Un bien triste Herbstmeister

Le Bayern Munich est devenu samedi champion d’automne en Allemagne, à égalité de points avec le Werder Brême mais avec une meilleure différence de buts. Ce titre honorifique a été obtenu grâce à un score nul et vierge à Berlin au terme d’un match décevant dans un Olympiastadion archicomble.

J’avais assisté au premier match de Bundesliga du Hertha Berlin version Lucien Favre à Francfort et j’avais établi un constat plutôt négatif sur le potentiel offensif berlinois. J’ai en quelque sort bouclé la boucle en assistant au dernier match du Hertha avant la trêve hivernale et le constat est toujours le même : die Alte Dame est très limitée offensivement, son attaque se résumant le plus souvent à l’excellent Marko Pantelic, généralement livré à lui-même seul en pointe. Certes, l’adversaire était de taille, le Bayern Munich, seulement huit buts encaissés sur tout le premier tour, mais la production offensive berlinoise a été bien maigre : un envoi beaucoup trop croisé de Gilberto (20e), une frappe de Gilberto difficilement renvoyée par le portier Rensing (46e), un essai lointain de Pantelic passé juste au-dessus (58e) et un tir de Dardai superbement dévié par la doublure d’Oliver Kahn (59e).

C’est bien peu pour une équipe qui joue à domicile, trop peu pour prétendre à la victoire. Et ce d’autant plus que, si l’on excepte le premier quart d’heure de la deuxième mi-temps, le jeu a été conduit par le Bayern, qui a possédé la balle pendant 67% du match. Il était donc impossible de discerner la patte de Lucien Favre dans le jeu berlinois : ce dernier n’avait strictement rien à voir avec le jeu basé sur la conservation du ballon et l’offensive que proposaient toutes les équipes suisses qu’a entraînées le citoyen de Saint-Barthélemy. Le jeu du Hertha Berlin samedi, c’était essentiellement une équipe regroupée en défense, un bloc solide et discipliné (au sein duquel les Suisses von Bergen et Lustenberger, sans être géniaux, ont fait bonne figure), dont la contribution offensive se limitait le plus souvent à expédier de longs ballons vers Pantelic.
Il est clair qu’après trois défaites consécutives, il était impératif de resserrer les boulons face au plus gros budget de la Bundesliga. Néanmoins, on aurait souhaité un peu plus d’audace de la part du Hertha Berlin. On sait que l’équipe de la capitale peine à attirer le public au stade (environ 45’000 spectateurs de moyenne dans une enceinte pouvant en accueillir 74’000). La venue du Bayern avait attiré la grande foule, 74’220 spectateurs (guichets fermés), dont quatre footballeurs émérites du canton de Vaud (voir photo). L’occasion était belle de convaincre les sceptiques et les intermittents de se rendre un peu plus souvent dans le monumental Olympiastadion, on ne peut pas dire qu’elle a été saisie.

Pour l’instant, la presse locale ne tient pas trop rigueur à Lucien Favre des résultats et du spectacle un peu décevants du Hertha, mettant plutôt l’accent sur la faiblesse du contingent. Après la défaite initiale à Francfort, l’ancien mentor du FC Zurich était pourtant parvenu à hisser les Berlinois à la 2e place du classement au soir de la 6e journée. Mais les Berlinois n’ont pas tenu longtemps cette position et ont peu à peu rétrogradé pour terminer ce 1er tour à la 12e place, avec neuf points de retard sur l’Europe et cinq d’avance sur la relégation. Compte tenu des moyens à dispositions, c’est une performance tout à fait honorable pour une équipe que bon nombre de spécialistes voyaient reléguée en début de saison. Au surplus, on constatera que la dégringolade du Hertha s’est amorcée avec la blessure du Brésilien Lucio, qui est venue amoindrir un potentiel offensif déjà limité. Pour vivre un deuxième tour tranquille, les Berlinois ont donc tout intérêt à se renforcer durant la pause hivernale.
Face à cet adversaire timoré, le Bayern Munich aurait pu et dû gagner. Mais les Bavarois connaissent eux aussi quelques soucis : les derniers résultats n’ont pas été transcendants (9 points en 6 matches avant cette 17e journée), l’entraîneur Hitzfeld est contesté et le club est miné par ses traditionnelles querelles internes (qui ont notamment conduit à la suspension d’Oliver Kahn pour des propos peu amènes envers certains de ses coéquipiers). Dans ce contexte, une victoire à Berlin aurait été idéale pour ramener un peu de sérénité en Bavière avant les fêtes. Mais, malgré une nette domination territoriale, les Bavarois ont par trop manqué de créativité pour emporter les trois points. Et les attaquants bavarois, orphelins de Luca Toni, blessé (pas sûr que cela ait été une grosse perte, au vu des dernières prestations du Transalpin), ont souvent fait le mauvais choix au moment de conclure.

