L’essentiel est sauf

Le site officiel l’annonçait dans sa présentation du match : rien à craindre de Langnau. En effet, le bilan comptable est largement favorable à Genève-Servette depuis son retour dans l’élite. Ce que les chiffres ne disent pas, c’est que les Emmentalois, comme Rapperswil ou Bâle, ont le chic pour faire déjouer les Grenat quel que soit le niveau respectif des équipes. De plus, Reto Schürch a souvent fait mentir aux Vernets sa peu flatteuse réputation. Tout cela s’est encore vérifié : la victoire est là, mais pas la manière. Il faudra sans doute s’y habituer cette saison.On peut d’ailleurs se demander comment le match aurait tourné si les Tigres avaient ouvert le score en début de 2e tiers. Jusque là, les Genevois dominaient certes, mais produisaient un jeu fort décousu. Heureusement, les transitions très rapides, avec la complicité de la défense bernoise, venaient compenser en créant de nombreuses occasions dangereuses. Oui mais voilà, Schürch était en grande forme et repoussait toutes les tentatives. Avec parfois un peu de chance, notamment sur un break de Laurent Meunier. Seul un tir en angle fermé de Kirby Law qui file entre ses jambières pour le 2-0 peut être inscrit à son passif.
Peu après la première pause, Langnau marquait donc le 1-0. Ou presque. Alors que Thomas Déruns reprenait son souffle en prison,  Michael Liniger profitait d’une feinte de tir de Brad Fast pour loger le puck dans la cage. Problème : celle-ci – ô surprise – avait préalablement été déplacée par Gianluca Mona. Après avoir consulté la vidéo, M. Reiber annulait logiquement le but, sans toutefois sanctionner le gardien servettien.
C’est de Déruns que vint la solution. Non content de pratiquer son jeu physique habituel, il se découvrit un talent pour le moins inattendu de passeur. À la 26e minute, il servait ainsi à la fois dans son dos et celui de la défense emmenthaloise un caviar à Morris Trachsler qui ouvrait le score d’un tir précis dans la lucarne droite. En fin de période, il permettait encore aux Aigles de reprendre deux buts d’avance. Suite à une récupération de Goran Bezina, il partait en deux contre un, fixait le défenseur et offrait à Jan Cadieux une cage à moitié vide.
Après avoir manqué de peu le K.O. sur une magnifique combinaison Bezina-Aubin-Law, les Grenat cédaient à la tentation de reculer. Les Tigres n’en profiteront dans un premier temps que mollement, ayant toujours autant de peine à poser leur jeu. Même lorsqu’ils auront l’occasion d’évoluer pour la deuxième fois de la partie pendant plus d’une minute et demie avec deux joueurs de plus, ils ne parviendront pas à mettre Mona en danger.
Les données changent à cinq minutes de la fin. Langnau se fait soudain beaucoup plus pressant et réduit tout de suite le score sur un tir puissant de Martin Stettler. La fin de match sera épique. Les Servettiens peinent à conserver le puck ; les situations confuses se multiplient dans l’enclave. À une minute de la fin, alors que Schürch a quitté la glace, Tommi Miettinen, rate une cage béante. La sirène peut enfin délivrer les joueurs locaux, qui s’en vont congratuler leur gardien.
Mais ce n’était qu’une fausse alerte. En effet, le chronométreur genevois n’a pas encore la maîtrise de ses confrères de l’Ilfis ou du Lido pour laisser filer l’horloge, et ça s’est vu. Les deux secondes rajoutées ne donneront bien sûr rien, mais le match se termine dans une légère confusion.
Jakub Horak, qui s’était surtout illustré par un cross-check à la Breitbach (soit, pour les profanes, par derrière, loin du puck et sous les yeux de l’arbitre) offrant le premier 5 contre 3 aux Tigres, fut sans doute un peu déboussolé par ce final éprouvant. Il alla donc véhémentement faire la ola avec son kop. Ne lui dites pas que c’est en fait Mona dont on chantait les mérites.
Même si ce fut plus dur que ça n’aurait dû, l’essentiel est là : un score tenu dans la douleur pour rebondir de la défaite frustrante à Davos et trois points qui permettent de revenir à une longueur du leader Rapperswil, prochain adversaire des Aigles vendredi aux Vernets. Face à des Saint-Gallois qui confirment leur statut de gros outsiders en ce début de championnat, les relâchements et les pénalités bêtes devraient beaucoup moins pardonner. Si les Genevois parviennent à retrouver leur niveau de jeu des matches contre Berne ou Zurich, le match promet d’être palpitant.
Résumé :
Genève-Servette – SCL Tigers 3 – 2 (0-0 3-1 0-1)
Genève-Servette : Mona ; Bezina, Mercier ; Horak, Gobbi ; Schilt, Keller ; Breitbach, Rytz ; Wright, Aubin, Law ; Déruns, Trachsler, Cadieux ; Treille, Meunier, Fedulov ; Knoepfli, Savary, Rivera. Absents : Grošek (blessé) et Augsburger (surnuméraire).
SCL Tigers : Schürch ; Leuenberger, Stettler ; Fast, Lüthi ; C. Moser, A. Ramholt ; Blum, M. Moser ; Joggi, Liniger, Neff ; Högard, F. Sutter, Jinman ; Miettinen, Sirén, Tuomainen ; Debrunner, Gerber, S. Moser. Absents : Rizzelo et Aegerter (blessés).
Buts : 26’08 Trachsler (Déruns, Mercier) 1-0, 29’03 Law (Aubin, Wright / 5 c. 4 / A. Ramholt) 2-0, 31’35 Liniger (Neff, Fast) 2-1, 35’25 Cadieux (Déruns, Bezina) 3-1, 55’07 Stettler (Högardh, Jinman) 3-2.
Arbitres : Brent Reiber ; Gilles Mauron, Laurent Schmid.
Pénalités : 9 x 2’ + 1 x 10’ (Rivera / Charge après le coup de sifflet) contre Genève-Servette, 9 x 2’ contre Langnau
Patinoire des Vernets, 5’012 spectateurs.

Écrit par Yves Grasset

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