Quelle serait la meilleure adaptation sportive Netflix ?

Alors que Joël Dicker vient de sortir un nouveau best-seller programmé en appliquant une recette aussi efficace qu’éculée, vos gratte-papier préférés tentent par tous les moyens de semer un syndrome de la page blanche aussi tenace qu’un adversaire du PSG lors d’un match retour européen. Histoire d’honorer le soutien indéfectible de nos 14 fidèles lecteurs de concurrencer le Dan Brown du bout du lac, on a nous aussi décidé de donner dans le réchauffé en dépoussiérant une rubrique qui nous est chère et qui, un peu à l’image du bon sens au FC Ineos, a été délaissée pendant de trop longs mois: à vos micro-ondes, revoici le poing de vue de la rédac !

Comme à l’accoutumée, une question nous empêche de dormir sur nos deux oreilles. Après Pelé, Roberto Baggio, Neymar, Tony Parker ou encore Michael Schumacher, à qui le tour pour la prochaine hagiographie tout en subtilité, nuance et objectivité du géant américain du streaming ? En tant que dernier chantre des trois qualités susmentionnées sur les Internets, Carton-Rouge se sacrifie pour trouver la perle rare:

Quelle serait la meilleure adaptation sportive Netflix ?

(Nous partons évidemment du principe qu’il restera quelques ronds à l’entreprise prolétaire californienne après avoir été forcée par le Conseil fédéral à participer au financement de films suisses hors de prix)

Vincent Roesch

Comment est-ce possible que Netflix n’ait pas encore pensé à faire un biopic sur l’extraordinaire Souleymane Cissé ?

Le titre est déjà tout trouvé : « Tonton Soul’ ». À ne pas confondre avec ton oncle qui fait des blagues beauf à Noël parce qu’il a trop picolé. Ni d’ailleurs avec Ben, l’Oncle Soul.

Non, je te parle bien du polisseur de diamant, le seul et l’unique Souleymane Cissé. L’homme :

  • Qui a révélé au grand jour Kylian Mbappé et Armel Zohouri
  • Que le meilleur joueur actuel surnomme « Tonton », info lâchée par le club lors de sa présentation
  • Qui se regarde tous les matins dans la glace en s’exclamant : « Ah ! Zohouri de me voir si beau en ce miroir »
  • Qui part le matin faire les courses et qui revient le soir, avec dans sa valise : George, Koyalipou et quelques agrumes. Puis qui refuse le lendemain de signer Pierre-André Gignac, sous prétexte que : « Deux cétacés trois citrons »
  • Qui a déclaré : « Un jour, je montrerai Lausanne à Mbappé », avant d’ajouter « Et il regardera mon doigt ! »
  • Qui a construit une équipe à trois francs six sous, alors qu’il avait plus que trois francs Cissé
  • Que l’on accuse de privilégier ses intérêts personnels lors des transferts, afin de se remplir les poches en soum soum. Pourtant, à l’entendre, il ne croule pas sous la maille, Souleymane.

On imagine déjà les avis enthousiastes du public :

  • « Incroyable » : Kylian, même pas prêt
  • « Du lourd » : George, profondément touché
  • « Waouh, ta race » : Brahima

Joey Horacsek

Grand fan de losers magnifiques, j’aurais bien vu une série nommée « La descente aux enfers de Günther Steiner », mais apparemment ça existe déjà depuis quatre ans et ça s’appelle « Formula 1 : Drive to survive ». Bon. Sinon, pourquoi ne pas relater l’histoire incroyable de Mario Balotelli, un enfant pour qui rien n’a été facile qui trompe son monde depuis une quinzaine d’année en prétendant être footballeur ? Mais ça risque de faire doublon avec le personnage de Frank Abagnale dans l’excellent « Catch me if you can ». Ou alors, on peut penser à un documentaire sur les présidents de clubs pro romands. Mais de nouveau, tout a déjà été dit à leur sujet dans « How to Become a Tyrant ».

