Le 265ème derby milanais entrera dans la légende

Après le Calciopoli et le titre mondial italien (auquel j’accorde à peu près autant de crédit qu’aux Scudetti 2005 et 2006 de la Juve), je m’était promis de ne pas retourner de sitôt dans un stade italien. Cette bonne résolution n’aura guère tenu que quelques mois.

Malgré le dopage, la corruption, le catenaccio, l’antijeu et autres joyeusetés du football italien, l’appel du derby et la proximité de San Siro ont été les plus forts. Un passage opportun sur le site du Milan pour obtenir les fameux sésames pendant les quelques trois minutes durant lesquels ils ont été en vente et un franchissement des Alpes plus tard, nous voici devant le temple milanais. Lequel fait le plein cette année : l’Inter n’ayant pas joué en Coupe d’Europe la semaine précédente, ses supporters ne mènent donc pas d’action de boycott après une énième élimination peu glorieuse. Cette affluence contribuera à relever la pitoyable moyenne du foot italien qui, avec 19’000 spectateurs par match, se situe à peu près au niveau de la 2ème Bundesliga.

Ce 265ème derby milanais ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices : l’Inter a beau occuper la tête du championnat et marquer pas mal de buts, elle croule néanmoins sous les critiques. Comme si, après presque deux décennies d’insuccès, il fallait anticiper sur les déconvenues qui ne manqueront pas de survenir dans un club qui véhicule, plus que tout autre, une image d’éternel perdant. Le tableau est encore plus sombre du côté de l’AC Milan, pénalisé de huit points et muet lors de ses deux derniers matches à domicile contre Sienne et Palerme. Un seul exemple suffit à illustrer le désarroi rossoneri en ce début de saison : après huit matchs de championnat, le meilleur buteur du club est, avec deux réussites, le latéral gauche tchèque Marek Jankulovski, qui tenait compagnie à Vogel sur le banc l’an passé.
Malgré ces doutes, le spectacle est haut en couleurs à l’entrée des joueurs avec un stade à trois quart rossoneri et un quart nerazzurri (Milan reçoit). L’AC Milan donne le coup d’envoi, ce qui permet à Inzaghi de toucher une première fois le ballon. Le début de match est étonnamment rythmé et rapide, avec quelques situations chaudes de part et d’autre. Toutefois, l’Inter remporte rapidement la bataille du milieu de terrain, Dacourt et Stankovic éclipsant totalement Pirlo et Gattuso. Et comme Nesta n’est plus que l’ombre du meilleur défenseur central du monde qu’il fut dans une autre vie, l’arrière-garde rossoneri prend rapidement l’eau. Un coup franc de Stankovic pour Crespo, puis une frappe somptueuse de Stankovic – meilleur homme sur le terrain – et l’Inter avait déjà pris une sérieuse option sur la victoire avec deux longueurs d’avance. Et, accessoirement, permis à Inzaghi de toucher deux autres fois le ballon sur l’engagement. Lors de la deuxième moitié de la première mi-temps, la production offensive du Milan AC s’est résumée à obtenir des corners tellement mal tirés qu’ils n’auraient même pas mis en danger la défense de l’équipe de France. Inzaghi touchera encore le ballon à deux reprises, une fois pour l’envoyer en six mètres après un contrôle raté et une autre pour tomber et récolter un carton jaune, avant de céder sa place à Gilardino à la pause. Tout comme Jankulovski à Maldini et Ambrosini à Oliveira.
Ce triple changement n’a guère porté ses fruits puisque le 0-3 est tombé dès le reprise : pourtant Stankovic a lâché son ballon trop tard et le contrôle d’Ibrahimovic n’était pas optimal mais la défense milanaise était tellement en retard que le Suédois a pu tranquillement ajuster un Dida qui n’aura rien sauvé. Toutefois, même avec trois longueurs d’avance, cet Inter 2006-2007 n’est pas à l’abri. On s’en rendra vite compte après la réduction du score signée Seedorf, sur un tir dévié. Dans un stade à nouveau en ébullition, Milan est passé tout près du 2-3 avec un arrêt décisif de Julio Cesar et un but annulé pour un hors-jeu justifié. C’est alors que commença le show Materazzi. Discret jusque-là, moins vilipendé qu’à l’accoutumée par les tifosi rossoneri (à peine une chanson mettant en doute la vertu de sa mère), l’homme qui voulait donner un rein pour gagner le derby s’est d’abord signalé par une altercation avec Oliveira sur le but de Seedorf, puis a écopé d’un avertissement pour un vilain tacle à mi-terrain, avant d’inscrire, de la tête, le 1-4 sur un coup franc de Figo. Le grand Marco choisit alors de s’offrir une sortie triomphale en enlevant son maillot, ce qui lui valut évidemment un deuxième avertissement et l’expulsion, sous les huées des trois quart du stade qu’il ne manqua pas de provoquer, gestes à l’appui. Sans commentaire.
L’imbécillité crasse de son défenseur central a failli coûter cher à l’Inter. Malgré un manque de conviction dans le dernier geste et de fluidité dans le jeu, Milan est revenu : d’abord sur une déviation semble-t-il involontaire de Gilardino (peut-il marquer autrement ?). Puis sur un but de raccroc de Kaka, le seul joueur de classe mondiale actuellement dans l’effectif du Milan AC. Les six minutes d’arrêts de jeu furent complètement folles, Milan pilonnant l’arrière-garde intériste pour égaliser mais Oliveira et Nesta, en position idéale, trouvèrent le moyen de se gêner pour envoyer le ballon à côté du but de Julio Cesar.
Ce 265ème derby milanais entrera dans la légende. Sur les 264 derbies précédents, un seul avait été plus prolifique, un 5-3 pour Milan le 27 mars 1960. Par sa dramaturgie, ses rebondissements et son côté éminemment spectaculaire, ce match du 28 octobre 2006 occupera donc une place à part dans l’Histoire du derby. De ceux dont on parlera encore dans vingt ans. Et ce même si la qualité du jeu présenté a été plutôt inégale : les défaillances techniques et les mauvaise passes (il faudra expliquer à Pirlo qu’il ne joue plus à l’Inter) ont été légion. L’avalanche de buts est sans doute due davantage aux errances des défenses qu’à la qualité des attaques. A l’exception de Materazzi, égal à lui-même, les six autres champions du monde 2006 présents, sevrés des potions magiques du Dr Lippi, ont été nettement au-dessous du lot.
Néanmoins, si l’on fait les comptes, on a : un stade plein, une ambiance de feu, un match spectaculaire, une qualité technique médiocre et des défenses passoires. S’il y avait eu des bières à la buvette, on aurait cru un match de Bundesliga. Comme quoi, le Calcio peut encore être sauvé. En tous les cas, on n’a pas regretté notre déplacement, même si l’on aurait souhaité que le score soit inversé. On reviendra, c’est certain.

