Xamax : la pire des façons…

La peau de banane, le match piège, «toute série qui se prolonge, tend de plus en plus à s’interrompre» (© TSR), etc. Il en existait des façons de qualifier le match qui attendait les Xamaxiens, mais malgré toutes ces mises en garde, les rouge et noir se sont fait avoir de la pire des façons, en encaissant un but après 30 secondes de jeu.

Dans un excès de zèle pathétique, Souza comme l’indique son badge, le securitas qui vient d’arriver veut m’interdire de faire le tour de l’enceinte de l’Espenmoos : «pour toi c’est INTERDIT d’aller de ce côté». Je veux bien que son stade est pourri, mais à 2h du coup d’envoi je suis encore libre de faire ce que je veux. De plus, il serait dommage de ne pas profiter du temps pour se familiariser avec ce lieu mythique, voué à une destruction prochaine. Temple de la tubulaire, royaume de l’échafaudage, ce stade garde tout de même un cachet qui ne me laisse pas indifférent. Je boucle mon tour par l’entrée des joueurs, au moment même où le car neuchâtelois arrive.Le contraste des personnalités frappe comme à chaque fois. Joksimovic qui sera titulaire à nouveau est décontracté, ouvert, tout sourire. Juste derrière, Baettig, lui, s’extirpe du car, comme un amant sortirait d’une armoire. Sur la pointe des pieds, le regard scotché au bitume, l’épaule qui frôle la carrosserie. Besle, comme à son habitude, casque vissé sur les oreilles, El Haimour tout simplement sympa, Johnny, Nuzzolo, Coly etc. Les portes se referment, le moteur se remet en marche. «Julio, il est où Julio ?» La porte arrière s’ouvre encore, le star argentine descend en catastrophe en prenant soin de ne pas s’encoubler avec ses tongs. «Hé Julio, faut pas oublier de descendre hein», les encouragements fusent. «Merci les gars, merci» nous dit-il, la poignée de main toujours autant chaleureuse.
Voilà donc pour l’introduction, car après je vous préviens ça va aller très vite. Le temps de me munir d’un breuvage que l’on me sert à travers un trou dans un grillage et le coup d’envoi est donné. 5 minutes plus tard, un seul but accordé pour les verts, mais le cuir a déjà franchi trois fois la ligne de but de Zubi. Difficile d’imaginer pire entame de match. Face à un club aux abois, qui n’a pas marqué le moindre point cette saison, il n’y avait pourtant qu’un seul mot d’ordre. Ne pas leur donner les moyens de reprendre confiance et donc leur donner le temps de douter à nouveau. Raté donc et pas qu’un peu. KO debout les Xamaxiens, jusqu’à ce que Nuzzolo, excellent lui, montre à nouveau la direction du but. A la 25ème minute, au terme d’un geste parfaitement exécuté, sa frappe de volée termine sur la latte. Mais pour le reste ce n’est pas brillant. Everson n’a pas autant de grinta qu’à l’accoutumée, Chihab hésite à mettre le pied, on joue trop léger côté xamaxien, et cela impacte l’ensemble du rendement.

Nuzzolo a été un des rares bons Xamaxiens

Malgré la formation très offensive proposée d’entrée par Castella, les solutions sont rares, et ce sont les premiers changements en 2ème mi-temps qui redonneront espoir. Sur un corner de Szlykowicz, Malenovic égalise, malgré le sauvetage de la main derrière la ligne de… Marazzi. Il y avait assurément un coup à jouer, car en une fraction de seconde la panique gagne les rangs saint-gallois. Toute l’équipe se rue vers le juge de touche, criant au scandale. On imagine : «Mais non arbitre, y’a jamais but !!! Y’a penalty, carton rouge, mais y’a pas but faut ouvrir les yeux». Faudra qu’on m’explique. Besle, quelques minutes plus tard et pour une fois libre de marquage, manque de profiter de cette perte de lucidité pour crucifier les Brodeurs, mais son geste manque d’application et sa tête termine en dessus des cages de Razzetti.
Il était dit que ce ne serait pas le jour du Français. Pourtant irréprochable depuis le début du championnat, l’ex-Lensois va s’attirer les foudres un peu injustes du coach neuchâtelois. C’est en effet suite à sa relance ultra malchanceuse qu’il provoquera un penalty après un duel épaule contre épaule qui tournera en faveur de l’opportuniste Ural. On comprend la frustration de Castella, mais nul besoin d’accabler le sympathique Stéphane, ni même de faire un mini-scandale auprès de l’arbitre (un peu limite il faut le dire). On gagne en équipe et on perd en équipe.
Une victoire finalement pas imméritée pour les St-Gallois, qui bien plus qu’être brillants, auront surtout su profiter des inattentions xamaxiennes. Pour les Neuchâtelois il n’y a pas de quoi paniquer. Par contre marquer systématiquement sur coups de pieds arrêtés et tant peiner à se créer de réelles occasions construites est un point à corriger. On sait d’ailleurs que Bernasconi est toujours à la recherche d’un serial buteur.

St-Gall – Neuchâtel Xamax 2-1 (1-0)

Espenmoos : 8000 spectateurs.
Arbitre : M. Hänni.
Buts : 1re Marazzi 1-0, 77e Malenovic, 86e Gjasula (pen).
St-Gall : Razzetti; Zellweger, Koubsky, Garat, Fernando; Gelabert; Ciccone (84e Feutchine), Gjasula, Marazzi; Fernandez (68e Luis Mario), Ura (91e Muntwiler).
Neuchâtel Xamax : Zuberbühler; Bah, Besle, Joksimovic (75e Malenovic), El Haimour; Nuzzolo (78e Bättig), Chihab, Everson, Coly; Merenda (56e Szlykowicz), Rossi.
Notes : Saint-Gall sans Mendez (suspendu), Alex, Aguirre, Callà, Labinot (blessés). Neuchâtel Xamax sans Quennoz ni Jaquet (blessés).
Cartons jaunes : 1re Marazzi, 5e Besle, 13e Joksimovic, 18e Gjasula, 40e Garat, 89e Ural.
Coups de coin : 7-4 (0-2).

Photo copyright Pascal Muller.

Écrit par Roby Steedman