Genève-Servette HC : «Et de 7… en novembre !»

Habitué à se prendre rouste sur rouste en novembre, Genève-Servette semble s’être débarrassé de ce vieux démon cette année, peut-être en le refilant au club ferme du milieu du lac. Enfin un intérêt à ce partenariat.

Hasard du calendrier que j’attendais depuis longtemps, les Genevois allaient donc jouer ce week-end 2 matches consécutifs à l’extérieur. Et à vrai dire, le programme aurait pu être pire, puisque c’est dans l’une des plus belles patinoires de LNA que ce périple allait commencer, pour s’achever le lendemain dans le temple du hockey business bâlois.Pour la première fois depuis notre retour en LNA, c’est rempli de confiance quant à l’issue du match que je me rendais à la Resega. Habitués à quitter les lieux la queue entre les jambes (9 défaites et un nul depuis 2002), la bande à McSorley avait cette fois toutes les raisons d’espérer. Auteurs d’un mois de novembre remarquable sur le plan comptable et restant ainsi sur 5 succès consécutifs, les Grenat pouvaient rêver de mettre fin à cette longue disette en terre luganaise.
En face, Lugano semble sur le bon chemin après un début de saison indigne de ses ambitions. Les arrivées de LaCouture et Carter, ajoutées à celle de Aebischer la veille, semblent avoir fait un bien fou à l’équipe. Les fans Tessinois ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, vu qu’ils sont près de 4200 à remplir les travées de la Resega, ce qui doit constituer la meilleure affluence de l’histoire pour un match face à Genève-Servette, aussi loin que je m’en rappelle. Mais il est vrai que ce soir, c’est aussi le deuxième de la Ligue qui se déplaçait, s’il vous plaît !

Genève-Servette en leader

Et ce statut d’équipe de tête, les Genevois avaient à cœur de le défendre dès le début du match. Contrairement aux dernières années, ce n’est pas en victime qu’ils se sont présentés, mais bel et bien comme une équipe voulant se débarrasser de ses vieux démons.

A l’image d’un Laurent Meunier toujours exceptionnel de combativité, les Grenat ont bousculé les Luganais dans la première période, et c’est logiquement qu’ils ouvrirent le score par Rivera, décidément très à l’aise devant les buts adverses depuis qu’il joue aux côtés de Kolnik. 0-1 après 20 minutes, l’exploit se dessinait, d’autant plus que Genève semblait parfaitement maîtriser son match. Les Grenat auraient même pu doubler la marque quelques secondes après l’ouverture du score, mais Züger, pour son dernier match avant la plus que probable titularisation d’Abby, veillait.
Peu en verve lors de la première période, les Luganais reviennent sur la glace animés de bien meilleures intentions, mais se heurtent systématiquement à la défense genevoise, très appliquée devant un Mona encore une fois très à son affaire. Et comme si son talent ne suffisait pas, ce sont ses montant qui sont venus 4 (!) fois à son secours durant tout le match.
Jamais encore je n’avais vu Genève jouer de cette manière en ces lieux. La logique aurait voulu que Lugano rentre une deuxième fois aux vestiaires en menant 4-1 face à une équipe complètement démobilisée, il n’en fut rien. 0-1 après 2 tiers, je me prends à rêver.
Hélas, il ne fallut qu’un peu plus d’une minute dans le tiers final à Julien Vauclair pour égaliser et ainsi faire renaître le doute dans mon esprit. Vauclair qui sera d’ailleurs le meilleur joueur de son équipe, tant offensivement que défensivement. Et dire que pour une mini-frites et un coca 5 dl de plus, on aurait pu le voir évoluer en Grenat.

La délivrance par Kolnik

Vigier et Kolnik vendangeront encore deux occasions très nettes dans le temps réglementaire, mais c’est sur ce score de 1-1 que les deux équipes s’apprêtaient à jouer les prolongations. D’ores et déjà, le bilan était satisfaisant à ce moment du match. Même si j’en arrive un peu à regretter les 2 points perdus, au regard des nettes occasions ratées par les attaquants genevois, ne faisons pas la fine bouche. 1 point ici est quoi qu’il en soit un bon point.
Les prolongations ne donnant rien, c’est aux tirs au but que l’issue de ce match allait se jouer, comme lors du premier duel aux Vernets. Et à ce petit jeu, après les échecs des 5 premiers tireurs, c’est Monsieur Kolnik qui vient battre imparablement Züger. 1-2 après les tirs au but, une page se tourne.

