Fin de match de folie au Betzenberg

Après Francfort le samedi et Dortmund le dimanche, nous terminons le lundi ce week-end inaugural des championnats allemands par le match phare de la 1ère journée de la 2e Bundesliga entre le 1. FC Kaiserslautern et le Borussia Mönchengladbach. Le Fritz-Walter-Stadion (ou Betzenberg ou Betze) est l’un des derniers stades germaniques de plus de 40’000 places que je n’avais pas eu l’occasion de visiter et je suis très heureux de combler cette lacune. Car l’antre des Diables Rouges est un magnifique stade de football à l’anglaise et le kop du 1. FC Kaiserslautern est vraiment impressionnant.

En revanche, les alentours du stade sont pour ainsi dire déserts ; le Fan-shop est lui malencontreusement situé au pied de la colline et lorsque tu as gravi une fois le Betzenberg, tu n’es pas trop motivé pour le refaire une deuxième fois. C’est un peu comme si on mettait la boutique du Lausanne-Sport au pied du Grey. Mais on finit tout de même par dénicher une écharpe, accessoire indispensable pour aller prendre place à quelques encablures de la Westkurve, siège des supporters du 1. FCK, réputés parmi les plus chauds d’Allemagne. Cette réputation n’est d’ailleurs en rien usurpée avec une ambiance extraordinaire et un soutien constant pendant tout le match ; juste avant la mi-temps, une chanson a duré près de dix minutes avec tout le stade qui se lève et tape des mains. Impressionnant. N’oublions pas que c’est de la deuxième Bundesliga et qu’on est lundi soir ; cela n’empêche pas le stade d’être presque plein avec plus de 46’000 spectateurs (pour une ville de 100’000 habitants). Alors que leur équipe vient de subir une mortifiante relégation, les fans de Mönchengladbach sont eux 6 à 7’000 à avoir effectué les deux heures et demie d’autoroute les séparant du Betzenberg. Il faut manifestement plus qu’une relégation pour réfréner l’enthousiasme d’un supporter allemand.Le Borussia s’est d’ailleurs fixé comme objectif la remontée immédiate avec le plus gros budget de la ligue, plus de 60 millions de francs suisses. De tels chiffres devraient faire réfléchir certains dirigeants en Suisse qui prétendent aller jouer les caïds sur le plan européen en alignant neuf mercenaires, alors qu’ils n’arrivent même pas à régater financièrement avec des clubs de 2e Bundesliga. De telles politiques ne pourront amener que quelques pauvres succès à court terme sur la plan national mais n’offrent aucune perspective, sinon celle de la faillite, à moyen et long terme, tant pour leur club que pour le foot suisse dans son ensemble. Parenthèse helvétique refermée, signalons que du côté de Kaiserslautern, le budget est un peu plus modeste mais l’objectif est le même : retrouver au plus vite l’élite du foot allemand, quittée en mai 2006.

Les séquelles d’un week-end arrosé (au figuré parce que sinon il a fait un temps magnifique) et la perspective d’un retour en Suisse le soir même nous incitent à la sobriété. Mais je ne pouvais décemment pas aller prendre place dans la «Karlsberg UrPils Westribüne» sans au moins goûter la bière en question. Simple curiosité intellectuelle. En l’occurrence, elle n’était pas inoubliable et surtout, sacrilège, servie dans des récipients de seulement 3 dl. A part à Cologne, on n’avait jamais vu ça en Allemagne. En plus, les verres sont à l’effigie de joueurs qui ne sont même plus dans l’équipe. On tombe sur le retraité Nerlinger et le Hongrois Hajnal, auteur d’un doublé la veille à Nuremberg avec le rival local Karlsruhe. En creusant un peu, on serait sûrement tombé sur Ciriaco Sforza, Youri Djorkaeff ou Miroslav Klose.
Le match démarre tambour battant : après quinze secondes de jeu, le joueur de Gladbach Ndjeng élimine le gardien adverse et s’écroule, sans intervention de l’arbitre. Ni pour un penalty ni pour une simulation. Sur le contre, le 1. FCK obtient un corner qui a provoqué un cafouillage monstre devant Heimeroth, ancien gardien remplaçant de Schalke 04 qui a la lourde tâche de faire oublier l’Américain Kasey Keller. Après ce départ en trombe, les choses se calment un peu. Les deux équipes sont pleines de bonne volonté mais les limites techniques de certains joueurs sont criantes et les mauvaises passes nombreuses. Le match n’en demeure pas moins vivant et animé. Bellinghausen (26e), Runström (37e) et Coulibaly (44e) se montrent encore dangereux avant la pause.

