soir d’hiver, sous la pluie, dans le froid. Quel plaisir de voir la fumée qui se dégage des corps à la moindre respiration… Quand je joue dans les conditions que j’ai souvent rencontrées en Ecosse, ça me booste encore plus »

    Gennaro Gattuso, L’Equipe du 18 avril 2006.

    Amicalement…

  2. En 1966, l’Autriche a gagné l’Eurovision, Fulham était tombé en Championship, l’Atletico avait gagné la Liga, le Real la Ligue des Champions et l’Angleterre la Coupe du Monde. Une raison de plus d’y croire.

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