Il aura donc fallu attendre le 11ème match à la Resega pour voir les Grenat en ressortir vainqueurs. Genève s’est donc dorénavant imposé au moins une fois dans chaque patinoire helvétique de LNA. Et si, vu de l’extérieur, cela peut paraître anecdotique, force est de constater que cela dénote un changement radical au sein du vestiaire grenat. En se rendant au Tessin sans être battus d’avance, les Genevois ont montré de quoi ils étaient capables cette saison. Ils ont également fait taire la statistique qui les envoyait en enfer au mois de novembre. 6ème succès d’affilée lors de ce mois fatidique, et ramenant notamment la victoire de Davos, Zurich et Lugano, excusez du peu. McSorley et ses hommes peuvent donc continuer à dormir tranquille, ils ont désormais une avance suffisante au classement pour espérer jouer les trouble-fête encore longtemps. Cette équipe fait plaisir à voir, et se fait plaisir sur la glace. Les larges sourires affichés au terme de la rencontre en attestent.
Il était donc temps pour votre serviteur de rejoindre son hôtel, idéalement situé dans le cœur de Lugano, à quelques mètres du lac. Ayant préféré la sagesse de mon hôtel aux diverses activités (bars, boîtes) qui attendaient mes compatriotes, je pensais avoir pris une sage décision. Et pourtant, le patron dudit hôtel, grand fan de hockey et de Lugano, engage vite la conversation, qui se prolonge autour d’une bière, puis d’une autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que Grappa et Limoncello ne viennent nous assommer définitivement. Il est 6h, je rejoins mon lit. Fin du premier acte.

Réveil difficile, et direction Bâle

Après avoir tenté d’émerger en avalant trois cafés et un Aspegic, rempli ma panse dans un superbe petit restau du coin et égrené les rues de Lugano en début d’après-midi, c’est à 15h que je me décide à prendre la route de Bâle. Lorsque je m’apprête à aller chercher ma voiture à la gare, je constate une forte présence policière et militaire aux alentours. Il m’a quand même bien fallu 10 minutes pour réaliser, après avoir vu une dizaine de personnes avec des maillots de Lugano, que ce soir avait lieu le derby tessinois à Ambri, et que ce dispositif visait certainement à contenir, dès le départ, les supporters luganais. Ajoutez à tout ça la panne générale des feux de circulation dans la ville et imaginez un peu le bordel…
Sur le trajet, je me dis qu’une petite halte à Ambri, afin d’y goûter l’atmosphère si particulière à ce genre de match, s’imposait. Rue désertique (au singulier, s’il vous plaît !), si ce n’est le dispositif policier qui se met en place, je m’aventure dans le bar du coin, dans lequel semblent s’être donné rendez-vous tous les supporters d’Ambri de plus de 55 ans, entassés dans un espèce d’immense fumoir. Je referme la porte, j’irai boire mon chocolat chaud ailleurs.
Le charme de Lugano tranche radicalement avec les abords de St-Jacques et son horrible stade (de l’extérieur). Le climat change également, avec pas moins de 7 degrés perdus entre les deux villes. Et en parlant de degrés, ceux d’intensité du match de ce soir risquent d’être sensiblement moins élevés que ceux de la veille.
Premier constat, à la vue du parking principal : les travées de la patinoire risquent d’être bien vides. Et la vision de l’intérieur confirmera ce fait. 2088 personnes, chiffre officiel, 500 de moins environ si l’on veut être honnête. Et une petite centaine de Genevois, dont les 16 venant directement de Lugano et qui affichent des mines qu’on qualifiera de déterrés pour certains.

Comme lors de notre première visite ici, le premier tiers est d’une affligeante faiblesse, faute à des Bâlois incapables de produire quoi que ce soit et des Genevois qui semblent se laisser 20 minutes de repos avant d’accélérer un tant soit peu. Ce sera chose faite en 4 minutes en début de seconde période, grâce à Aubin, après un superbe travail de Savary, et Vigier, sur une magnifique passe de Fedulov, qui faisait suite à une transversale venue d’ailleurs de Kolnik. A 0-2, la messe était dite.

