Et le sport dans tout ça ?

«Non sérieusement ?! Saint-Gall est leader du championnat ! A la différence de buts avec le FC Bale dans ce cas. Quoi ? Le FC Bale est à 10 points !»

Voilà donc le résultat de deux ans d’expatriation… Je pensais quitter la Suisse sans trop de regret tant l’ASL était devenue une copie conforme du championnat de Formule 1. Le FC Bâle d’un coté, Schumi de l’autre. Le foot a cette vertu magique de toujours évoluer. Manchester et Arsenal encombraient la Premier League ? Pas de problème, les pétrodollars sibériens ont changé la donne. La Juve et le Milan jouaient au ping-pong avec le Scudetto ? Appelle un juge et l’Inter et la Roma renaissent. Il n’y a bien que l’axe Munich – Lyon qui tienne encore la distance. Et encore plus par manque d’opposition que par réelle domination. Mais la majorité de ces bouleversements interviennent en dehors du terrain à proprement parler. L’entraîneur du PSG, Bernard Lacombe, disait du déplacement de son équipe en coupe d’Europe sur la pelouse d’une équipe amateur irlandaise : «Ca sent bon le foot». Voilà ce que nous avons perdu avec l’internationalisation et la maxi-professionnalisation de notre sport préféré. L’ambiance d’un match de foot : le schublig sur une tranche de pain avec de la moutarde qui dégouline sur notre main, le froid omniprésent jusqu’au moment où notre attaquant fétiche ouvre la marque et nous fait oublier d’un coup de baguette magique notre torpeur hivernale. Au lieu de penser à passer un samedi après-midi de fête avec des amis ou sa famille au stade, nous y allons de nos jours pour voir le résultat de notre équipe. Et malheur à cette dernière si ce résultat est négatif !
On préfère de nos jours gagner 1-0 en voyant un spectacle affligeant que de perdre 3-4 après un match des plus excitants. Cette soif de résultat crée en nous cette capacité incompréhensible à pardonner aux acteurs de notre sport préféré notre ennui quasi hebdomadaire devant notre TV ou sur notre siège en plastique numéroté 45C tribune E. Si tu devais choisir entre une victoire de ton club en championnat acquis grâce à sa défense n’ayant encaissé que 12 buts durant la saison et une sixième place n’offrant même pas une coupe d’Europe mais avec 3 buts de moyenne marqués par match, quel serait ton choix ? Sans avoir honte, je signe pour la première option… Triste mais vrai.


Et que dire du rendez-vous sportif que la majorité d’entre nous attend avec impatience quatre ans durant ! Je me souviens des discussions post Coupe du Monde 2002 : «C’est une Coupe du Monde achetée par les Coréens» ; «Tu te rends compte ? La Turquie et la Corée du Sud en demis !» ; «La France et l’Argentine éliminées au premier tour…». En 2002, au moins, avait-on eu droit à de belles surprises… Quatre ans plus tard, la France et l’Italie se sont affrontées en finale de la Coupe du Monde pour nous offrir la cerise sur le gâteau d’une compétition ennuyeuse à mourir : une séance de penalties, des insultes et un coup de tête ! La mémoire collective retiendra davantage ce fameux «pétage de plomb Zidanesque» que le football à proprement parler. Même un passionné comme moi commence à se lasser d’un spectacle aussi affligeant.
C’est donc une approche du sport un peu plus authentique, un peu plus envoûtante que j’aimerais voir vivre dans les colonnes de ce nouvel outil de communication qu’est Carton Rouge. J’aimerais y voir le bonheur des journalistes de ce canard de suivre avec ferveur leurs sports favoris, leurs passions. Qu’ils nous transmettent leur envie, pas seulement celle de lire assidûment leurs articles, mais bien celle de nous rendre au stade le samedi pour y goûter des moments magiques que seul le sport nous permet de vivre.
Vive le sport, et j’espère bientôt pourvoir écrire : Merci Carton Rouge.

Écrit par Eric Laurent

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