Du coup, je vais me rabattre sur un spin-off du documentaire « Inside the World’s Toughest Prisons » qui s’appellerait « À l’Intérieur des Plus Belles Maisons de Retraite ». La première saison porterait naturellement sur une splendide institution du 16ème arrondissement de Paris, dans laquelle vivent désormais de richissimes retraités venant d’Argentine, d’Espagne ou encore du Brésil. Las, il semblerait qu’une malédiction hante les lieux et provoque des troubles mentaux aux résidents – en plus de ceux liés à leur âge avancé – en leur faisant totalement perdre leurs moyens lors des voyages organisés dans le reste de l’Europe. Suspense garanti, d’autant qu’il se murmurerait que la saison 2 pourrait se passer en Suisse, en terres valaisannes…

Raphaël Iberg

« Comment Casanova a conquis les supportrices du LS » ? Hmmm, non, la science fiction n’a jamais été l’apanage de Netflix et l’explication du fonctionnement de l’organigramme d’Ineos prendrait déjà deux saisons de 24 épisodes à elle toute seule. Oui, même l’adaptation documentaire de la vie du club de la Tuilière aurait de quoi lasser.

La meilleure saison de la carrière de Rafael Nadal à 35 ans ? Bof, on a déjà vu la prequel avec Roger Federer en 2017, c’était vachement mieux et on a toujours pas digéré le finale de la troisième saison à Wimbledon (même si ma télé est mystérieusement tombée en panne dans les derniers instants). Oui, j’en parle tous les deux articles, ça doit être ça un traumatisme.

La rivalité hockeyistique Suisse-Suède à travers les âges ? L’incompréhension de tout le continent nord-américain additionné au seum bien de chez nous réduirait cette série aux longs cours à un monologue dans la langue de Stefan Edberg. Aucun potentiel au niveau international.

Revenons-en donc aux classiques. « Sunderland ’Til I Die », ça vous parle ? Si la deuxième meilleure production Netflix de tous les temps – derrière l’indétrônable « « Icarus » – ne vous dit rien, il y a urgence. Plantez-nous ici et allumez votre poste. Cette série, censée suivre le quotidien des Black Cats (voilà qui ne s’invente pas) sur la route triomphale d’un retour en Premier League, avait fini par documenter une deuxième relégation successive dans les coulisses du club du Nord-Est. Comme une troisième saison ne semble pas à l’ordre du jour, l’esprit chagrin en moi adorerait voir la même série tournée dans les vestiaires du Derby County FC lors de la saison 2007/2008, la pire de l’histoire de la Premier League, avec une seule victoire à leur actif, 11 points totalisés et moins de buts marqués collectivement qu’Emmanuel Adebayor à titre individuel. Le HC Ajoie pourrait en prendre de la graine. 

Valentin Henin

Dans la même veine que « Sunderland ‘Til I Die », mentionné juste au-dessus, je suis très déçu que personne n’ait pensé à suivre Yann Marti. En effet, alors qu’il pointait à la 807ème place mondiale, le joueur suisse de tennis déclarait qu’il allait atteindre le top 100 dans les 18 mois. La bande-annonce aurait été alléchante :

  • Il est 807ème mondial. Son objectif: le Top 100. Il est déterminé. Il est audacieux. Il est courageux.

Problème, il n’est pas assez bon ! Avec tout le respect que je porte à quelqu’un qui a obtenu des points ATP, sur ce coup-là, Marti a tellement pété au dessus de son cul qu’il doit encore avoir un peu de merde derrière les oreilles (cf. Les Nuls).

Olivier Di Lello

Je dois être le seul à ne jamais regarder Netflix. Je suis trop occupé à faire des puzzles. Disons que le public adore les docu-fictions mettant en scène des gangsters et que les séries historiques sont passablement à la mode. Rien de tel qu’une série sur Alexandre Villaplane, capitaine de l’équipe de France de la coupe du monde 1930, une coupe du monde où il y avait treize participants, ce qui est très bizarre.

Quatre ans après avoir joué la première coupe du monde de l’histoire, le joueur de Nice fait de la prison pour une affaire de paris truqués dans le monde tout naze de l’hippisme. Mais il ne s’arrête pas là. Non, non, non, ce n’était qu’un échauffement. Il profite ensuite de la Deuxième Guerre Mondiale pour organiser le racket de Juifs en France, et tente au passage d’arnaquer les envahisseurs allemands. Finalement, après avoir été mis en prison par les SS, ce brave type se dit qu’ils n’avaient pas que des mauvaises idées ces gens en uniforme, il retourne sa veste et rejoint la Gestapo. Il se livre alors à des pillages et à des massacres commis contre les Résistants où il est personnellement reconnu coupable de crimes de guerre graves. Devenu citoyen allemand (nazi) dans la foulée de ses exactions, il est condamné à mort et fusillé à la Libération en 1944. Je suis sûr qu’à côté de Villaplane : a bastard story, Narcos c’est de la soupe.