Bâle, l’amuseur public

Bâle, déjà pas très en veine jusque là, va complètement se ridiculiser dès la prise de l’avantage des Grenat. Entre des dégagements ratés et pour la plupart donnant lieu à une occasion genevoise, des hors-jeu sur lesquels même un gamin de 5 ans se ferait sortir et des glissades, si possible derrière leur but, les Bâlois nous ont fait un festival. A se demander comment cette même équipe a pu aller chercher un point à Berne la veille.
Fort de cette domination, Genève-Servette ne dépensera pas d’énergie inutile et se contentera de gérer ce score, ce qui ne fut pas bien difficile. Cadieux parvint même à tripler la mise, suite à un tir de Trachsler consécutif à une… glissade bâloise. La réduction du score de Nüssli sera presque fêtée comme le but d’une victoire qui reviendra peut-être un jour dans la cité rhénane. En attendant, McParland et ses boys peuvent se préparer à vivre une longue saison morose avant de, probablement, devoir affronter le champion de LNB. On en est encore loin, mais comment cette équipe pourrait-elle y échapper ?
Le dernier but de Kolnik lui permettra juste de mettre fin à une longue période de disette, et Genève-Servette signe donc sa 7ème victoire consécutive, toutes acquises au mois de novembre. Les sourires des joueurs sont radieux, d’autant qu’avec ces 5 points en deux matches, ils viennent de contraindre McSorley à leur payer leurs nuits d’hôtel.
Au soir de la 25ème journée, Genève est plus que jamais installé à la 2ème place, et rien ne semble indiquer qu’il va la lâcher d’ici peu. Tous les voyants sont au vert, et pour autant que les blessures épargnent le contingent, cette équipe aura un rôle à jouer lors des phases finales.
Il est des jours où je me demande à quel point je suis atteint pour parcourir 1000 km en 2 jours pour deux «simples» matches de hockey. Mais quand on a la chance de pouvoir suivre une équipe comme Genève cette année, cette question ne se pose plus. Merci Servette !
Il est 0h30, de retour à Genève, mon lit m’attend. Epuisé, mais heureux. Bonne nuit. Rideau !
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Lugano – GE Servette 1-2 tab (0-1 0-0 1-0)

Resega : 4187 spectateurs.
Arbitres : MM. Kurmann, Fluri et Dumoulin.
Buts : 18e Rivera (Mercier, Kolnik) 0-1, 42e J. Vauclair (Hirschi) 1-1.
 
Tirs au but : Romy manque, Fedulov manque, Tremblay manque, Vigier manque, Carter manque, Kolnik 0-1.
Pénalités : 2 x 2′ contre Lugano, 3 x 2′ contre GE Servette.
Lugano : Züger; Tremblay, J. Vauclair; Helbling, Hirschi; Cantoni, Chiesa; Carter, Murray, Jeannin; Paterlini, Sannitz, LaCouture; Näser, Wirz, Conne; Knoepfli, Romy, T. Vauclair. Entraîneur : Zanatta.
GE Servette : Mona; Mercier, Bezina; Höhener, Breitbach; Gobbi, Keller; Julien Bonnet; Rivera, Meunier, Kolnik; Cadieux, Trachsler, Déruns; Vigier, Aubin, Savary; Fedulov, Augsburger, Conz. Entraîneur : McSorley.
 
Notes : Lugano sans Conte, Hänni (blessés), Wilson (malade) ni Aebischer (surnuméraire); GE Servette sans Schilt (blessé), Law (étranger surnuméraire) ni Jérôme Bonnet (avec Lausanne). Tir sur le poteau : Hirschi (34e).

Bâle – GE Servette 1-4 (0-0 0-2 1-2)

St. Jakob Arena : 2088 spectateurs.
 
Arbitres : MM. Prugger, Bürgi et Marti.
Buts : 22e Aubin (Savary, Law) 0-1, 24e Vigier (Fedulov) 0-2, 42e Cadieux (Trachsler, Deruns) 0-3, 55e Nüssli (Walker, Voegele) 1-3, 60e (59’53 ») Kolnik (Aubin/cage vide) 1-4.
Pénalités : 6 x 2′ contre Bâle, 8 x 2′ contre GE Servette.
Bâle : Gigon; Hauer, Stalder; Doig, Wüthrich; Bundi, Studer; Horak; Randegger; Voegele, Camenzind, Nüssli; Della Rossa, Papineau, Fuchs; Tschannen, Walker, Collenberg. Entraîneur: McParland.
GE Servette : Mona; Mercier, Bezina; Höhener, Breitbach; Keller, Gobbi; Julien Bonnet; Fedulov, Vigier, Kolnik; Law, Aubin, Savary; Cadieux, Trachsler, Deruns; Rivera, Augsburger, Conz. Entraîneur: McSorley.
Notes : Bâle sans Plavsic, Schürch, Gerber, Schnyder, Rubin, Tschuor (blessés) ni Sarault (suspendu), GE Servette sans Schilt (blessé), Meunier (étranger surnuméraire) ni Jérôme Bonnet (avec Lausanne). Temps mort : Bâle (59e), qui joue sans gardien dès lors et jusqu’à la 59’53 ».

Écrit par Robin Dousse

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5 Commentaires

  1. Bel article, bravo. Lauteur a de la chance davoir pu visiter une région aussi belle que le Tessin et de voir la Resega…Pas facile par contre le Genève-Lugano et le Lugano-Bâle…

  2. dis donc, la prochaine fois que tu suis Servette a lextérieur et avant de rentrer, fais un saut devant les vestiaires pour voir si Rivera a pas été laissé en rade a nouveau…ca pourrait etre sympa 3h de bagnoles et dinterview avec ce joueur pour en apprendre plus sur le fou Mc Sorley…

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