Durant celle-ci, le nouvel entraîneur des Diables Rouges, le Norvégien Kjetil-André Rekdal (ex-joueur à Rennes, Hertha et… Mönchengladbach) a dû inciter ses troupes à aller de l’avant. En 2e mi-temps, Kaiserslautern adresse une bonne dizaine de tirs en direction du but d’Heimeroth mais ils sont tous mal cadrés ou trop centrés. La meilleure occasion survient à la 50e sur une reprise à bout portant de Jendrisek, miraculeusement bloquée par le portier des Fohlen.
Alors que l’on s’acheminait vers un 0-0, Kaiserslautern a été récompensé de ses efforts : un coup franc à mi-terrain, un marquage un peu laxiste à l’orée des seize mètres et Bohl a tout loisir de se retourner pour adresser un tir précis qui fait exploser le Betzenberg (83e). Ce dernier était encore en train de célébrer le but lorsque Rösler a égalisé de la tête en reprenant un coup franc du jeune Marko Marin (18 ans, l’un des grands espoirs du foot allemand). Alors qu’ils n’avaient pas été très dangereux jusque là et qu’on les pensait battus 60 secondes plus tôt, les Fohlen entrevoient la possibilité d’une victoire inespérée. Moins de deux minutes après le 1-1, le défenseur du 1. FCK Bugera est expulsé pour une faute de dernier recours sur Touma. Cette action nous rappelle l’expulsion de Materazzi contre l’Australie dans ce même Fritz-Walter-Stadion : pas complètement illogique mais pas totalement méritée non plus car un autre défenseur était plus ou moins à la même hauteur.

La colline du Betzenberg se mue définitivement en volcan en ébullition et une véritable bronca accueille l’entrée en jeu d’Oliver Neuville, de retour de blessure. On n’a pas compris l’origine du contentieux entre les fans des Diables Rouges et l’ex-Servettien, mais les quelques ballons qu’il a touchés déclenchent un tonnerre de sifflets. A l’ultime minute, Rösler s’octroie la balle de match mais il s’écroule à quelques mètres du but de Fromlowitz ; ça nous rappelle la simulation grossière de la comète Grosso dans le match Italie – Australie susmentionné. Sauf que Mönchengladbach ne bénéficie manifestement pas des mêmes prébendes que la Squadra Azzurra et l’arbitre n’intervient pas. Mais cela, on ne l’a pas compris tout de suite : certains joueurs se sont arrêtés de jouer alors que le ballon naviguaient encore dangereusement devant le but.
En 1ère mi-temps, on avait déjà de la peine à ouïr les interventions de l’arbitre alors, dans le tumulte de cette fin de match, on avait à peu près autant de chance d’entendre un éventuel coup de sifflet que de percevoir l’hymne suisse à Istanbul lors du dernier Turquie – Suisse. Mais, a priori, de coup de sifflet, il n’y eut point, sinon pour signifier la fin du match sur un score de parité qui va finalement rassurer les deux formations que l’on devrait retrouver dans le haut du tableau. Les deux nouveaux attaquants de Kaiserslautern, Runström et Jendrisek, ont très peu joué l’an passé, le Suédois à Luton et Fulham, le Slovaque à Hanovre, il leur faudra encore un peu de temps pour représenter les renforts escomptés.
Quant au Borussia, il n’a manifestement pas encore résolu les problèmes offensifs qui lui ont coûté la relégation au printemps dernier. Piquer Sascha Rösler au voisin et rival Aachen était sans doute une excellente idée mais ce n’est pas en jouant attaquant de pointe qu’il sera le plus utile à l’équipe. Avec le retour de Neuville et la présence dans le contingent de joueurs comme Kahe, Nando Rafael ou Lamidi, les Fohlen devraient néanmoins pouvoir assumer leur rôle de favoris. Tant Kaiserslautern que Mönchengladbach méritent la 1ère Bundesliga et on souhaite les voir remonter au plus vite, en compagnie du 1. FC Köln, le troisième grand nom du foot allemand qui végète en 2e Bundesliga.

1. FC Kaiserslautern – Borussia Mönchengladbach 1-1 (0-0)

Fritz-Walter-Stadion : 46’615 spectateurs.
Arbitre : M. Rafati.
Buts : 83e Bohl (1-0), 85e Rösler (1-1).
Kaiserslautern : Fromlowitz ; Bugera, Beda, Ouattara, Müller ; Bellinghausen (46e Stachnik), Bernier, Bohl, Reinert (67e Neubauer) ; Jendrisek, Runström (82e Ziemer).
Mönchengladbach : Heimeroth ; Bögelund, Brouwers, Paauwe, Voigt ; Ndjeng (77e Touma), Polanski (88e Neuville), Coulibaly (77e Friend), Svärd, Marin ; Rösler.
Cartons jaunes : 34e Bögelund, 43e Runström, 44e Bellinghausen, 67e Bernier, 85e Stachnik.
Carton rouge : 86e Bugera (faute de dernier recours).
Notes : Kaiserslautern sans Diarra, Opara, Simpson ni Demai (blessés), Mönchengladbach sans Gohouri (malade).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. 60 mios de budget ! incroyable….et avec ça ils arrivent pas à financer des gobelets de bière à léphigie des nouveaux joueurs….diable, drole de sport que ce foot…

    tu as oublié de nous dire si la qualité du match était à la hauteur du budget astronomique du KFC ?

    Finalement, est-ce que Carton Rouge est conscient des risques quil fait prendre à ses journalistes en les envoyant couvrir des matchs dans des villes plus connues pour leur brasseries que leur club de foot ?

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