Fin de série

Après cinq défaites consécutives, le Bayern Munich est parvenu à renouer avec le succès contre le Borussia Dortmund en remportant la Supercup. Ainsi, malgré ses échecs en championnat, en Coupe d’Allemagne et en Ligue des Champions, le Rekordmeister a quand même gagné un trophée en 2012.

Selon la coutume, la Supercoupe d’Allemagne se joue sur le terrain du vainqueur de la Coupe, présumé plus faible que le champion sortant. Sauf que cette année, le champion, le Borussia Dortmund, est également le vainqueur de la Coupe (je ne me lasserai jamais de le répéter…). Du coup, c’est le vice-champion et finaliste malheureux de la Coupe, le Bayern Munich, qui endosse le rôle du petit qui doit être protégé et a le droit d’évoluer à domicile pour égaliser les chances contre plus fort que lui. Secrètement, on espérait qu’il puisse y avoir une entorse à la tradition et que le match soit joué à Dortmund mais il n’en a rien été. On rêvait d’un samedi soir festif au Westfalenstadion dans une ambiance survoltée, on s’est retrouvé un dimanche soir dans la très aseptisée Allianz Arena bavaroise, ce n’est pas tout à fait la même fête.

Munich, capitale mondiale de la soif

L’Allianz Arena est tellement aseptisée que tu ne peux même pas emporter de boissons dans les gradins. Si ça intéresse quelqu’un, j’ai abandonné une bière aux trois quarts pleine devant l’entrée du bloc 347, elle y est peut-être toujours : je n’avais pas envie de rater le début du match et, après avoir descendu des Mass tout l’après-midi dans un sympathique Biergarten du centre-ville, je n’étais plus en mesure de finir cette Paulaner rapidement. A priori, je n’étais pas le seul dans ce cas, vu le nombre de bières à peine entamées déposées devant l’entrée du bloc. Si tu veux te prendre une mine à l’œil, il te suffit d’aller rucloner devant le bloc réservé aux fans du Borussia Dortmund lors d’un match à Munich. Mais tu conviendras que c’est quand même assez piquant de s’entraîner pour la Coupe du Monde au Qatar en 2022 dans une ville considérée comme la capitale mondiale de la bière.

Entame tonitruante

Ceci dit, j’ai bien fait de ne pas finir cette bière, sinon j’aurai manqué le premier, voire même les deux premiers buts. Car le Bayern a réussi une entame de match tonitruante. Le nouveau venu Mario Mandzukic ouvre le score en reprenant un centre de Franck Ribéry après une double roue libre des centraux Hummels et Subotic. Après six minutes de jeu, le nouveau renfort croate du Bayern avait donc déjà plus marqué que Mario Gomez lors des cinq derniers BVB – Bayern… Puis c’est Thomas Müller, préféré au poste de numéro 10 à Xherdan Shaqiri, pourtant très bon et très prolifique en matchs de préparation, qui double la mise après un premier tir d’Arjen Robben sur le poteau. Le Borussia Dortmund n’y est pas du tout dans cette première mi-temps et peut s’estimer heureux d’être arrivé avec seulement deux buts de retard à la pause.
On espérait que le BVB, pas très convaincant en matchs amicaux, profiterait de cette Supercup pour signer un match référence, c’est raté : on a vu les mêmes errements que contre Brugge, Preussen Münster, Nuremberg ou Brême et ça n’a pas pardonné contre un Bayern remonté à bloc. Car le Rekordmeister s’était mis une grosse pression avant ce match : pas tellement pour gagner cette Supercup relativement anecdotique mais surtout pour mettre un terme à sa série de cinq défaites consécutives contre le BVB, sur un goal average total de 3-12, et ainsi rompre le léger complexe d’infériorité qui commençait à poindre à la Säbener Strasse dès qu’un maillot jaune et noir apparaissait à l’horizon. Sur la première mi-temps, l’opération reconquête des Bavarois a parfaitement fonctionné, les clients de l’Allianz Arena étaient satisfaits et tapaient dans leurs mains. Par contre, ils n’ont pas poussé le vice jusqu’à chanter, il y a des limites : quand tu vas au stade comme au théâtre, c’est pour applaudir la pièce qui se joue sur le terrain, pas pour participer toi-même au spectacle par des chants ou des encouragements.

