Un derby du Léman sans éclats

Un FC Lausanne-Sport au dispositif très défensif et un FC Servette sans génie n’ont pas offert au maigre public du frigo de la Pontaise le spectacle qui avait été proposé lors du match aller.

Le duo Hunziker/Isabella décide de privilégier l’assise défensive et le prouve en alignant un seul attaquant de pointe en la personne de Mauro et en laissant Léonard Thurre (toujours zéro but depuis son retour au LS) sur le banc. Pour un derby lémanique, qui plus est un derby pour lequel l’enjeu n’est autre que de savoir à quelle place dans le ventre mou du classement finira le Lausanne-Sport, on attendait un peu plus d’audace de la part des jeunes entraîneurs vaudois. Ce manque d’envie offensive ajouté au vent, à l’état misérable de la pelouse et au manque de spectateurs (est-ce un record négatif pour un LS-Servette ?), n’offrit que peu de moments d’émotions, pour ne pas dire aucun. Le niveau de la rencontre sera parfois tellement pitoyable que nombreux sont les spectateurs, frigorifiés sur leur chaise, à s’être demandés ce qu’ils étaient bien venus faire à la Pontaise en ce dimanche hivernal. Force est aussi de constater que si les rayons de soleil étaient radieux au bord du lac, il existe bel et bien un «micro-climat» au dessus de la Pontaise où l’hiver semble durer neuf mois par année. Bref, il est grand temps de détruire ce stade et d’en construire un nouveau le plus loin possible des Plaines du Loup ! C’est les Vaudois qui sont le mieux entrés dans le match, mais ce sont les hommes de Jean-Michel Aeby qui semèrent le plus la zizanie dans la défense lausannoise sans pour autant inquiéter Anthony Favre, soit par la maladresse de Vitkieviez ou Chedly soit par l’inhabileté de Patrick Bengondo, doux mélange d’Ibrahima Bakayoko et de Lamine Sakho. Peu avant la pause, un coup franc de Bugnard est repris de la tête par Malgioglio et dévié en corner par Marques, on se réveille ! Sur le coup de coin on retrouve le même tireur pour une reprise du même Malgioglio et une finition facile de Balthazar pour l’ouverture de la marque. 1-0 pour le Lausanne-Sport sur un but brouillon, tout un symbole… A ce moment de la partie, on espère voir d’autres buts mais on sent déjà que le scénario complètement fou du match aller n’aura pas lieu aujourd’hui.


Un beau duel entre Vitkieviez et Rey, c’était au match aller…
(Photo Pascal Muller)

Cette première période fut donc aussi monotone qu’un commentaire d’Eric Willemin et on passa d’ailleurs la majorité du temps – faute de mieux – à observer les deux camps de supporters ; chants soutenus et constants côté grenat auxquels les Lausannois répondaient par un tendu d’écharpes du plus bel effet. Autre source d’étonnement, les gestes dignes de «Karaté Kid» du défenseur du FC Servette Celestini, par ailleurs autant efficace à la relance que Britney Spears en cure de désintox.
En seconde période, Lausanne géra tranquillement son avantage et aurait pu apporter un peu plus de vitesse et de folie à certaines de ses possibilités de contre-attaque, freinées par beaucoup trop de déchets techniques et d’approximations. Il semble bien que le défaut de l’équipe vaudoise soit le fait que trop de joueurs soient des «amoureux» du ballon, et qu’une une fois le précieux cuir dans leurs pieds, ils peinent vraiment à jouer vite et juste vers l’avant. On relèvera en particulier les contre-attaques invariablement ratées de Reis, soit par égoïsme soit par maladresse. De leur côté, les Genevois manquèrent cruellement d’idée et tout simplement de qualité pour revenir au score. Seule une reprise de Girod sur la transversale de Favre – battu sur le coup – inquiéta vraiment le onze bleu et blanc.  
Notons du côté servettien la sortie sur blessure du gardien Marques, victime de la fougue mal contrôlée d’Antoine Rey. L’infortuné portier sera remplacé par Di Stefano, «qui n’a rien à voir avec le Di Stefano du Real Madrid» pour reprendre les mots d’un Bertrand Duboux décidemment plus à l’aise pour commenter le vélo… Loin de nous l’intention de lui jeter la pierre car soyons honnêtes, il fallait s’appeler David Copperfield ou Steven Spielberg pour rendre les images de ce derby intéressantes !

La fin du match sera de nouveau marquée par une succession d’imprécisions et d’erreurs individuelles. Incapables d’aligner trois passes de suite, les deux équipes vont offrir au public une parodie de football, proche du néant. Sans émotion, sans jeu, sans panache, ce derby lémanique restera comme l’une des plus mauvaises confrontations entre Lausanne et Servette de ces 15 dernières années ! De mémoire de supporters, on ne se souvient franchement pas avoir assisté à un tel spectacle entre les deux clubs. Reste dès lors à garder en tête les trois points engrangés par le LS. C’est bien le seul et unique point de satisfaction de ce dimanche pour les Lausannois.  
Ah oui dernière chose… Si quelqu’un passe du côté de la Pontaise durant la semaine, peut-il aller s’assurer que Léonard Thurre n’est pas encore en train de s’échauffer ? 

Lausanne-Sport – Servette 1-0 (1-0)

Le congélateur de la Pontaise : 3’100 spectateurs.
Arbitre : M. Jérôme Lapperrière.
But : 40e Balthazar 1-0.
FC Lausanne-Sport : Favre ; Ebé, Scalisi, Miéville, Mora ; Balthazar (80e Crettenand), Bugnard (92e Lacroix), Carbal, Rey, Malgioglio (67e Reis) ; Mauro.
FC Servette : Marques (60e Di Stefano) ; Ratta, Girod, Celestini, Bratic ; Vitkieviez, Boughanem (75e Besseyre), Yoksuzoglu (46e Londono), Pizzinat ; Chedly, Bengondo.
Cartons jaunes : Mauro 53e, Bugnard 55e, Miéville 83e pour le FC Lausanne-Sport et Bratic 38e pour le FC Servette.

Écrit par Tomas Danilevicius

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.