Bienne cède les trois points à Rapperswil

…mais n’a jamais perdu la face dans ce duel du milieu de tabelle. Enfin, quand on dit tabelle, on fait mention du classement officiel du championnat en cours, dans son ensemble.

La tabelle qui avant la rencontre en question plaçait Bienne et Rappi à une belle égalité de traitement, les lacustres st-gallois ne devançant leurs semblables du Pays des trois lacs qu’au bénéfice du set sec qu’ils leur avaient mis dans le protège-dents en début de saison. Parce que les tabelles, comme les statistiques, on leur fait dire ce que l’on veut. Et celles qui font particulièrement plaisir au directoire de la ville de l’Avenir qu’elle fut jadis, ce sont celles qui illustrent que Bienne est une des équipes en forme du moment, se retrouvant même dans le top quatre pour les cinq dernières rondes disputées. Ce sont celles qui démontrent à ceux qui pouvaient encore en douter que les choses ne sont plus pareilles par le Stade de Glace depuis l’an dernier.Il est d’autres patinoires pas très éloignées (géographiquement je veux dire, parce que niveau points…) où le nombre et la qualité des membres du club très ouvert de l’infirmière Kevin Schläpfer suffirait à alimenter la génératrice à excuses. Mais cette saison à Bienne, on préfère confier au collectif la tâche de pallier à l’absence de presque deux blocs de titulaires ; on choisi de lancer ses propres juniors dans le grand bain. Si l’on est bien incapable de jurer de l’avenir des Kaj Leuenberger ou Gaëtan Haas (le soussigné préférant ne pas de mêler de l’animation de la rubrique ésotérique de CartonRouge face aux vrais experts en sciences divinatoires du pari sportif de la maison), leurs prestations ont été plus que décentes.
Du coup entre des Seelandais appliqués à jouer en groupe et des Lakers pas malhabiles, on a assisté samedi soir à une jolie partie d’échecs, autre tradition locale. Pauvre en buts, la partie n’en a pas moins été passionnante à suivre d’un point de vue tactique. Positionnement, jeu sans (-et avec) le Pöck, discrètes rocades dans les alignements et temps morts judicieusement demandés : Summanen et Ruhnke ont régalé la galerie. Ce qui a décidé de la répartition unilatérale du butin mis en jeu ? Une fois encore, ce furent les petites choses. Ce furent les trois seules erreurs défensives commises par Bienne, dont les deux premières furent admirablement gommées par Reto Berra, la dernière étant joliment mise à profit par le plus local des visiteurs. Ce fut cet assourdissant bruit du métal frappé de la transversale de Manzato là où Curtis Brown aurait du faire cracher Pennywise des haut-parleurs du stade. Ce fut ce contre de folie de la 52e qui aurait dû remettre tout à zéro. Ce furent tous ces envois hors cadre de Biennois un peu éloignés de leur rentabilité de la veille au soir en Léventine. Mais rien n’y fit. Rapperswil gagnait la partie sans que Bienne ne soit en rien ridicule. Les temps ont changé.
L’immense poétesse l’avait déclamé jadis face à l’opprobre du bon peuple : «Vous avez de la merde dans les oreilles !». Reprenant le flambeau de bien triste manière, ce n’est pas au niveau du conduit auditif que l’arbitre s’est avéré samedi particulièrement bouché. Comme quoi, le capital sympathie et le talent ne sont en rien proportionnels. Syndrome Grégory Lemarchal. Sans impact sur le résultat final, ses singulières décisions auraient pu dangereusement pourrir la soirée. Heureusement, tant Bienne que Rapperswil avaient décidé de se montrer plutôt gentlemen.
Bienne qui marche bien et qui s’inscrit dans la durée ? Oui, assurément, on en veut pour preuve l’indifférence polie dans laquelle le nouveau EHCB obtient ses succès du moment. Gagner n’est plus un exploit mais une issue possible à chaque sortie. Le seul regret est que le public biennois lui aussi cultive la discrétion. Rarement plus de cinq mille spectateurs dans les travées d’un stade de glace aux jours aussi comptés que ceux du capitalisme outrancier façon World Company, c’est peu. Bien trop peu au vu des efforts consentis par tout le staff, tous les employés, tous les joueurs, et tous les donateurs.
Alors Biennois, Seelandais, si Ici c’est Bienne, montrez-le et remplissez-la, votre ruine de béton !

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Rapperswil 0-2 (0-0 0-1 0-1)

Stade de Glace, 5086 spectateurs.
Arbitres : MM. Stalder ; Mauron/Schmid.
Buts : 31e Riesen (Reuille) 0-1, 60e Berglund (Riesen, Pöck/cage vide) 0-2.
Pénalités : 2 x 2’ + 1 x 10’ (Jackman) contre Bienne ; 4 x 2’ contre Rapperswil.
Bienne : Berra; Jackman, Trunz; Schneeberger, Steinegger; Kparghai, Wellinger; Fröhlicher; Zigerli, Gloor, Beccarelli; Lötscher, Fata, Wetzel; Brown, Bordeleau, Tschantré; Leuenberger, Peter, Tschannen; Haas.
Rapperswil : Manzato; Pöck, Berger; Geyer, Furrer; Parati, Guyaz; Bucher; Raffainer, Sirén, Berglund; Riesen, Burkhalter, Reuille; Vögele, Roest, Rizzello; Walser, Tschuor, Friedli.
Notes : Bienne sans Bärtschi, Ehrensperger, Meyer, Nüssli, Seydoux, Truttmann (blessés) ni Gossweiler (saison terminée). Rapperswil sans Nordgren ni Paterlini (blessés).

Écrit par Jean-Philippe Ritz