FC Sion: les tâcherons auront la peau du Mister

Nous sommes sauvés ! Tout est rentré dans l’ordre ! Plus rien ne peut nous empêcher de remporter la Super League, la Coupe de Suisse et la Coupe de l’UEFA ! Vous rendez-vous compte, nous venons de battre Thoune…

Et avec la manière, s’il vous plaît. Le travail effectué à l’entraînement commence enfin à payer. Ainsi, le stratagème de Bigon qui vise à ce que l’adversaire vendange toutes ses occasions, même si elles sont immanquables, tourne finalement à plein régime. Aarau et Galatasaray sont prévenus. Ils pourront tirer au but, transpercer la soit disant défense sédunoise ou encore effacer le pâle milieu de terrain sans coup férir, mais ils ne pourront pas faire trembler les filets. Ou alors de l’extérieur, comme ce fut très souvent le cas pour Thoune dans un stade de Tourbillon qui célébrait ses zéros – oh, pardon, ses héros bien sûr – à leur juste valeur par ses acclamations.Un match parfait, en somme. Je ne comprends pas Bastien Geiger, qui au micro de la TSR avouait «être content de prendre les trois points» même si, «en ce qui concerne la manière, nous n’étions pas au top». Comment ça pas au top ? Contre les cancres de la Super League – dont nous devrions enfin être débarrassés à l’issue de cette saison –, Sion a tout simplement été éblouissant.

La perfection à tous les niveaux

Totalement perméable en défense, énormément brouillon à la relance, sans inspiration dans le jeu et mauvais en attaque – sauf lors des vingt premières minutes où, comme contre les «vilains Turcs», la réussite fut totale –, les jouets de Tintin ne volèrent rien, tant ils firent preuve d’une maîtrise que l’on n’avait plus vue sur une pelouse depuis la démonstration de l’Azerbaïdjan, injustement battu 10-0 (même Leboeuf avait marqué) en France en 1995.
Le dictateur d’Octodure ne va certainement pas tarder à sévir. Il va, comme d’habitude, brandir la menace de coupe drastique dans les salaires de ses tâcherons (qu’il essaie une fois, juste pour rire, histoire qu’il se retrouve à poil devant les Prud’hommes…). Il va, comme d’habitude aussi, virer l’homme faible du FC Sion. Et oui, les jours du Mister semblent bel et bien comptés. A moins que…
Bien sûr, si Sion opère un redressement fulgurant dès dimanche à Aarau et qu’il renvoie Galatasaray à sa juste place – c’est à dire hors des compétitions européennes –, tout en poursuivant sur sa lancée en championnat, accrochant le wagon de tête à la pause hivernale, le dresseur de Maradona sauvera sans doute sa tête. Mais, avec des «si», Sion serait une équipe de football !

Trois jours, trois mois

Le plus drôle demeure incontestablement les déclarations d’après-match. En substance, les tâcherons de Tourbillon n’ont pas été bons contre Thoune mais ont gagné, tandis qu’ils avaient été excellents contre YB – MERCI VARELA, PERSONNE NE MET L’AMBIANCE COMME TOI – et avaient été battus. De qui se moque-t-on ? Bons contre YB ? Oui, autant que la Suisse contre l’Autriche il y a un an à Innsbruck…
Tintin le Clément – aussi surprenant que cela puisse paraître – laisse peu à peu place à Tintin l’Impatient, celui que nous connaissons tous. Il perd pied, comme cela avait été le cas il y a dix ans, quand il avait déjà virer le Mister. Après le match contre Galatasaray, il expliquait sérieusement que l’équipe montait en puissance, que ses jouets retrouvaient la forme, qu’il récupérait des joueurs comme Wicky pour enfin avoir un contingent de top niveau. Puis, après le match face à YB, il fustigeait les siens et prévoyait de jouer contre la relégation. Il concluait en disant que Sion n’était tout simplement pas bon.
Ce grand revirement – qui est, vous en conviendrez certainement, totalement aberrant – ne s’est produit qu’en l’espace de trois jours… Mais, on le sait, en termes constantinesques, trois jours ont le poids de trois mois.

Il faudrait alors corriger tout ce qui a pu être écrit sur les règnes de Schälli les joues rouges ou de Gabet le grincheux. Leurs passages n’ont peut-être pas été si courts que cela.
Photos ©Pascal Muller, www.mediasports.ch

Écrit par Psyko Franco