AC Milan – Inter Milan 3-4 (0-2)

San Siro : 78’921 spectateurs.
Arbitre : M. Farina.
Buts : 17e Crespo 0-1, 23e Stankovic 0-2, 47e Ibrahimovic 0-3, 51e Seedorf 1-3, 68e Materazzi 1-4, 76e Gilardino 2-4, 91e Kaka 3-4.
AC Milan : Dida ; Cafu, Nesta, Kaladze, Jankulovski (46e Maldini) ; Seedorf, Pirlo, Gattuso, Ambsosini (46e Oliveira) ; Inzaghi (46e Gilardino), Kaka.
Inter : Julio Cesar ; Maicon, Cordoba, Materazzi, Grosso (61e Burdisso) ; Zanetti, Dacourt (61e Figo), Stankovic, Vieira ; Ibrahimovic (83e Samuel), Crespo.
Cartons jaunes : 4e Vieira, 6e Gattuso, 19e Inzaghi, 30e Seedorf, 50e Gilardino, 55e et 69e Materazzi, 85e Pirlo, 89e Julio Cesar, 90e Burdisso.
Carton rouge : 69e Materazzi (2e avertissement).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Vu les conneries que tu peux écrire, jimagine que tas jamais touché un ballon de foot, je vois pas en quoi le titre de champion du monde est usurpé et surtout comment tu peux trouver que Kaka est le seul joueur de classe mondiale dans leffectif de lac milan…dois-je te rappeler que gattuso, pirlo, gilardino et consorts sont CHAMPIONS DU MONDE…sans parler de seedorf (triple lauréat de la ligue des champions) ou de maldini, défenseur amoureux de son club et toujours au top à 39 ans…effectivement, je pense que les bières à la buvette ça doit être le seul truc que tu puisses juger…tu ferais mieux daller voir les matches du LHC…tu serais bien avec tous ces alcolos qui ny connaissent rien mais qui croient tout savoir…ABE

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