Roger Federer balayé par la Rafale Nadal

Sur le sentier de la guerre, le Comanche des Baléares n’a pas laissé de plumes dans son duel avec sa victime favorite. Bien au contraire, il s’est payé le scalp de Roger Federer, dernier Mohican suisse à Paris, sans coup férir. Ceux qui pensaient que l’été indien de la carrière du Bâlois avait fini par devenir le théâtre de la guérison totale de sa Nadalite aiguë (5 victoires consécutives depuis 2015, 6 si on compte le lâche abandon du fier Ibère à Indian Wells cette année) avaient manifestement oublié que Roland-Garros était le terrain de chasse favori du mustang de Manacor. Signaux de fumée à sa tribu dans les gradins, danse de la pluie, rien n’y a fait pour le Grand Manitou du tennis mondial. La cavalerie n’est pas arrivée à temps.

Le match en deux mots

Du vent !

L’homme du match

Miguel Angel Nadal. Rafa avait déjà un tonton, flingueur de jeu offensif (tiens, tiens…) au Barça des années 90, portant ce nom. Avait-il vraiment besoin d’un autre ange gardien nommé Miguel ? La tempête qui a frappé la Porte d’Auteuil de plein fouet en ce vendredi de demi-finales aurait pu s’appeler Reto ou Ueli. Mais non, il fallait qu’elle ait l’accent espagnol, histoire d’asseoir la domination du joueur à la tactique la plus monomaniaque de l’histoire du jeu et à la prise de risque qui n’a rien à envier à celle qui caractériserait Didier Deschamps s’il engageait Fernando Santos comme assistant.

La buse du match

Qui d’autre que Vladimir Petkovic ? Même si personne ne l’a vu, le sélectionneur de la Nati avait forcément fait le voyage depuis le Portugal pour remplacer Mirka aux côtés de Severin Lüthi, l’homme qui s’échine avec un succès digne du FC Aarau dans un match retour de barrage à créer un vent d’enthousiasme pour le port de la casquette Barilla. Comme mercredi soir au Stade du Dragon, le message de Petko a été reçu 5 sur 5 : Roger a fait bonne figure et perdu sans avoir démérité, comme il se doit en Helvétie footballistique. Mission accomplie pour le « Mister » donc, même s’il a encore une défaite honorable à assurer dimanche après-midi à Guimarães avant de pouvoir suivre Roger à temps plein. Il s’en est fallu d’un cheveu pour qu’Ivan Ljubicic se fasse coiffer au poteau et perde son poste de co-entraîneur avec effet immédiat.

Le tournant du match

Le moment où la productivité des travailleurs helvétiques est soudain remontée de 800% à 14h51. C’est-à-dire l’instant qu’a choisi Nadal, le vent en poupe, pour mener 2 sets à 0 et ainsi achever de décourager les trois personnes qui se forçaient encore à croire, contre vents et marées, en une hypothétique chute fatale au genou de l’Espagnol ou à une conjonctivite fulgurante, effet collatéral de la tempête de sable qui faisait rage au niveau du court, qui forcerait notre Yakari ibérique à l’abandon. Autant en emporte le vent.

Le geste technique du match

Chaque coup de raquette correctement centré qui nous a fait croire à des conditions atmosphériques humainement acceptables par moments dans un central ouvert aux quatre vents.

Le geste pourri du match

Le même qu’à chaque nouvel acte de ce « Fedal » que les médias et les suiveurs du monde entier adorent autant que le public suisse adore le détester. Celui qui consiste à brasser de l’air autour d’une rivalité qui est aussi légendaire que le mental de Yann Marti et dont le score est presque aussi serré que celui d’un Canada – Grande-Bretagne aux championnats du monde de hockey sur glace. Surtout sur la surface ocre chère au gringalet majorquin. 24-15 dans l’absolu, 10-3 en Grand Chelem, 14-2 sur terre battue, 6-0 à Roland-Garros. Le vent n’est pas près de tourner.

Le chiffre à la con

12. Non, ce n’est pas le nombre de fautes d’orthographe répertoriées dans un tweet de Steve Huard, mais bel et bien le nombre de Coupes des Mousquetaires dans lesquelles l’Abominable Homme des Serres d’Auteuil aura mordu au terme de la finale qui pourra peut-être enfin se jouer vendredi prochain quand le vent et la pluie auront mis les voiles.

 

Nadal en 2006 (ou n’importe quelle autre année finalement).

L’anecdote

« Si je suis revenu sur terre, c’est aussi peut-être pour jouer Rafa. » La phrase est signée « RF », avant de quitter le court en coup de vent au tour précédent. Le syndrome de Stockholm fait décidément des ravages.

Et sinon, dans les tribunes ?

Le seul frisson (ou courant d’air) de ce non-match aura finalement eu lieu lors du troisième set et n’aura touché qu’un seul membre de la poignée de spectateurs présents à l’étage des loges. Enfin pas vraiment puisque la balle expédiée par le Maestro en direction des cieux ratait ce brave homme d’à peine quelques dizaines de mètres. Apparemment on « prend la confiance » (expression dans le vent, définition officielle disponible sur weshipedia) au niveau taille à la septième coupe de champagne.

La minute Pierre-Alain Dupuis

« Je trouve que Roger joue très bien au tennis », nous dit le plus sérieusement du monde Marc Rosset au cœur de la bataille livrée par celui qui, s’il empilait ses trophées, remplirait le Court Philippe-Chatrier (loges comprises) pour la première et seule fois de son histoire. Il faut le comprendre, deux semaines après la retraite de son acolyte de toujours, le consommateur occasionnel de petits fours aux Vernets (décidément, personne n’est parfait !) commence à ressentir les premiers symptômes du manque. On lui permettra donc de passer entre les gouttes.

La rétrospective du prochain match

Novak Djokovic ayant quitté les lieux en voiture au premier nuage aussi menaçant qu’un revers à une main dans la diagonale du coup droit de Nadal et de facto mis un terme à la journée, impossible de dire quand son match reprendra. Selon des bruits de couloir dont nous avons eu vent, le majordome du Serbe (un certain Guy Forget) attendrait son claquement de doigts pour mettre le programme à jour. De là à dire que le numéro 1 mondial fait la pluie et le beau temps à Paris…

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.