Pierre Diserens

Toujours la même rengaine ces scénarios Netflix. Du talent, des embûches, du travail, des critiques, des victoires et pour finir de la musique qui fait chialer. Autant proposer quelque chose d’innovant qui ne reprend rien de tout ça mais qui se base plutôt sur un mec pas forcément très doué, qui n’intéresse personne et qui perd la plupart du temps. Voici donc mes propositions de superproductions :

  • « Henri Laaksonen, sourire à la vie »
  • « Joue-la comme Admir Mehmedi »
  • « Quand je serais grand, je voudrais être Urs Imboden »

Vic Perrin

Difficile de décerner le meilleur scénario sportif pour une série Netflix. Mais force est de constater que Darko Milicic pourrait postuler comme un sérieux candidat. Car la vie du basketteur est un récit délirant, lui qui cumule un nombre d’anecdotes plus élevé que sa dentition ! 

Joueur originaire de Serbie, le géant de 2m13 intrigue Outre-Atlantique où il est attendu pour la draft 2003. Prévu relativement loin des premières places, il est finalement choisi en 2ème position par par les Detroit Pistons. Pourquoi pas après tout… si les autres joueurs sont moyens. Sauf que la pression est énorme : il passe juste après l’increvable LeBron James et surtout avant Carmelo Anthony, Dwayne Wade ou encore Chris Bosh qui sont devenus de multiples All-Stars. 

Alors certes, Darko remporte tout de même un titre NBA avec Detroit, mais son apport personnel est famélique. Jamais il n’arrivera à prendre le jeu à son compte, devenant ainsi un boulet toujours blessé et surtout désintéressé par son job de rêve. À 27 ans et un compte en banque bien rempli,  il prend sa retraite après dix saisons d’une carrière insipide. Les statistiques sont peu reluisantes, et le Serbe se console assez vite dans un champ de 125 hectares où il cultive, en tant que fermier, des pommes et cerises loin de la balle orange. Et on ne parle pas du fruit. Il exporte en Russie ou à Dubaï, mais s’exporte également sur un ring où sa reconversion furtive de kickboxer ne durera qu’un match, étant mis à terre lorsque son adversaire l’attaque sur ses jambes en carton-pâte. Bref, amusez-vous bien Netflix !

Yves Martin

Un biopic sur la carrière de Shaqiri me semblerait prometteur, et pas trop cher à bricoler : il suffirait de s’inspirer des films « Le passager clandestin » (1958), « Chute libre » (1993) et « Super Size Me » (2004).

Florent Gonnet

Un documentaire consacré au footballeur brésilien Sócrates, sans hésitation. En ces temps où on glorifie les écervelés, ce serait salutaire. Voyez plutôt : titulaire d’un doctorat en médecine et politiquement engagé pour la démocratie, le gars était en prime un joueur classe et talentueux sur le terrain. En outre, devinez quoi : c’est le frère aîné de Raí, qui pourrait donc aussi figurer dans le documentaire !

En pleine dictature militaire, il initie une expérience unique d’autogestion appliquée au football, connue sous le nom de « démocratie corinthiane ». Dans ce système d’autogestion du club par les salariés, chaque décision liée à la vie du club est soumise au vote des joueurs, lesquels sont en tout état de cause liés quasiment à vie à leur club. « Nous voulions dépasser notre condition de simples joueurs travailleurs pour participer pleinement à la stratégie d’ensemble du club. Cela nous a amenés à revoir les rapports joueurs-dirigeants. Les points d’intérêt collectif étaient soumis à la délibération ».

Sérieusement Netflix, vous attendez quoi ? À se demander s’ils ont peur que les spectateurs soient déçus de ne pas tomber sur un biopic du philosophe…

 

Crédit photographique:

Image de tête: Donald Trung Quoc Don/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Donald_Trung

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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