Schade…

Le scénario sera bien différent après la pause : le BVB est enfin rentré dans son match et les occasions se succèdent. Lewandowski voit sa tête détournée par Neuer, avant d’être contré in extremis, alors que Reus enlève trop sa frappe. La réduction du score tombera à un quart d’heure de la fin sur un tir précis d’un Robert Lewandowski très performant depuis le début de la préparation et qui devrait affoler la statistique cette saison. Le match avait complétement changé d’âme, le Bayern n’en menait pas large et l’égalisation n’était pas loin ; on a cru au but lorsque Mario Götze s’est présenté devant Manuel Neuer mais le prodige dortmundois a un peu raté sa combine, alors que Julian Schieber, lui aussi en bonne position, a trop croisé son envoi, et que M. Weiner a oublié de siffler un pénalty pour une faute de main de Philipp Lahm. Les deux équipes ont eu chacune leur mi-temps et ont été, dans l’ensemble, assez proche l’une de l’autre. Le duel entre les deux favoris de la Bundesliga est lancé et devrait être acharné, même si l’on se gardera bien de tirer des conclusions péremptoires sur ce premier choc. 
Avec cette Supercup, les Bavarois auront donc quand même gagné une Finale dahoam cette année mais ce n’est pas forcément celle qu’ils espéraient. Mais, au moins, cette victoire met un terme à cette série négative contre Dortmund et permettra à Jupp Heynckes de travailler un peu plus sereinement, lui dont la position aurait été fragilisée par un sixième revers contre Jürgen Klopp. Accessoirement, avec quatre victoires, le Bayern devient le club le plus titré dans cette Supercup, devant les trois succès de Dortmund et Brême (les victoires remportées par ces deux clubs en 2008 et 2009 ne sont pas prise en compte, car la Supercup n’avait pas de caractère officiel ces années-là). Accessoirement, le Bayern s’est lancé un sacré défi en gagnant ce match : à l’exception du BVB d’Hitzfeld et Chapuisat en 1995-1996, jamais une équipe qui a débuté sa saison par une victoire en Supercup n’a été chercher le titre dix mois plus tard.

Bientôt en Chine ?

Cette Supercup ne sourit en revanche guère au Borussia Dortmund qui, douze mois après la défaite contre Schalke à Gelsenkirchen, subit un nouveau revers contre l’un de ses meilleurs ennemis dans cette compétition. Le Bayern Munich a récemment émis l’idée que, à l’instar des Italiens, des Espagnols et des Français, l’Allemagne délocalise sa Supercup. Je trouve l’idée stupide : si la Bundesliga est devenue le championnat le plus populaire du monde – et de très loin – en terme d’affluence dans les stades, c’est justement parce qu’elle n’a pas suivi les mêmes dérives commerciales qu’Anglais, Italiens ou Espagnols, et qu’elle a tout misé sur une relation de proximité avec les fans plutôt que sur le bling-bling. Certes, il est vrai que la Buli est très loin de la Premier League en terme de revenus télévisuels à l’étranger (environ huit fois moins) mais je doute qu’aller jouer la Supercup en Chine y changera quelque chose. C’est surtout la présence de stars mondiales qui permettra à la Bundesliga d’augmenter sa visibilité dans ces si lucratifs marchés émergents et ça, ça viendra naturellement avec le fair-play financier et les restrictions budgétaires qui frappent de plus en plus de club en Europe. Ensuite, le caractère éminemment spectaculaire de la Buli fera le reste.
Le seul avantage que je verrai à une Supercup en Chine, c’est qu’au moins je ne serai pas tenté d’y aller et ça m’éviterait de quitter le stade avec une mine d’enterrement après une défaite contre Schalke ou le Bayern. Ceci dit, si je ne suis pas resté pour la remise du trophée aux Bavarois, ce n’est pas tant par dépit que par risque de déshydratation : comme il faut 20 minutes pour commander une bière dans les peu efficaces buvettes de l’Allianz Arena, il est scientifiquement impossible de prendre sa chope durant la pause sans rater un bout du match. Alors, après près de deux heures d’abstinence, j’avais trop soif pour rester pour la remise de la coupe. Mais, à part le résultat, le manque de bière et l’ambiance pas tout à fait à la hauteur, je me suis rendu compte que j’aimais toujours autant le foot allemand et le BVB (à vrai dire, je n’avais pas trop de doute là-dessus). La saison dernière, j’ai vu, toutes compétitions confondues, 31 matchs du Borussia Dortmund, l’objectif ça va être de faire mieux cette année. Donc, tu n’as pas fini de me lire (ou pas) sur le sujet. 

FC Bayern Munich – Borussia Dortmund 2-1 (2-0)

Allianz Arena, 69’000 spectateurs (guichets fermés, record d’affluence pour la Supercup).
Arbitre : M. Weiner.
Buts : 6e Mandzukic (1-0), 11e Müller (2-0), 75e Lewandowski (2-1).
Bayern : Neuer; Lahm, Boateng, Dante, Can (70e Badstuber); Luiz Gustavo, Kroos; Robben (86e Shaqiri), Müller, Ribéry (81e Tymoshchuk); Mandzukic.
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Leitner (64e Götze), Gündogan; Blaszczykowski (71e Schieber), Reus, Grosskreutz (64e Perisic); Lewandowski.
Cartons jaunes : 28e Luiz Gustavo, 38e Can, 42e Schmelzer, 68e Mandzukic, 82e Robben.
Notes : Bayern sans Alaba, Contento, Gomez ni Rafinha (blessés), Dortmund sans Kehl ni Bender (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. En Espagne c’est sur deux match la supercoupe…le premier ce sera mercredi à Barcelone, et le retour à Madrid, et pas en Chine donc…Ils y ont pensé en effet, mais les 2clubs ne voulait pas

  2. La ligue espagnole a signé un contrat pour que 5 des 7 prochaines éditions de la Supercoupe, à partir de 2013, se jouent en Chine.

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