Podolski (7e, 67e) et Ribéry (64e) ont vu leurs frappes passer au-dessus de la cage berlinoise. Klose a lui placé sa reprise juste à côté du but après un centre de Ribéry (10e). A la 38e, Podolski n’a pas retenu la bonne option en ajustant un tir trop croisé alors que Klose était seul au centre. A la 75e, Drobny, le gardien dont Lucien Favre ne voulait pas mais qui a été l’une des satisfactions berlinoises de ce 1er tour, sauve son équipe sur un tir de Klose. La meilleure occasion a échu à Franck Ribéry à sept minutes du terme : le Français a hérité d’un ballon en or à 12 mètres du but, sur son pied droit, mais n’a pas osé shooter et a fait le crochet de trop. Nul doute qu’au mois d’août, lorsque tout roulait pour les Munichois, l’ex-Marseillais, sur ce genre de ballon, aurait fermé les yeux et expédié un obus en pleine lucarne.
Mais ce Bayern là n’a plus rien à voir avec celui qui terrifiait l’Allemagne cet été, qui paraissait bâti pour terminer champion avec quinze points d’avance et avait notamment écoeuré le Werder Brême, tant en Coupe de la Ligue à Düsseldorf (4-1) qu’en championnat au Weserstadion (4-0). La belle machine s’est grippée et, depuis deux mois, ce Bayern est bien poussif : quatre des sept derniers matches de Bundesliga des Rekordmeister se sont soldés sur un score nul et vierge (Dortmund, Francfort, Duisburg et Berlin). Ce qui est bien sûr totalement insuffisant pour une équipe qui a effectué des investissements colossaux cet été pour renforcer son offensive. Il n’est donc pas certain qu’Ottmar Hitzfeld sera toujours sur le banc du Bayern lors de la reprise à Rostock le 1er février prochain.

Finalement, malgré leur domination et même si la défense berlinoise a connu quelques moments pénibles dans la dernière demi-heure, les Bavarois ne méritaient pas vraiment de gagner ce match et le résultat nul n’est pas illogique. Ce score de parité permet au Bayern d’éviter l’immense camouflet qu’aurait constitué le fait de ne pas être champion d’automne. Les Rekordmeister sont donc bien devenus Herbstmeister mais c’est sous les sifflets de leurs propres supporters que les joueurs bavarois ont fêté ce titre.
Cet article ne serait pas complet sans une appréciation sur la bière de l’Olympiastadion. Commençons par le point négatif, le contenu : scandale, c’est de la bière étrangère (Carlsberg, pour ne pas la nommer) qui est servie dans la plupart des buvettes de la magnifique enceinte berlinoise. Elle n’est pas mauvaise mais vendre une bière danoise dans un stade de foot allemand, c’est à peu près aussi incongru et déplacé que d’élire une Grisonne pour représenter le premier parti de Suisse au Conseil fédéral. Passons au point positif, le contenant : il y a des Mass Bier aux buvettes de l’Olympiastadion ! Si, si, tu as bien lu : des Mass Bier (dans des choppes en plastique) dans un stade de foot, énorme comme conclusion, n’est-ce pas ?

Hertha BSC Berlin – Bayern Munich 0-0

Olympiastadion : 74’220 spectateurs (guichets fermés, record de la saison).
Arbitre : Dr. Merk.
Hertha Berlin : Drobny ; Friedrich, von Bergen, Simunic, Fathi ; Lustenberger (72e Piszczek), Dardai (89e Chahed), Grahn, Mineiro, Gilberto ; Pantelic.
Bayern Munich : Rensing ; Lell, van Buyten, Demichelis, Lahm ; Schweinsteiger, Zé Roberto, van Bommel, Ribéry ; Podolski (82e Schlaudraff); Klose.
Cartons jaunes : 61e Dardai et Schweinsteiger (altercation).
Notes : Hertha sans André Lima, Lucio ni Ebert (blessés), le Bayern sans Lucio (suspendu), Kahn (suspension interne), Hamit Altintop Jansen, Toni ni Sagnol (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. a noter la victoire 3 – 1 de notre eintracht braunschweig devant 14000 Fans heureux contre la 2 de Wolfsburg,le titre de BAYERN nest quun petit detail a coté de cette splendide victoire a la hamburgerstrasse…….

  2. ah les Grisons quel magnifique canton,des montagnes, des vaches, Arosa ,Davos ,de lair pur,des habitants sympathiques et plein de belles choses encore….bref tous ce que ces c… de Zurichois nont pas…bonne journee a tous et vive la Wolters Bier

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